Qui a demandé, l’année dernière, « un autodafé pour ces chiens de Charlie-Hebdo » ? Un imam des Buttes-Chaumont ? Non. Un représentant de l’une ou l’autre des organisations musulmanes qui avaient porté plainte en 2007 contre l’hebdomadaire et qui verse aujourd’hui des larmes de crocodile, et sera certainement présent demain dimanche à ce rassemblement « républicain » (entendez : le camp du Bien) qui entend exclure un parti représentant 25% des Français ? Pas même.
En fait, l’auteur de cette boutade (un mot qu’en l’occurrence je ferais volontiers venir de l’expression « bouter le feu ») est un collectif rassemblant l’élite (?) des rappeurs français : Akhenaton, Kool Shen , Disiz la Peste, Soprano , Nekfeu , Dry , Lino , Nessbeal, Sadek, Sneazzy, S.Pri Noir, Still Fresh et Taïro. Des athlètes de l’intellect dont le portefeuille prospère sur la naïveté de ceux qui l’écoutent. Charb avait alors dénoncé une chanson « fasciste » chantée par des « branleurs millionnaires ». Christiane Taubira ne s’en était pas émue. Ni la presse, pour l’essentiel. Seul Jack Dion, dans Marianne, avait signé un papier furieux où il écrivait de façon prémonitoire : « Certes, il ne s’agit que d’une chanson. Certes, on n’est ni en Afghanistan ni au Pakistan, mais chacun connaît le poids des mots et le choc des formules. »
Et quelques lignes plus loin, il ajoutait, avec une grande pertinence : « le plus inquiétant est que personne ne se soit offusqué d’un engrenage débouchant sur un cri de haine contraire à l’esprit même de la marche de 1983, d’inspiration laïque, et qui était à mille lieux de toute récupération religieuse. A l’époque il s’agissait de défendre les immigrés. Aujourd’hui on renvoie immédiatement ces derniers à une essence musulmane supposée ne tolérant aucune critique. »

Ah oui, la marche des Beurs… Cela remonte à 1983, à l’époque où Mitterrand se séparait du PC, après l’avoir descendu, réorientait son action économique dans le sens du tout-libéral (j’y reviendrai), et surtout, dans la perspective de 1988, inventait Le Pen, qu’il faisait inviter à l’Heure de vérité, ce qui facilitait son élection l’année suivante au parlement européen, et, en 1986, bénéficiant de la proportionnelle opportunément inventée par la Gauche, d’entrer à l’Assemblée nationale. Tout se tient. « On a tout intérêt à pousser le FN. Il rend la droite inéligible. Plus il sera fort, plus on sera imbattables. C’est la chance historique des socialistes. » Tels sont les propos que Franz-Olivier Giesbert prête, non sans vraisemblance, à cet « honnête homme » de Pierre Bérégovoy dans le Président (1990). J’en connais un, qui était alors directeur de cabinet de divers ministres socialistes, avant d’être nommé à la Cour des Comptes, qui s’en souvient encore, maintenant qu’il est président. Exclure ostensiblement le FN des manifestations de dimanche, c’est lui donner, aux yeux de ceux qui ne reconnaissent plus la représentativité de l’UMPS, une aura de semi-martyr médiatique. Si le plan de tous ces petits malins n’est pas de provoquer en 2017 un affrontement, au second tour, entre François et Marine, je veux bien perdre un œil.
La Marche des Beurs (le mot entra l’année suivante dans les dictionnaires) fut initiée par un curé lyonnais, le Père Delorme, spécialisé dans le « dialogue inter-religieux », comme on dit poliment pour désigner la reddition de l’église catholique à l’Islam, et un pasteur, Jean Costil, membre de la CIMADE qui a la même fonction œcuménique côté protestant. L’un et l’autre sont de la même génération que Philippe Meirieu, Lyonnais d’adoption, et membre éminent, dans les années 1960, des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes — les JOC, c’est son Mai 68 à lui. Tout se tient.
Quand je pense que j’ai défendu Meirieu contre les plus jusqu’au-boutistes des pédagos, ici même… Et que ce même Meirieu, récemment sollicité pour LePoint.fr où je cause Education, a osé me répondre : « Nos relations ne sont pas “comme elles sont”, mais comme vous les avez construites par votre comportement et vos propos. Nul doute que vous ne trouviez quelque jouissance à la pratique de l’injure à mon égard. Mais, dans ces conditions, je préfère utiliser d’autre (sic) canaux que votre interlocution pour faire connaître mes analyses sur l’Ecole de la République. Au nom de l’éthique minimale nécessaire à tout débat démocratique. » On se pare volontiers de probité candide et de lin blanc, quand on est responsable du plus grand désastre scolaire de l’Histoire.
La Marche des Beurs, où flottaient quelques keffiehs palestiniens, n’était pas exactement la sauce désirée. Le PS, l’année suivante, inventa SOS Racisme, avec l’argent de l’Elysée et de Pierre Bergé réunis, et le soutien, cette fois, de l’Union des Etudiants Juifs de France. Il fallait canaliser cette belle jeunesse dans une voie électorale adéquate — la « génération Tonton ».
Mais qu’on ne s’y trompe pas. Dans les slogans de l’époque (l’exaltation du métissage et du « mélange » — il y avait eu opportunément une « marche » des mobylettes), c’était déjà de la dissolution de la République qu’il était question.
Saïd Kouachi est né en 1980. Son frère Chérif, deux ans plus tard. Ils ont connu jusqu’à la nausée cette célébration du mélange qui devenait, peu à peu, une célébration de l’identité. Ils ont connu aussi, à l’entrée en collège, les bénéfices de la loi Jospin — qui deux mois après sa promulgation entraînait, au nom de la « liberté d’expression » qu’elle imposait, la première affaire de voiles. 1989 ! C’est tout proche, c’est très loin.
La démocratie à l’algérienne du GIA et du FIS est venue sur ces entrefaites allumer des foyers de terrorisme dans toutes les cités — le PS n’offrait pas une idéologie de substitution assez puissante, il fallut convoquer l’Islam.

