L’échec d’une stratégie

Ne gâchons pas le suspense, ce qui frappait dans ce débat, c’était l’attitude de Nicolas Sarkozy. Autant le dire, en plus de vingt-cinq ans, je n’ai jamais vu l’ex-président patauger autant dans un débat télévisé. Au moment où l’ex-champion du petit écran, ânonnait sa conclusion sans y croire, j’ai repensé à ma grand-mère concluant le récit de la « Berezina » : « Pour la première fois, l’Aigle baissait la tête ».Il faut dire que les petits candidats s’en sont donné à cœur joie. Copé, tantôt sniper, tantôt comique-troupier. NKM offensive à la limite de l’agressivité, évoquant même le service militaire tranquillou de l’ex-président. Le Maire, métamorphosé par rapport au premier débat – Etait-ce l’effet de la cravate ? Ces trois-là ont concentré leurs coups sur un Nicolas Sarkozy quasi-amorphe. Alain Juppé laissait passer les balles et pouvait apprécier la situation.

Et François Fillon pouvait poursuivre sur sa lancée, s’affirmant de plus en plus comme une éventuelle surprise le 20 novembre prochain. Nicolas Sarkozy avait un objectif, faire de François Bayrou le huitième invité du débat. Les autres, à part peut-être Jean-Frédéric Poisson, l’ont envoyé sur les roses.

Pour le reste, comme lors du premier débat, les échanges sur le fond n’ont pas volé très haut. Le summum du ridicule fut atteint lorsque ces gens, qui demandent aux électeurs de les départager pour participer au premier tour, dissertaient sur la meilleure consigne à donner pour le second tour aux mêmes électeurs. Comment, après ce moment, ces derniers peuvent juger ceux qui goûtent à ce point à un tel paradoxe ? Climax de cette campagne, tellement elle démontre le ridicule de cette compétition, la primaire. Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen mais aussi sans doute Emmanuel Macron seront les véritables vainqueurs de ces élections primaires, celle de la droite et qui se joue ces jours-ci, mais aussi celle qui se jouera chez les socialistes en janvier. Alors que la véritable campagne débutera, ils seront frais et dispos. Parfois, on a l’impression qu’Alain Juppé et Nicolas Sarkozy le savent, ce qui explique en bonne partie leur jeu toujours en défense, plus heureux pour le premier que le second nommé. Et c’est là qu’on mesure à quel point l’erreur de l’ex-président d’être revenu à la tête du parti en 2014, acceptant de facto de se lier les mains dans cette primaire ouverte. S’il était demeuré au-dessus de la mêlée, il revenait en février 2017 en père de la Nation.

Davantage que les affaires et le livre d’un ancien conseiller, c’est bien là qu’il faut aller chercher la désormais probable défaite de Nicolas Sarkozy

7 commentaires

  1. A noter – et ça le renforce – que Fillon s’est refusé à rentrer dans les discussions sur le second tour.

    A noter aussi que si le débat n’a pas volé haut, les questions à la limite de la débilité des animateurs des chaînes d’info y ont fortement contribué. Je passe sur l’agressivité (notamment chez Malherbe) et l’incapacité à écouter une réponse.
    Lamentable.

    • Bien vu. C’est en effet Fillon qui a balancé d’un revers de main appuyé la pantalonnade pour/contre Bayrou.

  2. le peu que j’ai vu montre au contraire un NS qui a su faire face à ses concurrents. Pour le reste l’avenir nous le dira

  3. Les attaques des « jeunes » contre Sarkozy sont diversement interprétées : je pense qu’accusés comme Fillon de ne pas avoir dit grand chose contre Sarkozy avant 2012 ils ont a se justifier devant l’électeur de leur opposition actuelle et même de leur ingratitude.
    Sinon Bayrou a été le grand sujet du débat et in ne peut pas dire que la question que son soutien recouvre qui est celle d’une ligne pour un statu quo social et identitaire ou d’une autre majoritaire d’apparence d’une ligne réformiste et dure est bien posée.
    Cela a (semble t-il) porté auprès des auditeurs de centre et du droite qui cette fois et malgré leur vote sondagier pour Juppé ont mis Sarkozy devant pour avoir été convainquant.

  4. Du temps des campagnes sous les préaux, les citoyens se déplaçaient pour voir et entendre les candidats leur annoncer visées et programme. Les canapés (et fauteuils, l’on n’est pas sectaire) où aujourd’hui se vautrent les citoyens assistant à un pugilat – genre catch, plutôt que boxe… – sont sans doute malmenés à cause des exercices de communication auxquels les candidats endimanchés d’une primaire se livrent « sous l’oeil » des caméras. Certes, les zooms permettent la saisie de détails autrefois invisibles et compensant la fréquente indigence ou superficilalité des propos ; mais cette curiosité pour l’apparence (faute de grives…) détourne, on l’a compris, de l’essentiel. Le curieux est que nous le sachions tous mais que certains sacrifient encore à une cérémonie – de pacotille – qui peut distraire mais éclaire peu sur les enjeux et presque pas sur les décisions – réalisables, s’entend – que s’engagent à prendre celles et ceux qui concourent à la candidature suprême.
    Ce spectacle peut être abandonné au profit de bonnes lectures (voire de lectures politiques), qui fatigueront moins les yeux et, sollicitant le cerveau et le maintenant en éveil, faciliteront le choix en vue du vote, des votes, à venir.
    Tout ce que dessus est évidemment bien banal et sacrément ringard, mais comment n’être pas affligé par le niveau auquel société (de spectacle) et politiques (à fort ego) ravalent le débat et les citoyens ?

  5. Nicolas Sarkozy ne se préoccupe pas de son avenir personnel. Il a déjà été président de la République. Il sait parfaitement dans quel état est la France, c’est pour cette raison qu’il veut revenir. Il a l’expérience, la compétence, l’énergie, la volonté, l’amour de notre pays… Dans les débats, malgré des attaques perfides il garde son sang froid et reste courtois. Si le débat n’aborde pas les sujets essentiels c’est parce que les journalistes orientent sur des sujets qui relève parfois du café du commerce. Les candidats sont tout de même tenus de répondre.
    Quand les journalistes posent une question aux candidats, celle-ci est de longueur et de durée variable. Il semblerait que le compteur (minuteur) du candidat continue de tourner. Ceci est arbitraire, parce que le journaliste (s)qui a préparé ses questions en connait la durée. Donc s’il veut défavoriser un candidat il dilue, et allonge sa question. Il se permet également d’interrompre sans arrêt ce candidat. Comme par hasard, surtout Nicolas Sarkozy.
    Le temps « d’expression libre » des candidats s’en trouve donc très réduit. De toute façon ce n’est pas en 15 minutes que l’on peut exposer un programme de gouvernement. Lisez « tout pour la France » vous en saurez plus. Où assistez aux différents débats publics. C’est gratuit !

Laisser un commentaire

Please enter your comment!
Please enter your name here