« Si James Bond le rencontrait dans la rue, reconnaîtrait-il le jeune homme pur et ardent qu’il avait été à dix-sept ans ? Et qu’est-ce que ce jeune homme penserait de lui, l’agent secret, le James Bond mûr ? L’adolescent le reconnaîtrait-il, sous l’écorce qui était venue recouvrir cet homme, et qu’avaient ternie des années de tricheries, de cruauté, de terreur — cet homme aux yeux froids et arrogants, à la joue sabrée d’une cicatrice, avec cette bosse sous l’aisselle gauche ? »
Ian Fleming, From Russia with love, chapitre XIII — 1957).

Ian Fleming aurait voulu Cary Grant, paraît-il, pour interpréter Bond. Il trouvait Sean Connery un peu trop écossais — et l’acteur a fait de son mieux, dans les Bond qu’il a joués, pour effacer son accent édimbourgeois. L’écrivain réfugié à la Jamaïque

Ian Fleming at his desk at Goldeneye, Jamaica
Ian Fleming at his desk at Goldeneye, Jamaica

ne se voyait pas incarné par l’ex-Monsieur Univers-EcosseSean-ConneryQuant à Sean Connery, lorsqu’aujourd’hui il se retourne vers celui qu’il a été quand il jouait Another time, another place avec Lana Turner (1958)2048x2730-sean-connery-birthday-cool-gallery-1-43-jpg-d5f675ebreconnaît-il celui qu’il est devenu cinquante ans plus tard :SeanConneryJune08Bien sûr, nous, nous l’avons à peu près figé ainsi — magie du cinéma :james-bond-007-carte-postale-sean-connery-jeEt nous avons oublié qu’il a aussi été… ça :1974-zardoz-002-sean-conneryC’était dans Zardoz (1974), l’un des nanars les plus ésotériques de la filmographie de Connery.

« Mourir, cela n’est rien, mourir, la belle affaire… mais vieillir… »

J’ai très peu de photos de moi : j’ai presque toujours été de l’autre côté de l’objectif. Alors bien sûr, le photographe se retrouve en creux dans les images, comme Modigliani dans cette femme nue :800px-Amedeo_Modigliani_-_Le_Grand_Nu Modigliani, mais pas seulement : c’est aussi pour moi Philip Roth regardant Modigliani : «… la tige flexible de cette taille, l’ampleur de ces hanches, le joli galbe de ces cuisses, le triangle de flamme de la toison qui marque la fente — ce nu typique de Modigliani, jeune fille de rêve, longiligne, accessible, qu’il peignait rituellement…»
Parce qu’enfin, si « mon âme est un paysage choisi », les paysages des autres entrent aussi dans le nôtre. Toutes les choses vues, toutes les choses lues : « El universo, que otros llaman la Biblioteca…»

Je suis l’ombre de l’ombre. Le masque d’une apparence.
DSC_0041 10Dans la photo d’un château en ruines, voyez-vous d’abord la ruine, ou le château — ou Brighelli qui y passait ?
IMG_00000695Et dans le graffiti posé sur la silhouette d’un vélo, que voyez-vous ? Brighellli qui y passait aussi, en vélo justement, et qui y a vu… Lequel des morts que nous traînons tous avec nous remontait ce jour-là du goudron ?

De qui je fus, peu de nouvelles.

Etalons les pauvres artefacts d’une archéologie narcissique : un hippie mélancolique sur une dune de Belle-Isle,Capture d’écran 2018-07-28 à 03.34.02 le même, quelques mois plus tard, sur une plage de Sicile, au petit matin,JPB juillet 1973 ou au pied de la statue monumentale d’Aristote, en Grèce du Nord.Capture d’écran 2018-07-28 à 03.36.20 Suis-je bien cet exhibitionniste de la fin des années 1970 ?JPB 1978 2 Ce moustachu accablé de soleil juste au dessus du lac de Goria ?JPB 1989 2 09-23-22 Ou cet autre, déjà moins chevelu, déjà plus bedonnant, adossé à une rambarde au château d’If ?Capture d’écran 2018-07-27 à 15.50.34 Et pour perpétuer le propos de Fleming, que penseraient-ils, les uns et les autres, de cet individu vaguement menaçant,0000 cultivant le « mépris d’avance », comme disait Cohen — Albert, pas Leonard ? Capable de voter à droite par dégoût — le « dégoût » que René Crevel accrocha à sa veste juste avant d’essayer le gaz, en ce 18 juin 1935… Capable de tenir des propos d’ultra-gauche — après tout, idéologiquement parlant, il serait proche de Gramsci… Défi et provocation. Amoureux de toutes, ami de quelques-uns, haï souvent, hanté de soleils couchants…