Zidane, né en 1972, était passé du bon côté de l’école. Même s’il s’est très tôt intéressé au foot, il a appris les fondamentaux. D’ailleurs, il est trop kabyle pour être très musulman, et son père, venu en France avant la guerre d’Algérie, ne lui a pas fait porter le poids d’une algérianité, si je puis dire, exacerbée.
La coupe du monde 1998, puis la coupe d’Europe deux ans plus tard, qui marquèrent son apogée, virent aussi l’émergence de cette France « Black / Blanc / Beur » qui n’était déjà plus du mélange (c’est-à-dire de l’intégration) mais de la juxtaposition communautaire d’entités pseudo-raciales disposées à l’étalage.
La preuve de cet éclatement de l’idéal républicain d’assimilation fut apportée l’année suivante, lors d’un match France-Algérie de sinistre mémoire. Les Renseignements généraux, qui ne sont pas forcément à côté de la plaque, avaient prévenu qu’il y aurait des débordements communautaires. C’était dire qu’en quelques années les communautés s’étaient mises en place. Et que l’Islam pouvait tranquillement prospérer dans des crânes vidés par les pédagogues de toute culture commune au profit d’un communautarisme concurrentiel, typique d’une Europe désétatisée, et d’un libéralisme mondialisé.

Le reste, c’est l’actualité. C’est la plainte en 2007 contre Charlie, coupable de caricaturer le Prophète. C’est un premier attentat au cocktail Molotov en 2011, c’est l’appel au meurtre des citoyens-rappeurs en 2013 (Saïd Kouachi a fait du rap, figurez-vous), et c’est mercredi dernier. Fin de partie. Communautarisme 12, République 0. Et le bilan s’est encore alourdi depuis. Parce que ce ne sont pas des cinglés qui tirent à l’aveuglette. Ce sont des tueurs organisés. Des assassins — du persan ḥašišiywn, « les gens de principe, de fondement de la foi ». Il fallait le rappeler.

