Un quarteron de féministes en mal de mâles ou d’idées intelligentes, de sociologues en dérive et délire et d’intellectuels auto-proclamés, donc de gauche, a fini par demander la peau de Kamel Daoud, coupable d’avoir dit la vérité sur les viols à la chaîne commis dans toute l’Europe (et pas seulement à Cologne pour la Saint-Sylvestre) par des migrants orientaux ou des immigrés nord-africains des vérités d’évidence, mais qui contreviennent à la règle de silence imposée aux médias et à l’opinion par la mauvaise conscience occidentale.
Je dis « demander la peau » parce que clouer au pilori, sous ce prétexte, un écrivain vivant en Algérie, c’est le vouer aux gémonies des extrémistes qui pullulent dans ce joli pays, y compris dans les sphères gouvernementales, où les fondamentalistes qui hier décapitaient des moines à Tibérine et leurs concitoyens un peu partout partagent le pouvoir et les revenus du pays avec les militaires qui ont confisqué le pouvoir depuis trente ans afin d’arrondir leurs fins de mois et leurs comptes en Suisse. C’est d’autant plus infâme que les signataires de la tribune publiée par le Monde, en expiation de celle écrite par Kamel Daoud peu auparavant — comme si toutes les opinions se valaient et pouvaient se contrebalancer, une idée inscrite dans la loi Jospin de 1989 et dans le crâne des mauvais élèves — ne risquent rien, eux. Ils sont à l’abri en Occident — et même, ils donnent des gages aux tueurs qui sommeillent ici. Ils sont réfugiés derrière la muraille de leur bonne conscience. Sans doute apprécient-ils Jean-Louis Bianco et François Hollande, ces chantres infatigables de la laïcité aménagée, et ouverte. Au pire estiment-ils que ce n’était pas grave — « juste un doigt », hein…
Dès la mi-janvier, Elisabeth Lévy notait qu’à l’occasion des centaines de viols commis en Allemagne, en Suède (combien en France ?) ou en Egypte sur la personne de journalistes occidentales (et sur combien d’Egyptiennes non conformes ?), le « parti du déni » s’était surpassé. Que c’est en tentant de dissimuler la réalité que l’on nourrit les fantasmes — non en disant, comme Kamel Daoud, que la société algérienne est une société complètement malade de son hémisphère sud, si je puis dire, comme l’a souligné une longue et passionnante étude publiée dans le Monde diplomatique. Que « la répétition de mêmes scènes, de la place Tahrir au cœur de villes européennes, permet au moins de demander s’il n’y a pas un rapport entre ces déchainement pulsionnels et la vision que nombre d’hommes, dans les sociétés arabo-musulmanes, ont des femmes, et pire encore, des femmes infidèles. »Et que la politique d’Angela Merkel en a pris un vieux coup dans l’aile.

Tâchons d’être clair.
Toute personne qui impose aux femmes un vêtement — le voile, par exemple — ou une mutilation — excision ou infibulation, des pratiques fort répandues dans nombre de sociétés musulmanes, de l’Egypte au Nigeria et à l’Indonésie  — sous prétexte de les améliorer / camoufler / soustraire à la concupiscence, est un malade qu’il faut soigner par les moyens les plus énergiques. Ce n’est pas une question d’opinion : c’est un problème constitutionnel. Et toute personne appuyant ces malades doit être inculpée, très vite, de non-assistance à personne en danger. Passons sur le fait que Kamel Daoud a dans son petit doigt plus de talent que tous ces signataires de la bonne conscience dans toute leur personne. Mais ce qu’il dit est vérité d’évidence : y voir le reflet de fantasmes coloniaux (ah, l’arabe violeur et le nègre cannibale — sans doute n’y avait-il pas, n’y a-t-il jamais eu de cannibales en Afrique) marque encore une fois le totalitarisme mou des démocraties moribondes, via l’expression politiquement correcte de la Lingua Quarti Imperii, comme dirait un Klemperer moderne, qui marque l’irruption du fascisme des larves dans notre République.
Parce que les lieux communs ne sont pas sous la plume de Kamel Daoud. Ils sont dans l’aveuglement des bonnes consciences, qui croient que tous les hommes se ressemblent et partagent les mêmes idéaux, alors que les préjugés plombent l’esprit critique de ces civilisations venues du chaud. N’y aurait-il plus de bon musulman qu’un musulman athée ?
Non que j’ignore que si la République ne reconnaît et ne subventionne aucun culte, elle est garante du droit de croire ce que l’on veut. Mais l’islam fondamentaliste n’est plus une religion : c’est une machine de guerre. Et le viol de masse est l’un des moyens de cette guerre.
Comme il le fut de tous temps et partout, des Croisades aux guerres africaines d’aujourd’hui en passant par les Américains de la Seconde guerre mondiale — on évalue à deux millions le nombre d’Allemandes violées par l’Armée rouge, quelques dizaines de milliers pour les Gi’s et leurs Alliés, Français compris. Le Viol est le repos du guerrier. C’est la loi de la guerre, qui est l’espace de la non-loi.
Et justement, c’est bien d’une guerre qu’il s’agit, comme le disait si bien Umberto Eco — pas d’une question religieuse. C’est d’une armée qu’il s’agit — pas de « fidèles ». Et comme d’habitude les femmes paient le tribut le plus lourd et le plus immédiat.
Qu’un homme — musulman de surcroît — ait le culot de le dire affole les bonnes consciences repues de ce côté de la Méditerranée — et doit à cette heure inciter à aiguiser les couteaux de l’autre côté. Quand ils l’auront tué, il se trouvera bien quelques belles âmes pour s’en émouvoir, nous prêcher quand même le « padamalgam » habituel et quelques autres qui penseront, comme pour Charlie, qu’il l’a « bien cherché ».
En attendant, Daoud s’est mis en semi-abstinence journalistique — il continuera ses chroniques au Point et c’est tout. Victoire des intégristes de la pensée molle et de la reddition annoncée.
Qui ne voit que la peur de la récupération de Cologne par l’extrême-droite sert en fait à cautionner cette autre extrême-droite qu’est l’extrémisme religieux ? En vérité je le dis aux 19 imbéciles signataires de l’article du Monde qui croient que fustiger Kamel Daoud refourbira leur aura : dans un an et des poussières, quelques millions de français voteront contre vos illusions — et vous balaieront. Et je ne pleurerai pas sur vos dépouilles. Comme vous diriez vous-mêmes : « Vous l’aurez bien cherché. »