Oui, que penseraient-ils de moi ? Jadis si mince, aujourd’hui plus… confortable… Homme du Midi qui vécut si longtemps dans les brumes… « Un mixte composé de lumière et de fange », dit Tristan l’Hermite.
Comme nous tous, d’ailleurs. D’originalité, point de nouvelles.

Et tous ces Brighelli accumulés font-ils le Brighelli d’aujourd’hui ? J’ai moins l’impression d’être un résultat qu’une somme indistincte, une couche géologique où se lirait, à travers les strates, une histoire contrastée — socle hercynien, conçu dans les bas quartiers de Marseille, laves désagrégées, et roches métamorphiques successives.
Métamorphose est bien le mot : chenille, papillon — où en suis-je aujourd’hui de mes incarnations ? Envie d’un dernier cocon, ou d’une dernière cavalcade ?
Ce feuilleté friable est fait aussi de pages entassées, couches de schistes où se lit l’ardoise de la Castagniccia, la serpentine du Cap corse — et quelques inclusions de grenats catalans… Rien de bien précieux, rien de bien indiqué pour construire un palais : ça s’effrite sous les doigts, ça se disperse, ça s’affaisse peu à peu. Poussière qui retourne à la poussière. Je n’ai jamais pu regarder une falaise où se lit l’histoire de la Terre sans y voir une image de ce que nous sommes — des couches successivement superficielles, désormais écrasées par des sédiments plus récents, qui eux-mêmes bientôt…
Nous passons la vie à nous construire, à nous peaufiner, alors que nous deviendrons nous aussi sédiments, terreau à pissenlits et autres parasites… Ressusciter enfin dans la caillette d’une vache, vaguement ruminé, et transformé en bouse… en azote et méthane… en saint-nectaire ou en reblochon…

En admettant que je pourrisse encore un peu sur pied, que pensera alors le vieillard cacochyme de celui que je suis aujourd’hui, et que déjà je ne suis plus, au moment où j’arrive au bout de ma chronique ? Qu’il ne se souciait pas assez du lent pourrissement de ses cellules ? Les rides d’aujourd’hui sont les grands canyons de demain. Nous nous creusons, nous nous fissurons, des lézardes courent en surface, témoins de bouleversements internes, de ruptures cellulaires ou de proliférations inopinées.

La barbe a disparu, et la moustache aussi. Les cheveux se font rares — et comme ils blanchissent en même temps, ils s’éclaircissent deux fois.
Restent l’inquiétude et le mépris.
Deux bonnes raisons de continuer à écrire. Et de prendre, à partir d’aujourd’hui, une semaine de vacances.

Jean-Paul Brighelli

124 commentaires

  1. Belle photo de Peyrepertuse ; il manque la Tour de Sénèque et mon album d’images sera complet…
    Bonnes vacances…JPB

  2. Sean Connery s’est mis au vert il y a une quinzaine d’années – il joue au golf mais écrit beaucoup moins que Brighelli …

    Par contre Roger Moore, le second James Bond-Eon, écrivit plusieurs volumes de mémoires – il se fit aider pour les rédiger – follement indiscrets sur le milieu des artistes et producteurs !

  3. Doit-on faire le parallèle James Bond – Alexandre Benalla ? C’est un peu osé ..; Benalla est une parodie de Bond comme la république de Macron est une parodie de monarchie !

    Etant entendu que je suis le seul démocrate de France !

  4. Nous avons quand même un portrait en creux de Jean-Paul Brighelli :

    Héros historique préféré ? – Maximilien Robespierre
    Héros de fiction préféré ? – James Bond

    Deux hommes qui préfèrent couper court aux discussions d’une manière nette et tranchante plutôt que de raser l’auditoire avec des explications filandreuses !
    Si l’on rajoute le brettiste Cyrano de Bergerac et le mousquetaire Charles d’Artagnan voilà un quatuor de héros brighelliens particulièrement bien armé !