Immédiatement, chœur des vierges et des bobos, qui dix minutes auparavant trouvaient que Charlie était un journal raciste — et c’est une injure que j’ai trouvée ces jours-ci dans certains forums où ils feraient mieux de se taire, par décence. Récupération de cadavres. Ils sont tombés par terre, c’est la faute à Voltaire — et, paraît-il, à Houellebecq, à Zemmour et à Finkielkraut — si !… Mais qui les a aidés quand il était encore temps ? Le gouvernement a même allégé la protection dont ils bénéficiaient. Jolie fenêtre de tir.
Il n’est plus temps. Umberto Eco a parfaitement formulé la situation : « C’è una guerra in corso e noi ci siamo dentro fino al collo, come quando io ero piccolo e vivevo le mie giornate sotto i bombardamenti che potevano arrivare da un momento all’altro a mia insaputa. Con questo tipo di terrorismo, la situazione è esattamente quella che abbiamo vissuto durante la guerra. » Oui, c’est une guerre, une guerre à distance contre l’Etat islamique, devenue une guerre de proximité — et Eco a raison, c’est comme en 1940 : qui collaborera, et qui résistera. Et nous nous y sommes plongés jusqu’au cou nous-mêmes, en cédant sur l’universalisme républicain, en cédant sur la laïcité, en cédant sur la transmission de la culture commune. En acceptant des voiles à l’université et dans les sorties scolaires : la femme de Chérif Kouachi en porte un intégral. L’Ecole qu’ont fréquentée toutes ces têtes creuses mériterait de figurer dans une nouvelle Histoire de l’Infâmie.

Et Zidane, qui avait appelé son fils Enzo, aurait décidé — info ou intox — de le rebaptiser Mokhtar. Les sites islamiques s’en réjouissent, dans l’orthographe rectifiée qui est la leur : « Cet convertion de Zidane dans ces jours-ci que les pays occidentaux veulent anéantir le visage de l’islam en créant les terroristes de Daesh dans la région du Moyen-Orient. » Sic.
Mais ce n’est pas important, l’orthographe…
Eh bien si. Je crois même que c’est un critère, parmi d’autres, pour reconnaître les apprentis jihadistes.

Ecr.l’inf.

Jean-Paul Brighelli

42 commentaires

  1. Merci pour ce rappel historique de l’immense responsabilité de tous ces « honnêtes hommes » dans le désastre du communautarisme et du crétinisme moderne.
    Ce n’est plus le temps d’ergoter sur nos définitions respectives du libéralisme ou de tout autre -isme.
    Eco a raison : è la guerra !

  2. Et la Grande Mosquée de Paris ™, qui vient de pondre un communiqué millimétré sur la tuerie de Charlie Hebdo tout en l’ayant poursuivi dans l’affaire des caricatures.

    Il est vrai que l’opportunisme inébranlable est de droit pour une institution qui a l’éternité devant elle (tout en ayant 600 ans de retard sur la Multinationale Papiste ™).

    PS : pour les khollègues de maths, souvent à l’affut de « situations réelles » à farcir de « maths », voici une « situation déclenchante » comme disent les pédagos : ∞-∞ = 600

    • Mais oui, c’est bien, les grands esprits éclairés comme le vôtre peuvent légitimement renvoyer dos à dos musulmans et chrétiens.

      A moins que vous ne soyez un irresponsable, ayant vécu en parasite sur le dos d’une collectivité qu’il n’aura même pas fait l’effort de maintenir ?

      En tout cas, ceux qui viendront après la glorieuse génération du baby-boom devront s’accommoder de ses choix, que ce soit la constitution de toute pièce d’un problème de minorités, le démantèlement des contrôles collectifs sur l’économie, ou la dissolution de l’Etat-nation dans l’UE.

  3. « A moins que vous ne soyez un irresponsable, ayant vécu en parasite sur le dos d’une collectivité qu’il n’aura même pas fait l’effort de maintenir ? »

    Comment avez-vous deviné ?

  4. Hollande appartient peut-être au baby-boom (il est né un an après moi). Mais vu ses brillantes initiatives, ne serait-il pas, comme ses copains, de la génération baby-pschitt ?

  5. Vous avez vécu à Marseille avec des arabes-musulmans et moi à Rueil avec des juifs (des vrais qui allaient passer leurs vacances au kibboutz) et je peux vous affirmer que dès les années soixante-dix ils étaient constitués en communauté bien distincte de la dite communauté nationale et leur force de frappe était incomparablement plus forte que celle des arabes de l’époque qui vivaient encore dans des bidonvilles de Nanterre que j’ai connus !
    Ce sont bel et bien les juifs de cour – Jacques Attali, Julien Dray, Bernard Lévy dit BHL – qui ont enfanté le monstre dont vous vous plaignez !
    Vous remarquerez que depuis l’attaque de l’épicerie casher vendredi on n’entend plus Julien Dray qui doit rendre des comptes auprès de ses coreligionnaires !

