Poncif : les Marseillais ont avec leur ville une relation passionnelle. Amour et haine. Ils se savent différents. Issus — et ce n’est pas une formule — de la « diversité » : Provençaux, Catalans (un quartier porte leur nom), Corses (près de 130 000), Italiens divers et d’été, Arméniens réfugiés ici dans les années 1920, Pieds-Noirs de toutes origines, en particulier des Juifs Séfarades, Arabes de tout le Maghreb, et depuis quelques années Comoriens (plus de 100 000) et Asiatiques — les Chinois occupent lentement le quartier de Belsunce comme ils ont, à Paris, occupé Belleville, au détriment des Maghrébins qui y prospéraient.
Bien. Vision idyllique d’une ville-mosaïque, où tous communient — si je puis dire — dans l’amour du foot et du soleil…
Mais ça, dit José d’Arrigo dans son dernier livre, ça, c’était avant.
Dans Faut-il quitter Marseille ? (L’Artilleur, 2015), l’ex-journaliste de l’ex-Méridional, où il s’occupait des faits divers en général et du banditisme en particulier, est volontiers alarmiste. Marseille n’est plus ce qu’elle fut : les quartiers nord (qui ont débordé depuis lulure sur le centre — « en ville », comme on dit ici) regardent les quartiers sud en chiens de faïence. Et les quartiers sud (où se sont installés les Maghrébins qui ont réussi, comme la sénatrice Samia Ghali) se débarrasseraient volontiers des quartiers nord, et du centre, et de la porte d’Aix, et des 300 000 clandestins qui s’ajoutent aux 350 000 musulmans officiels de la ville. Comme dit D’Arrigo, le grand remplacement, ici, c’est de l’histoire ancienne. Marseille est devenu le laboratoire de ce qui risque de se passer dans bon nombre de villes. Rappelez-vous Boumédiène, suggère D’Arrigo : « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère Sud pour aller dans l’hémisphère Nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. » « Les fanatiques, dit D’Arrigo, ont gagné la guerre des landaus ». Le fait est que partout, on rencontre des femmes voilées propulsant fièrement leurs poussettes avec leurs ventres à nouveau ronds. Si ce n’est pas uns stratégie, ça y ressemble diablement. D’autant que c’est surtout l’Islam salafiste qui sévit ici. Et à l’expansion du fondamentalisme, observable à vue d’œil dans les gandouras, les barbes, les boucheries hallal, le « sabir arabo-français aux intonations éruptives issues du rap », les voiles, les burqas qui quadrillent la ville, répond un raidissement de la population autochtone — y compris des autochtones musulmans, ces Maghrébins de première ou seconde génération, qui, voyant la dérive des jeunes qui les rackettent et les menacent, en arrivent très consciemment à inscrire leurs enfants dans les écoles catholiques et à voter FN : « Ce sont les Arabes qui ont porté le FN au pouvoir dans les quartiers nord, pas les Européens ».
Marseille est effectivement devenue terre d’Islam, Alger évoque sans rire la « wilaya de Marsylia », et, dit l’auteur en plaisantant (mais le rire est quelque peu crispé), ce sera bientôt « Notre-Dame-d’Allah-Garde » qui dominera la ville. Je l’ai raconté moi-même ici-même à maintes reprises. La burqa, ici, c’est tous les jours, partout. Au nez et à la barbe de policiers impuissants : il y a si peu d’agents de la force publique que c’en devient une plaisanterie.
Et l’image que j’évoquais plus haut d’une ville cosmopolite est désormais clairement un mythe : Marseille est une ville où les diverses « communautés » s’ignorent (version rose) ou se haïssent — version réaliste. Marseille, ville pauvre où 50% des habitants sont en dessous du seuil d’imposition (contre 13% à Lyon, si l’on veut comparer), « n’en peut plus de ces arrivées incessantes de gens venus d’ailleurs, et venant ici rajouter de la misère à la misère ». Ici on ne se mélange plus. On s’observe, et parfois on tire. « Marseille est devenue une redoutable machine à désintégrer après avoir été durant un siècle une ville d’immigration et d’assimilation à nulle autre pareille. »
Qu’il n’y ait pas de malentendu sur le propos de l’auteur. Il n’est pas dans la nostalgie d’une Canebière provençale et d’un Quai de Rive-Neuve où César et Escartefigue jouaient à la pétanque (un mythe, ça aussi). Il regrette la ville de son enfance (et de la mienne), où tous les gosses allaient en classe et à la cantine sans se soucier du hallal ou du casher, et draguaient les cagoles de toutes origines sans penser qu’elles étaient « impures ».
Responsabilité écrasante des politiques, qui durant trois décennies ont systématiquement favorisé ceux qu’ils considéraient comme les plus faibles. Marseille a été le laboratoire de la discrimination positive, et aujourd’hui encore, les réflexes des politiciens qui financent des associations siphonneuses de subventions sont les mêmes. « On a substitué à la laïcité et à l’assimilation volontaire, qui naguère faisait autorité, le communautarisme et le droit à la différence ». « Cacophonie identitaire » et « défrancisation », « désassimilation ».
Comment en est-on arrivé là ? L’auteur dénonce avec force la substitution, à des savoirs patiemment instillés, du « péril de cette époque insignifiante gavée de distractions massives : le vide, le vertige du vide ». Je faisais il y a peu la même analyse, à partir du livre de Lipovetsky.
D’où la fuite de tous ceux qui, « dès qu’ils ont quatre sous, désertent la ville et s’installent à la campagne ». Vers Saint-Maximin, Cassis, ou autour d’Aix — ou plus loin : des milliers de Juifs par exemple ont fait leur Alya et sont partis en Israël, et les Corses se réinstallent dans les villages de leurs parents. Mais « dans ces conditions, des quartiers entiers de Marseille risquent de se ghettoïser. » Ma foi, c’est déjà fait.
Et si la ville n’a pas explosé, c’est qu’il y règne un « ordre narcotique » auquel veillent les trafiquants, peu soucieux de voir s’instaurer un désordre peu propice au petit commerce du shit — une activité parallèle qui génère chaque année des dizaines de millions d’euros. L’Etat en tout cas n’existe plus déjà dans 7 arrondissements sur 16, où les gangs, narco-trafiquants infiltrés de djihadistes potentiels, font régner l’ordre — c’est-à-dire le désordre des institutions. Quant à l’école, « elle a sombré ». Effectivement, les truands ne voient pas d’un bon œil que certains leur échappent en tentant de s’instruire. D’ailleurs, ceux qui y parviennent sont les premiers à « quitter Marseille ».
Les solutions existent — à commencer par un coup de balai sur cette classe politique phocéenne corrompue jusqu’aux os, qui entretient un système mafieux en attendant qu’il explose. La candidature d’Arnaud Montebourg en Mr Propre, évoquée par D’Arrigo, me paraît improbable : il n’y a ici que des coups à prendre. L’arrivée aux commandes de Musulmans modérés est plus probable : le Soumission de Houellebecq commencera ici.
Et pour que les bonnes âmes qui croient que ce blog est islamophobe cessent de douter, je recopie, pour finir, une anecdote significative — mais le livre en est bourré, et Marseille en fournit tous les jours.
« À la Castellane, la cité de Zinedine Zidane, les policiers sont appelés de nuit par une mère affolée. Sa fillette de 10 ans est tombée par mégarde du deuxième étage et elle a les deux jambes brisées. Il faut la soigner de toute urgence et la conduire à l’hôpital. L’ambulance des marins-pompiers et la voiture de police qui l’escorte sont arrêtées par le chouf [le guetteur, pour les caves qui ne connaissent pas l’argot des cités] douanier à l’entrée de la cité. Lui, il s’en moque que la gamine meure ou pas. Il va parlementer une demi-heure avec les policiers et les pompiers et les obliger à abandonner leurs véhicules pour se rendre à pied au chevet de la blessée. « Je rongeais mon frein, raconte un jeune flic qui participait au sauvetage, je me disais dans mon for intérieur, ce n’est pas possible, ces salauds, il faut les mater une fois pour toutes, j’enrageais de voir un petit caïd de banlieue jouir avec arrogance de son pouvoir en nous maintenant à la porte. Ce qu’il voulait signifier, ce petit con, c’était très clair : les patrons, ici, c’est nous. Et vous, les keufs, vous n’avez rien à faire ici… » »
À bon entendeur…