  5. L’absurdité de la vie est remarquable ! Plus notre esprit évolue, s’affine, se patine et plus notre corps nous lâche.
    “Ce qui vieillit en nous, c’est le logement. Le locataire ne vieillit pas.” ( Ch. Gounot).
    Trop vrai hélas!

  6. Peter Sellers était un faux James Bond face à David Niven censé être le vrai de vrai James Bond.
    Donc voilà il y a eu des prédécesseurs célèbres à Benalla – le déjanté Sellers alcoolique, cocaïnomane et farceur émérite ! Lui aussi troublait les « Party » !

  7. « L’avenir est une intégrale de chemins. Le passé, semble-t-il, aussi. »

    Certes, mais l’avenir, on s’en fout complètement, Dudu ! Personnellement, je ne le calcule pas à l’avance. Rien à battre de ce que je serai demain ! Seuls comptent pour moi le présent inexorable et le passé qui mérite dévotion.
    La seule « intégrale de chemins » qui mérite d’être calculée, si on n’a pas à en rougir quand on y jette un regard nostalgique en arrière, c’est la « circulation » du champ de ruines de notre misérable carcasse le long des chemins plus ou moins noirs de notre existence.

  8. Bonnes vacances JPB ! Tu en as, semble-t-il, bien besoin… Et belles photos!

    La nostalgie n’est plus ce qu’elle était…

  9. Bonnes vacances JPB ! Tu en as, semble-t-il, bien besoin… Et belles photos!

    La nostalgie n’est plus ce qu’elle était…

  10. La culture de la France des années 80, cela a changé et en mal, on a régressé culturellement, sociétalement, au niveau de la tolérance, du progrès de la pensée, cela est désastreux. On a suivit le mantra de l’anglicisation, seriné par nos précepteurs dont certains sont à l’école (Brighelli), ce n’est pas une histoire de romains. Qui ne connait pas le franglais Macron, dois-je vous faire un cour de vocabulaire, vous vous voulez parlez comme Victor Hugo ?

  11. La culture de la France des années 80, cela a changé et en mal, on a régressé culturellement, sociétalement, au niveau de la tolérance, du progrès de la pensée, cela est désastreux. On a suivis le mantra de l’anglicisation, seriné par nos précepteurs dont certains sont à l’école (Brighelli), ce n’est pas une histoire de romains. Qui ne connait pas le franglais Macron, dois-je vous faire un cour de vocabulaire, vous voulez parler comme Victor Hugo ?

      • Je t’avais oublié rejoint ton maître.

        La saveur de l’internaute Brighelli

        La liste de leurs commentaires fait une épaississante chiasses, prétentieux devant leur vomie.
        Comme un suintement de merde, la bouche remplit de leurs crachats.
        Les puanteurs d’égouts déploient leur saveurs d’excréments, la flaque stagnante.
        Tel un épanchement nasal de liquide jaune bu dans un fumet d’urines.

        • On peut marié l’intelligence et la sagesse, c’est le cas de tous vos philosophes sur la longueur. C’est pour cela que certains on du mal à lire vos livres. J’étais présent quand vous les avez apportés, j’étais certainement un sauvage.

  12. La culture de la France des années 80, cela a changé et en mal, on a régressé culturellement, sociétalement, au niveau de la tolérance, du progrès de la pensée, cela est désastreux. On a suivis le mantra de l’anglicisation, seriné par nos précepteurs dont certains sont à l’école (Brighelli), ce n’est pas une histoire de romains. Qui ne connait pas le franglais Macron, dois-je vous faire un cour de vocabulaire, vous voulez parler comme Victor Hugo ? le doublon dans ton cul, tu as qu’à faire avec ton système d’informaticien, encore un débile, vous les recrutez.

  13. Les ânes ? On les fait trimer comme des chiens, on leur parle comme à des charretiers, et de temps en temps, vlan! un coup de latte dans les côtes pour les faire avancer. Alors un jour, ce qu’on leur offre en coups, ils nous le rendent en ruades car le bât blesse trop et Tro-tro c’est trop !
    Il faut comprendre pourquoi les ânes font à l’occasion de l’homme leur meilleur ennemi : c’est une pauvre bête dont la soumission doit parfois être payée en retour. Une créature qui correspond parfaitement à ce que l’homme est capable de donner.