    • Et moi j’ai grandi à Sarcelles, 1ere communauté juive de France. A l’époque, quasi tous sépharades (rapatriés d’Algérie).
      Je n’ai que de bons souvenirs. Et les filles étaient accortes (en dirait-on autant des jeunes musulmanes aujourd’hui ?).
      J’habite Rueil depuis 15 ans. Je n’ai jamais remarqué de kippa, mais il y a de plus en plus de femmes voilées sur les hauts de Rueil (et pas seulement à la Fouilleuse).
      Alors, heureux, connard ?

  6. Autre circonstance mémorable : depuis les débuts de la 5ème république on aura vu seulement deux présidents manifester, Mitterrand, le décoré de la francisque qui avait beaucoup à se faire pardonner, après l’affaire de la profanation de Carprentas (faussement attribué au FN) et demain dimanche Hollande après l’affaire Charlie-Hebdo-Hyper-Cacher !

    Hyper-Cacher tout un symbole dans ces mots ne trouvez-vous pas ?

  7. JPB: excellente synthèse.
    Pour tout ce que tu rappelles si bien ( Miterrrand, le FN, etc) et au vu des récentes prises de position de nos gouvernants, je n’irai pas manifester, ni aujourd’hui ni demain.
    Bien trop évident: le leitmotiv de ces rassemblements sera, pitoyablement, l’éternel refus de l’amalgame et le cri propagandiste du vivre ensemble.
    Je refuse de manifester ma tristesse et mon dégoût aux côtés de ceux qui sont responsables de la déliquescence actuelle; fût un temps, les ministres en charges de la sécurité auraient démissionné.
    Honte sur nos dirigeants.

  8. Plutôt d’accord avec vous sur le début de l’article. Pour la suite, sans être un thuriféraire de Meirieu et Cie, je crois qu’il ne faut pas trop leur en mettre sur les épaules, ils ne sont pas responsables du djihadisme des crétins. Par contre j’aimerais bien vous voir aussi critique envers <> EZ que vous l’êtes
    envers les rappeurs.

  9. DImanche prochain : Union sacré : UMP + PS + Les frères musulmans (l’UOIF), sans le FN. : c’est-à-dire le scénario de Houellebecq.

    • Pas idiot.
      Mais notons que les musulmans (simples manifestants ou représentants) étaient bien peu nombreux.
      Ce qui perso m’arrange plutôt finalement, car je ne marche pas dans la combine de leur « tous solidaires ».
      Tous ? My foot ! Demandons aux enseignants comment s’est passée la minute de silence…

  10. Ecrasons l’infâme disait Brighelli-Voltaire !

    Je dirais que quelques tartes à la crème écrasées sur la figure des « autorités morales » qui déflleront demain seraient bien méritées !

  11. @wojtek :
    c’est exactement ce que je me suis dit hier!

    On notera par ailleurs (et les complotistes tarés en tirent argument) que l’attentat contre Charlie a eu lieu le jour même de la sortie de Soumission et que moins de 24h après sa parution la politique fiction du roman est d’ores et déjà en train de se réaliser! Impressionnant Houellebecq, qui dit d’ailleurs vers la p.50 de Soumission, que j’ai commencé hier, que deux ans avant la présidentielle de 2017 avait eu lieu les premiers conflits inter-ethniques violents… (nous y sommes, il suffit d’attendre dimanche…). Et cet écoeurant tartuffe d’Erdogan, complice de Dae’ch, qui sera là dimanche pour gerber sur les morts de Charlie, quelle honte! Bref, la soumission à l’UOIF, organisation terroriste aux yeux des E.U. et de l’Egypte(!), et ses séides a bel et bien commencée… R.I.P., 5e république!

  12. « DImanche prochain : Union sacré : UMP + PS + Les frères musulmans (l’UOIF), sans le FN. : c’est-à-dire le scénario de Houellebecq. »

    Ben oui.
    Sauf qu’il ne sera pas là — il n’est pas assez dans le camp du Bien.

  13. Le changement de prénom du fils de Zidane a tout l’air d’un hoax et je n’ai trouvé aucune confirmation de cela sur le ouèbe.

    Attention à l’intox.