Jean-Paul Brighelli

72 commentaires

  1. L’Inspecteur d’Académie (on dit DASEN, maintenant) non plus, n’a pas pu se rendre dans une école de la Castellane, il y a deux ou trois ans…arrêté par les guetteurs, qui ont interdit sa visite….

  2. Remarquable papier pour dire ce qui est. Je joins à ce jugement le témoignage d’un professeur italien de passage dans l’un de nos lycées professionnels. Pour en revenir à M. Darrigo, je fais partie de ces Marseillais qui ne supportent plus leur ville qu’ils ont connue active et industrielle dans sa frange Nord. Bd de la Madrague ville à présent: le marché aux puces. J’ai essayé de parler de la « tragédie marseillaise » dans un bouquin publié chez Edilivre en 2014 qui éclaire la lente descente aux enfers de la métropole marseillaise. On va en 2017 nous jouer du pipo antiraciste « crélisation » à tous les étages pour sauver au-delà du soldat (fatigué) M. Hollande tout un système qui favorise la désintégration sociale derrière de grands sentiments et de grands principes. A défaut d’un « grand parti politique », il faudrait au moins que le Net ouvre les yeux de quelques uns d’entre nous. Vous le faites. Merci.

  3. Effectivement, two are better than one, comme on dit dans l’industrie du porno… Ah, ce discours de Cazeneuve… Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire quand on est ministre des cultes !
    Et le plus beau, c’est qu’il a l’air d’y croire.

  4. On ne dira jamais assez de mal de la discrimination positive.
    Pourtant comme disent certains  »la voie qui mène à l’enfer est pavée de bonnes intentions » (certains disent chemin et non voie, querelle d’exégètes)

    Les dites sbonnes intentions ayant auparavant traversé l’Atlantique ; venant du pays du melting pot
    Qui est tout sauf melting.

    Évidemment quand on attaque le problème en posant au préalable qu’il y a des groupes de personnes, des communautés qu’il faut traiter équitablement, il ne faut pas venir pleurer après au motif de problème communautaires.

    Pareil parler d’individus, chez ces gens là, au lieu de personnes
    (dans leurs singularités) ; ça sent son traitement statistique à vocation sociometrique (celle de von neuman, pas celle de Moreno) à plein nez

  5. Donald Trump a trouvé une solution : un mur tout le long de la frontière mexicaine ! Pour se protéger des cartels de la drogue et des dos mouillés … en plus il est dans le bâtiment ça tombe bien !

    Donc voilà le programme : un mur murant le vieux port et les quartiers historiques et touristiques ; un autre mur avec miradors pour les installations portuaires, le cœur stratégique de la ville ; et un no man’s land pour se séparer de tout le reste …

  6. Ce qui est sûr c’est que l’Australie pays-continent ne veut plus de musulmans !
    Considérant les troubles à l’ordre public que cela apporte, considérant que l’Australie est un pays de haut développement où les emplois à pourvoir sont hautement qualifiés, considérant que la mécanisation à outrance de leurs mines à ciel ouvert ne demande qu’un personnel réduit en nombre, le gouvernement australien a dit : halte à une immigration dévastatrice de nos mœurs, de nos institutions et coûteuse au final.