    • « Une créature qui correspond parfaitement à ce que l’homme est capable de donner. »

      Hmm… Je me suis faite la même réflexion en découvrant les cuissardes et le slip rouge fermé par un petit noeud (si si) et maintenu par des bretelles.

      • S’il prenait l’envie à certains – et je ne cite personne – d’affubler d’un petit noeud leur « structure » coton/lycra, qu’ils soient avertis : c’est intenable…

    • heureusement qu’aux ânes bien nés etc … (je m’auto-censure, par décence et respect pour les femmes et les enfants qui nous lisent, nombreux ! )

  14. âne, mon ami (suite)

    Y en a des qui anthropomorphisent sans vergogne certaines dérives asinistes en voulant y voir un soubresaut de la lutte des classes qui ne serait donc pas tout à fait morte.

    En vérité, je vous le dis en pataouète : qui bât son âne sans son accord risque fort de se prendre un saucisson.

  15. Âne, ne vois-tu rien venir.

    En vérité je vous le dis, viendra un jour où nous ferons comme Dugong et nous partirons saucissonner dans le maquis.

    • Âne, ne vois-tu rien venir ? je vois mes Autolib qui merdoient, et Bolloré qui rougeoie !
      Ils m’ont surnommée « Notre Drame », notre drame de Paris …

  16. asinus asinum pouet pouet… (suite)
    Pensée du jour:
    Les ânes et les hommes sont moins égaux qu’ils ne le disent et plus qu’ils ne le pensent.

  17. Et si Brighelli écrivait « La trahison culturelle de James Bond » ? Soit il se fait assassiner par les aficionados, soit il reçoit une Aston-Martin DB11 en cadeau … cela vaut le coup de tenter la chose !

  18. Il n’y a qu’un seul dieu et il s’appelle James Bond – il ne rate jamais son coup.

  19. La saveur de l’internaute Brighelli

    La liste de leurs commentaires fait une épaississante chiasses, prétentieux devant leur vomie.
    Comme un suintement de merde, la bouche remplit de leurs crachats.
    Les puanteurs d’égouts déploient leur saveurs d’excréments, la flaque stagnante.
    Tel un épanchement nasal de liquide jaune bu dans un fumet d’urines.

    • « chiasse » (sans s) – « vomi » (sans e) – « remplie » (avec e, signe du féminin) – « d’égout » (plutôt au singulier) –
      Et, où sont les verbes en phrases 2 et 4 ?
      Vous allez me rédiger à nouveau ce texte avec une orthographe et une syntaxe irréprochables (avec s !). Nous aborderons ensuite le contenu en n’oubliant pas, toutefois, que la forme étant indissociable du fond tout texte écrit de cette manière ne peut être qu’un vague torchon…

  20. « tous ces Brighelli accumulés font-ils le Brighelli d’aujourd’hui ? »

    Autrement dit, avons-nous affaire à un Brighelli asymptotique et donc prévisible ou, à l’instar d’une S2 tournoyant vertigineusement au voisinage de Sagittarius A*, à un Brighelli diabolisé en pleine bifurcation ?

    Carpe diem.

  21. Nos amis les bêtes (suite)

    En voilà un qui, n’ayant plus d’auditoire, bargeote à fond de pédales :

    https://www.nouvelobs.com/planete/20180723.OBS0063/2-minutes-d-une-etude-de-chopin-pour-bercer-des-elephants-aveugles-de-thailande.html

    Je serais éléphant, même malade, je lui écraserais la tronche pour lui faire comprendre qu’on ne déclenche pas impunément un désir de jouer chez de tels ongulés tout en les frustrant par l’inadaptation des touches.

    • PS : rappelons-nous de ce pauvre chat de gouttières immortalisé par Reiser, obligé de séjourner à la campagne par la grâce de ses « maîtres », bourré d’ennui comme un rat mort, sans femelle, lâchant ce déchirant cri de désespoir :

      « et allez donc vous branler avec ces p..s de griffes rétractiles »

    • Je relis Reiser régulièrement. Allez, « Vive les vacances » me semble de circonstance 😉

  22. Emmanuel Macron ne file ni ne tisse, il règne et distribue les Benalla comme James Bond distribue les horions !

  23. James Bond caracole depuis si longtemps en haut de l’affiche qu’on en oublie presque que c’est d’abord un homme de mains !