    Pa

  14. « Et nous nous y sommes plongés jusqu’au cou nous-mêmes, en cédant sur l’universalisme républicain, en cédant sur la laïcité, en cédant sur la transmission de la culture commune. En acceptant des voiles à l’université et dans les sorties scolaires : la femme de Chérif Kouachi en porte un intégral. L’Ecole qu’ont fréquentée toutes ces têtes creuses mériterait de figurer dans une nouvelle Histoire de l’Infâmie. »

    Encore un bon travail de votre côté ! Les jalons historiques sont toujours bons à rappeler et nous sont utiles. Grazie mille per l’articolo di Umberto Eco…
    C’est dur d’avoir essayé et d’essayer chaque jour de traquer l’Infâme dans cette école et de voir où l’on en est. Je pensais (bêtement sans doute) que cela arriverait plus tard.
    Merci encore pour tous les renseignements précieux que vous nous livrez.
    La marche républicaine m’a fait bondir dès son annonce. Ils ne manquent pas d’air quand même.
    Autour de moi, dans ma ville de bobos de gauche, j’ai entendu des choses surprenantes ce matin. A les en croire, les frères kouachi étaient des terroristes » hors- sol », des terroristes « ex-nihilo », in abstracto. Pour un peu, il n’auraient eu aucun lien avec la religion musulmane. Et si on ose dire le contraire alors on devient d’affreux « amalgamistes ».
    Non seulement « ci siamo fino dentro al collo » mais on est déjà très avancé dans le travail sur le langage qui va avec toutes les épurations et les guerres qu’on a connues. On a peut-être même d’abord commencé par ça. Tous ces mots gelés…
    Ecrelinf

  15. Les terroristes tuent le vendredi, jour de prière des musulmans mais aussi des Juifs. Je me demande qu’est-ce qu’ils ont de musulmans ces types ?

    Une remarque sur la presse. Les rédactions ne prononcent pas un mot sur les condoléances venues des pays comme la Russie ou la Chine. Il y a toute une mise en scène sur Obama, l’OTAN et Porochenko. Si par un malheureux hasard un terroriste me tue, je refuse toute marche qui vire à la farce… Même le criminel Porochenko soutenu par l’OTAN affiche « je suis Charlie » ! Il y a eu 4000 morts dans le Donbass à cause des bombardements de Porochenko contre des populations civiles, personne n’écrit : « Je suis Donbass, je suis Odessa » ! Charb, Wolinski, Ourrad et les autres dessinateurs morts doivent retourner de leur tombe.

    A mon avis, la marche doit être celle celle des citoyens ! Que les institutions, les associations et les parties politiques s’écartent de là. Il ne faut pas exclure personne. Exclure Marine le Pen par exemple ne peut être qu’une bonne affaire pour elle et on diviserait la population française !

  16. « Et nous nous y sommes plongés jusqu’au cou nous-mêmes, en cédant sur l’universalisme républicain, en cédant sur la laïcité, en cédant sur la transmission de la culture commune. En acceptant des voiles à l’université et dans les sorties scolaires : la femme de Chérif Kouachi en porte un intégral. L’Ecole qu’ont fréquentée toutes ces têtes creuses mériterait de figurer dans une nouvelle Histoire de l’Infâmie. »

    Tout est dit et bien dit. A tel point que les minutes de silence se sont transformés en amers moments de solitude pour les enseignants dans les classes, du moins dans certaines d’entre elles.

    Pour ma part, ce carnage a remué mes tripes comme jamais et j’ai le coeur lourd dira-t-on. J’en ai pleuré comme une madeleine : Cabu, mon cabu que j’admirais tant et dont je reproduisais les dessins n’est plus. Je me sens orpheline et j’ai véritablement la rage !!!!

