Passionnant documentaire, mardi sur Canal Plus : Be­noît Bringer et son équipe ont suivi pendant un an, les veinards, les candidats à l’investiture socialiste. Ça s’appelle Primaire au PS, l’improbable scénario, et de fait, comme l’affirme d’emblée François Hol­lande : « En matière électorale, il y a toujours des surprises, des événements qui n’ont pas été anticipés. » Il faut dire aussi qu’à l’époque, François plafonne à 3 % dans les sondages, malgré son régime et ses nouvelles lunettes. Alors les surprises pour lui ne sau­raient être que bonnes… 

N’empêche ! La suite va lui donner raison. Tout l’intérêt de ce reportage tient même dans son espèce de sus­pens à l’envers : ici, le téléspectateur connaît l’histoire d’avance – contrai­rement aux acteurs, forcés d’improviser… Il y a un an donc, tout semble écrit d’avance : cette primaire s’annonce comme une simple formalité pour DSK. Distancés le Poitou, la Corrèze et les corons : l’enracinement politique de Strauss-Kahn est mondial ! Une voie royale s’ouvre devant lui : aux termes du fameux “pacte de Mar­rakech”, Martine Aubry ne peut que renoncer, et Ségolène ne décolle tou­jours pas dans les sondages. Quant aux autres, souvenez-vous, on n’en parle même pas…

Bref, Dominique s’y voit déjà. La surprise viendra, comme toujours, d’où il ne l’attend pas : Hollande, ce “Flamby” qu’on croyait cuit, fait soudain une percée dans les sondages. Au bout de trois mois, ça finit même par inquiéter l’état-major de DSK. On approche l’impudent, on le presse de renoncer, on lui fait miroiter Matignon… En vain. “Little Gouda” devenu grand ne veut plus rien entendre. En avril, il annonce officiellement sa candidature – et la presse table déjà sur un “match DSK-Hollande”.

Quand soudain survient la deuxième surprise, qui a carrément l’ampleur d’un séisme. Le favori de la primaire socialiste, voire de la présidentielle française, restera finalement aux États-Unis un peu plus longtemps que prévu : il est inculpé de “crimes sexuels”. Aussitôt, Hollande, le candidat “normal”, se trouve propulsé en tête des sondages. Pour Canal Plus, il commente alors l’événement avec une modestie bien simulée : « Décidément, rien ne se passe jamais comme prévu ! »

Le problème, c’est que ça reste vrai aujourd’hui. À l’issue de ce premier tour, l’ami François n’a certes pas à se plaindre. Mais qu’en sera-t-il demain pour le second tour ? Sans parler d’après-demain pour celui de la présidentielle, où il se voit déjà non seulement placé mais gagnant ?

En attendant, il y a dimanche : comment se feront les reports de voix ? Les électeurs voteront-ils bien comme on leur a dit ? Avec les gens on ne sait jamais, comme dirait Hollande avec son sourire gourmand… Sauf que ces jours-ci, c’est ton problème à toi, François ! Quand on mène la course en tête, les surprises ne peuvent être que mau­vaises, demande à Balladur.

Publié pour Valeurs Actuelles, le 13 octobre 2011.
Photo © AFP

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