le+pilierNe dites plus « grammaire ». « Grammaire », c’est très mal. Dites « langue ».

Mon tuteur est effaré par ma propension à faire de la grammaire. « Mais ils n’ont rien appris en Primaire », lui dis-je. « Pas même le présent de l’indicatif. » Réflexion oiseuse. « Jennifer, me dit-il avec la patience des vrais croyants, faut que tu fasses d’la langue en t’appuyant sur un texte. Tu dois pas enseigner le complément du nom, comme t’as essayé de le faire aujourd’hui, d’une façon abstraite. Tu pars d’un texte, tu le leur fais lire, observer, tu te débrouilles pour que le savoir leur apparaisse… »
Mais enfin ! Je ne peux pas leur apprendre que le complément du nom peut être un adjectif, ou un nom introduit par une préposition, « de » ou « à » par exemple, ou une proposition relative… »
« Pas de façon abstraite. Tu pars d’un texte… »
Ah oui, la « grammaire de texte » opposée à la grammaire de phrase »… L’obsession pédago !
« Mais c’est diablement difficile, de trouver un texte — surtout un texte court — où il y aurait tout ça à la fois et rien que ça… »
« T’as trop l’souci de l’exhaustivité. Z’ont toute leur vie pour apprendre petit à petit en fonction de leurs découvertes. C’est en construisant leurs savoirs qu’ils se construiront eux-mêmes, petit à petit. »
(Là, léger silence, de façon à bien me faire apprécier l’effet-citation de sa phrase, empruntée toute crue à quelque savant colloque de pédagogie moderne…)
« Tu veux leur faire violence… », assène-t-il enfin.

Nous en sommes donc là. Je me suis efforcée depuis la rentrée à leur faire entrer des règles dans la caboche — et puis Dieu le Père est venu m’observer en classe, et j’ai tout faux. « C’est pas comme ça que tu seras titularisée en fin d’année, Jennifer », menace-t-il. Et les cours à l’ESPE ne me disent pas autre chose. « N’enseignez pas le COD. Parlez de prédicat. » « Mais le ministre lui-même… » « Les ministres passent, la Pédagogie reste. »
Des croyants. Qui de surcroît obéissent aveuglément à ce précepte évangélique, « Heureux les simples d’esprit… ». « Fesez bien attention à respecter les consignes », dit la formatrice, prof de fac recrutée parce qu’en didactique, ils se cooptent en gros nullards. Nous n’étions pas loin de 70 stagiaires dans la salle, personne n’a bronché. Ma directrice de thèse n’en décolère pas. « Ils ont asséché toutes les créations de postes dans le Supérieur pour dix ans », constate-t-elle. Mais les élèves écrivent eux aussi « fesaient ». Alors…Capture d’écran 2017-10-20 à 06.20.16La langue mute sous mes yeux.

« Fesez bien attention… » Elle n’est pas la seule, à l’ESPE, à avoir avec la langue des audaces modernes. Vendredi dernier une formatrice nous diffuse un PowerPoint — l’alpha et l’oméga de la formation. Sur les deux premières diapos, l’imagination orthographique est au pouvoir. Première diapo : « les éléments qui composes », « Délimiter le champs est important pour que les lecteur comprenne la situation ». Deuxième diapo : « L’objectif est donc de se poser « les bonnes question ». Un stagiaire lui demande en toute bonne foi si ce sont là des consignes orthographiques nouvelles. Réponse de l’intervenante : « J’ai fait ça à 23h, j’étais vraiment fatiguée, je vous assure, je n’avais pas bu d’alcool… » Hmm… Déculpabilise-t-elle le travail au dernier moment, l’innovation pédagogique ou la prise d’alcool ?
Ou les trois à la fois ?
La même critique férocement Blanquer, arguant de son autorité d’enseignante du Supérieur. Et elle s’appelle Jennyfer comme moi — mais avec un –y-, ça fait plus « staïle », comme disent les mômes…

À noter que ces dérives orthographiques si créatives se généralisent. Un professeur de lycée, à en croire l’excellent site Bescherelletamère, a distribué ça à ses élèves : prof2faut pas avoir honte ! Et il y a pire : une prof que je connais bien, désormais, n’a-t-elle pas distribué à ses élèves un questionnaire dont j’extrais cette question délicieuse :Capture d’écran 2017-10-18 à 16.21.24Cette même semaine, j’ai découvert la notation positive.
En Sixième, ou en Cinquième, pas question de faire une dictée non préparée. Et dans cette dictée, pas question de noter autre chose que les mots spécifiquement préparés. Et pas question que cette dictée fasse plus de cinq lignes. Il ne faut pas décourager les élèves…
Ah ? Ma foi, il m’est arrivé au cours de mes études de me prendre des tôles, je n’en suis pas morte. Mais apparemment, les loupiots d’aujourd’hui ont le cuir moins épais.
Et ils ont une créativité sans bornes. Due peut-être au fait qu’ils écrivent ce qu’ils croient entendre (prononcez-moi croyent, sale bande d’impies ! les élèves le disent, mes « collègues » le disent, mes professeurs de (dés)ESPE le disent !), et comme ils n’écoutent pas vraiment…
Une créativité due aussi au fait qu’ils n’ont rigoureusement rien appris en Primaire. Rien.

Et puis ils réinventent l’orthographe selon des règles qui leur appartiennent. Un sujet pluriel régit une forme verbale en « s », puisque c’est un pluriel. « Les chats miaules ». « Très bien », dit mon tuteur. « Il a saisi qu’il y avait un pluriel. » Oui — mais « les chats miole », je le note comment ? « Dis-moi, Jennifer, en anglais, à la troisième personne du pluriel, la forme du verbe est inchangée, n’est-ce pas… We love, you love, they love… Pourquoi le français persiste-t-il à compliquer les choses, sinon pour perpétuer les différences sociales, chaque classe sociale n’ayant pas le même accès au langage… Si nous voulons créer plus d’égalité parmi nos élèves, nous devons respecter leur choix de simplifier la langue… Tu n’es quand même pas une bourgeoise, si ? » Le vieux tourneur guevariste qui a un jour copulé pour que je vienne au monde a sûrement tressailli dans sa tombe, lui qui a toujours proclamé que le bourgeois s’abattrait à coup de parpaings, certes, mais aussi à coup de menaces grammaticalement justes…
Ah oui — mais c’était du temps où le Parti était assez puissant pour entretenir des Ecoles et des cours du soir…
Mon tuteur m’a fait remarquer que ces règles absurdes qui veulent que le verbe s’accorde avec son sujet amenaient des confusions terribles dans la tête des enfants, qui du coup sur-corrigent leurs propres textes, et rajoutent des –s- aux finales en –ent. « Autant simplifier en supprimant tous ces reliquats », ajoute-t-il.Capture d’écran 2017-10-20 à 09.00.54

[Pour la petite histoire, le texte de la dictée était tiré de l’Homme qui savait la langue des serpents, un magnifique roman estonien d’Andrus Kivirähk que je ne saurais trop vous recommander, c’est drôle (profitez bien de ce joli mot : les pédagos veulent le défigurer parce que le circonflexe, c’est compliqué) et on y trouve, sous la fable, une remarquable analyse de cette modernité frappadingue.]