    Visiblement les Australiens ne pensent pas que les musulmans payeront leurs retraites comme les fonctionnaires de Bruxelles veulent le croire ! Mais qu’ils viennent mettre le boxon …

    • Vous savez comment travaillent les vachers en Australie ? Avec des hélicoptères pour rassembler les troupeaux. Autant dire que des analphabètes comme ceux que nous importons par millions ils n’en ont nul besoin.

  7. Les propos du FN sont les seuls cohérents: MLPEN est réaliste même si ses paroles sont électoralistes ,je préfère quelqu ‘ un qui regarde les choses en face que tous ces démagos gauchistes aux regards fuyants pro immigrationistes , généreux et solidaires avec le fric des autres , très accueillants du moment que leurs  » protégés  » ne viennent pas squatter leurs paliers d ‘ immeubles ,qu’ ils ne s ‘ approchent pas de leurs enfants etc ; refrains connus de tous ces gros beaufs faux derches de gauche qui polluent le débat social avec leurs mensonges , leur hypocrisie , leur humanisme de façade .
    Toute cette empathie ridicule de niaiserie ne sert en définitive que le grand projet d ‘ invasion programmée de main d ‘ oeuvre à moindre coût pour remplacer la notre devenue trop chère et pas assez malléable .
    En somme tous ceux qui défendent cette immigration planifiée et qui vilipendent les citoyens qui s ‘ y opposent ne sont que des collabos d ‘ un système orchestré à grande échelle , des vichystes de la mondialisation financière du grand remplacement des populations , religions , moeurs , coutumes etc .
    Mais allez expliquer çà à des gros beaufs crétinisés de gauche !

  8. La Hollande, la terre d’élection de la démocratie bourgeoisie moderne (la seule que je connaisse) et de la tolérance religieuse, a décidé de réagir :

    « Les Pays-Bas s’apprêtent à durcir leur législation sur l’asile, alors que l’Union européenne s’efforce de trouver une réponse à la question des migrants dont le flux est sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement néerlandais prévoit de supprimer les aides alimentaires et les aides au logement des candidats au statut de réfugié qui n’auront pas répondu aux critères fixés par la loi. Les étrangers déboutés de leur demande d’asile auront alors « quelques semaines » pour quitter le territoire s’ils n’acceptent pas de retourner dans leur pays d’origine. Ils pourront alors être expulsés ou éloignés et livrés à leur sort.

    A partir de novembre, la coalition de centre droit du premier ministre Mark Rutte, talonné par la formation d’extrême droit de Geert Wilders, le Parti pour la liberté (PVV), souhaite fermer 30 centres d’accueil « Lit, bain et pain » régionaux où les demandeurs d’asile pouvaient obtenir un soutien. Le plan gouvernemental prévoit un maintien de six centres nationaux qui seront réservés à ceux qui acceptent de regagner leur pays d’origine.

    Ce projet a provoqué un vif débat avec le Parti travailliste, membre de la coalition au pouvoir dominée par les Libéraux de Mark Rutte, et a failli provoquer en avril la chute du gouvernement. Il s’est également attiré les critiques du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’Onu qui a prié les Pays-Bas de continuer d’apporter une aide de base à tous sans condition. Mark Rutte a répondu vendredi qu’il serait insensé de continuer d’offrir un logements à ceux qui refusent de quitter le pays. « Nous parlons de l’ensemble de ceux qui peuvent rentrer, dont les gouvernements sont en mesure de s’occuper mais qui ne veulent pas partir », a-t-il dit. « 

    • Vous remarquerez JPB que la Hollande prend des mesures contre la nouvelle invasion migratoire en cours sans se soucier de Bruxelles pendant que Laurent Fabius ministre en charge des affaires étrangères de la France tonne contre le gouvernement hongrois qui érige une barrière anti-immigrés.
      …;
      Donc la philippique commune de NDA et JPC contre Bruxelles est un peu en porte-à-faux !
      Quand le gouvernement de Laurent Fabius évacue le bidonville de La Courneuve il ne demande pas son avis à la commission européenne !
      Si la France veut vraiment exercer sa souveraineté elle le peut, mais le veut-elle ?

      • C’est bien en son nom propre que Nicolas Sarkozy a réintégré le commandement intégré de l’Otan … sans d’ailleurs consulter les Français sur le sujet !
        Les hauts militaires français y ont vu l’occasion de caser leurs fesses dans des fauteuils dorés à Mons et ailleurs.

    • Quel homme !

      Il me semble qu’il y a eu une autre rencontre impliquant différents partis récemment, dont Mélenchon et Dupont-Aignan.

      Mélenchon avait accepté d’y participer, à la condition expresse de ne pas y croiser Dupont-Aignan.

      L’ostracisme a tendance à se propager. Il faut dire que c’est drôlement pratique…

  9. Interlude :

    Fabius fait des malaises à répétition, il a dû péter une durite ; quant à Valls il sue comme un beau diable !
    Mais dans quel état notre petit train !

    • Hamon était tout pale disant qu’il en avait marre d’être utilisé par le PS (à voix basse, mais on entend tout quand même, surtout face à une caméra) que ce ne marchait pas dans l’opinion, qu’économiquement ça ne marchait pas.
      Les frondeurs s’agitent et ne votent jamais contre ; pourtant ça en jetterait : bing le gouvernement aux orties, hop un autre.
      Et Macron à la lanterne (un royaliste, quand même ça la fiche mal en république) pour que cesse cette farce.
      Ça sent la restauration, après les 100 jours.

