Notre dépendance à l’actualité étant ce qu’elle est, j’ai raté la célébration, le 17 février dernier, de la mort de Giordano Bruno.
Heu… Qui ça ? demandent les non-spécialistes.
Bruno était un ancien moine dominicain, fort versé dans les sciences exactes (mathématiques, physique, astronomie) qui après s’être moqué de la soi-disant virginité de la Vierge, de la transsubstantiation et autres billevesées de la chrétienté de son temps, a réfuté la physique et l’astronomie selon Aristote, en établissant non seulement que Copernic avait raison, que l’univers n’avait pas de centre, et que la Terre tournait sur elle-même — avant Galilée. Et d’élaborer une sorte de panthéisme précurseur de Spinoza. De sorte que l’Inquisition — vénitienne d’abord, romaine ensuite — l’a rattrapée, interrogé huit ans durant, et finalement brûlé vif sur le Campo de’ fiori à Rome — avec la langue entravée par un mors de bois pour l’empêcher de parler et de crier.
Il a nourri la figure de Zénon dans l’Œuvre au noir (Yourcenar, 1968), et c’est en son honneur qu’Augustine Fouillée a signé « G. Bruno » le fameux Tour de France par deux enfants paru en 1877 — manuel de cours moyen dans les écoles de la IIIème République.
Et le cinéphile que je suis ne peut manquer de signaler le très beau film (si !) de Montaldo (1973) avec Gian Maria Volonte en Giordano Bruno faisant des polissonneries avec Charlotte Rampling.
C’est en son honneur que le sculpteur Ettore Ferrari, par ailleurs futur grand-maître de la Franc-maçonnerie italienne en 1904, a coulé une statue à son effigie (celle qui ouvre cette chronique) à l’endroit même où il a été exécuté — je devrais dire martyrisé, parce que la libre-pensée a bien plus de martyrs que le fanatisme.
Pour être tout à fait complet, l’érection de cette statue a déchainé les foudres de l’Eglise. Léon XIII a protesté contre un projet « injuriant systématiquement la religion de Jésus-Christ, en décernant à un apostat du catholicisme les honneurs dus à la vertu », Pie XI a béatifié, canonisé et déclaré Docteur de l’Eglise le cardinal Robert Bellarmin qui s’était chargé du procès de Bruno, et Jean-Paul II — il nous manquait, celui-là — en détachant le cas de Bruno (bien fait pour lui) de la polémique galiléenne sur laquelle l’Eglise officielle a fini par revenir en 1981 — parce qu’enfin, « elle » tourne…
Jacques Attali a écrit (lui-même ?) un beau résumé de la vie et des œuvres de Bruno dans le Monde du 17 février 2000.
Et comme je ne laisse aucun compte non réglé, je me demande franchement comment des scientifiques contemporains de haut niveau peuvent croire encore aux billevesées qu’imposent les églises — et perdre un temps précieux, qu’ils devraient consacrer à résoudre la Conjecture de Hodge ou l’hypothèse de Riemann.

Pourquoi diable pensé-je à Giordano Bruno aujourd’hui ?
La nouvelle vient de tomber qu’un jeune blogueur mauritanien du nom de Mohamed Cheikh Ould Mkheitir vient d’être condamné à mort en Mauritanie pour apostasie — en fait, pour avoir réclamé la fin du système des castes qui régit la vie mauritanienne. Etre fils de charpentier n’a pas trop réussi à Jésus, être descendant de forgerons n’est pas une sinécure dans ce pays écrasé d’islam et de soleil.
Le plus drôle, si je puis dire, c’est que la Commission des Droits de l’Homme mauritanienne ‘si, ça existe) a rappelé que la mort était bien la peine prévue pour blasphème — vous vous souvenez, c’est à cause de cette accusation que les journalistes de Charlie ont été massacrés en janvier 2015… Et combien depuis, en Arabie Saoudite, en Iran et ailleurs ?
Erdogan, qui n’en rate pas une, a étendu la notion de blasphème à sa propre personne : il vient de demander à Merkel — et d’obtenir d’elle — que soit traduit en justice un humoriste allemand, Jan Böhmermann, qui a eu le malheur de lui déplaire. Parce qu’il est évident que l’apostasie ou le blasphème sont le prétexte religieux à pétrifier des rapports sociaux répugnants, mais précieux pour tous les despotes qui se prennent pour le Mahdi — pour la plus grande gloire de Dieu et de leur pomme.