Mon tuteur œuvre lui-même à réformer l’orthographe. Sur le seul exemple de devoir qu’il m’a donné, il a calmement écrit : « Repérez tous les mots qui, dans le texte, évoque les sentiments du héros ». Tel que. Un sujet pluriel régit un verbe au singulier. C’est du franglais, ou alors il a accordé « évoque » avec « texte », selon un principe de proximité plus ou moins hérité du latin — ou de sa paresse intellectuelle. A brave new world, dirait Huxley.
Et de me mettre sous les yeux une pétition tout récemment signée par son syndicat (le SGEN, pour ne pas le nommer) et lue au Conseil Supérieur de l’Education ce jeudi 19 octobre, qui réclame pour le niveau « bac – 3 », comme ils disent, un « lycée unique » qui regrouperait « les trois actuelles voies du lycée, voies générale, technologique et professionnelle, pour tendre vers un lycée sans filière favorisant les mixités ». Oui. Après le collège unique, le lycée unique. Sûr que le niveau va monter.
Comme si nous ne savions pas que sous cette avalanche de démagogie gît l’obsession ancienne du « corps unique de la Maternelle à l’Université » ! Et l’ambition de fédérer sous leur bannière, en leur faisant miroiter d’hypothétiques augmentations de salaire, tous les enseignants, du Lycée professionnel à l’Université !

Des « féministes radicales » viennent de leur côté de pondre un texte intitulé « Le vagin n’est pas un organe sexuel ». En dehors de délires utérins, on y apprend au passage que désormais le pronom « nous », quand il désigne des femmes, doit s’écrire « noues ». Si ! « Le contexte dans lequel les hommes noues pénètrent est une société sexiste, haineuse des femmes… », « Les risques qu’ils noues font encourir… », « Autant de réquisitions viriles de notre anatomie pour noues faire croire, avec Gallien, que le sexe féminin est un organe en miroir du sexe masculin, le fourreau « fait pour » l’épée… »
D’ailleurs, JPB vient de me mettre sous les yeux quelques-unes de ses copies de prépas. Eux aussi ont une créativité orthographique débordante…Capture d’écran 2017-10-20 à 09.08.29… des connaissances livresques impressionnantes…Capture d’écran 2017-10-20 à 09.09.54Capture d’écran 2017-10-20 à 09.10.51
Il faut dire qu’ils ont de bonnes références…Capture d’écran 2017-10-20 à 06.55.33« C’est le dernier que je m’attendais à trouver ici », écrit (en vert) le malheureux JPB. Encore un suppôt de la culture bourgeoise. « The times they are changin’… »

Des formes simples…
Très bien. Je les ai fait travailler sur le haïku. L’un de mes hobbies. Bashô et Paul Eluard. Dix-sept syllabes. « Comptez sur vos doigts en réalisant vos propres haïkus », dis-je. « Et n’oubliez pas : il faut essayer d’associer une sensation, une notation évoquant la nature, et un sentiment. »
Ma foi, ça n’a pas donné que des horreurs…Capture d’écran 2017-10-20 à 06.27.22Et même :Capture d’écran 2017-10-20 à 06.26.31
Et comme je parle et écris le japonais, je leur ai traduit leurs chefs d’œuvre au tableau en kanji. Ils étaient fiers comme Bar-Tabac, comme dit Bérurier.

Jennifer Cagole

PS. Une rumeur a parcouru la communauté de Bonnet d’Âne (comme on dit « la communauté de l’anneau ») : c’est que Cagole ne serait qu’un prête-nom de Brighelli. Contactée, l’intéressée a ricané douloureusement, et ses relations avec moi n’étant pas toujours au beau fixe, elle s’est fendue d’une double portrait de Cagole et de sa némésis — non sans indiquer ce qu’elle en pense…Capture d’écran 2017-10-20 à 20.53.28

161 commentaires

  1. Voyez la première copie.

    « Les pousc »;aujourd’hui,beaucoup de jeunes gens ne savent pas écrire la lettre x et la remplacent par « sc ».

    Apprentissage tout au long de la vie ?
    A cent ans ils en seront encore là.

    • Je ne comprends vraiment plus ! Depuis le temps que Lormier me cherche des poux dans la tête tout le stock de Marie-Rose devrait avoir été épuisé … comme les x ! Il n’y en avait plus en réserve dans la casse alors l’élève ingénieux construisant son petit savoir à lui l’a remplacé par des « sc » ! C’est merveilleux comme disait Jean Nohain …

    • Effectivement ! Et il écrivent donc « dodusc » quand il pensent « dodux » alors qu’il fallait écrire « dodus » (il y avait tellement de fautes que celle-ci n’a pas été repérée…).

    • Il me semble reconnaître un x… mal calligraphié. Vous pensez bien que si l’on n’enseigne plus la grammaire, la calligraphie… connaît-on seulement le mot ? Pour mémoire, elle est enseignée dans pas mal d’états étatsuniens (ceux qui n’ont pas abandonné l’écriture cursive) ou de Länder allemands, et compte même dans ces derniers pour la note au bac.

  2. Je ne vais pas résister longtemps au plaisir de citer de l’Offenbach revisitant l’antiquité gréco-romaine :

    « Je suis l’époux de la reine,
    Poux de la reine poux…
    Le roi Ménélas !
    Je crains bien qu’un jour Hélène,
    Je le dis tout bas,
    Ne me fasse de la peine…
    N’anticipons pas !…
    Je suis l’époux de la reine,
    Poux de la reine poux…
    Le roi Ménélas ! »

  3. Pour dire les choses la nouvelle pédagogie mériterait bien toute une opérette écrite avec le génie d’Offenbach, Meilhac et Halévy pour s’extasier en chœur sur toutes ses trouvailles si joliment exploitées par Jennifer Cagole la modeste fille des Muses !

    •  
      Pour rester dans le registre musical, tout cela me rappelle des paroles d’une vieille chanson, toujours d’actualité : « L’école est finie ! » (Sheila)
       

  4. La pédagogie nouvelle c’est un des résidus de mai 68 qu’Emmanuel Macron entend célébrer en mai 2018 pour son cinquantenaire (ad usum Delphini).
    Roland Barthes grand penseur de cette époque voyait dans la langue un fascisme du dévoiement – mais la langue pure restant à naître on attendait encore comme Godot le néo-français contemporain du docteur Knock nègre.

    Toujours est-il que si j’étais grand ordonnateur des cérémonies du cinquantenaire de Mai 68 je les ferais sous la bannière de « l’Hôtel du Libre-échange » que Feydeau a magnifié pour l’éternité.

  5. Témoignage qui conforte les prévisions météo de l’enseignement: rien ne bougera tant qu’ils seront là.
    Le niveau de langue française chez les collégiens est tellement bas qu’il faut sans cesse simplifier le vocabulaire et diminuer la longueur des phrases, pour avoir une chance d’être compris.*
    JPB a beaucoup de chance car il ne lit que la crème de la crème après écremage post-bac; imaginez avant…

    * un de mes plaisirs sadiques est, au contraire, d’employer une langue riche voire surannée…

  6. Pour en revenir au Docteur Knock qui fait un peu bizarrement l’actualité d’où vient l’autorité magistrale de Louis Jouvet au milieu de cette bourgade qui sommeillait selon ses dires avant son arrivée ?
    Du langage et de son mystère … le on-dit triomphe derrière la personnalité exubérante du saint-docteur !
    Cela vous rappelle-t-il d’autres élections non-médicales ?

    • Le docteur Knock soigne les maux avec des mots … ce qui est le propre de tous les dictateurs qui font des discours-fleuves remplis de métaphores où l’imprécation tient lieu de raisonnement !
      En 1923 les régimes à poigne de l’heure – Marxisme-Léninisme ou Fascisme mussolinien – étaient verbeux à souhait !

  7. Je n’y résiste pas mais « Quand il a écrit Hamlet, Molière avait-il lu Rostand ? Non ! » est tout de même une citation de Pierre Desproges. Cet élève ne manque finalement pas de culture.