Jean-Paul Brighelli

PS. Jacques Julliard écrit des choses très justes sur l’affaire Daoud dans le dernier numéro de Marianne du 26 février, notant qu' » à la lâcheté ordinaire s’ajoute quelque chose qui s’apparente à la dénonciation. » Ben oui.

127 commentaires

  1. Si nous, les femmes, n’approuvons pas des deux mains votre article de soutien à Kamel Daoud, alors qui ?

    • Il paraît que ce proverbe vient de l’aventure qui survint à Pierre Richelet (1632-1698) auteur d’un dictionnaire publié vers 1680 dans lequel il disait que « les Normands seraient les plus méchantes gens du monde s’il n’y avait de Dauphinois » ! Il aurait été chassé à coups de canne après un souper qu’il fit à Grenoble … comme quoi être lexicographe c’est parfois un métier mal-sonnant et trébuchant.

  2. Je suis bien aise de constater que cette tribune contre Daoud des 19 signataires (leurs noms d’ailleurs inclinent à relativiser la légitimité de la charge) dont j’ai parlé hier et dont j’avais ce matin souligné le parallèle dans l’aliénation féminine avec le scénario de la scène de viol de #ViolCoralie dans la série « franco-marseillaise », j’insiste, « Plus belle la vie » inspire aujourd’hui ceux qui ce matin encore me vouaient aux gémonies, mais passons, j’ai sûrement aussi ma part de responsabilité dans cette animosité aussi aveugle que stérile.
    Bref, voici un lien ancien qui expliquait déjà clairement comment sont normalisées dans les voisinages des grandes villes les relations garçons/filles chez les jeunes musulmans:
    http://www.atlantico.fr/decryptage/violences-frustrations-puritanisme-enorme-tabou-sexualite-dans-banlieues-maria-marc-hatzfeld-509515.html
    où cette relation au corps de la femme génère encore de sacro-saints débats si j’ose dire.
    Maintenant je trouve dommage que Daoud décide de se mettre en retrait de cette polémique à l’instar d’un Onfray préférant se retirer sous leurs yourtes plutôt que d’affronter les Erinyes.
    Le bon côté c’est qu’il va encore s’améliorer en littérature pour notre plus grand plaisir.

  3. Les raisons de l’islamophilie de ha gauche sont multiples :
    – créer ‘l’homme nouveau’ par l’émigration, i.e. modifier notre société par l’émigration massive.
    – fidéliser les électeurs musulmans, un grand nombre votant à gauche et suivant leurs intérêts, les électeurs originairement musulmans ne les intéressent pas, ceux-ci vont plutôt vers le FN.
    etc.

  4. « Et justement, c’est bien d’une guerre qu’il s’agit, comme le disait si bien Umberto Eco — pas d’une question religieuse. C’est d’une armée qu’il s’agit — pas de « fidèles ». Et comme d’habitude les femmes paient le tribut le plus lourd et le plus immédiat. »

    Ah bon ?

    Transmis aux 60 000 soldats français morts pendant la campagne de France de 1940 : les quelques viols qui auront pu être commis par la Wehrmacht étaient infiniment plus graves que de vous faire la peau.