  24. Homme blanc instruit, toujours tu chériras ta mère (suite)

    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/07/30/intelligence-artificielle-la-diversite-humaine-un-enjeu-central-pour-son-developpement_5337428_4408996.html

    « Ces algorithmes échouent plus souvent pour les femmes, les migrants, les personnes qui ne savent pas lire… »

    Si « on » introduit de la reconnaissance faciale dans les prisons qui, déjà, pratiquent un apartheid sexiste pour recruter moins de personnel, « on » risque d’avoir le même type de problème. Il faudrait donc veiller à incarcérer plus de quadragénaires blancs illettrés, voire des femmes du même tonneau pour mélanger. Ce.ux.lle.s qui bossent dans l’i.a. sont en première ligne.

    • Avec cette surenchère qu’ils apprécient, les authentiques racistes, et il y en a une palanquée *, peuvent aisément se planquer dans la masse :

      * aucun rapport avec la traite transatlantique (je prends des précautions)

    • merci, c’est bien gentil, mais comme l’article est réservé-t-aux z-abonnés, on ne peut en lire qu’à le peine 20 %

  25. Une morale conditionnelle ou une morale absolue ?

    Si l’on est détenteur d’une morale absolue alors tout est permis du moment qu’on appartient au bon côté de la barrière.

    Le soubassement politique qui est toujours moral d’une manière ou d’une autre est donc soit relatif soit suprématiste – avec les conséquences que l’on sait, terreur d’Etat comprise.

  26. Quand Camille Desmoulins découvre le bonheur en se mariant avec Lucile en décembre 1790 avec comme témoin Maximilien Robespierre et l’écrivain Louis-Sébastien Mercier (l’auteur du tableau de Paris), il découvre la relativité de la vie et donc la morale conditionnelle de la politique.
    Ce qui l’amènera à s’opposer frontalement à Robespierre l’absolutiste – en sachant pertinemment que son opposition pacifique causerait sa perte – et celle de sa femme.

  27. Un écrivain digne de ce nom arbitre en faveur du bien, puis du mal, puis du bien … il s’essaye à la contradiction intime ! Baudelaire appelait cela pompeusement la double postulation …

    Un homme politique qui se veut serviteur de l’absolu plus et mieux qu’un écrivain fait régner la terreur dans les lettres comme le disait si bien Jean Paulhan et par conséquent veut abattre les oppositions intimes de manière publique – il joue avec les consciences en régnant par la violence idéologique.

    Mercier qui n’avait pas le génie sentimental de Restif de la Bretonne a néanmoins brossé du Paris pré et post-révolutionnaire une fresque haute en couleurs. Restif c’est la chouette nocturne assaillie de terreurs, à moitié indicateur de police, à moitié greffier de la vie des petites gens.
    On ne demande pas à un écrivain de montrer la belle équanimité d’un vaste et profond politique ! Le sage de la cité qui bâtit l’avenir à coups de lois …

  28. Quand De Gaulle était en mode « phase de réflexion politique », il disait qu’il était en train de se mettre en accord avec ses arrière-pensées. Il examinait ses contradictions intimes avant de prendre une résolution publique.
    Il a toujours considéré l’écriture comme un moteur de son action.

  29. L’été, la place est laissée aux stagiaires. C’est souvent le plus souvent consternant mais, parfois, un petit miracle se faufile, improbable.

    C’est le cas de la série d’émissions de France Cul sur Freud.

    https://www.franceculture.fr/emissions/grande-traversee-moi-sigmund-freud/saison-02-07-2018-26-08-2018

    Non que le causement sur Freud soit inoubliable, c’est le générique qui me réjouit : Robert Wyatt enfin !

    https://www.youtube.com/watch?v=fYUIXp8pxvo

    Wyatt c’est aussi et surtout l’album « Rock bottom » qui est de l’avis de certains dont je fais partie un de ces disques absolument nécessaires à la liste des choses à amener sur une île déserte.