  10. Le Monde, charmé, titre : « Valls lance la bataille contre le « bloc réactionnaire » en vue de 2017 »

    Qui peut croire à cette dialectique d’un « bloc réactionnaire » qui n’a pour sens unique que de vouloir placer le PS et ses affidés, seuls et automatiquement, dans le camp du Bien ?

    Il n’y aura guère que les petites nouilles de neoplofs qui affirment qu’elles ne voteront plus jamais PS, jusqu’en mai 2017… où elles téteront avidement les pis solfériniens qui leur supprimeront aussi sec le statut de fonctionnaire et tutti quanti.

    Mais perso, je m’en fous pourvu qu’elles triment pour me payer ma royale retraite.

  11. Je l’ai déjà dit, le problème ne vient pas de l’islam (qui ne posait pas de « problème » lorsque JPB était élève).

    Pascal Blanchard nous explique qu’il existe trois statuts de l’étranger : l’étranger de l’extérieur, l’étranger de l’intérieur et l’indigène. L’étranger c’est celui qui n’est pas citoyen, ou celui qui va devoir, à travers la naturalisation, à un moment faire preuve de toutes ses vertus pour arriver à devenir citoyen. L’étranger intérieur, c’est un citoyen qui est perçu comme étranger à la nation. L’indigène est français, non pas de citoyenneté, mais en tant que sujet de la France. Il n’a aucun droit de la citoyenneté, par contre il en a tous les devoirs. Issus de l’empire colonial français, les indigènes ont des pratiques culturelles et religieuses différentes. Et c’est là où porte le débat : est-ce que les indigènes sont solubles dans notre identité nationale ?

    Et tout le débat émerge déjà dans les années 70 avec le Front National et sa création, puis se prolonge avec la première marche des Beurs de 83 qui ne sera pas comprise par les français. Cette seconde génération qui manifeste, sera encore moins comprise avec les émeutes qui vont se succéder pour arriver jusqu’aux émeutes de 2005. Il va bien sur se cristalliser autour de leurs personnes une problématique qui va largement dépasser le problème on va dire statutaire, mais une problématique imaginaire puisque maintenant on n’interroge pas les pères, ni les grands pères d’ailleurs, mais on interroge les enfants, voire les arrière petits enfants sur leur capacité en fait à se fondre dans la nation, a être capable de digérer nos principes identitaires ou nos valeurs nationales et d’être capables d’être pleinement et entièrement non plus des étrangers permanents mais des citoyens résidents. Là on est dans un entrechoquement sur lequel se superpose deux grandes figures de cette altérité refusée par la citoyenneté :

    – d’un côté l’homme ou la femme noire afro-antillais ou africain, vous l’appelez comme vous voulez, mais dans l’imaginaire collectif aujourd’hui on se rend compte d’une fusion entre ce monde antillais et ce monde africain dans la perception des noirs de France, qui en gros pour résumer, est associé au clandestin qui vient ici pour arriver à profiter, rappelons-nous les célèbres phrases ; il a 5 femmes, plusieurs enfants et ils vivent sur les allocations. Ce vieux mythe a été totalement fixé à travers l’image du sans-papiers qui s’est imposé il y a une dizaine d’années,

    – et de l’autre côté ce que le Président de la République a appelé, un mot qui n’était pas apparu dans le langage politique français depuis quasi le temps des colonies, ‘’les compatriotes musulmans’’. C’est fascinant, un compatriote musulman. Il n’a plus de nationalité, il n’a plus d’origine, il est sa religiosité !

    La dernière fois qu’on a entendu parler ce discours là, c’était dans les années 50 quand on parlait des français-musulmans. Et quand on parlait des français-musulmans, généralement c’était des algériens, des marocains des tunisiens qui vivaient en France, pour lesquels monsieur Papon avait créé un célèbre service qui avait pour objet la surveillance jusqu’au 17 octobre 61 de ces populations. Compatriotes musulmans. Là on a atteint le point d’acmé de cette longue histoire.

    http://www.dailymotion.com/video/xbizlz_pascal-blanchard-les-immigres-franc_news

  12. Ici : http://www.letelegramme.fr/bretagne/pascal-blanchard-l-etat-a-produit-un-apartheid-inconscient-14-03-2015-10557044.php , Pascal Blanchard répond à la question « L’islam joue-t-il un rôle dans cette fracture ? »

    Réponse : « L’islam est arrivé très récemment dans le débat. Et ce n’est pas l’islam qui fait la non-intégration de ces populations. La religion offre un nouveau territoire d’expression pour ceux qui ne se sentent pas français. Et elle sert surtout à renforcer le stigmate. Sur le fond, il faut surtout comprendre que notre rapport à l’oriental est régi par la peur depuis des siècles. Le « Noir » est plutôt vu avec condescendance. Ça, c’est culturel et historique : on ne sort pas des schèmes que nos ancêtres ont portés aussi facilement que ça. Ça n’est pas parce qu’on tourne la page coloniale qu’on tourne la page des mentalités coloniales ».

    • On est content de savoir que la France est la mère de tous les maux de la création (corano-compatible) ! Mais vous savez Nicolas ce n’est pas à de vieux singes qu’on apprend à faire la grimace …

  13. Comment en est-on arrivé là ? Si Marseille est arrivée à cette situation, c’est que la ville est vendue par ses dirigeants qui continuent à livrer la ville, ses plages, ses espaces jadis industriels aux fonds de pension, la privatisation à tour de bras… Le triomphe de la spéculation contre l’intérêt des habitants. On veut chasser les pauvres du centre, les réduire dans des zones périphériques. Conséquences : Marseille connaît alors la violence, la relégation des banlieues, multiplication de ghettos pour riches et de ghettos pour pauvres, division des marseillais….. Alors que des milliards sont investis dans le tape à l’œil de plus en plus de marseillais plongent dans la grande pauvreté et sont exclus de tout.