    Transmis de même aux 7 000 morts du corps expéditionnaire français de la campagne d’Italie de 1943 : les viols commis par les goumiers après la percée du Mont-Cassin, moins de 1 200 selon le gouvernement italien, étaient infiniment plus graves que de vous faire la peau pour retarder la libération de Rome.

    On pourrait d’ailleurs ajouter à ces 7 000 soldats morts (et dont tout le monde se fout, manifestement) les partisans italiens qui n’auront pas été chopés par les Allemands, parce que grâce à eux (et sans bombarder l’abbaye) Rome aura été libérée un peu plus tôt.

    Comme quoi le politiquement correct s’impose partout…

    Quant à mettre sur le même plan les 2 millions de viols de l’armée rouge et les quelques viols des armées alliées, ceux-ci régulièrement poursuivi par les tribunaux militaires de leurs pays voire punis de mort par les officiers, mieux vaut en rire.

    En particulier pour la France en Italie, de Gaulle étant furax devant le désastre prévisible :

    http://www.telegraph.co.uk/news/uknews/prince-harry/10839040/Prince-Harry-commemorates-sacrifice-of-Polish-soldiers-who-captured-Monte-Cassino.html

    pour l’histoire militaire de la France, non représentée en 2013 comme vous pouvez le constater, et ayant donc réclamé avec toute l’énergie qui s’imposait que bon ordre soit mis.

    L’occident n’a pas « mauvaise conscience », ou à avoir mauvaise conscience : il y a seulement un quarteron de vieux cons qui s’est mis en tête que ses parents étaient monstrueux, et qui ne veut sous aucun prétexte en démordre.

    D’où des contorsions assez amusantes pour ceux qui tentent malgré tout de ne pas céder sur tout.

  5. Je sais de source sûre que de nombreux algérois ont allumé un cierge pour Kamel Daoud à Notre dame d’Afrique.

    Il reste donc de l’espoir.

  6. Mes bien chers frères de BdA, allons nous gargariser avec l’eau du bénitier arabo-musulman de la mosquée du coin avant d’entamer notre plain-chant en tant qu’enfants de choeur homologués de N.D. de la Garde et dédions nos monodies à Sainte Monique (qui rit quand on la n…e) dont l’âme est restée à Tagasthe sur la rive d’en face, afin qu’elle protège Kamel de toutes ces furies hyperburquées.
    Ça devrait marcher !

  7. Histoire d’énerver l’élève Dugong – peut mieux faire – et le maître Périco Légasse – sauveur du vrai bio agricole qui fait salon – on apprend la mort de Claude Parent auteur de « Le Déclin. Cuit et archi cuit, l’architecture » ; ceci n’ayant rien à voir avec la cuisine minute …

  8. Chers amis,

    soyez rassurés et apaisés : cette semaine, c’est celle de la tolérance et du respect dans les collèges de France & de Navarre.
    Nul doute que nos petits élèves tirent un profit maximum des actions de tout poil diligentées par leurs braves enseignants, avant d’aller régler leurs compte derrière l’église, comme avant.
    L’EN c’est devenu un violon, que dis-je, une contrebasse, dans lequel on pisse sans retenue ni pudeur.
    Autant se torcher avec un oison bien duveteux, comme disait l’autre!
    Té, une envie de relire Frison-Roche, comme ça…

  9. Il faut appeler un chat…un chat: les Torquemada de la bien-pensance de gauche qui ont délivré une excommunication à l’égard de Kamel Daoud se sont livrés à une véritable « ratonnade » et à une dénonciation digne des concierges pétainistes les plus convaincus.
    Le nazisme a eu ses collaborateurs, les stalinisme a eu ses idiots utiles (aimablement requalifiés « compagnons de route), l’islamisme a ses collabobos.
    Des misérables à l’attitude aussi ignoble qu’un Céline ou un Brasillach, le talent en moins.

  10. Veni Vidi, Vichy comme me le répète mon concierge pétainiste convaincu de sobriété. Et maintenant à table ! Je ne reviendrai ce soir à la demande générale qu’après avoir fait corps, tel Oblomov, avec mon siège d’amphi pendant quatre heures parce que je ne suis pas en vacances, moi !

  11. Le pire c’est que les signataires de ce torchon sont de complets inconnus même pour qui s’intéresse aux sciences sociales. Ils cherchent une notoriété de pacotille à bon compte. Pourquoi faut- il que tous les pseudo-sociologues soient islamo-gauchistes c’est-à-dire cons?

  12. « Pourquoi faut- il que tous les pseudo-sociologues soient islamo-gauchistes c’est-à-dire cons? »

    Parce qu’ils sont sociologues et qu’ils ne cherchent dans la réalité que des preuves de leur idéologie préalable. Je ne les apprécie pas beaucoup, je dois dire et encore moins qu’avant pour avoir commis ce papier infâme. Au passage, on remercie Brighelli de ce billet et des liens intéressants qu’il nous donne. J’ai bien aimé les propos tenus sur le fait qu’il y a un travail à faire auprès des réfugiés sur nos valeurs et que donner des papiers ne suffit pas.