  30. « Etalons les pauvres artefacts d’une archéologie narcissique : un hippie mélancolique sur une dune de Belle-Isle… »

    Prendre le thé chez Sarah Bernhardt rend donc mélancolique ?

    • Hmm… Prendre le thé dans des ruines… Au mois de février… Quand la tempête guette…
      Nous nous nourrissions de far aux pruneaux…

  31. « Ce moustachu accablé de soleil juste au dessus du lac de Goria ? »

    On constate le développement conséquent des triceps (ne jouons pas au logicien:le gauche vaut sans doute le droit);d’où une question:est-ce par la baise que le Maître s’est fabriqué ces triceps ou bien est-ce pour la baise qu’il les a travaillés ?
    ( On se souvient de la méthode appliquée par le jeune Brighelli pour préparer Saint-Cloud: cinéma le jour et baise la nuit.)

  32. Au cœur des ténèbres (suite)

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/07/31/trois-russes-porteurs-de-cartes-de-presse-ont-ete-assassines-en-centrafrique_5338018_3212.html

    Je me souviens
    des délicieux ragoûts d’agouti ,
    des missions en 4×4 à l’intérieur du « pays » avec Faustin-Archange alors IG de maths,
    des porteurs de kalachs bourrés de vin et shit aux barrages,
    des pygmées exhibés comme des singes,
    de la ville fantôme de Bouar, jadis base de l’armée française, où résidaient des moines italiens
    des Libyens en arme qui « sécurisaient » Bangui,
    des cadavres gonflés sous un soleil invariablement plombé dans Bangui,
    des barbouzes peuplant l’ambassade,
    de la bonne sœur entrant comme une furie dans le burlingue du ministre de l’éducation pour l’engueuler,
    des « laboratoires » fermés à double tour dans des lycées équipés par diverses coopérations, jamais utilisés et conservés avec fierté par leurs chefs d’établissement,
    des profs rarement payés mais dont certains persistaient à être présents à leur poste,
    des grumiers monstrueusement chargés déboulant à fond les ballons sur les pistes forestières,
    des nombreux « acteurs » jouant au développement,
    d’un responsable d’une ong expliquant que l’énorme prévalence du sida se résorberait d’elle-même dès lors que les habitants en auraient marre de mourir,
    du fleuve majestueux après les rapides séparant d’une rdc irréelle,
    du commissaire de police relâchant les récidivistes après leur avoir fait ingurgiter un brouet au ciment prompt,
    des « évangélistes » de tout poil pullulant avec succès dans la ville,
    des 200 volts péniblement atteints par la tension électrique dès l’ouverture des « bureaux » des organismes internationaux,

    • S’il y avait un plan pour effacer l’Afrique de la carte du monde, je serais preneur !

    • Beau partage. Construction spirit-ctural se conjuguant, sans complexe, à la puissance des traînées de cuivres de Little Red Riding Hood Hit the Road.
      Merci.

      • Crural ? Il a mal au cul quand il pense à l’Afrique ?

        Je connais une mouche personnellement qui me tourbillonne autour et qui me fait le même effet que ce continent …

        • Ok la Brighellette en chef. Parlons peu, parlons cul.

          Ne préfériez-vous pas penser printemps, et nous faire un commentaire sur le body ultra sec de JPB, vêtu d’une seule micro serviette éponge explosive à souhait (il n’a pas de slip de bain)?

          • Vous voudriez vraiment nous voir danser la Bachata sur une piste de danse, sous les étoiles des Caraïbes, Jean-Paul et moi ?

          • Lovely ! Cette mini en éponge épousant son petit croupion, le corps endiablé par la danse. Rêvons un instant.

  33. Ma tante qui s’était mariée à un philosophe – Alain de Lattre – ne quittait pas les bars d’hôtel quand elle était en Afrique ! Judicieuse précaution …

    • Et quand, parfois, elle était obligé d’en sortir, retenait-elle sa respiration ?

      Je souris en m’imaginant entomologiste vous tenant avec des brucelles et vous lâchant en plein milieu du grand marché de Cotonou.

