Décidément, l’insécurité est partout : la bande à Ruquier a surpris le journaliste Laurent Obertone en flagrant délit d’opinion !

Je n’aurais pas aimé être à la place de Laurent Obertone, l’autre samedi à On n’est pas couché. Bien sûr il devait s’attendre à être le « réac de service », en tant qu’auteur de La France Orange mécanique (cf. Valeurs actuelles n°3973). Il y dresse, chiffres à l’appui, un tableau désastreux de l’insécurité, allant jusqu’à parler d’ « ensauvagement » de la France.

Malgré un fort mauvais accueil de la bonne presse, le bouquin est en tête des ventes partout – sauf à la Fnac, qui l’a retiré de la liste des best-sellers… mais pas de ses rayons ! Pour être « citoyen », on n’en est pas moins commerçant.

Même démarche de la part de Ruquier : il assure le show en recevant l’auteur de ce livre événement, mais c’est pour mieux le dézinguer. Jamais on n’avait vu le gentil animateur sortir à ce point de son  rôle : l’amuseur se fait procureur et conduit lui-même l’interrogatoire du prévenu, accusé des pires arrière-pensées.

Et d’abord qui est-il vraiment, cet « Obertone » qui se cache derrière un pseudo sous prétexte de « protéger les siens » ? Ne chercherait-il pas plutôt à dissimuler son passé d’auteur d’un « blog odieux, que je n’ose même pas citer » ? , insinue Ruquier – reprenant ainsi à son compte un ragot signé Mediapart… Certes, le vrai blogueur s’est identifié entre temps – mais il n’y a pas de fumée sans feu, n’est ce pas ? Une chose est sûre en tout cas : sous une avalanche de chiffres, ce pamphlet véhicule subliminalement des thèses « ultra-sécuritaires », voire « racistes »…

Au terme de cette présentation nuancée, le meneur de jeu organise en toute innocence un « tour de table » des invités : « Ça vous donne envie de lire ce livre ? » D’une seule voix les cinq comédiens présents se récrient, et le comique de service en rajoute : « haine », « stigmatisation des immigrés », « jeu du FN »… Tout y passe ! Une heure durant, Ruquier va ainsi organiser la curée, multipliant les piques contre la proie et les encouragements aux prédateurs.

Côté chroniqueurs, Natacha Polony, seule susceptible de rééquilibrer le « débat », fait cruellement regretter Zemmour. Pas un mot en défense de la victime propitiatoire – sauf pour l’interroger sur ses « valeurs »…

Fameuse prestation en revanche de son collègue Aymeric Caron – dont la mauvaise foi et la hargne progressistes ne sont jamais prises en défaut : « Ce livre est absolument odieux ! C’est un manifeste raciste bourré de haine, et je pèse mes mots ! » articule-t-il, la voix blanche et les yeux revolver. Avant de conclure par un de ces coups de pied de l’âne qui sont aussi sa signature : « C ’est le livre de chevet de Mme Le Pen ! » Que dire à cela ? … On espère seulement que la dame en question n’apprécie pas trop Madame Bovary – auquel cas il nous faudrait sans doute « revisiter » tout Flaubert !

Trêve de plaisanteries, il paraît plus expédient de revisiter le cas du sieur Aymeric lui-même, à la lumière du jugement de son prédécesseur Naulleau : « Dans le nom de Caron, il y a deux lettres de trop ».

 

Article publié dans Valeurs actuelles, le jeudi 14 mars 2013

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