  13. Je viens de finir un petit/ grand roman italien qui est sorti il y a déjà trois ans, mais bon, mieux vaut le découvrir tard que jamais qui s’intitule « Mandami tanta vita » d’un certain Paolo di Paolo sur Piero Gobetti et les années du premier fascisme. Bien écrit, subtile, sensible, avec une magnifique dernière page. Juste une référence pour essayer de contrer toutes les grossièretés ambiantes du blog et d’ailleurs…

  14. Le Monde mérite un prix intergalactique de la bienpensance degôche.
    Être demeuré à ce point, c’est hors norme.
    Qu’est-ce qui est plus con qu’un socialiste ?

  15. Je trouve étonnant qu’on mette à l’honneur aux César ou dans cet article des femmes qui sont surtout remarquables par leur inculture et leurs méchants préjugés de tous ordres !

    Si l’islam est une peste elles en sont le vecteur le plus sûr ! Autour d’un thé à la menthe leur conversation tourne autour de médisances sur les uns et les autres …

    • L’ignorance n’est pas une des vertus cardinales contrairement aux présupposés des religieux et des sociologues !
      Non ! les peuples ignorants et bavards ne sont pas le sel de la terre …

  16. Une pensée émue à ma délicieuse voisine, Emilienne, 90 ans aux prunes, femme d’émigré espagnol orphelin arrivé en France à 10 ans en 1936, survivant seule avec une retraite de 770€ mensuels nets, que j’avais aidée à monter un dossier de demande de subvention pour renouveler sa chaudière antique (15 mois de paperasses auprès de l’ANAH), actuellement hospitalisée après une méchante fracture du col du fémur. J’irai la voir dimanche. Si elle disparaissait, elle me manquerait. En quelque sorte, elle française, mais elle n’appartient plus à la France.
    Go Emilienne, Go!

  17. « Il ne faut pas croire il faut savoir » disait mon grand-père qui avait accédé à l’âge d’homme avant 14/18.
    La démocratie américaine fait jurer ses élus sur la Bible généralement pour preuve de leur bonne fois je suppose !

    « Le ralliement, à 48 heures du « Super Tuesday », de Mme Tulsi Gabbard, jeune étoile montante et vice-présidente démissionnaire du Parti démocrate, est un coup de maître pour Bernie Sanders. Pour elle également : parlementaire représentant Hawaï, très charismatique et mentalement structurée, âgée de 34 ans, Gabbard incarne la jeune génération. Elle est la première parlementaire américaine de religion hindoue, ayant prêté serment sur le Bhagavad-Gita lors de son intronisation. Six mille ans de tradition védique au service de l’Empire de la Raison… »

    D’une part je ne crois pas que faire jurer soit la preuve de quoi que ce soit pas plus que la torture n’apporte la preuve de la véracité des aveux (cf « Le Roman de la Rose » d’Umberto Eco ou encore l’ordalie).
    D’autre part le préjugé d’une sagesse supérieure contenue dans des livres dont le seul crédit qu’ils apportent au monde réside dans leur ancienneté me paraît une raison assez limitée (dans le temps et l’action) !
    Je ne sache pas que les secrets de la nature soient contenus dans la Bible, la Torah, le Coran et le Bhagavad-Gita ni même le secret de la nature humaine.
    A la rigueur la recette d’une vie en société … société dont l’état civilisationnel est tout relatif.

  18. M. François Hollande – pour prendre un exemple parmi ces minus habens de la politique française – croyait savoir en avril-mai 2012 que la croissance allait revenir d’ici 2017 ! Je suppose qu’il s’agit d’une vague réminiscence d’un cours suivi à HEC ou à l’Ena sur les cycles de croissance …

    M. François Hollande aurait mieux fait de suivre le conseil du Maréchal Pétain corrigeant ainsi le discours de Pierre Laval qu’il voulait prononcer à la radio « Je crois en la victoire de l’Allemagne » ; « Vous n’êtes pas militaire, vous n’en savez rien, dites alors je souhaite la victoire de l’Allemagne » …

    Les vœux pieux du candidat Hollande ne m’intéressent pas plus que les vœux pieux des futurs candidats de 2017 ! Pas plus qu’ils ne jurent sur leur première érection !

  19. On peut contrer avec des petits coups de patte « les grossièretés ambiantes du blog » (encore faudrait-il avoir l’honnêteté et le courage de les désigner), on peut aussi contrer les paroles grises et monotones de celles et ceux qui sèment ici et là leurs petites aigreurs qui n’alimentent en rien le sujet du billet pourtant si instructif à disséquer, à analyser de mille façons possibles, avec humour ou gravité. Au lieu de ça on clapote, on clapote entre intellectuels parait-il.
    Enfin, c’est quand même gentil d’être passé(e) nous voir, comme ça on se sent moins seul à écrire des bêtises.