    Cordialement

    • Je sais. Mais quel que soit mon amour de Desproges, ça n’a pas sa place dans une dissert — quand vous pensez que ma collègue de khâgne enlève des points à tout élève qui évoque Vian ou Prévert, pour elle des écrivains de seconde zone…

        • Sur la première copie d’un début d’année (en fait, ramassée le premier jour à la première heure, sujet donné fin juillet à des élèves que je ne connaissais pas, afin de dissuader les bras cassés), je ne crois pas que l’affection / provocation ait joué.

          • Utile précision…mais vos positions sur Meirieu sont bien connues,vous êtes un homme public:il n’est pas impossible qu’un facétieux jeune homme ait voulu se faire remarquer…

      • Prévert, très bon voire excellent élève, qui travaillait de façon maniaque la mise en page de ses poèmes (voir la préface des oeuvres publiées en Pléiade) et travaillait de manière encore bien plus profonde la langue française orale et écrite, tant dans sa forme que dans ses présupposés, pour remettre en question nos opinions toutes faites et notre vision prédéterminée des choses, pour en faire jaillir en la questionnant, la tordant et la retournant, une perception du réel fraîche et spontanée, un sens neuf et joyeux… qu’il faut être fermé à l’intelligence verbale et à l’art pour croire que Prévert est un poète mineur!

  8. Chez Staline ou Mao tout citoyen était suspecté en puissance de déviation petite-bourgeoise ; en somme tout camarade était un capitaliste en puissance ou un malade qui s’ignorait !
    C’est l’essence même du totalitarisme qui est contenue dans la phrase célèbre que Jules Romains associe à Knock : « Tout bien-portant est un malade qui s’ignore ! »

  9. Bon, maintenant, on arrête ? On voit très bien que ce texte n’est pas au tantique. Traduisez : J.Cagole = J.P. Brighelli.
    Rien de ce qui est relaté ici n’est crédible, plausible. Et pourtant, j’en ai fréquenté des Savonarole de la pédagogie ! J’en ai écrit, pour quelqu’un de très proche, des textes à visée didactique, en vue des concours d’enseignement ! Je connais TOUS les codes. Mais là, non. J’ai du mal…
    Jennifer, bas les masques.

    • Je ne sais pas si vous êtes sérieux, mais ne savez-vous pas que la réalité dépasse souvent la fiction ?

    • Je peux vous certifier que rien de ce que j’écris n’est inventé — et si vous passez à Marseille, prévenez-moi via le blog, je vous présenterai Cagole, qui est bien une stagiaire de Lettres actuellement entre les griffes de l’ESPE, et qui co-écrit avec moi le récit de ses mésaventures. Pour tout vous dire, quel que soit l’humour qu’elle tente d’y instiller, elle est à deux doigts de démissionner, tant ils la gavent, comme elle dit. Et de se faire secrétaire trilingue — la maitrise du japonais, ce n’est pas si fréquent.

      • Il serait nez en moins et oreille en plus regrettable que Jennifer contribue à la consolidation de la légende que le ministère essaie de mettre en place: le bon Blanquer va remettre les choses en place,combattre les hérésies belkacemiennes.

      • Bon, eh bien, dont acte. Et toute ma sympathie pour cette malheureuse J.C. qui sait ce que Canossa veut dire. Moi-même stagiaire CPR à Aix-Marseille en 80/81, j’ai connu les débuts de cette effarante dérive. Et personne ne mouftait, d’abord parce qu’on ne pouvait soupçonner à cette époque l’ampleur du désastre qui s’annonçait pourtant, ensuite parce que CAPES pratique oblige, in fine…

        • Manque cependant à la panoplie des tuteurs et épéistes,la menace du « retrait de salaire »-dont ces gens se pourlèchent les babines.

  10. Au premier acte Knock apparaît comme un farfelu ou un escroc au choix ; au second comme un génie de la publicité ; au troisième comme un inquiétant démiurge qui met au lit toute une population et la rend authentiquement malade, politiquement malade.

    P.S C’est une pièce que je connais bien pour l’avoir jouée au collège. Elle tient le milieu entre la farce et la satire politique.

  11. Mon cher Charbonnel,

    Jennifer est une modeste qui n’aime pas trop s’afficher ; alors que Brighelli n’est peut être pas forcément aussi modeste qu’il apparaît au premier abord ; donc je ne saurais trop vous conseiller d’être circonspect dans votre identification de l’une à l’autre !
    Jennifer affligée d’un nom lourd à porter et d’un prénom qui ne l’est guère moins – un peu comme Logan Nisan ! – a fait la rencontre d’un agrégé qui a bien voulu la prendre sous son aile ; laissez le temps à sa pudeur de fleur rare de l’éducation nationale le temps de s’épanouir grâce au mâle réconfort du normalien qui surveille ses premiers pas littéraires !

    Bien à vous.

  12. « Une rumeur a parcouru la communauté de Bonnet d’Âne (comme on dit « la communauté de l’anneau ») : c’est que Cagole ne serait qu’un prête-nom de Brighelli. Contactée, l’intéressée a ricané douloureusement… »

    Natacha Polony ne reconnaîtra jamais,elle non plus,que c’est Brighelli qui écrit ses textes…
    Comment s’appelait le premier mari de l’épouse de Bel Ami,au fait ?

  13. Les « féministes radicales » viennent de leur côté de pondre un texte intitulé « Le vagin n’est pas un organe sexuel ».

    J’ai jeté un rapide coup d’oeil…souvenirs,souvenirs…on cite A Dworkin-celle qui pensait que tout acte de pénétration était un viol.

    Il y a un roman très amusant de David Lodge (je suis trop paresseux pour en chercher le titre) où un des personnages masculins est féministe et pratique le sexe non pénétrationnel.

    Un lesbien peut-être…encore que certaines lesbiennes s’équipent d’une prothèse…

    Et quand on met les doigts est-ce pénétrationnel ?

  14. Effondrement en mathématiques:Blanquer confie au célébrissime Villani la mission d’étudier le problème et de faire des recommandations;curieusement,on lui donne quelques indications sur les conclusions qu’il devra tirer: « s’inspirer notamment de la méthode de Singapour. »
    Les magistrats de la Cour des Comptes,qui ont une grande pratique de la courbette, savent très bien faire des rapports sur mesure;mais Villani ?

    Enfin…je suggère que Villani (qui est agrégé de mathématiques) aille faire cours dans un collège pendant six mois afin de se rendre compte du désastre.

    Et pour le français,qui va-t-on charger d’une mission ? Finkielkraut ? Ce serait cruel:l’académicien ne s’en remettrait pas.

  15. Gestion fictionnelle au ministère Blanquer.

    Il s’agit de créer une fiction plaisante qui permette de distraire pendant que les travaux de démolition continuent; (les journalistes français appellent cela « story telling »).

    Voici la nouvelle fiction,reprise avec enthousiasme par une certaine presse.
    Blanquer,chauve raisonnable,ancien recteur offrant toute garantie de saine bourgitude,restaure l’école,mise à mal par la folie pédagogiste de Belkacem .
    Il se heurte à l’opposition de l’ancienne équipe,toujours présente dans les ESPE notamment.

    Qui va gagner ? Blanquer a déjà eu la peau de Lussault.

    En réalité, Blanquer continue sur la lancée de Peillon-Hamon-Belkacem;a-t-il abrogé le décret Peillon-Hamon ?
    Evidemment que non:c’est ce décret qui va lui permettre de donner le coup de grâce à l’école publique.(cf les propositions de la Cour des Comptes.)

