Je viens de voir, aux infos de France 3, à 12h30, des parentes d’élèves de Montpellier (peut-être chez l’une des émules de l’ineffable Cazals, le « professeur des écoles » qui refuse de faire son métier ?) brandir des piles de cahiers d’évaluations — ces évaluations que devaient faire aujourd’hui leurs enfants — en affirmant haut et fort qu’elles refusaient de soumettre leurs Monchéri-Moncœur-Kevin—Momo à des interrogations auxquelles elles-mêmes ne parvenaient pas à répondre. Encouragées par une instit affirmant qu’il était trop tôt, que les opérations avec une virgule, c’était en fin d’année, etc.
    Ce matin même, sur France 2, Darcos expliquait que les évaluations, parce qu’elles intervenaient en cette fin janvier, ne portaient que sur ce qui était censé avoir été appris…

    Il aurait pu préciser que ces exercices sont en fait l’évaluation du « socle » prévu dès la loi Fillon, en 2005. Rien de strictement darcosien là-dedans.

    Mais voilà : peut-être y a-t-il un léger décalage entre ce qui doit être su, et ce que l’on apprend effectivement.

    Même si, dans le détail, la correspondance entre les questions et les programmes n’est pas totale… Mais cela vient peut-être du fait que les programmes auraient, depuis très longtemps, être plus précis, plus méthodiques, que ce qu’ils sont effectivement : la marge d’interprétation reste encore trop grande.

    Xavier, aussi, quelle idée ! Les élèves de CM2, ce sont ceux de la réforme Lang de 2002 ! Pas ceux de la réforme Darcos — que ce même Cazals, et quelques autres, refusent d’appliquer, tant ils ont peur que l’on s’aperçoive qu’ils ne maîtrisent pas les méthodes de lecture qui marchent… Tant ils ont à cœur que les élèves déshérités qu’on leur a confiés (et qu’on ferait bien de leur retirer, et très vite) apprennent quelque chose de substantiel !

    Certains dirigeants syndicaux te fatiguent, et leur bouderie sur la réforme du lycée t’a surpris. Mais à cette aune, comment peux-tu fréquenter Moindrot ou Cadart ?

    Je suggère aux mères protestataires, d’abord, de ne pas exhiber leurs voiles entre les murs d’une école publique. Ensuite, de ne pas interférer avec ce que leurs enfants apprennent — ou tentent d’apprendre : elles ne comprennent pas les exercices ? À la bonne heure ! Au moins, leurs enfants en sauront un peu plus qu’elles.

    Je suggère également aux instits qui refusent des évaluations basiques (c’est du moins ce que disent d’autres instits, qui à vrai dire n’ont pas utilisé la méthode Foucambert, et autres méthodes « naturelles » (!) pour apprendre à lire à leurs bambins) de retourner à l’école — pour leur compte. Mais pas à l’IUFM, qui les a si mal formés. Ou de faire un autre métier.

    Et je suggère au ministre de ne pas accepter le passage en Sixième des élèves que leurs parents et leurs maîtres auront ainsi handicapés — pas la peine de grossir encore la masse des 17% d’entrants analphabètes ou illettrés.

    Je ne suis pas enthousiaste à chaque décision du ministère — loin de là, et j’ai eu assez de courage pour le dire audit ministère, ou sur ce blog chaque fois que j’en ai eu l’occasion — il y a une semaine encore à propos de la nomination de l’illustrissimo fachino Descoings. Mais évaluer les élèves, afin d’ajuster au mieux les programmes — altius, semper altius —, cela part d’un bon naturel. D’une exigence saine.

    À moins que certains enseignants, dans l’Hérault ou ailleurs, n’y voient une inadmissible tentative du ministère pour tester leurs incompétences ou leur paresse.

 

Jean-Paul Brighelli