    L’avenir de Marseille ne passe ni par le tourisme de luxe, ni par la spéculation immobilière et les emplois sous qualifiés de l’hôtellerie ou de la restauration. La question d’avenir n’est pas de savoir si Marseille va passer devant Barcelone ou toute autre ville méditerranéenne. L’avenir de Marseille n’est pas dans la concurrence mais dans la coopération. Ce qu’elle a fait pendant des siècles. Marseille n’a pas d’avenir sans une relance de l’emploi qualifié et producteur de richesses pensé en termes d’échanges, avec en priorité, les pays du bassin méditerranéen. Cela demande une politique municipale volontariste en particulier vis-à-vis du port et de la filière navale. Cela demande aussi d’agir contre les démolitions et pour la reconquête d’unités locales de production. Quant aux emplois de services que d’aucuns présentent comme la panacée ils doivent correspondre à des besoins de la population, relever du service public et non d’associations qui ne survivent que grâce au clientélisme politique dont la droite est loin d’avoir le monopole.

    Un dernier point : Marseille est une ville pauvre, elle a des élus riches, la campagne a permis de connaître le patrimoine des deux : Gaudin a 1,2 million d’euros de patrimoine, Guerini 1,6 millions, tous deux issus de familles populaires et n’ayant jamais été autre chose que de la politique on se demande quelles sont les voies d’un tel enrichissement ?

  14. Je vais résumer pour être clair :
    – soit vous épousez la pensée moderne
    – soit vous épousez le coran

    Les adeptes du retour aux sources, que ce soient les ayatollahs de l’Iran, les talibans d’Afghanistan ou les combattants islamiques de Daech (et tous les autres) ont très bien compris cela.
    C’est une lutte à mort entre la raison avec tout le relativisme historique dont elle est capable et la foi du charbonnier qui ne connaît que l’autoritarisme débridé avec d’autant plus de force que sa croyance en son for intérieur est ébranlée par le spectacle du monde.

    Si vous n’avez pas de prise sur votre environnement alors vous préférerez le détruire pour donner à votre existence un sens quelconque. On appelle cela le fanatisme …

    • Voyez-vous Nicolas les tueurs de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher n’ont pas cherché à fuir la mort mais ont attendu qu’elle vienne à eux ; leur vie ayant pris tout sens dans la mort qu’ils accordaient généreusement à leurs victimes.

      Qu’ils vivent en France ou en Alaska leur était tout autant différent … ils répondaient à l’appel du martyr de la foi musulmane : donner la mort afin d’être digne du djihad et accéder au paradis promis par Allah.

      • L’islam, c’est le fanatisme ? Pourquoi toujours réduire l’islam à ces tueurs ? Il y eut une époque où l’on avait le droit de critiquer l’entourage du Prophète, où les controverses religieuses se faisaient avec une grande liberté de ton, où des érudits musulmans glorifiaient l’athéisme.

        C’est évident pour moi, il y a des campagnes médiatiques contre l’islam pour formater les esprits dans les pays dont la population refuse la participation de leur pays dans les guerres au Moyen-Orient. Il s’agit de la France, du Danemark, du Royaume-Uni, etc. C’est toujours le même format de débat : nombre de débats relatifs à l’islam présentent leur problématique sous la forme d’une unique alternative, soit l’abandon de la foi ou l’expression intégraliste. On retrouve toujours les mêmes thèmes : l’inadaptation des musulmans aux valeurs modernes, sort des femmes musulmanes, etc.

        L’Europe du Nord est considérée comme un modèle pour tous les « »progressistes » » français, que ce soit la droite ou la gauche (y a-t-il vraiment une différence aujourd’hui entre la gauche et la droite ? Toutes deux essayent de nous vanter le modèle social démocrate des pays du Nord). Sur l’éducation, on ne cesse de nous bassiner le modèle finlandais. Dans la même mouvance, on nous parle beaucoup du Danemark : « modernité », « inégalités réduites », « modèle social exemplaire », « chômage néant », « peuple éduqué », « intégration réussite », « femme émancipée ».

        Mais on évite soigneusement de nous dire qu’au Danemark, le protestantisme luthérien est inscrit dans la Constitution. Le chef d’Etat danois doit appartenir à cette religion. Là, aucun média ne pointe du doigt ce pays. Le Danemark est même toujours présenté comme le fleuron de la social démocratie. Par contre, pour l’Iran qui a l’islam comme religion officielle, tous les vertueux laïcs viennent nous expliquer qu’il s’agit de pratiques démoniaques.

        On oublie aussi de nous expliquer que, dans ce pays modèle qu’est le Danemark, l’extrême-droite a une influence très importante sur l’échiquier politique. C’est l’extrême-droite qui a soutenu un gouvernement minoritaire de droite libérale et conservatrice pendant dix ans, réussissant ainsi à faire passer des lois nationalistes, islamophobes et xénophobes. Une politique de démantèlement des services publiques a été mis en place. On retrouve le même scénario au Pays Bas où la droite nationaliste et libérale est soutenue par des partis islamophobes. Toutes les lois anti-pauvres et pro-riches sont passées, les réfugiés ont été renvoyés dans leur pays en guerre. En Belgique, c’est aussi la même situation.

        On voudrait importer tout cela en France qui se démarque de l’Europe du Nord, car la Constitution française bloque à la marge les petits partis et le suffrage uninominal à deux tours est une machine qui jusqu’ici empêche l’accès de l’extrême-droite au Parlement. En France pour faire accéder l’extrême droite au parlement, il faut une tactique de contournement. Pour ce faire, il faut d’un côté dédiaboliser et banaliser le front national. De l’autre, il fallait faire sauter l’extrême gauche, en le diabolisant. On brouille aussi les cartes entre l’extrême droite et l’extrême gauche : tous ces partis politiques sont fermes face à l’islam. Quant à la gauche qui dirige, on ne fait plus de différence avec la droite sur les thèmes comme la rigueur et la bonne gouvernance. Avec l’attentat contre Charlie Hebdo, tout cela va s’accentuer.