      • Merci pour l’info, mais j’ai beaucoup de mal avec ces schémas et autres « cartes mentales » (??) qui embrouillent mon esprit alcoolisé…
        J’avais déjà compris qu’au-delà de nos heures statutaires d’enseignement, il nous incombait de faire d’autres tâches plus ou moins rémunérées, voire pas du tout…

          • Erreur: c’est exactement ce que demandent mes élèves: faire cours, soit, pour ceux qui ne sauraient pas, avoir un référent en face qui leur explique ce qui doit l’être.
            Pas beau, ça?!!

  16. « Le vieux tourneur guevariste qui a un jour copulé POUR QUE que je vienne au monde a sûrement tressailli dans sa tombe…  »
    « pour que », »afin que »: notion de but. » de sorte que »:conséquence (non nécessairement voulue)

    C’est curieux:le résultat de cette copulation a été Jennifer mais le tourneur guevariste ne pouvait pas savoir que de ses efforts sortirait Jennifer.

    cf

    Parce que de la viande était à point rôtie
    Parce que le journal détaillait un viol
    Parce que sur sa gorge ignoble et mal bâtie
    La servante oublia de boutonner son col

    Parce que, d’un lit grand comme une sacristie,
    Il voit sur la pendule un couple antique et fol
    Et qu’il n’a pas sommeil et que sans modestie
    Sa jambe sous le drap frôle une jambe au vol

    Un niais met sous lui sa femme froide et sèche
    Contre son bonnet blanc frotte son casque à mèches
    Et travaille en soufflant inexorablement

    Et de ce qu’une nuit sans rage et sans tempête
    Ces deux êtres se sont accouplés en dormant
    O Shakespeare, et toi Dante ! il peut naître un poète.

    Mallarmé

    • On dirait le sonnet d’un adolescent boutonneux … quand Mallarmé fait du mauvais Baudelaire ce n’est pas très heureux !

      • Il y a bien longtemps que vous ne fréquentâtes les ados boutonneux, pour oser penser qu’ils auraient un tel niveau de vocabulaire et de versification!!!

        • Ah ! Sisyphe votre critique littéraire me va droit au cœur … vous savez que d’après Jean-Paul Sartre, Stéphane Mallarmé professeur d’Anglais au lycée Condorcet, bourgeois très rangé et très tranquille qui faisait de la yole à Valvins sur la Seine, était un Ravachol qui rêvait de poser une bombe pour exploser la société – une espèce de Mérah canardant femmes et enfants du moment qu’ils étaient mécréants en la poésie !

          On a les ados qu’on peut !

          • « vous savez que d’après Jean-Paul Sartre, Stéphane Mallarmé… »

            Source,référence précise,svp..

          • JPS, fors son talent littéraire, n’est pour moi qu’une ordure gauchiste, un spécialiste du mensonge et un homme aux mains toujours sales malgré des lavages fréquents au savon de l’histoire.

      • Mon cher, s’ils sont adolescents boutonneux à 11 ans, c’est qu’ils sont en avance !
        À leur âge vous suciez des chupas !

  17. « Et comme je parle et écris le japonais, je leur ai traduit leurs chefs d’œuvre au tableau en kanji.  »

    Cette phrase m’a intrigué;je ne sais pas le japonais,cependant,comme tout le monde,je sais que l’écriture japonaise mélange caractères-idéogrammes chinois et signes phonétiques appelés hiragana.

    D’où une question : la règle voudrait-elle que le haiku soit une pure succession de kanjis ?
    Comment serait-ce possible ?

    Voici un haiku célèbre (peut-être le plus célèbre de tous)s.
    古池や蛙飛びこむ水の音
    Old pond
    Frog jumps in
    Sound of water

    https://www.tofugu.com/japan/haiku/

    Même sans connaître la langue japonaise,on voit bien qu’il y a des signes plus simples que d’autres.
    Ceci est un kanji:音
    Ceci est un caractère hiragana: の (prononcé « no »)

    il me semble que Jennifer n’a pu traduire en japonais sans utiliser de caractères hiragana:ce n’est pas du chinois;

    • Transcription phonétique
      Furu ike ya kawazu tobikomu mizu no oto

      « Il arrive parfois qu’un poème très célèbre soit figé dans une traduction reprise par d’autres générations sans que soit remis en cause le bien fondé de la première interprétation. Il s’agit du fameux hokku de Bashô :
      古池や蛙飛びこむ水の音
      Furu ike ya kawazu tobikomu mizu no oto
      « Vénérable étang / une rainette plonge / bruit de l’eau »

      Très intéressante discussion sur les différentes interprétations possibles d’un même haiku;Zorglub,vir doctissimus, dirait: »on lira avec intérêt »:

      /www.thehaikufoundation.org/omeka/files/original/cb42b1f11c79396a2d30740c2f1be1ac.pdf

      et sur les effets poétiques que les Japonais peuvent tirer de leur système mixte d’écriture:

      « Le haïku suivant est l’œuvre d’une grande poétesse, Hosomi Ayako ( 1907~1997).
      Jeune femme, elle dédia cette composition à l’enfant qu’elle portait :
      いづこから来たるいのちと春夜ねむる
      Izukokara kitaru inochi to haru yo nemuru
      « D’où viens tu petite vie ? / dors, frêle printemps /c’est la nuit »
      On peut remarquer que les idéogrammes présents dans le poème transcrivent la partie invariable du verbe « venir », ainsi que « printemps « et « nuit ».Tous les autres mots sont des outils grammaticaux qui permettent à ce poème de fonctionner. Avec une exception de taille qui concerne le mot « inochi » ( la vie) que j’ai souligné, car il est le point central de ce haïku qu’une future mère dédie à l’enfant qu’elle porte et qui va naître. Logiquement « vie » devrait être écrit en idéogramme. Mais ici, pour exprimer l’émotion intime que suscite ce mot qui parle de la vie se développant en elle, Hosomi Ayako a choisi de le transcrire en hiragana. Il s’agit pour elle d’exprimer ainsi intimité et proximité affective, tandis qu’à la lecture du poème, un idéogramme masquerait avec pudeur cette émotion. La traduction est obligée de rajouter des mots tels « frêle » ou « petite » pour restituer cette atmosphère de tendresse si particulière. »

      Jennifer a proposé UNE traduction possible de chaque haiku et elle a forcément mis quelques caractères hiragana.

      • « Jennifer a proposé UNE traduction possible de chaque haiku et elle a forcément mis quelques caractères hiragana »

        Oui, me confirme-t-elle.

      • Sauf rares exceptions je ne fréquente plus le blog depuis qui tu y traines tes glaires …

        Donc, pauvre connard pédant, va te faire enculer ça te libèrera les humeurs et lâche-moi la grappe.

  18. Lormier,

    D’après Sartre, Mallarmé avait une regrettable grand-mère ; vous vous me faites l’impression d’être mon grand-père … je vais vous regretter !

    • Moi, Monsieur, j’étais à Londres avec le Général ,pendant que d’autres vendaient à l’occupant des bibliothèques entières,dérobées chez les absents.

  19. Vous connaissez l’éloge funèbre de Villiers de l’Isle Adam par Mallarmé ? « Au sens propre vécut-il ? » question sans réponse.
    Sartre se retrouve devant une biographie absente de Mallarmé – donc il invente une vie rêvée aventureuse de révolté de la société … Mallarmé jeune a lu Hegel et a donc détesté l’histoire des hommes. Au-delà des mots il n’y a rien selon lui … sinon le hasard et un coup de dés !

      • Mata Hari vous êtes priée de laisser vos références à l’ambassade d’Allemagne qui les transmettra !