Bruno, c’était il y a un peu plus de 400 ans. Je ne suis pas de ceux qui pensent que l’Islam a 600 ans de retard sur la chrétienté, et qu’il est donc légitime qu’il vive aujourd’hui avec nos concepts du XVème siècle. Je crois tout à fait que la modernité n’est qu’une — mais que nombre de pays ont choisi de vivre dans un Moyen Age épais parce que ça arrange les castes dominantes. Quand toutes les filles voilées de France ou d’ailleurs auront compris que se soumettre aux règles d’une religion, c’est perpétuer le pouvoir de quelques tyrans phallocrates, on cessera de condamner et d’exécuter pour apostasie — que ce soit au sabre ou à la kalachnikov.

Jean-Paul Brighelli

58 commentaires

  1. Je me demande si Giordano Bruno, ( biographie de Bertrand Levergeois ) et Francesco Pucci, ( celle d’Elie Barnavi ), emprisonnés au même endroit et en même temps, si je ne me trompe pas, auraient pu se parler et dans ce cas, quelle riche conversation perdue pour nous ! Le film de Giuliano Montaldo est très beau.
    « La modernité n’est qu’une », bien sûr, et la caste dominante, comme vous dites, en utilise toute la technique : échographie pour avorter si on attend une fille et médecins pour couper « proprement » une main ou un clitoris. D’ailleurs, je suis encore plus en rogne quand je vois une femme voilée, encombrée pour marcher mais avec un portable. Mais cette modernité, il faut être supérieurement intelligent pour l’imaginer, comme a fait Bruno ou comme tentent, au péril de leur vie, quelques uns, dans ces pays abominables, de l’exprimer. Et pendant ce temps, nous, qui avons cette chance d’être nés ici, discutaillons sur des c…….. En tous cas, je dois aller à Paris en Juin, je vais y aller avant le 7, marre des chauffeurs de taxis à jeun en plein cagnard et embouteillages, marre d’en parler avec eux, pour rien. Voilà encore une chose que la classe politique et les syndicats de taxis n’ont pas réglée.

    • existe un autre film sur la passion de GB , hongrois si ma mémoire est bonne , depuis des années j’essaie d’en trouver trace ; vu Cinématheque Beaubourg en 198?

  2. En termes modernes, on pourrait dire que la multinationale papiste a facilement « géré » le cas Galilée mais n’a pas pu le faire avec Bruno qui fut manifestement un emmerdeur impénitent, si j’ose dire, qui « gâchait large »comme disent les maçons.

    Je n’ai jamais rien lu sur les relations possibles entre Bruno et Galilée qui sont contemporains et qui auraient pu se rencontrer (en 1591-92 à Venise ?).

    Mais peut-être ne se préoccupaient-ils pas des mêmes choses…

    • Si j’osais, je dirais qu’il valait mieux à cette époque être perçu comme héliostat que comme apostat.

  3. J’ai été étonné qu’une loi d’inspiration totalitaire comme la déchéance de nationalité pour les Français nés Français ne soit pas plus fermement dénoncée ici même !

    Un pouvoir corrompu qui cherche la fuite dans la corruption absolue de nos principes républicains !
    Dans un sens le trou noir de la place de la République n’est que la résultante de ce principe d’attraction universelle : le vide républicain est causé par un Etat qui a renoncé à défendre nos principes au profit d’intérêts particuliers d’essence étrangère à la nation.