  34. Tommy Robinson après avoir passé deux mois en prison pour délit de presse a été libéré sous caution – prisons britanniques qui ressemblent comme deux gouttes d’eaux à des geôles asiatiques ou africaines ou encore caraïbes vu la population qu’elles hébergent.

  35. Merci pour cet excellent billet
    Passez de bonnes vacances et ressourcez- vous !
    Et revenez en pleine forme pour la rentrée des classes

    • « Et revenez en pleine forme pour la rentrée des classes »

      Un proviseur,probablement.

  36. Le délit de presse cela nous ramène en plein XIXe siècle quand les écrivains et journalistes français faisaient des séjours temporaires à Sainte-Pélagie !
    A maints égards l’Europe du futur ressemble comme une sœur à l’Europe geôle des peuples du 19e qu’on croyait enterrée !

    • Alexandre Dumas : « Effectivement, Sainte-Pélagie, finit par ressembler, en mieux, à un quelconque Bottin mondain » cqfd !

      Bientôt il faudra se faire mettre au trou pour avoir des lettres de noblesse littéraire !

  37. Avant les grandes puissances européennes avaient des colonies à l’extérieur ; maintenant elles colonisent l’espace intérieur avec des enclaves d’indigènes réduits à la mendicité et à la soumission politique perpétuelle.

  38. Flo a raison – toujours !

    Jean-Paul Brighelli a un petit côté forban des Caraïbes qui se serait trompé de siècle – corsaire au service du roi de France écumant les mers océanes à la recherche d’une proie anglaise facile et d’un butin féminin de haut vol, ou bien pirate Corse qui fait la guerre aux Barbaresques à l’époque du roi-soleil !
    Des razzias et des exploits sensuels sans limites …

  39. La presse : « le rappeur Booba s’en prend violemment à Kaaris à l’aéroport d’Orly »

    L’altercation aurait pour origine un lemme écrit par booba (41 ans), spécialiste de géométrie algébrique, sur un coin de nappe (paramétrée) et piqué par kaaris qui s’en serait emparé en vue de la médaille Fields

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/08/01/mathematiques-quatre-nouvelles-medailles-fields-ouvrent-de-nouveaux-chemins-vers-la-connaissance_5338309_1650684.html

    la recherche en rap est un milieu pitoyable.

    • Avoir le feu au cul (au derrière)
      Cette expression a deux significations complètement différentes :
      – Être très pressé, filer très vite
      – Avoir des besoins sexuels intenses

  40. Il faut s’appeler Dudu pour confondre apport de la civilisation, loi et ordre, avec colonisation stupide.
    Encore un bolo bobo…Décidément à quoi paie-t-on ces parasites culturels, agrégés par corruption des magister ?

    • Allez, deuxième paire de brucelles pour lâcher roquet, pas encore sec de sa mère, en plein Dantokpa.

      PS : roquet n’a pas fini de raquer pour entretenir mon oisivactivité qui n’obéit plus qu’à un seul critère : mon bon plaisir.

      PPS : que roquet soit donc reçu à l’agreg de math puis démissionne et pourra japper sans crainte du ridicule absolu.

  41. Tant de crétins actuels pour attaquer la merveilleuse aventure belge au Congo, cet effort de civilisation que la colonisation a développée partout.
    Quelle honte de ne pas admettre que la diversité nous a conduit à assumer une responsabilité quasi divine : faire que le territoire des Sioux et autres sauvages Apaches envoie sur la lune des wasps américains de souche récente…

    Bonne soirée aux amis, cauchemar souhaité aux idéologues crépus, bras d’honneur aux congres…uhuhu !

  42. C’est rien : c’est juste une dispute entre Corneille et Racine au sujet de l’e muet ! Boileau arbitre mal …

    • Ah la « complexité » des choses pas simples…

      Exterminer les vieux sera difficile : ces salopards sans scrupules vont s’équiper, créer une National Rifle Association encore plus barrée que la maison-mère et patrouiller dans les rues avec le secret espoir de tomber sur une bande d’ados sans défense.

      Dans les campagnes, les anciens chevrotant ne discuteront pas : c’est la chevrotine qui parlera.

    • Poutine,qui n’a pas fait l’ENA, veut aussi repousser l’âge du départ en retraite.