        L’islam n’est qu’un jeu, derrière il y a une main invisible…

        • … derrière il y a une main invisible…
          Et oui, tout est dans tout et réciproquement. dites-moi, cette main invisible, elle a un nom, elle est reliée à un bras, à une une tête ? L’Ombre Jaune peut-être ? Ou l’ araignée ?

  15. Dans le monde moderne on pense que les valeurs de la vie sont supérieures à la mort et que la mort n’ajoute aucun sens supplémentaire à une vie accomplie sinon un caractère de dignité individuelle immarcescible.
    Le bien mourir sans souffrir (et faire souffrir son entourage) nous semble un idéal accessible à tous les humains.

    Dans le monde du Coran faire souffrir les mécréants est un devoir sacré du croyant et si possible les faire abjurer toute dignité au moment de leur mort par le moyen d’humiliations répétées.

  16. « Un dernier point : Marseille est une ville pauvre, elle a des élus riches, la campagne a permis de connaître le patrimoine des deux : Gaudin a 1,2 million d’euros de patrimoine, Guerini 1,6 millions, tous deux issus de familles populaires et n’ayant jamais été autre chose que de la politique on se demande quelles sont les voies d’un tel enrichissement ? »

    dit Nicolas…

    Non, ici, on ne se le demande pas !

    • Pour ma part je ne sais pas ce que fait Gaudin, et je ne veux d’ailleurs pas le savoir.

      Mais 1,2 million d’euros, si c’est bien le chiffre total de son patrimoine, au terme d’une longue carrière de député à un salaire de 5 000 net par mois (et il exerçait d’autres fonctions), cela n’a rien d’impossible sans passer du côté obscur.

      • Oui 1,2 million d’euros de patrimoine ça n’est pas le signe manifeste d’une corruption.

        Les prix de l’immobilier dans Marseille ont beaucoup évolué * dans certains quartiers où, il y a quinze ans, on achetait pour une poignée de figues. J’en sais quelque chose.

        Imaginez la situation de l’héritier d’un appartement de 90 m2 en plein boboland parisien, genre rue des Martyrs.

        Ceci dit, expliquer la violence à Marseille par la volonté des politiques de « chasser les pauvres du centre, les réduire dans des zones périphériques », c’est assez faible. Un peu comme si on voulait expliquer l’extinction des dinosaures par la seule intervention d’un deus ex machina cosmique…

        La preuve : Gaudin est toujours là.

        * j’euphémise volontiers

        • Gaudin toujours là. Et oui, comme à Roubaix, la pauvreté et la violence amènent la population à voter à droite et même à l’extrême droite. Le PS est corrompu par les alliances atlantistes et patronale, il a perdu largement l’électorat « musulman » qui brille par l’abstention. Quant à la population victime, elle est livrée au « Soralisme » et aux trafics meurtriers.

          PS : les musulmans au pouvoir, ça existe déjà à l’époque de l’Algérie qui a donné 49 députés musulmans à l’assemblé. Houellebecq n’a rien inventé, il redécouvre l’eau chaude !

          • La violence de qui ?
            Pour m’être rendu souvent et être demeuré longtemps à Valenciennes et Tourcoing je connais la réponse.
            Pour les théoriciens en chambre selon qui tout est économique et qui ne saurait se rendre eux-mêmes dans des endroits qui leur restituerait un peu de bon sens il suffit d’aller s’asseoir sur la place de Valenciennes, face à l’Hôtel de ville, et de regarder le type de voitures qui y circulent à grand fracas, leurs chauffeurs et leur morgue. Il suffit d’en parler aux policiers qui regardent passer…
            De même pour le bobo qui descendrait du train à Marseille St Charles et qui s’étonnerait de voir toutes ces voilées avec ce petit tissu tenu par deux petites pinces (je ne parle pas d’un bikini!), comme là-bas, et qui aborderait le sujet avec deux policiers qui patrouillent…

          • « PS : les musulmans au pouvoir, ça existe déjà à l’époque de l’Algérie qui a donné 49 députés musulmans à l’assemblé.
            Houellebecq n’a rien inventé, il redécouvre l’eau chaude ! »
            Ben c’est d’abord inexact,
            « …Sous la IVe République, 52 députés ont été élus, ils sont 28 à être issus du second collège, le collège dit des « musulmans » et 24 à être issus du premier collège, celui des « européens ». Ces 52 élus forment le groupe des députés des départements d’Algérie, ils siègent à l’Assemblée entre le jeudi 28 novembre 1946, date de la première séance de la première législature, jusqu’au 29 novembre 1955, date de la dernière séance de la deuxième législature. »
            in http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00841595/document,
            et la situation est différente, ne pensez-vous pas ? A moins que vous ne préfériez l’eau tiède des approximations et des généralités plutôt que de vous confronter au réel.

  17.  » Nicolas
    30 Août 2015 à 21 h 34 min #

    Je l’ai déjà dit, le problème ne vient pas de l’islam (qui ne posait pas de « problème » lorsque JPB était élève).

    Pascal Blanchard nous explique qu’il existe trois statuts de l’étranger : l’étranger de l’extérieur, l’étranger de l’intérieur et l’indigène. »

    Ce Blanchard n’est pas sérieux.

    Il a oublié le cas de l’étranger parachutiste :

    https://www.youtube.com/watch?v=BmOSnQPYUFI

    exposé ici entre les 40e et 47e secondes.