  4. La Lune tombe constamment c’est ce qu’il fallait démontrer à rebours de l’intuition fausse de nos sens !
    Eh bien ! Le principe républicain est un principe d’attraction universelle qui empêche la nation de se dissoudre ; c’est un principe centrifuge … alors que la mondialisation sans principe est centripète !

  5. Pour moi la déchéance de nationalité est l’équivalent dans l’ordre civil de la conséquence d’un blasphème et de ceux à qui on refuse la communion : ils ne font plus partie de la communauté religieuse !
    Je vois là dessous un principe totalitaire à l’œuvre alors que la nation telle que définie en 1789 est libérale et d’inspiration débonnaire. On ne demande pas une profession de foi et de jurer sur la déclaration des droits de l’homme et du citoyen : il va sans dire que tout Français est signataire de naissance de ce texte. C’est un fait et une possession inaliénable …

    • Je remarque qu’aucun régime en France n’a utilisé la déchéance de nationalité contre ses opposants !
      Même les régimes autoritaires comme ceux de Napoléon 1er et Napoléon III, même la monarchie constitutionnelle de Louis XVIII et Charles X !
      Même Vichy n’a pas déchu De Gaulle de sa nationalité c’est dire !

  6. La semaine de cours est passée, la glycine commence à fleurir, et le culatello di zibello est arrivé directement de Parme. Quand je pense à ce que ratent les chauve-souris, comme vous les appelâtes judicieusement dans un autre billet. Drôles de souris…

    • Je ne pense pas que le terme dictature & de gauche soit adéquat ! Hitler homme de gauche c’est peu crédible. Et dictateur malgré le titre fameux de Chaplin cela affaiblit trop l’essence jusqu’au boutiste de sa pensée.

      Il vaut mieux faire le distinguo régime totalitaire (soit d’essence religieuse ou athée) et les régimes autoritaires.
      Les régimes totalitaires peuvent même évoluer ; après Staline il y eut Krouchtchev et Brejnev, après Mao Deng Xiao Ping etc.
      Même les pays d’islam ont connu des périodes de rémission, l’Egypte avait commencé à évoluer au 19e siècle sous influence occidentale avant le raidissement des frères musulmans au 20e siècle.

    • L’armée allemande avait comme devise « Gott mit Uns » (les SS avaient autre chose, c’est vrai).
      Comme slogan athée, j’aurais plutôt vu « Ni dieu, ni maitre ».

  7. Il y avait aussi un parmigiano reggiano 24 mese vache rosse e un salame felino DOP. Et paf, pour l’esprit du temps. DOP, très très important.
    Notre cuisine française est à la ramasse parce qu’on n’est infoutus, à l’inverse des Italiens, de protéger nos productions locales, de les défendre et d’en être fiers. Et une bonne cuisine, ça commence par de bons produits. Et de bons produits, c’est aussi la reconnaissance de sa culture et donc…on retombe entre autres sur les chauve-souris et tout le reste.

    • Je partage tout (sauf malheureusement les produits!)
      Mais nul doute que les chauves souris finiront par l’emporter.
      Comme le disaient les anciens combattants, encore un que les boches n’auront pas, en levant leur verre !
      Bon dimanche gourmet
      C.Monge

      • Alors, Monge, on s’envolera ailleurs pour échapper aux chauve-souris quand on aura essayé de faire tout ce qu’on peut ici pour les empêcher de gagner…Bon dimanche à vous aussi.