  20. La vulgarité est question culturelle, de même que la préciosité !

    Je ne vois pas comment on peut éliminer l’une ou l’autre sans éliminer alors toute forme d’art ! Au profit de quoi ? D’un langage normé administratif ! D’une novlangue et d’un monde à la Orwell.

    Les chairs abondantes de Rubens sont-elles lourdes et vulgaires ou suggestives ? Vous préférez les figures émaciées et les corps diaphanes de Modigliani ? Des sacs d’os qu’on transforme en or par la grâce des marchands d’art.

    • Freud scandalisait parce qu’il nommait le plaisir sexuel et son origine ; et qu’il ne voilait pas de gazes les organes de la reproduction et les zones érogènes associées.

      En 1920 le clinique sexuelle de Berlin fondée par Magnus Hirschfeld et la Psychopathia Sexualis de Krafft-Ebing choquaient les âmes prudes : Hitler par exemple !

      Plutôt qu’un institut du monde arabe sur les bords de Seine on aurait été mieux inspiré de fonder un institut des maladies mentales propagées par le Coran !

  21. Je n’ai jamais pensé que le langage administratif était un langage distingué ! C’est un peu comme si l’on disait que péter dans la soie rendait plus nobles les flatulences nocturnes …

    N’avez-vous jamais entendu parler des petits fonctionnaires de la terreur ? Un bourreau n’est jamais qu’un fonctionnaire d’état.

    Je crois qu’il est sain de faire parler le corps avec son langage propre. Et que l’art est un des vecteurs par lequel le corps parle. Mais tout autant les blagues salaces … il faut l’un et l’autre pour qu’une société respire un air sain.

  22. Je ne peux que souscrire complètement au billet de Jean-Paul Brighelli. Il faudrait dresser une contre-liste à la Lindenberg de ces sociologues et historiens qui crient haro sur le baudet Kamel Daoud. C’est indigne, mais pas étonnant. Il y a bien longtemps que la sociologie française est aux mains des idéologues sous-bourdivins qui l’ont prise en otage. Il suffit de rappeler la sortie d’Edouard Louis et consorts contre Marcel Gauchet, les attaques d’Eric Fassin contre Henri Lagrange en l’accusant d’avoir une approche culturaliste, car selon Fassin la culture ça n’existe pas (sic!). Un grand sociologue comme Raymond Aron avait en son temps mis le pied à l’étrier à Pierre Bourdieu. Eh oui, ces grands libéraux d’autrefois étaient ouverts à des pensées différentes des leurs. On voit comment la sociologie de l’autre (comme on parle du parti de l’autre) lui a rendu la monnaie de sa pièce. En quelques années, la sociologie bourdieusienne et ses avatars ont investi tous les champs universitaires (finalement en application de leurs propres théories): On envahit le champ jusqu’à étouffer toute approche non conforme à la vulgate islamo-gauchiste.Essayez de vous faire élire sur un poste de sociologie à l’université si vous vous réclamez de l’héritage de Raymond Aron, Raymond Boudon ou de Marcel Gauchet! Le totalitarisme de la pensée est bien installé à l’université.
    Daniel Azuélos, professeur émérite des universités

  23. http://www.liberation.fr/debats/2016/02/28/au-nom-de-kamel-daoud_1436364

    C’est très bien ce qu’elle dit, mais de quelle civilisation musulmane où s’amorcerait une révolution religieuse parle-t-elle ?
    Quand on a constaté que leurs printemps arabes étaient des fiascos, comment reporter ses espoirs sur une révolution religieuse musulmane ? Non mais où elle va là Fawzia ? Avec des propos de Dieu rapportés par un divin chamelier qui sont totalement exécutoires, comment exiger de cette religion qu’elle interprète son Texte ?
    Allez, à demain mes petits agneaux tremblants de frousse un soir d’Aïd, j’ai à faire, !

    • Le président égyptien Al-Sissi estime qu’il faut « révolutionner l’islam »…

  24. « Les éditeurs scolaires vont boire le bouillon
    Les manuels scolaires se préparent aux « nouveaux programmes » et à la réforme du collège. Et si on n’en achetait pas, tout simplement ? » suggère Brighelli.
    PAR JEAN-PAUL BRIGHELLI
    Publié le 29/02/2016 à 06:13 | Le Point.fr

    Excellente idée. J’espère qu’ils seront nombreux dans les collèges à refuser ces achats.