  43. Le 1 août 2018 à 4 h 54 min,Pheldge a dit :
    « On se souvient … » car vous y assistâtes ? tîntes-vous la bougie ?Le 1 août 2018 à 4 h 54 min,

    Non,je n’ai pas eu cet honneur…
    Mon information provient des billets d’Il Maestro;dans l’un d’eux,publié il y a un an ou deux (en l’absence d’appareil critique…et faute de savoir dompter la bête immonde*,je ne peux pas être plus précis) le Maître racontait ses souvenirs d’hypo/khâgneux, la chambre qu’il avait louée au-dessus de ?,ses « nuits aussi belles que ses jours », Gourinat (père) , le philosophe à petites besicles qui à la fin de sa toute première colle de philo (Brighelli avait sauté la classe de terminale-je veux dire,n’avait pas fait de terminale) lui dit: »C’est tellement pute que ça pourrait presque passer »: les journées au cinéma et puis aussi cette fille-la plus canon de la khâgne- que Brighelli trouvait fade et qu’il ne voulait pas particulièrement sauter…jusqu’au jour où il a senti que le professeur d’histoire, pas gramciste pour deux sous,bellâtre se prenant pour Apollon, allait se la faire;vous devinez la suite:rien que pour faire chier,le Maître a emballé en trois coups de cuillère à pot.

    C’est évidemment pour se venger que le professeur d’histoire s’est opposé vigoureusement, véhémentement à ce que Brighelli soit autorisé à cuber…
    Mais comme il a intégré du premier coup…

    * la bête immonde: »le logiciel »

    • la chambre qu’il avait louée au-dessus de ?,

      Ah oui,ça me revient;elle donnait sur les toits, rue des Convalescents.

  44. Avec les Landes *, La Corse est le seul département français où la chevrotine est autorisée. Implicitement, il s’agit de chasse au sanglier mais certains militent pour un usage plus universel

    https://www.corsematin.com/article/corse/lautopsie-revele-deux-tirs-de-chevrotine-a-bout-portant

    Le site chassons point com nous explique les raisons profondes de cette exception culturelle :

    « La chevrotine est autorisée en Corse car son usage s’adapte aux contraintes de la forte densité du maquis »

    * mais limitée au calibre 12 (petits joueurs)

  45. Bon, bin puisqu’on en est à se faire des confidences, moi-z-aussi , j’ai failli finir prof ! éh oui, en prépa, nous z-autres, les vrais cadors, la tête pleine de rêves et d’âneries, n’avions d’yeux que pour Ulm, « la recherche » toussa* ! en 3/2, niet, en 5/2 j’ai décroché St Cloud, quand un de mes oncles (HEC …) m’a fait dire « mais tu ne vas pas être prof quand même ? » et là, j’ai vraiment réalisé !

    *quand j’y repense, c’était d’une telle naïveté ! et ce qui me désole, c’est qu’aujourd’hui, malgré Internet, nombre d’élèves intègrent des filières sans avoir la moindre idée des métiers auxquels elles préparent …

  46. « j’ai décroché St Cloud, quand un de mes oncles (HEC …) m’a fait dire « mais tu ne vas pas être prof quand même ? » et là, j’ai vraiment réalisé ! »

    J’avoue que mon kawa m’est sorti par les narines, j’ai failli m’étouffer de rire. Il faut bien reconnaître que ce garçon n’a pas peur.

    • Flo, j’ai énormément de respect pour les enseignants qui enseignent, moins pour ceux qui prétendent ré-éduquer les masses et construire un avenir radieux, et aucun pour ceux qui ne sont là que pour la sécurité de l’emploi et la paye. (comme je vis depuis 30 ans à la Réunion, le salaire des profs est majoré de 54 %, la vie d’un couple d’enseignants est, vous le devinez, bien plus douce que celle décrite dans « le plus beau métier du monde » de Lauzier cité ici il y a peu ).
      Et c’est vraiment cette remarque du Tonton, qui à l’époque était Dir Gé dans une compagnie pétrolière, qui a changé ma vie, et m’a fait choisir l’école d’ingés du Bd St Michel, celle adossée au Luco.
      Bien sûr, vous connaissez maintenant mon côté taquin, j’ai soigné mon petit récit, et je suis heureux d’avoir fait … rire au moins une personne 😉

Comments are closed.