  8. Vous seriez de là-bas, Sanseverina ? Alors vous connaissez le « scarpazoun », (écrit en phonétique) ?

  9. Refus de la réforme du collège, encore et toujours ! Un communiqué du Snfolc fait le point !

    Loi El Khomri, réforme du collège : retrait ! 28 avril : grève et
    manifestations interprofessionnelles

    19 avril 2016
    Réforme du collège : malgré les pressions de toutes sortes, c’est le refus qui l’emporte Interrogée à l’Assemblée nationale lors des questions diverses, la ministre répond « les choses se passent bien » « les équipes pédagogiques, sereinement, travaillent sur la préparation de la rentrée prochaine ».
    Dans les établissements et les réunions de formation-formatage les inspecteurs et les formateurs hésitent entre « vous le faites déjà, la réforme ne change rien. » et « vous êtes fonctionnaires, vous devez appliquer la réforme ». Tout est bon pour tenter de faire céder les collègues et les démoraliser.
    Dans certains collèges, les principaux invoquent l’argument de la conscience professionnelle : « il faut être prêts pour la rentrée, proposez des EPI et organisez l’AP, sinon que penseront les parents ? ».
    La ministre pratique l’inversion de la hiérarchie des normes.
    Comme si la catastrophe consistait à ne pas mettre en œuvre la réforme. Comme si ce que redoutent les enseignants c’est d’enseigner leur discipline. Comme si ce que veulent les parents et les élèves c’est moins d’instruction, moins de cours de langues, pas de latin… Comme s’ils réclamaient la continuation au collège de la réforme des rythmes scolaires, du projet éducatif territorial massivement rejeté.
    Comme si les collègues n’avaient pas compris que la catastrophe c’est la réforme du collège qui ampute leurs disciplines par l’interdisciplinarité et les réduit aux minima du socle commun. Comme si les collègues avaient changé d’avis après les formations qui se surpassent par leur absence de contenu.
    La ministre ne peut faire passer sa réforme sur la base d’un déni de
    réalité et contre les personnels.
    Malgré toutes les opérations de division, la détermination des collègues reste entière. Les enseignants ne veulent pas plus maintenant de cette réforme qu’il y a un an. Ils l’ont montré par leur mobilisation croissante, par la grève, les manifestations, la contestation des réunions de formation, des réunions internes.
    La résistance est toujours là. La mobilisation ne diminue pas.
    D’après le calendrier ministériel de la réforme, l’organisation pédagogique, les EPI, l’AP, les DHG, tout devait être prêt en février. Or le rapport confidentiel de l’Inspection générale remis à la ministre le confirme : à moins de 6 mois de la rentrée, officiellement l’application de la réforme des collèges est fortement compromise dans un quart des établissements. Selon les termes mesurés des IG, les dispositifs liés à l’accompagnement personnalisé et aux EPI « ne sont pas vraiment assimilés»… Seules les formations disciplinaires reçoivent l’écoute des personnels. L’Inspection générale confirme « l’inquiétude » sur le nombre des services partagés. Inquiétude qui gagne les lycées dont les moyens sont « ajustés » en raison de la réforme du collège.
    Loi El Khomri , réforme du collège : retrait !
    Il est clair que gagner sur le retrait du projet de loi Travail compromet aussitôt la réforme du collège. Réforme du collège, loi El Khomri procèdent de cette même logique qui remet en cause les diplômes, les connaissances disciplinaires et renvoient au niveau de l’établissement le montant du salaire, le temps de travail, etc.
    Loi El Khomri, réforme du collège, le gouvernement reste sourd au rejet massif exprimé par des millions de salariés du public et du privé et des jeunes. Les organisations syndicales (CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL) réunies le 14 avril appellent à organiser des AG pour assurer le succès de la grève du 28 avril et décider de la poursuite de l’action.
    Le SNFOLC avec sa fédération, la FNEC FP-­‐FO, appelle à la convocation d’assemblées générales pour décider de la grève le 28 avril et de participer aux manifestations et poser la question, si le gouvernement ne cède pas, de la poursuite de la grève.