        • « Jennifer affligée d’un nom lourd à porter et d’un prénom qui ne l’est guère moins – un peu comme Logan Nisan ! – a fait la rencontre d’un agrégé qui a bien voulu la prendre sous son aile ; laissez le temps à sa pudeur de fleur rare de l’éducation nationale le temps de s’épanouir grâce au mâle réconfort du normalien qui surveille ses premiers pas littéraires ! »

          Qu’entendez-vous par « épanouissement de la pudeur » ?

          • Demandez le donc à Christine Boutin, Lormier ! Après avoir fait les quatre-cent-coups en politique elle retourne à 73 ans étudier la théologie pour apprendre le sens caché des choses sacrées !

  20. Pour faire plaisir à Lormier & Brighelli (on dirait une marque de chauffagistes) je suis allé vérifier dans « La Pléiade » (tome 1 des œuvres complètes).
    « Parce que de la viande … » est signalé dans une lettre à Cazalis de mai 1863 ; Mallarmé avait donc 21 ans si je compte bien.
    Mallarmé n’a rien d’un monstre de précocité comme Rimbaud. A onze ans il suçait des sucettes à l’anis …mais bon ! je vais vérifier mes sources.

  21. « Les Fleurs du Mal » sont parues en recueil en 1857 ; l’influence de ce livre est évidente sur ce poème et donc voilà Mallarmé n’a pas pu l’écrire auparavant.
    D’autre part connaît-on des poètes de génie avant la maturation sexuelle de l’adolescence ? Minou Drouet étant une imposture que reste-t-il ?

  22. A 17 ans Mendelssohn a écrit l’ouverture du songe d’une nuit d’été et auparavant des symphonies pour cordes vers 16 ans ; il est avec Mozart le compositeur classique le plus précoce ; mais les œuvres de la maturité sont largement supérieures dans l’un et l’autre cas.
    Donc voilà j’ai quelque peu tiqué quand j’ai lu sous la plume de JPB que Mallarmé faisait des siennes à 11 ans !

    • Puis-je me permettre une petite remarque ? Schubert a commencé à composer vers l’âge de 13 ans, il n’avait que 16 ans lorsqu’il a composé sa 1ère symphonie en ré majeur, Bizet a composé la sienne en ut majeur à 17 ans; quant à Purcell, il semble avoir effectué ses premières compositions dès 11 ans.

  23. Lormier,

    Vous insultez la noble profession de chauffagiste ! Chauffagiste de blog est d’ailleurs un belle sinécure … vous en êtes l’illustration.

  24. Pendant longtemps Renaud Camus s’est intéressé aux crépis des maisons de France ; maintenant il se passionne pour la décrépitude de la maison France !
    Décrépitude n’est pas un néologisme désignant la vieille matière humaine hélas !

    Quant au Français il devient un patois où chacun pioche à sa guise les locutions du jour ! En attendant Babel …

  25. Dimanche après dimanche la kaiser allemande est en butte à de la rémanence hostile en Europe … après l’Autriche, voici la Tchéquie qui s’avance !

    • Pour vous donner le ton de cette mentalité slave si particulière : Il y a 47 ans, Jan Palach s’immolait en protestation contre l’invasion des chars russes à Prague ; Les tchèques commémorent régulièrement sa mémoires… Et ils ne sont pas non plus sans connaître les travers et velléités de cette bourgeoisie allemande.

  26. Tenez-vous bien : la nationalisme tchèque est représenté par un Japonais Tomio Okamura !

  27. plus fort que l’écriture inclusive:
    après « un belle sinécure », « la nationalisme »

  28. Plutôt que Renaud Camus qui ressasse un peu toujours les mêmes thèmes obsessionnels comme auteur politique majeur de notre époque je vois mieux Philip K. Dick. L’avantage c’est qu’avec lui on sait déjà que la paranoia sera exploitée au maximum … pour créer une réalité politique alternative !
    Ubik est à cet égard son opus ultime.

    • Renaud Camus est un maniaque compulsif alors que Philip K. Dick est un grand imaginatif délirant ! C’est beaucoup mieux la schizophrénie que les petites manies de chef de bureau qui compte les trombones !

      • … les petites manies de chef de bureau qui compte les trombones !

        Bien vu, C’est tout à fait ça !

        • Mais il en faut un.Il faut un enquiquineur en chef dans tout bureau — il concentre sur lui la foudre qui autrement frapperait plus haut :

          « In every large business there is one man who is the office tyrant and bugbear and who is cordially disliked by all the staff. This individual performs an inconsciously imortant role by acting as a kind of lightning conductor for the usual office hates and fears. In fact, he reduces their disruptive influences by providing them with a common target. The man is usually the general manager, or the Head od Admin. He is that indispensable man who is a watchdog over the small things — petty cash, heat and light, towels and soap in the lavatories, stationery supplies, the canteen, the holiday rota, the punctuality of the staff. He in the one man whho has real impact on the office comforts and amenities and whose autority extends into the privacy and personal habits of the men and women of the organization. To want such a job, and to have the necessary qualifications for it, the man must have exactly those qualities which irritate and abrade. He must be parsimonious, observant, prying and meticulous. And he must be a strong disciplinarian and indifferent to opinion. He must be a little dictator. In all well-run businesses there is such a man. »

          Ian Fleming, From Russia with love, chapter XI.

  29. HOMMAGE AU GROS WEIN

    Ayant passé la semaine à Château-Gombert en visite studieuse chez mon pote Maxime, je suis revenu en TGV hier. Dans le train j’ai sauté de nuage en nuage derrière une jeune nymphette au khul magnifique, véritable objet d’art que j’ai assidument poursuivi jusqu’au wagon-restaurant:
    Tout d’un coup, la charmante m’apostropha vertement:
    « Mais enfin, qu’attendez-vous de moi ? Nous connaissons-nous ? Quelles sont vos intentions ? Que dissimule comme finalité cet inopportun harcèlement ? ».
    Ayant passé la semaine auprès des plus brillants esprits cartésiens de Marseille, je lui répondis, de cartésienne façon :
    « Je bande, donc je suis, fuyante merveille ! »

  30. J’observe que Dugong n’est toujours pas revenu…c’est pas comme ces deux indécrottables piliers de blog, Lormier et Driout, ces deux suffisances admirables à pérorer devant leur miroir brisé…uhuhu !

    • Si on ne peut plus rire, injurier ou se moquer des pseudos, c’est vraiment pas
      la peine de bloguer, dans ces conditions…

      • Lormier et Driout mourront comme ils auront vécu: ânes mais savants.
        Enfin, malgré tout on est toujours heureux de les lire ces deux-là.
        Un ami neuro-psychiatre me disait récemment:
        « Ne rien négliger chez un patient malade … »

    • Un seul être vous manque…Pour alléger votre peine,je suis allé chercher un joli petit texte qu’il vous a dédié:

      Le 25 septembre 2017 à 18 h 51 min,
      Dugong
      a dit :
      Ecoute Roquet, petit putricule informe, tu seras jamais qu’une raclure ! De naissance, déjà étron… Est-ce que tu m’entends ? Cependant, peut-être, peut-être, en y regardant de tout près, que t’as encore une petite chance de te faire un peu pardonner d’être comme ça tellement immonde, excrémentiel, incroyable… Te manque la chose essentielle : la Culture. T’essouffle pas ! Cherche pas midi à quatorze heures ! Épelle bien les mots. Peut-être qu’à la fin du calvaire, si t’es extrêmement régulier, un héros de fermer ta gueule, tu claboteras dans les principes – mais c’est pas certain – un petit poil moins putride à la crevaison qu’en naissant. Pour un étron comme toi c’est vraiment le maximum.