  25. Oui, et en plus même si les manuels sont choisis par des collègues imbéciles pro-réforme, personne n’oblige les profs contre la réforme à les utiliser. D’ailleurs les éditeurs ont des soucis à se faire dans les années qui viennent car il y a déjà de nombreux bahuts qui se demandent encore s’il faut investir dans des manuels. Position que j’ai pour ma part toujours contrée mais quand je vois que d’année en année, les élèves n’ouvrent pas leur manuel de français, mais alors pas une seule fois en dehors des cours, je me dis que, ma foi…Et puis il faut évaluer l’utilisation qui est faite des manuels dans chaque matière. Il est vrai qu’en français, on est habitué depuis longtemps à faire nos cours à partir d’autres choses, à la différence des profs de langues, d’après ce qu’ils me disent. Bref, il serait intéressant de voir l’impact réel de ces manuels dans l’apprentissage au collège et au lycée. Je ne suis pas sûre qu’ils soient si importants que cela. Du coup, réforme ou pas… Peut-être pour les très jeunes profs qui débutent, y-a-t-il de l’enjeu?

  26. La question du manuel est un marronier. Combien de fois avons-nous entendu, de la bouche de ces chers IEN, que le manuel c’était le MAL? Les mêmes qui les cosignent…et qui les fabriquent, ces livres, si ce n’est des profs?
    Perso: ils sont imposés, payés par nos impôts, alors je les utilise, et ce d’autant plus que, comme le disait Sanseverina, les gosses ne les ouvrent pas – ou très peu- chez eux. L’occasion de faire lire, d’analyser des docs, d’inculquer le b-a-ba: dans un livre, il y a un sommaire, des chapitres, des textes, des images ( de moins en moins de texte), des questions…
    Si les nouveaux manuels sont bidons, je ne les choisirai pas; a voir…

  27. En parlant d’éditeurs, JP Brighelli, vous venez bientôt sur mes terres… Je serais bien venu assister à votre réunion autour de votre dernier ouvrage, mais non, c’est au-dessus de mes forces ! Il y a des empêchements esthétiques (l’affiche est hideuse, comme tout ce qui vient de cette municipalité), syntaxiques (« Le prof est pas… »), lexicaux (« Le prof… ») et enfin, moraux (Ménard).
    Vous serez certainement à l’aise au milieu de tout cela, encore que cela me laisse pantois. Mais il y a des impératifs éditoriaux, je suppose. Bref, bon courage. Si je vous vois dans la rue, sur les Allées, je ne manquerai pas de vous saluer. C’est tout ce que je peux faire en l’état.

    • Alors autant donner le lien de l’affiche Charbonnel:
      http://www.ville-beziers.fr/culture-loisirs/agenda/beziers-libere-la-parole-jean-paul-brighelli
      Ça fait un peu film années 80 genre ‘ Die Hard Discount’ ou ‘Terminus Béziers, on descend tout le monde !’
      Le mieux c’est la chemisette, moi, je pensais qu’à ce niveau, l’EN c’était la sape de luxe, le défilé de mode à toute heure, le clinquant effréné des boutons de manchette, la lourde gourmette injustifiée. Gross dezepzion !

      • La pureté syntaxique n’est pas respectée ; l’allure vestimentaire est méridionale pour employer un euphémisme ; maintenant qui a commencé le premier le look débraillé et le style approximatif ? Gainsbourg ou Brighelli, Danny le rouge ou Finkielkraut ? ; les manifs de profs ou celles des métallos de Lorraine ? Au moins les ouvriers de la métallurgie venaient en bleu de chauffe quand les profs étaient déjà émancipés de leurs blouses de travail !

        Le grand style ou l’efficacité ? Tout le problème est là !

    • J’en serai dans tous les cas très honoré, comme disait Balzac.
      Et le Saint.

  28. Ah! Les grandes consciences ! Celles qui plient devant les fautes de goût et ont l’odorat délicat, « …mais qui n’ont pas de mains ».

  29. Tous profs ! tous profs ! clamaient-ils … on a vu ce que cela a donné ! Unité de l’enseignement public, pour un grand service unifié de l’éducation nationale … ah ! quel mal nous ont fait les slogans réducteurs !

    • Quand j’étais jeune je lisais Pearl Buck ; la condition féminine de la jeune fille aux pieds bandés dans la Chine ancienne n’était guère enviable ; la rencontre avec l’Occident les libéra de cette sujétion.

      L’excès inverse c’est d’abandonner toute recherche dans la mise … la jeune fille en chiffons comme j’en rencontre dans le métro avec les jeans troués aux genoux est-elle si libérée que cela ?

      • Le souci de soi … c’est essayer de s’élever au-dessus de sa condition naturelle, c’est de s’instituer dans un certain ordre moral et physique.
        La mode oui comme recherche mais pas comme abandon à tous les vents. Le vent épique de la libération des corps pour se hausser pas pour se délaisser.

        • « Le souci de soi … c’est essayer de s’élever au-dessus de sa condition naturelle », ça y est, il est pas encore 11 heures et Driout déjà comme un fakir en lévitation.