  10. Non, je ne suis pas originaire d’Italie. Et je ne connais pas le plat dont vous parlez. Qu’est-ce que c’est ? Jamais entendu parler. Expliquez-moi.
    Je suis juste follement et bêtement amoureuse de ce pays…

  11. C’est une sorte de chausson fourré aux épinards, avec beaucoup de parmesan, des petits oignons blancs et du persil. C’était un plat de paysan, maintenant il s’appelle « herbazone ». On fait une pâte simplement avec farine et huile d’olive et un peu d’eau, sel, enfin, classique. On fait revenir la farce à la poêle, jusqu’à ce qu’elle soit tendre, et qu’aucun des ingrédients ne fasse son Pierre Driout, on la tartine sur une bonne couche de pâte préalablement cuite un quart d’heure avant au four, la farce aussi doit être épaisse, on recouvre d’une autre couche de pâte, hop au four, on peut passer un jaune d’œuf ou non dessus. Le temps ? Ça dépend du four mais si on rôde autour en ouvrant de temps en temps, un verre de Lambrusco à la main, le scarpazoun a la gentillesse de nous dire s’il est cuit. On le sort sous les vivats et on attend un peu avec un autre verre de Lambrusco. Ah merci de m’avoir demandé, me voilà toute gaie !

  12. Moi aussi, je ris d’avance, m’imaginant la tête des mecs du blog qui vont trouver que ce n’est pas bien sérieux, ces échanges de recettes de cuisine au beau milieu des profondes pensées qu’ils tentent plus ou moins bien d’exprimer pour faire mousser leur ego… Gnaf, gnaf!!!!
    En tout cas, cela va apporter un peu de douceur sur ce blog hérissé, hérisson, et ces derniers temps hérissant.

  13. C’est exactement pour ça que je l’ai fait. Je lis en même temps le dernier livre de Chahdortt Djavann, « Les putes voilées n’iront jamais au Paradis ! ». Vous savez, cette belle Iranienne qui au bout de dix ans en France a écrit en français, entre autres « Bas les voiles », en 2003 et dont Mazarine Miterrand disait que c’était affreusement agressif pour les musulmans !
    Alors évidemment, jetant un coup d’œil sur ce blog et vous voyant parler de parmesan, j’ai pris une bouffée d’air pur, lâchement.

  14. Oui il y a des Caligula et des Néron épicuriens sur ce blog ..; ils veulent brûler Rome et ce blog pour mieux humer le fumet des ragoûts prometteurs de la cuisine politique.

    « Oderint, dum metuant »

    Pourvu que ce blog n’ait qu’une seule tête à couper !

  15. Giordano Bruno et Galilée nous apprennent à nous, enseignants, que tout effort de connaissance déclenche des résistances.

    Si Giordano Bruno vivait notre époque, il aurait pointé du doigt nos responsables et nos journalistes qui ont tendance à refuser toute explication…

    Prenons un exemple comme le scandale des « Panamas papers ». Wikileaks et tous les journaliste sérieux nous disent que c’est une opération de la CIA, mais aucun ne nos quotidiens ne relatent ces infos.. On peut regarder ce grand oral de Pierre Jovanovic : https://www.youtube.com/watch?v=B47RthsNSJc

    • « Si Giordano Bruno vivait notre époque… »

      Il fonderait peut-être une secte promouvant une conception holistique de l’Univers avec une accroche psychologisante du type « développez les potentialités insoupçonnées du cerveau humain ».

      Il aurait maille à partir avec la Miviludes, animerait des séminaires d’entreprise et serait protégé par Poutine.