  31. « Ne dites plus « grammaire ». « Grammaire », c’est très mal. Dites « langue » »
    Bien fait pour sa tronche à la cagole ! Personnellement, je n’ai hélas jamais rencontré de grammairien auto-déclaré et je le regrette de toute mon âme de mammifère pensif.
    Au fait, ça sert à quoi, un grammairien ? A enfiler les mouches à fond en y mettant la forme ?

  32. Pardon d’être hors-sujet, mais que pense JPB de ce tweet: « Hausse de 70 millions pour les colles en cpge, alors qu’entre 2002 et 2012 baisse de 41 millions des fonds destinés aux élèves pauvres. » ?

    • Précisions pour le Nico ! D’après mon expérience de terrain, les colles en CPGE ne sont pas faites pour servir à autre chose qu’à décorer les emplois du temps des étudiants et des colleurs…mais les affaires sont les affaires, ne pas confondre !

    • Je n’en pense rien : je ne fais pas passer moi-même les kholles de mes élèves — je les sous-traite à une collègue jeune retraitée. Comme disait Najat : « On ne fait pas ce métier pour s’enrichir… »

    • Merci abc ! Très amusant le  » tu vas finir à la Martinière ! ».
      D’habitude j’ai un trinôme de colles, pas d’étudiant seul sauf si rattrapage.
      Par contre, ce que je ne supporte pas chez mes étudiants, c’est les mains dans les poches du pantalon pour se la péter en faisant mine de réfléchir ! Quand ils font ça, je leur demande si ils se grattent les couilles. Ca les refroidit un peu.

  33. Je vois que ce sont les vacances de la Toussaint jusqu’au 6 novembre ; si vous voulez des devoirs dirigés pour ne pas rester l’esprit en friche et le corps bayant aux corneilles …

  34. Le 23 octobre 2017 à 12 h 07 min, Pierre Driout a dit :
    Je vois que ce sont les vacances de la Toussaint jusqu’au 6 novembre ; si vous voulez des devoirs dirigés pour ne pas rester l’esprit en friche et le corps bayant aux corneilles …

    Voici pour vous:
    Deux enfants et un âne font une promenade. Le soir tombe, ils décident de rentrer chez eux. C’est à 6 km. La fille marche à 6 km/h, le garçon à 8 km/h ( désolé si le garçon marche plus vite) et l’âne à 12 km/h. L’âne, peut porter un enfant. Quel est le temps minimum nécessaire pour qu’ils rentrent chez eux ?

    Et si c’est trop simple, la suite est ici:
    http://abcmathsblog.blogspot.fr/2010/11/suite-de-lenigme-de-lane-qui-fut-prof.html

  35. « On comparera avec intérêt »,dirait Zorglub, les deux commentaires suivants.
    L’un explique,explicite,illustre un aphorisme de Lévy-Leblond;il le rend plus accessible;l’exemple choisi est simple,à la portée du plus grand nombre.
    L’autre,loin de nous éclairer,balance un nuage d’encre… et prouve qu’au fond il n’a pas compris .
    Malheureux taupins qui subissent l’auteur du deuxième commentaire;peut-être l’un d’eux l’enverra-t-il chier,un de ces jours.

    « les mathématiques ne s’appliquent pas aux sciences physiques, elles s’y impliquent »
    Le 5 septembre 2017 à 13 h 47 min,
    Dugong
    a dit :
    La formule est de Jean Marc Lévy-Leblond et concerne plus spécifiquement la physique dans ses relations avec les mathématiques.

    L’idée générale est de réfuter l’idée simpliste « d’outil mathématique ». Un outil peut être utile, voire efficace mais on peut s’en passer ou en utiliser un autre. A contrario, essayez donc de penser la notion physique de vitesse sans la notion de fonction, de taux de variation et de dérivée…

    En ce sens, les mathématiques sont à l’intérieur de la physique. Si vous cherchez à extirper les maths de la physique – ce qu’exigent les néo-pédagols au nom d’une sorte de « saine vulgarisation » censée permettre aux élèves d’accéder à la substantifique moelle d’une physique débarrassée de sa technicité – vous la castrez.

    Le 5 septembre 2017 à 23 h 53 min, h comme à cheval a dit :
    Pour m’impliquer un peu (sans me compromettre) dans les « gloseries » de 12h49, 13h47, et suivantes, on constate souvent l’intérêt des mathématiques pour la physique en montrant comment un même concept mathématique intervient dans des domaines de physique parfois très éloignés les uns des autres, ce qui souligne « l’essence mathématique » de beaucoup d’idées physiques.
    Ce qui « amuse » bcp les mathématiciens c’est de voir comment les physiciens utilisent et transmettent des savoir-faire typiques, notamment dans la physique enseignée en premier cycle universitaire: par exemple dans l’utilisation d’arguments dimensionnels pour rétablir des paramètres posés égaux à 1 lors du calcul d’une expression, ou l’emploi d’arguments de symétrie pour déterminer la direction d’un champ vectoriel en un point, négligeant de préciser –car ce n’est pas leur affaire– que ces techniques reposent toutes sur la propriété des lois physiques d’être invariantes par rapport à un groupe de transformation.
    « …essayez donc de penser la notion physique de vitesse sans la notion de fonction, de taux de variation et de dérivée »… et inversement que les mathématiciens essayent donc de voir que derrière une analyse de Fourier des fonctions se cache la notion physique de filtrage, derrière une analyse “ à la Dirac” celle de réponse impulsionnelle et derrière une analyse “probabiliste” celle de corrélation…liste d’exemples non-exhaustive selon la formule consacrée.

    • Pauvre raclure, c’est toi qui n’a rien compris !
      « Les mathématiques sont à l’intérieur de la physique » (sic !)…tu parles d’une découverte ! Mes exemples du dernier paragraphe sont au contraire très explicites pour montrer les passerelles entre physique et mathématiques.

    • Lormier, t’es qu’une sous-merde nauséabonde.
      Je te pisse à la raie.

      I bâ biè fàra.
      Je laisse déjà ta suffisance trouver de quelle langue il s’agit sans même envisager que tu sois capable de la traduire.

  36. Voilà ce que c’est ! On leur fait faire de l’algèbre moderne et ils ne sont même plus capables de raisonner …

    Moi qui ne suis ni salarié ni en congés payés je vais vous donner une solution pratique.

    • J’espère bien que vous allez « remonter le niveau » ;
      d’habitude, je ne donne pas d’indications, mais je vais, par égard à l’âge des chercheurs ici présents, faire une exception:
      L’âne est un animal intelligent, il ne faut pas croire tout ce que raconte JPB !

      42 ‘ n’est pas la bonne réponse .

  37. Bon allez ! je vous donne la solution sinon on y est encore jusqu’à demain … l’arithmétique n’est pas mon fort aurait dit Monsieur Teste !

    – L’âne fait du 12 kms à l’heure, il parcourt donc 6 kms en une demi-heure.
    – La petite fille fait du 6 kms à l’heure, elle parcourt 6 kms en une heure.
    – Le petit garçon fait du 8 kms à l’heure, soit un tiers plus vite que la petite fille, il parcourt donc 6 kms en 40 minutes.

    La solution c’est selon le mode de transport choisi … entre 40 minutes et une heure si l’âne ne transporte personne ! Si le petit garçon ou la petite fille se font écraser sur la route il n’y a pas de solution … je vous parle en praticien de la marche pas en matheux !

    • « Le petit garçon fait du 8 kms à l’heure, soit un tiers plus vite que la petite fille, il parcourt donc 6 kms en 40 minutes. »…âne mais « savant » vous disais-je !