  18. Les démocraties religieuses ne sont pas ce qui se fait de mieux ; voyez Israël, l’Iran, les USA et j’en oublie.

  19. Nicolas a écrit : « Marseille n’a pas d’avenir sans une relance de l’emploi qualifié et producteur de richesses pensé en termes d’échanges, avec en priorité, les pays du bassin méditerranéen. Cela demande une politique municipale volontariste en particulier vis-à-vis du port et de la filière navale. »

    C’est beau mais il faut se rappeler que le port ne relève pas de la gestion municipale…

    Bon, il y aurait bien un créneau avec l’importation de containers de migrants mais les grèves de dockers risquent fort de constituer un frein à cette activité d’avenir.

  20. L’avantage des Australiens c’est que ce sont des gens assez bruts de décoffrage ; vous savez qu’ils descendent des convicts c’est à dire des forçats donc ils ne s’en laissent pas si facilement conter par les bonnes âmes qui portent des fleurettes à la boutonnière … les rosières ils les font bouffer par les crocodiles !
    Le bush c’est plus l’ambiance Mad Max que fête à Neu-Neu.

    Le problème des migrants ils l’ont pris à bras-le-corps et l’ont résolu à leur manière sans demander avis à qui que ce soit.
    Confiez leur Marseille et vous verrez du changement …

    • Ne confondons pas indigènes et aborigènes.
      Les habitants de l’Australie ne sont pas des australopithèques (qui ont disparu bien avant les premiers aborigènes)
      Si l’on tient compte de l’archéologie, les aborigènes de Marseille sont les grecs puis les romains, qui ne sont que des suiveurs.
      Les autochtones contemporains des premiers grecs ont-ils laissé des traces ?

      Ces histoires de remplacement de population ne me disent rien qui vaille.

  21. Ah les Catalans… ce quartier qui a donné l’un des personnages les plus beaux de la littérature… Mercedes, dans le Monte-Cristo d’Alexandre Dumas…
    Un grand roman marseillais (du moins en partie) !

  22. A l’heure où on nous bassine d’autant plus avec le Sens qu’il y en a de moins en moins, Fabula lance pour sa revue en ligne LHT (Littérature Histoire Théorie) un appel à contribution sur le thème de l’illisibilité littéraire.

    http://www.fabula.org/actualites/crises-de-lisibilite-lht-n-16_65781.php

    Évidemment, la référence absolue de l’illisibilité n’est plus dans l’hermétisme mallarméen mais dans la lisibilité apparente de la prose du Moloch :

    « Nous concrétiserons à la rentrée les mesures de la Grande mobilisation que j’ai engagée avec nos partenaires : le nouvel enseignement moral et civique concernera tous les élèves et s’inscrira dans un nouveau parcours citoyen construit, de l’école élémentaire à la terminale, pour faire connaître aux élèves les valeurs de la République, mieux lutter contre toutes les formes de discrimination ou de violences, et amener chacun d’entre eux à devenir un citoyen responsable et libre. Le sens et la portée du principe de la laïcité seront une priorité des apprentissages et chaque parent d’élève sera invité à signer la Charte de la laïcité à l’École »

    Autrement dit, le sentiment d’illisibilité provient du vide sensationnel du signifié. Un texte qui se gomme lui-même à mesure qu’on le parcourt et dont il ne reste rien.

  23. Un texte qui se gomme lui-même à mesure qu’on le parcourt et dont il ne reste rien.

    Ah, mais ça, c’est le mode de lecture de la plupart de nos élèves…
    D’ailleurs, au lycée, les parents vous demandent de plus en plus de bien vouloir choisir des oeuvres qu’on peut trouver en mode audio et ce, pour des élèves qui sont sensés n’avoir aucun problème particulier. Je me souviens m’être fait engueuler pour ne pas choisir des oeuvres dont on a fait au moins des films. Ben, oui quoi, les petits ne vont quand même pas perdre leur temps à lire !

  24. Et dans le lent naufrage auquel nous assistons, les jalons sont nombreux. L’un d’entre eux sera des morceaux de « textes » avec des images à colorier en regard.

    Bien sûr, les maigres zipéaires de la nuit et leurs affidés produiront un discours d’accompagnement cache-misère.

    Par exemple, pour les animateurs : « il s’agit de réaliser une série de taches complexes de couleur qui doivent souligner l’iconicité des ressentis du texte »
    Pour les élèves : « tâche de colorier comme tu le sens mais sans trop déborder »

  25. Il y a eu un adolescent précoce (parait-il) qui s’est amusé à colorier des voyelles.
    Une de ses compositions, remarquable pour le vers final, qui frappe certains esprits (on se demande pourquoi) pourrait illustrer tout ceci.
    Niveau coloriage je na sais pas ce que cela pourrait donner par contre …

    Le poéme c’est  » Vénus anadyomène »

  26. Brighelli s’est entretenu pour Le Point avec Bruno Le Maire candidat à tout ; vous remarquerez que les hommes politiques sont candidats à toutes les fonctions …

    En matière éducative je crois que les réussites les plus éclatantes sont des créations sui generis ; des gens qui ayant analysé précisément les besoins et les moyens de l’époque créent des établissements (pensions, collèges, fermes-écoles etc) qui inventent un nouveau mode éducatif.
    Ensuite viennent les suiveurs …

  27. Connaissez-vous Jean Massin (1765-1849) ? Non n’est-ce pas, son nom n’ayant pas précisément franchi les portes de la Renommée. Après avoir travaillé à Sainte-Barbe sous l’Empire il a fondé l’institution qui porte son nom et qui fut célèbre au 19e siècle.
    Je ne résiste pas au plaisir de citer le Journal des débats du 26/8/1849 (cf Gallica).