  16. Polony fait une critique enthousiaste à un livre qui vient de sortir, Rue Jean-Pierre Timbaud, une vie de famille entre barbus et bobos (chez Stock). L’auteur, Géraldine Smith, qui est manifestement « progressiste », comme on dit depuis qu’on n’ose plus écrire « de gauche », raconte comment en quelques années cette rue qui court entre les XIème et XXème arrondissements de Paris a été peu à peu occupée par un islam impérialiste — avec un imam qui demandait aux fidèles d’aller prier dans la rue même quand la mosquée était vide, de façon à « occuper le terrain ». Et comment, des années durant, les belles consciences de gauche ont accepté les injures parce qu’elles sortaient épaules nues, préféré le pittoresque couscous au régionalisme des crêpes bretonnes, et comment à l’école le souci de faire progresser tout le monde ensemble a chassé les enfants des classes moyennes vers une boîte privée qui faisait du racialisme à rebours, imposant aux enfants noirs, même nés à Belleville, de parler de masques africains — j’ai retrouvé des échos de ce que Gaston Kelman jadis racontait dans Je suis noir et je n’aime pas le manioc.

  17. Et dans le même numéro, deux pages entières sur la manière dont Erdogan est en train de piéger l’Allemagne et l’Europe. Pff… Nous le disons ici depuis des mois. Franchement, journaliste, c’est un dur métier…

  18. « Gennevilliers : une adolescente molestée parce qu’elle portait une jupe

    La victime a été rouée de coups lundi par trois jeunes filles alors qu’elle prenait le tramway. L’une des bourreaux s’est rendue à la police le jour-même, et devrait être jugée le 17 mai. »

    J’étais avant-hier dans le nord du département du côté d’Asnières, Bois Colombes, Nanterre ; évidemment on se sent dans un ailleurs … la France d’après pour paraphraser Nicolas Sarkozy !

  19. Echos du terrain !
    Allez lire sur les sites du Snes de Lille et de Rennes les multiples comptes-rendus, collège par collège, des journées de formatage à la réforme !
    Visiblement , c’est la révolte générale !
    Problème : comment continuer à faire appliquer une réforme quand on a contre soi pratiquement tous les professeurs à part quelques allumés résiduels du SGEN et de l’UNSA ?

    • Il n’y a pas une procédure permettant de destituer votre ministre comme au Brésil il existe une procédure pour destituer la présidente ?

  20. « Visiblement , c’est la révolte générale ! »

    Bel exemple de wishful thinking.

    Le milieu enseignant est comme l’air :
    80 % de diazote, amorphe et sans réactivité
    20% de dioxygène qui font tourner le système (mal)

    Tant qu’il y aura du dioxygène, le système ne sera pas au fond du trou mais s’enfoncera davantage. Il s’en suit que tout changement significatif au Moloch doit nécessairement s’accompagner de l’anéantissement de ses forces vives.

    Chiche ?

  21. Disons, Dugong, pour éviter le wishful thinking, que ces comptes-rendus-là expriment un mouvement général de résistance passive et de révolte, du moins dans les mots. Maintenant, comme vous le dites à juste titre, il suffit de quelques zélés pour que ça fonctionne!

  22. Je suis étonné ! Parmi le million et quelques enseignants de France pas un pour déclarer sa flamme à la nation tout entière et se présenter en 2017 pou défendre la glorieuse incertitude du professeur droit dans ses bottes ?

    J’oubliais : Juppé a enseigné au Québec sorti de sa prison putative !

    • C’est très triste en effet! Voir le documentaire sur l’Egypte au XXe siècle d’Arte il y a un mois. Pas de voile pour les femmes sous Nasser et elle pouvaient même aller au cinéma! Ça va suer sous les burquas en été à Marseille ou au Caire…

  23. Et copmmme je le disais dans la chronique précédente, juif, si t’as pas la vocation…
    ET même si t’es pas juif !

    http://m.leparisien.fr/bussy-saint-georges-77600/seine-et-marne-un-serrurier-tabasse-par-trois-adolescents-qui-le-croyaient-juif-23-04-2016-5739361.php#xtref=http%3A%2F%2Fwww.leparisien.fr%2Fbussy-saint-georges-77600%2Fseine-et-marne-un-serrurier-tabasse-par-trois-adolescents-qui-le-croyaient-juif-23-04-2016-5739361.php

    « Contrôle judiciaire » — parce qu’ils sont mineurs ! Aux champs ! Aux rizières ! Tout de suite ! Pendant de longues années de réhabilitation !