          • « Le souci de soi » c’est un titre de Michel Foucault ! Je croyais que ma petite allusion serait entendue ici par tout le monde.

            Explication de texte :
            C’est une ironie en fait ; car Michel Foucault a été un grand déconstructeur de morales et de lois devant l’éternel (l’ordre occidental qu’il reniait au profit … des ayatollahs iraniens style Khomeiny).

  30. A Béziers, remballe ton argenterie et ta gourmette et mange ton kébab avec les mains. Voilà un impératif catégorique que Kant n’aurait pas renié, uhuhu !

  31. Saviez-vous que pendant longtemps Michel Foucault a été l’intellectuel français le plus influent dans les universités américaines ?
    Mais … une fois qu’on a bien tout déconstruit qu’est-ce qu’on fait ? On remonte le lego …

  32. Je ne suis guère en lévitation ; à 7h30 ce matin j’étais à quatre pattes en train d’essuyer le vomi et la merde de la petite chienne qu’on m’a confiée pendant les vacances !

    Juste une illusion … la propreté philosophique !

  33. En vérité, je vous le dis, nous verrons bientôt apparaître un écologisme islamiste radical.

    Les ablutions rituelles se feront avec du sable pour économiser l’eau et les déjections des roquets de BdA seront valorisées pour dresser des minarets en torchis.

  34. Je vous trouve infâmes avec un collègue qui continue de défendre l’école, les profs et tout ce bazar. Et c’est d’autant plus louable dans des villes difficiles. Il mérite plutôt notre soutien, sans gourmette of course, la gourmette étant l’accessoire au mieux du beauf. vaguement VRP au pire du proxénète. Comment même peut-on penser à un objet aussi sordide ? Cela en dit long.
    Et de votre part, Charbonnel … je vous voyais plus gentleman. Il est vrai que vous vous abaissez à nourrir le troll et discuter avec lui. Donc…

  35. Si j’osais, cher JPB, je vous inviterais à ouvrir un blogue copié-collé de celui-ci sur Médiapart.

    Vu comment ça vocifère quand on ose y écrire votre seul nom dasn un commentaire (ou pire citer certain passage de la Fabrique du Crétin sur l’abandon des élèves par la drauche pédagogiste, il y aurait le feu dans la baraque !

  36. Ouh la la quelle histoire ! L’immonde affiche dans laquelle le mauvais goût le dispute au grotesque n’engage pas les choix esthétiques de Brighelli, tout le monde l’aura compris. La posture du personnage m’a fait penser à des films du genre un justicier dans le bidonville, où j’imaginais un Chuck Norris chargé de joaillerie effrénée. Mes neurones étaient peut-être en déroute ce matin et je ne maîtrise pas toujours les touches glissantes de mon clavier. Tous les commentaires sont sans doute porteurs de révélation de leurs prescripteurs mais cela ne dépend pas d’eux qu’ils n’atteignent pas les hommes qui s’y exposent.
    Je présente mes plus humbles excuses à JPB.

    • Ah bon ! Vous savez vous excuser ? Je n’aurais pas cru, vu le tas d’immondices que vous m’avez adressées sans sourciller Ah,oui, forcément, le roquet se couche devant le maître. Décidément, vous êtes encore plus vil que je ne croyais. Berk, berk !

      • Ma chère, je ne pense pas que vous sortiez grandie de votre commentaire, mais cela vous regarde. Oui, je présente mes excuses lorsque j’ai pu blesser quelqu’un, cela m’arrive. Et effectivement, je sais où est ma place dans ce blog, au plus celle d’un commensal mais qui a encore une longue vie devant lui pour prétendre un jour dépasser le maître.
        BàV.

  37. Il fait fort, l’Imbroglio :

    « Interrogé par ailleurs sur la question de la laïcité en France, Jorge Bergoglio lance à l’adresse des Français : « Votre laïcité est incomplète. La France doit devenir un pays plus laïc ». Car, d’après lui, notre laïcité « résulte parfois trop de la philosophie des Lumières, pour laquelle les religions étaient une sous-culture. Et la France n’a pas encore réussi à dépasser cet héritage ».
    Le concept de laïcité introduit dans la démocratie française est « sain », a insisté le pape, car, « de nos jours, un Etat se doit d’être laïc ». Mais « une laïcité saine comprend une ouverture à toutes les formes de transcendance, selon les différentes traditions religieuses et philosophiques. La recherche de la transcendance n’est pas seulement un fait, mais un droit » »

    Le véganisme créationniste, l’albinosisme * animiste ou le pastafarisme épicurien, est-ce transcendant ?