    • L’âne transporte !
      Que de précipitation!
      Je vous rappelle que c’est une énigme pour les vacances de la Toussaint que vous avez vous-même sollicitée par un habile commentaire.
      Le 23 octobre 2017 à 12 h 07 min, Pierre Driout a dit :
      Je vois que ce sont les vacances de la Toussaint jusqu’au 6 novembre ; si vous voulez des devoirs dirigés pour ne pas rester l’esprit en friche et le corps bayant aux corneilles

      • Mon âme d’antispéciste est révulsée à l’idée de faire trimer ce pauvre âne pendant 42 minutes, alors nos deux ânes bâtés du blog, Driout et Lormier glandent toute la journée sur leur banc du Boulevard Bourdon.

  38. On pouvait dire aussi que le garçon va un tiers moins vite que l’âne ; un tiers de 30 minutes font 10 minutes donc 40 minutes encore et c’est heureux que le résultat soit concordant !

    Vous savez quand j’étais à l’école Jules Ferry j’avais un instituteur blanchi sous le harnois et légèrement facétieux ; avant de nous lâcher pour les grandes vacances il nous avait posé un problème d’arithmétique long et compliqué dont je ne me souviens plus des termes mais je me souviens fort bien de la question finale : « Quel est l’âge du capitaine ? »

    Comme il n’était nullement question d’un capitaine dans l’énoncé la conclusion logique c’était : tous les problèmes n’ont pas de solution !

    •  » Le petit garçon fait du 8 kms à l’heure, soit un tiers plus vite que la petite fille, il parcourt donc 6 kms en 40 minutes. »
      « On pouvait dire aussi que le garçon va un tiers moins vite que l’âne ; un tiers de 30 minutes font 10 minutes donc 40 minutes encore et c’est heureux que le résultat soit concordant  »

      FABULEUX !

  39. Il y a deux énoncés de deux problèmes différents posés par abcmaths :
    – L’un ici
    – L’autre sur son blog

    Et visiblement il mélange les deux …

  40. L’ESPE et ses intervenants ont raison. Brighelli c’est trop compliqué à écrire.
    Je propose Briguéli ( Briguély trop littéraire ).

    • Félicitations, Offshore, c’est la bonne réponse: 9/14 heure exactement.
      (Pour Harvey #BalanceTonÂne, ce serait sympa de détailler la solution.)

  41. Oui on attend tous le détail avec intérêt !

    On n’a pas tous les jours l’occasion de faire hi-han sur Bonnet d’âne !

  42. M. Brighelli,

    J’appartiens au « vieux monde » et je signale encore les erreurs de mes élèves au stylo rouge …

  43. T’as tout faux. On ne dit pas « qu’ils croyent », on dit « qu’ils croivent ». Non, mais !

  44. Bonjour M. Brighelli,

    Je suis depuis un certain temps vos articles, non pas parce que je les trouve pertinents mais juste pour m’informer de ce que disent des personnes spécialistes en éducation comme vous. Je ne suis pas d’accord avec de nombreux textes, phrases que vous écrivez mais elles expriment néanmoins un point de vue.

    Par contre, les phrases de ces articles ressemblent de plus en plus à des sentences qui deviennent Vérité puisque écrites par vous ou une personne que vous soutenez, Mme Cagole. Et l’article de ce jour sur la grammaire déforme de nombreuses choses et en affirment d’autres complètement fausses.

    Je ne suis qu’enseignant du primaire en CM et je ne peux m’exprimer qu’à ce propos en toute connaissance de cause. A ce titre, je trouve vos formulations mensongères quand vous dites qu’on n’apprend rien à l’école primaire, qu’on ne fait pas de grammaire, qu’on ne fait que des dictées assurant une réussite de tous et qu’on accepte sans corriger des accords Sujet-verbe avec le -s au lieu du -ent.

    Pour en discuter avec beaucoup de collègues, participer à des échanges mais aussi travailler à l’amélioration des connaissances et compétences des élèves, je ne peux que regretter ces propos qui laissent croire que ce que vous dites existe dans une seule classe de France, ce qui ne peut être le cas.

    Il y a là une limite fondamentale de vos propos et arguments, le fait que vous vous basiez systématiquement sur le contenu de tel ou tel texte plus ou moins réglementaire et non sur la réalité du quotidien des classes. Je pense même qu’une venue dans ces classes vous permettrait peut être de voir les choses d’un autre oeil que celui de la polémique qui j’imagine apporte plus d’audience.

    En espérant pouvoir échanger à ce propos, cordialement.

    • Convenons que le Primaire est très varié, qu’il existe des instits qui font admirablement leur travail (je défends par ailleurs les manuels édités par mes amis du GRIP, tous instits, qui font un travail de titans) — et d’autres qui à vouloir être dans les clous d’inspecteurs primaires qui ne sont pas tous des aigles crucifient leurs élèves.
      Cagole — entendons-nous : c’est une sobriquet dont nous sommes convenus ensemble par auto-dérision — doit faire avec les élèves qu’on lui a donnés — et en 6ème, où elle officie, elle est à même de juger ce que le Primaire leur a appris.
      Et quand elle évalue ce que savent ses élèves…
      J’ai par ailleurs eu 5 enfants — cela en fait, des écoles et des instits. Quand j’ai entendu l’une d’entre elles expliquer que l’orthographe, ça n’avait aucune importance, parce que Word corrigerait leurs fautes, et que l’arithmétique était très secondaire, parce que les calculatrices se substitueraient à leur cerveau ; quand j’en vis cette année qui réintroduisent (en CM1) la notion de prédicat, alors que ses élèves avaient appris COD et COI l’année précédente ; quand je constate que les méthodes semi-globales sont très souvent un prétexte à partir global — que dois-je conclure ?
      C’est certainement le Primaire qui a été le plus touché par les réformes létales des trente dernières années : les salopards qui les ont initiées savaient ce qu’ils faisaient.
      Je suis donc bien conscient de ce que peut avoir de partiel l’analyse de Mlle Cagole — mais elle fait avec ce qu’on lui donne, et témoigne des efforts ininterrompus des enseignants d’ESPE pour diffuser encore des concepts aberrants et des pratiques délétères.
      Et je ne vous cache pas que je suis dans une colère noire.