  24. @ Arthur
    Seule l’école tenait encore à peu près ! Donc « haro » sur l’école !

  25. A propos de ces trois salopards qui ont attiré un homme dans un guet-apens, je n’ai pas souvenir que Cazeneuve ou Valls aient protesté, sourcils froncés et ton vengeur ! Trop occupés ?
    Le bouquin tragique de Chahdortt Djavann m’a bouleversée. Ce n’est pas seulement un état des lieux écrit par un journaliste mais c’est un « vrai » livre, sans clichés, sans tournures parasites, comme savent écrire les étrangers francophones. Et d’une telle puissance ! Pour chaque femme qu’elle fait exister, il y a le même destin et la même fin, mais chacune avec sa propre personnalité. Nous les voyons, les entendons. À un moment, je suis allée demander péremptoirement à mon mari pourquoi ? Et cette fois, il n’a pas réussi à me faire rire. J’imagine la douleur profonde de Madame Djavann, elle qui aime son pays, les petites notes parlant du passé glorieux des villes iraniennes le montrent bien. Mais j’imagine aussi sa crainte de voir qu’en France, si rien ne se fait ou se passe, les libertés gagnées par les femmes vont de nouveau devoir être conquises!

  26. @ Jean67 : l’école tenait, oui, si vous voulez.
    Soyez quand même bien conscient que la décadence ne date pas d’hier.
    En 1956 (!), un universitaire dont j’ai oublié le nom se plaignait du trop grand nombre d’étudiants dans le supérieur, une telle quantité ne pouvait pas (selon lui) donner une grande qualité.
    Reste à savoir si un équilibre moins élitiste ne pourrait pas exister, ce que je pense. Aujourd’hui, en mathématiques par exemple, il ne faut pas s’étonner d’un élève de prépa qui ne connait pas bien ses tables de multiplication, ne sait pas résoudre rapidement un système de deux équations à deux inconnues, bute sur une factorisation du style a²-b², etc..

    Nous assistons juste à un grand bond en avant, mais comme la Chine des années 60, nous étions au bord du gouffre.

    Je me demande juste comment le niveau peut encore baisser. il faut beaucoup d’énergie pour creuser si profond.

    Et pour le Ministre norvégien qui cherche à noyer les problèmes, elle pourrait peut-être organiser une traversée de l’Atlantique avec TOUS ses collègues européens.

    Un ministre à la mer, c’est la pollution, tous les ministres à la mer, c’est la solution.

  27. Si le sujet n’était pas si grave, ce serait à hurler de rire cette histoire de ministre qui se jette à l’eau. On aurait dû lui envoyer quelques requins à jeûn, avec ou sans combine, ils en auraient fait leur quatre-heure.
    Mais jusqu’où iront-ils dans la démagogie? Ces barons et baronnes de la politique n’ont même plus le sens de leur ridicule. Celle-là en combinaison de survie qui fait plouf, plouf dans la méditerranée, notre Sapin qui tire sur les élastiques des petites culottes des journalistes.
    Ils feraient bien tout ce qu’ils en sont d’aller voir ce qui se passe dans le canal de Sicile et avec l’été qui arrive, cela promet…

    • Presse ?

      “Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, au Time Magazine et autres grandes publications, dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté les promesses de discrétion pendant près de quarante ans. Il nous aurait été bien impossible de développer notre projet pour le monde si nous avions été soumis aux pleins feux de l’actualité pendant ces années. Mais le monde est maintenant plus sophistiqué et disposé à marcher vers un gouvernement mondial… La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et des banquiers mondiaux est sûrement préférable à l’autodétermination nationale que l’on pratiquait les siècles passés…”
      David Rockefeller, 8 juin 1991 à Essen en Allemagne

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