  17. Un fin sociologue en son temps avait très tôt repéré la dérive que la « marche des beurs » et la naissance de SOS racisme faisait prendre au modèle d’assimilation français, dérive qui se termine aujourd’hui en naufrage…

    « …Il est déjà moins simple d’obtenir le résultat dont l’action antiraciste se réclame – réduire le préjugé racial, les conduites d’agressivité groupale et les hantises de l’étranger – tout en propageant fébrilement une vision panraciale des rapports sociaux reposant sur l’abandon du principe d’assimilation ; il est déjà moins simple, en un mot, de luter contre le racisme tout en propageant le racialisme dans un ensemble qui avait trouvé son unité sans lui et, d’une certaine manière, contre lui. le paradoxe absolu de l’antiracisme constitué dans la décennie 1980, la contradiction intérieure qui mine son efficacité est qu’il prétend lutter contre le racisme français en détruisant le principe de l’assimilation républicaine, qui avait doté la France – à parler comparativement – d’une remarquable mécanique d’absorption des étrangers qu’elle voulait inclure ou qui souhaitaient s’inclure, mécanique non sans reproche ni ratés sans doute, mais qui avait mis le pays à l’abri des déchirures et des autarcies communautaires à l’américaine… »

    Paul Yonnet « Voyage au centre du malaise français’ p 8

    Eh bien ! Nous y somme ! Plongés jusqu’au cou nous-mêmes…

    Julien Dray et Harlem Désir seront de la farce dimanche prochain, SOS racisme aussi. Eux qui ont sali Paul Yonnet en 1993 au moment de la sortie du livre, les mêmes arguments qui servent aujourd’hui à salir Zemmour et bien d’autres….

    Après l’émotion, il faudra bien remonter le fil des responsabilités.

    Philippe.

    PS : Sûr que Zemmour s’est fortement inspiré du livre de Paul Yonnet pour composer « le suicide Français ».

  18. Tiens une sorte de prise de conscience (dans la Pravda, excusez du peu) :

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/10/a-saint-denis-collegiens-et-lyceens-ne-sont-pas-tous-charlie_4553048_3224.html

    La vraie question est de savoir comment, dans les tout prochains jours, les prochaines semaines, le pouvoir politique va envisager le problème (majorité et opposition confondues).

    Schématiquement, je vois deux options :

    1/ Business as usual (ou encore « Surveillance et répression du terrorisme ») : quelques gamins égarés sont endoctrinés lors de leur passage en prison, il faut les mettre hors d’état de nuire, si possible avant le passage à l’acte (on organisera des marches en cas d’échec) ;

    2/ Union nationale, prise de recul et remise à plat de la pratique républicaine :
    _Analyse d’ensemble et discours clair de l’exécutif sur l’éclatement de la France (et la sécession, de fait, d’une partie de la population) ;
    _Réformes profondes de l’école, de la politique d’immigration, de la justice et des prisons ;
    _Fermeté à propos de tous ces petits écarts de comportement ou de vocabulaire (à commencer par les insultes racistes / antisémites et autres appels à la violence qui fleurissent sur les forums, réseaux sociaux, sites de partage de vidéos…)

    J’ai peu de doute sur l’orientation à venir mais, après tout, Hollande tient peut-être (encore !) une occasion de racheter son mandat, au prix d’une bonne dose de courage.

    Cordialement,

    E.P.

    • Le grand dessein * de Nigo est d’arriver deuxième avec 16% au premier tour en 2017 et de passer devant le guignol de l’ump qui ferait 15,5. Le deuxième tour consistant juste à ne rien dire sinon de grandes sermons sur l’unité nationale kikecardonc…

      Sauf que j’en connais qui ne sont pas vraiment consentant pour se refaire sodomiser.

      Une fois dans une vie, c’est une expérience. Deux fois, c’est de la servilité.

      * et ce n’est pas une caricature

  19. « Et Zidane, qui avait appelé son fils Enzo, a décidé de le rebaptiser Mokhtar; »

    Rebaptiser !!! Est-ce vraiment le bon terme ?

  20. « Le changement de prénom du fils de Zidane a tout l’air d’un hoax et je n’ai trouvé aucune confirmation de cela sur le ouèbe. »

    J’ai modifié mon texte en conséquence.
    Et « rebaptiser » m’avait paru drôle…

  21. Demain grand raout avec Benjamin, Angela, David … tous les rois de Judée, la smala africaine, les ex-de la république ! Manque plus qu’un raton laveur !

  22. Article informé de Jean-Michel Verne dans la Tribune de Genève, journal sérieux s’il en fut :
    http://www.tdg.ch/monde/europe/A-Marseille-un-silence-assourdissant/story/24549053

    « A Marseille, un silence assourdissant
    Terreur en franceDans le cœur du «quartier arabe», le malaise est palpable. A la sortie de la mosquée, ceux qui condamnent le font discrètement, à l’écart des barbus.