      • Merci pour votre réponse.
        Je comprends votre point de vue mais à vous lire vous ne vous basez que sur quelques retours de votre entourage pour en faire des généralités. C’est cela qui est dommageable à l’ensemble des enseignants et que je déplore en lisant les commentaires ci-dessus.
        Je vais profiter de cette réponse pour exprimer quelques remarques sur vos explications :
        – concernant l’ESPE, je crois que personne n’est dupe sur l’absence de pratiques dans les concepts dont vous parlez et je peux vous assurer que 100 % des collègues que j’ai connu ou croisent me disent que cela ne leur a servi à rien. Or, sans formation, que font les enseignants ? Ce qu’ils ont vécu en tant que bon élève et donc ont plus tendance à reproduire des pratiques anciennes qui ne peuvent correspondre à la société actuelle ni aux défis de l’enseignement d’aujourd’hui
        – concernant la hiérarchie et les inspecteurs en particulier, je ne crois pas que des contraintes soient imposées pour des pratiques du fait de l’absence de possibilité de former à ces pratiques que vous dénoncez
        – concernant l’état de l’école, oui il y un problème : mais plus d’adaptation de comment on enseigne, comment on prend en charge l’hétérogénéité des élèves, comment on fait pour que nos élèves progressent malgré des contraintes temporelles , spatiales, matérielles, …
        – concernant le niveau des élèves et notamment en orthographe (cela répondra aussi à Gabrielus), il n’est pas possible d’enseigner les mêmes choses avec moins de temps et en pensant à faire progresser chacun au maximum. Ainsi, la répétition 2 h par jour d’exercices en français n’étant plus possible (et je le crois plus du tout souhaitable), c’est aux enseignants de mettre en place des pratiques différentes mais en s’appuyant sur des connaissances et donc des formations adaptées
        – à ce titre, votre dénigrement de l’enseignement du prédicat, qui supprime celui du COD est assez symptomatique. En effet, l’apprentissage du COD n’a pour but que l’accord du participe passé alors même qu’une règle très simple (analogue à celle permettant de trouver le sujet) vous assure la justesse de l’accord du PP quel que soit l’auxiliaire mais aussi dans le cas des participe utilisés comme adjectifs (il n’y a qu’une exception, l’adjectif antéposé qui ne se retrouve que rarement). Ainsi, pourquoi ne pas supprimer cet apprentissage à l’école primaire si les enseignants expliquent comment accorder le PP dans 99 % des cas. mes élèves de CM1, comprennent cette règle en 5 min, la maitrise facilement mais comme pour toutes les notions, ne l’auront intégrée qu’après plusieurs années de pratique. Or, peu de gens enseignent cette technique.
        – enfin, concernant Mme Cagole, je me permets juste d’ajouter que si elle est en ESPE comme elle l’indique et surtout qu’elle a un tuteur au fait de cette nouvelle forme d’enseignement que vous dénoncez, elle n’aurait pas commis l’énorme faute de confondre expansions du nom et compléments du nom ou bien elle aurait été reprise (et clouée au piloris) par son tuteur et aurait pu en faire 15 lignes de plus dans cet article.
        Cordialement

    • Bonjour M. Crémoux,

      on ne saurait vraiment s’en prendre aux instituteurs et institutrices, cependant le niveau de français que l’on observe en lycée – de la 2nde au BTS, témoigne clairement du manque d’exigence, de l’absence de notes, ce qui débute en primaire.
      Pour illustrer : je n’arrive à aucun changement chez mes élèves si je n’enlève pas de point pour certaines erreurs ; sinon ils continuent en pensant que ce n’est pas grave.
      On en arrive aussi à des copies dont on se demande si leur auteur est déficient, à cause de l’orthographe.

      • Retirer des points pour l’orthographe et la grammaire est très efficace chez les plus grands. Ma fille parsemait ses copies de fautes sans s’en préoccuper outre mesure (mention B au bac). Elle a passé une année universitaire à Québec où les profs sanctionnaient systématiquement les copies dépassant les 2/3/5 (je ne me rappelle plus exactement) fautes. Cela a été remarquablement efficace (et très utile pour son métier de chargée de communication).

  45. « Fesez bien attention à respecter les consignes », dit la formatrice.
    Pfff. À la place de Jennifer, j’aurais bien répondu du tac au tac « Et vous, fesez bien à ce que vous disez! » Non mais…

    • Le problème, c’est qu’on ne peut pas répliquer à ces gens-là tant qu’on n’est pas titulaire.
      Ce qui me désole c’est que des profs qui n’ont plus rien à craindre s’écrasent devant ces abrutis idéologues.

      • Je le sais bien. C’était juste un trait d’humour. Mais la passivité de certains de mes collègues (je travaille dans le primaire) me désole aussi.

  46. Le professeur Cagole pourrait-il confirmer : le bruit de la neige qui tombe doucement (image du second haïku) se dit « tchin tchin » en japonais !

  47. Ce qui est gravissime dans ce que raconte J Cagole n’est même pas que ce soit vrai (car ça l’est, et il faut vraiment n’avoir aucune expérience de terrain pour le dénier) mais que cela soit perçu comme juste, une sorte de bien pour un homme nouveau par ces criminels de l’esprit. C’est une idéologie pour qui le vrai ou le faux n’importe pas, comme toute idéologie. La réalité ne compte donc pas. Le « niveau » est un mot vide de sens. Mais une fois quittés ces écoles, collèges, lycées, une fois ratés les deux premiers mois d’université, une fois jetés à la poubelle les CV et autres mails au bout de trois fautes d’orthographe, on ne se contente plus de bien se marrer en cours, de copier-coller Wikipédia, de chercher sur Google les dates de la seconde guerre mondiale, on comprend qu’on s’est fait mettre par l’Education Nationale. Finis les savoirs de l’élève : c’est la galère, la très très grosse galère. Et là, pour se défendre, pour écrire une lettre qui tienne debout, construite, percutante, pour avoir du répondant, pour saisir le sous-entendu désagréable ou menaçant, pour réagir à temps en usant de la parole, propre de l’humaine nature, il n’y a plus personne pour défendre l’indéfendable comme lors des conseils de classe. Bonjour les petits boulots sous-payés, adieu les beaux rêves, bonjour les terrifiantes impostures des Trissotins odieux qui nous gouvernent depuis 40 ans. Je retourne chez les parents, j’ai pas un rond, mais qu’est-ce que je peux faire (veux, on oublie) ?
    J’ai un jour reçu des parents d’un élève qui venait d’une ZEP. Les parents le voulaient dans le privé et ont fait d’énormes sacrifices. Leur fils avait 17/20 de moyenne en français. A l’oral. Etrange précision. Le jeune (3ème) était fier; les parents, non francophones, ont décidé de donner toutes ses chances à leur adolescent. 17 de moyenne, dans le privé ça va être encore mieux, il pourra être médecin.
    Le jeune savait à peine écrire. L’oral butait sans cesse sur le manque de vocabulaire et le manque de syntaxe. La moyenne a chuté. Un gouffre s’est ouvert sous les pieds de tout le monde. Les parents ont voulu comprendre. J’ai tenté d’expliquer et ça n’a pas été bien long pour comprendre. Je me souviens du silence qui a suivi mes paroles. Les parents, le jeune ont eu un regard de révolte et de haine : « ils nous ont trompés » a dit le père et ils sont partis.
    J’ai enfin compris pourquoi on brûlait des écoles, des collèges, des lycées. Sinistres, après tout, de cet immense incendie, parties visibles, et minuscules.

      • Cher monsieur,

        Je profite de votre réponse, dont je vous remercie, pour vous en poser une, très naïve, mais je ne parviens pas à comprendre : comment se fait-il que ces gens là aient pu sévir et surtout, sévissent encore ? Car comme pour Jennifer (aura-t-elle/ n’aura-t-elle pas sa titularisation ?), comme pour ce jeune (le cas n’a rien d’unique) ils en viennent à décider de la vie des autres. Pourriez-vous me conseiller un livre ? A ce degré c’est pour moi de l’ordre du mystère. Je suis très sincère dans ma demande auprès de vous.
        Merci pour vos articles, qui réconfortent

        • Ma foi, les livres ne manquent pas — à commencer par les miens. Depuis la Fabrique du crétin, non seulement on n’a rien fait, mais ça a empiré. Depuis la loi Jospin (1989), et en fait bien avant, ce sont les « pédagogues » qui régentent l’Education nationale. Ils ont fait des lois pour eux, et ils occupent absolument tous les échelons — y compris dans les couloirs du ministère, et de son bras armé, la DGESCO. C’est un noyautage consciencieux et très efficace. Ils noyautent aussi les facs, où les « sciences de l’Education » ont asséché les créations de postes. Et ils se tiennent les coudes, parce que ce sont des minables qui n’existeraient pas par eux-mêmes, mais qui du coup chassent en meute.

Comments are closed.