  28. NECROLOGIE.

    Nous venons de perdre l’un des hommes les plus vénérables qui se soient jamais consacrés à l’éducation de la jeunesse, l’un de ceux qui, lorsque fut fondée l’Université nouvelle au commencement de ce siècle, lui apportèrent si heureusement les traditions de l’ancienne. M. Massin doyen des chefs d’institution de Paris, chevalier de Saint-Louis, officier de la Légion-d’Honneur et de l’Université, membre du conseil académique, est mort le 18 de ce mois, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Il est mort, pour ainsi dire, debout, et sa longue carrière a été jusqu’au dernier jour aussi active qu’utile. Accomplie dans une sphère modeste où le vrai bien se fait sans bruit, fidèle à ses vieilles habitudes de simplicité, cette existence presque séculaire avait cependant fini par être entourée d’une sorte de popularité respectueuse qui portait partout le nom de M. Massin. Ce nom était connu dans la France entière. Nous sommes sûr qu’il n’est pas une de nos provinces ou il ne se trouve de nombreuses familles pour s’associer à ce dernier hommage que nous lui rendons, pour lui garder aussi un pieux souvenir.

    Né à Langres le 23 septembre 1765, M. Jean Massin avait été élevé au collège de Chaumont. Il était là le condisciple de M. Royer-Collard et de M. Roy. Il avait pris, sous la saine et sévère discipline de l’Oratoire, quelques unes de ces fortes qualités de caractère qui distinguaient ses deux illustres contemporains. L’occasion de les exercer ne devait pas lui manquer dans le cours d’une vie si pleine. Venu à Paris aux approches de la Révolution, après avoir enseigné quelque temps les humanités en province, il s’était senti troublé par le progrès même du mouvement politique.
    Il y eut alors, plus qu’on ne croit, dans les classes moyennes, de ces consciences scrupuleuses qui reculèrent devant le triomphe de leur ordre et ne se décidèrent point à renoncer si vite aux objets de leurs anciennes affections. M. Massin partageait sans doute ces répugnances : il suivit à Vienne une des plus grandes familles de la Pologne autrichienne, à laquelle il demeura très étroitement attaché pendant plusieurs années. Il vit là de très près et très bien cette curieuse société qui s’était développée sous l’influence de l’Empereur Joseph II. Ce qu’elle avait de frivole ne dissipa point le fonds solide qui était chez lui ; il en avait cependant conservé d’assez vives impressions. La maison du prince Kaunitz qui allait enfin disparaître, lui avait même été ouverte, et il se rappelait parfaitement le ministre de Marie-Thérèse. Puis les circonstances l’avaient poussé à travers les débris de l’armée des princes, et il avait compté au nombre des derniers fidèles du duc d’Enghien pour lequel il s’était imposé plus d’un sacrifice.
    Rentré en France après l’exécution de Vincennes, dénué de ressources comme tous ceux qui rentraient avec lui, M. Massin retourna courageusement à sa vocation première, et il offrit ses services au fondateur de Sainte-Barbe, à M. Delanneau. Celui-ci reconnut bientôt dans l’auxiliaire que les temps lui donnaient un homme qui méritait d’être son émule.

    Ce fut seulement en 1810, quand il avait déjà passé par tant d’épreuves, par tant de contacts si divers, ce fut à l’âge de quarante-cinq ans que M. Massin éleva la maison où pendant près de quarante années encore il a si fructueusement employé son expérience. Renfermé désormais dans les devoirs qu’il avait embrassés, il se crut bien récompensé de son application à les remplir par le succès qui la couronnèrent. Lorsque vint la Restauration, il ne se prévalut pas des titres qu’il aurait eus à ses faveurs ; il ne voulut être que ce qu’il s’était fait lui-même, un instituteur indépendant et dévoué ; il est resté cela toute sa vie. Chef d’un grand établissement particulier, il a su lui imprimer un caractère original et libre tout en gardant des relations de chaque jour avec l’enseignement de l’Etat.
    C’est que plus il avançait en âge, plus les vicissitudes publiques se multipliaient sous ses yeux, plus aussi, avec son ferme bon sens, il s’efforçait de maintenir l’éducation de la jeunesse en dehors de ces tourmentes et de l’arrêter aux seuls points qui ne changent pas. Il avait une autorité considérable dans toute sa personne : il avait le discernement des esprits ; il avait surtout ce don sans lequel il n’est pas de bon maître : le don d’aimer les enfans. C’était une nature éminemment affectueuse en même temps qu’une âme droite.
    Il avait de la charité plein le cœur. On ne saura jamais combien il a soulagé de maux, relevé ou créé d’existences. Il a été pour tous ses élèves un guide et un ami, pour beaucoup d’entre eux un père, beaucoup lui doivent le bienfait de l’éducation, et le bienfait lui-même leur était rendu plus cher par la délicatesse généreuse qui les adoptait.

    L’oeuvre de M. Massin ne périra pas ; son nom reste à la maison qu’il a fondée ; ses traditions y dureront après lui ; elles ont là depuis longtemps un digne interprète dans l’homme éclairé qui a passé sa vie entière à les recevoir et qui mieux que personne pourra les continuer.

    ALEXANDRE THOMAS.

    • Son condisciple Antoine Roy (1764-1847) est devenu homme politique, ministre des finances de Louis XVIII, comte Roy et multi-millionnaire … la politique mène à tout !

  29. Le facteur déterminant de réussite à l’école ce n’est pas la qualité de l’ennui mais si je lis bien Alexandre Thomas c’est l’affection dont se sent entouré l’élève ; il travaille parce qu’il veut se faire aimer et estimer de ses maîtres et de ses condisciples !

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