    A quelques rares exceptions, la communauté musulmane de Marseille n’a pas ou peu réagi aux événements de ces derniers jours. Nous sommes allés à la rencontre des fidèles dans un climat de malaise autour de la mosquée de la Porte d’Aix. 

    C’est là le cœur du «quartier arabe» de la ville. Le français semble une langue étrangère dans cette foule bruissante et orientale. De fortes odeurs d’épices montent entre la boucherie hallal et les boutiques où l’on vend couscoussiers, électroménager et vêtements colorés. Les femmes qui portent pour la plupart le tchador font les courses pendant que les hommes palabrent à voix basse sur le trottoir. Parfois quelques mots fusent dans la langue de Molière. Ils laissent deviner que le sujet alimente des conversations: «Ce sont des jeunes, ils sont endoctrinés», déplore un passant.

    Les choses se corsent à la sortie de la mosquée de la rue Maraval. C’est la prière du vendredi. Les fidèles, surpris d’être apostrophés par un journaliste «étranger», se confient spontanément dans un premier temps. La mosquée est tenue par les fondamentalistes du Tabligh. Elle est suspectée d’être un haut lieu de l’islamisme radical à Marseille. Pourtant, le discours est apaisant: «Nous sommes contre ce qui s’est passé. Ces gens-là n’ont rien à voir avec l’islam. Et puis, ceux qui parlent de notre religion ne la connaissent pas.» Durant le prêche, l’imam aurait relu les versets du Coran qui dénoncent le recours à la violence, affirme notre interlocuteur. Le dialogue s’engage.

    Soudain, un barbu tout vêtu de blanc s’interpose. Son regard est dur, hostile. Il met fin à la conversation. Notre interlocuteur obtempère. Il ne parlera plus. Impossible de converser avec l’imam. «Pas d’imam ici.» L’infidèle est repoussé. Quelques mètres plus loin, Ahmed s’approche. Il était présent lui aussi à la mosquée. «Je n’aime pas ce qui vient de se passer avec vous. Il faut parler. Moi je lis le Canard Enchaîné, et j’aime ça.» Dans cette ville, où la communauté musulmane représente près de la moitié de la population, les tueries de Paris semblent à la fois lointaines et proches. C’est un paradoxe. Personne n’ose évoquer véritablement le sujet qui dérange tellement. On semble sourire pourtant derrière les barbes des fondamentalistes. On crie parfois la haine dans les quartiers Nord. Hier, des vidéos ont circulé sur la Toile. On y voit des jeunes des cités, les yeux brillants de cocaïne, brandissant des couteaux et menaçant les bourgeois des quartiers Sud des pires sévices. Des acclamations étaient montées deux jours plus tôt de la prison des Baumettes à l’annonce du massacre dans les locaux de Charlie Hebdo.

    Marseille est comme une poudrière qui ne demande qu’à exploser, mais personne ne se résout à allumer véritablement la mèche. Les responsables religieux, musulmans ou non, se sont singularisés ici par la discrétion de leurs communiqués. La ville est gouvernée par une sorte de Yalta des religions. Juifs et catholiques au Sud, musulmans au Nord, à chacun son territoire. Quant aux politiques, de droite ou de gauche, ils ont certes lâchés quelques condamnations, mais finalement du bout des lèvres. Marseille est au cœur de tout. Base arrière de l’islamisme radical, elle a vu l’arrestation par les douaniers, le 30 mai, du tueur Nemmouche, de retour de son massacre bruxellois. Des investigations menées ces derniers jours ont clairement ciblé des soutiens locaux. Ici, les djihadistes ont droit de cité. Mais sans faire de bruit. » (TDG)

    À Marseille hier, les seuls Musulmans visibles étaient les Kurdes — qui ont des raisons propres à combattre l’Etat islamique…
    Des autres, pas de nouvelles.

  23. A Marseille, ils défilent avec leurs drapeaux, ou vont voter lorsqu’ils ont été payés.
    Suite aux coupes budgétaires, ils n’ont pas du recevoir leurs dus…

  24. J’ai peu réagit sur internet, que ce soit sur néo (coucou je ne suis pas encore banni) ou ici. En ce qui concerne ce qui se passe dans les classes il me semble qu’un grand nombre de collègues émus se laissent embarquer par le cours des choses.

    L’école se doit de garder une distance et une réflexion. Je me suis habillé en noir ces jours-ci, sans effusions, seulement pour montrer la gravité avec laquelle il faut envisager ce qui se passe (et qui ne surprend que peu les gens qui connaissent la réalité des choses).

    Condorcet disait que l’on n’enseigne pas le bien mais l’état des lois tel qu’il est. Je ne supporte pas cette idée de « débats » organisés. Je peux expliquer la liberté d’expression et son cadre actuel. Très fermement si nécessaire. Je peux expliquer les circonstances historiques qui nous ont amené à notre état actuel. Je ne demande pas l’avis de quiconque, je n’ai aucun besoin de l’entendre.

    La part d’éducation morale, universelle, que nous pouvons donner ne se donne pas dans l’émotion, avec des bons sentiments, ni en tapant du poing sur la table, mais par un long travail. Ce travail commence par ne pas faire petits renoncements au quotidien comme cela arrive trop souvent.

  25. @Dugong écrivant « Le grand dessein * de Nigo […] »

    Il y aurait une histoire du pouvoir post-mitterandien à écrire : comment notre système actuel, garantissant l’alternance unique dans un cadre bien défini, produit des représentations populaires de plus en plus illégitimes, condamnées à l’impopularité et la paralysie. On pourrait remonter jusqu’à 1995 mais pour aller à l’essentiel :

    – 2002 – Faute d’adhésion populaire (et surtout faute du soutien habituel des enseignants qui n’ont pas oublié Allègre), Jospin est évincé au profit de Le Pen père (qui, rappelons-le, ne rassemble pas plus de voix sur son nom que d’habitude) et nous élisons un Chirac que nous proposions de mettre en prison 15 jours plus tôt, le tout sur un score de dictateur africain (82-18). La France se fige et s’ennuie pendant 5 ans ;

    – 2007 – En réaction au « 21 avril », Le Pen, ringardisé, est éjecté sur un score minable, au prix d’une récupération de son électorat par Sarkozy. Du second tour sort (55-45) un agité pathologique qui promet de « rompre » [après 5 ans de chiraco-immobilisme], face à une starlette amatrice, qualifiée par un camp qui lui savonne la planche autant que possible ;

    – 2012 – En réaction (à nouveau…) à 5 ans de délires et d’obscénité, et à la trahison des classes populaires détrounées du vote lepeniste, nous élisons un « type normal », plus connu sous ses surnoms de « Flamby » et de « Guimauve le Conquérant ». Absence de ligne claire, abandon des quelques promesses qui auraient pu donner un sens à l’action présidentielle (réforme fiscale, notamment) : Sainte-Eze veille en patronne.

    Les calculs sarko-hollandiste pour 2017 s’inscrivent dans la droite ligne de cette (fausse) alternance malade.

    Le plus à craindre, à bien des égards, serait un résultat « normal » à la présidentielle de 2017 : disons 51-49 au seconde tour, dans un sens ou dans l’autre, entre Hollande (ou Valls) et Sarkozy (ou Juppé).

    Il entrainerait les commentaires usuels des Barbier et autres inusables analystes politiques de service, et tout semblerait continuer comme d’habitude.

    Il faut, je crois, au contraire, aller jusqu’au bout de l’absurde : Sarkozy-Le Pen au soir du premier tour. Deux personnages rejetés (« on a déjà essayé » vs. « non merci, sans façon ») par la grande majorité du peuple.

    Nous aurions face à nous la conclusion logique (et sans issue) d’années d’errance, de soumission à la logique médiatico-politique des partis dits de gouvernements, soumis aux dogmes de la religion du marché.

    50% d’abstention, Sarkozy élu (55-45) : un pouvoir illégitime et discrédité d’entrée de jeu… une « gauche » atomisée et l’obligation pour les Français d’avoir une franche discussion sur ce que nous voulons collectivement.

    Cordialement,

    E.P.

  26. Valérie Trierweiler attend François Hollande d’un pied ferme place de la République ; c’est la seule qui tient un panneau à mouches « Merci pour le moment » !

  27. En Passant, j’aspire à peu près aux mêmes conclusions.
    Mais je ne suis pas sûr que Sarkozy passerait.

Comments are closed.