    * voir http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/malawi-une-foule-brule-sept-personnes-soupconnees-de-sorcellerie_1769344.html

  38. Sanseverina, je n’ai rien jeté aux chiens (citation…), j’ai juste souligné un fait. Je vous mets au défi, vous que je sais élégante de style et de pensée, de vivre ici, d’une part en raison d’un profil de population très particulier et, maintenant, en raison de la pauvreté intellectuelle des gens qui la dirigent (à la grande joie des commerçants du centre ville !). Ménard est certes intelligent, mais il laisse la ville en pâture au Front national dans le domaine culturel. Je ne sais si on peut voir sur le Net le bulletin bi-mensuel de la ville, en tout cas vous constateriez combien tout cela est hideux tant dans la forme que dans le contenu.

  39. J’ajoute que je n’avais pas vu hervé comme un troll, mais je ne lis pas tout ici. Je réagis au coup par coup.

  40. En effet, Dugong, il fait fort le pape… Pas brillant, brillant.Comme si on avait en plus besoin de ce son de cloche 🙂 pour s’occuper de notre laïcité. Enfin, de l’héritage des Lumières, la hiérarchie catholique aura au moins retenu le libertinage …

    • Comme quoi ils ont des lectures…
      Ah, feuilleter l’Enfer de la bibliothèque vaticane…

  41. En plus il faut du temps pour être libertin, et du temps ils en ont les bougres !

    • La supériorité définitive du dieu pastafarien sur les autres réside dans sa grande variété de formes issues du four et du moulin : de la lasagne au farfallone en passant par le macaroni, autant de manifestations topologiques patentes de sa ductilité unique.

      De la sixième à la terminale, un créneau horaire réservé à son Enseignement permettrait de sortir enfin de l’hérésie des colliers de nouilles offerts chaque année aux mamans consternées.

  42. Les bougres, les bougres, comme vous y allez ! Pourquoi pas sodomites, tant qu’on y est ?

  43. Ceci dit, le culte pastafarien n’est pas à l’abri des dérives.

    Témoin, la secte parmesane Barilla dont l’histoire n’est pas sans rappeler celle de la compagnie de Jésus :

    http://www.lefigaro.fr/societes/2013/06/08/20005-20130608ARTFIG00345-mcdonald-s-met-desormais-des-pates-dans-ses-menus.php

    Car, en vérité, je vous le dis : si on peut à loisir glorifier la multiplicité infinie des formes que prend le dieu pastafarien, on ne saurait faire louvoyer le concept de l’al dente lors de la sainte communion.

  44. Autre exemple de dérive sectaire : les multiples dérives pédagogistes du freinetisme :

    http://www.cahiers-pedagogiques.com/C-est-d-apprendre-qui-est-sacre

    « les élèves apprennent en cherchant. «  On tâtonne gomme en main.  » Ainsi, les réponses qu’ils obtiennent, par leurs recherches ou l’intervention du maître, le sont au regard de questions qu’ils se posent. On évite ainsi la terrible impasse des élèves : obtenir des réponses à des questions qu’ils ne se posent pas. »

    L’acte de foi qui exalte la Question torture le pauvre esprit troublé de notre brave Connac. Un élève, placé devant des conducteurs ohmiques, se demandant s’ils seraient meilleurs cuits à l’eau, améliore forcément ses connaissances en électricité.

    Par nature et par définition.

    Amen le plat.

  45. Un paysagiste qui travaille pour un grand groupe de BTP a présenté son projet à la presse : raser le palais de l’Elysée et planter un gland à la place ; un journaliste présent a fait remarquer que cela faisait redondance avec les élections présidentielles !

  46. « De la sixième à la terminale, un créneau horaire réservé à son Enseignement permettrait de sortir enfin de l’hérésie des colliers de nouilles offerts chaque année aux mamans consternées. »

    Remarquez, étant donné ce que j’ai entendu en TPE aujourd’hui, je me dis qu’on ferait mieux de leur apprendre à faire des pâtes fraîches, un risotto ou une caponata, parce que les copiés-collés même pas maîtrisés qui constituent leurs dossiers sont vraiment très très indigestes.

    • Effectivement, les TPE sont de plus en plus vides mais avec une enveloppe de plus en plus enflée.

      Témoin, cette « production » maltraitant vaguement l’énergie hydraulique où deux bécasses jouent avec beaucoup de conviction l’une à la journaleuse (look à la Marie Drucker) et l’autre à la rechercheuse scientifoïde (look blouse blanche et lunettes d’écaille).

      Il faut avoir beaucoup de métier pour ne pas partir en fou rire.

    • Euh ! Mais qui a rédigé ce tract ? Un illettré ?

      « Venez nombreux au dîner débat sur l’éducation Nationale avec Nathalie FERRAND, directrice d’école qui animera le débat dont l’invité sera. »

      Le pois sauteur ?

  47. Vu le nombre de fautes – vénielles certes – et de maladresses dans les tournures de phrases on sent bien à quel point le style littéraire fait défaut aujourd’hui à la majorité de la population même celle qui est censée se sentir éduquée.

  48. Le style télégraphique avait sa logique propre ; il suivait un ensemble de codes propres assez stricts ; mettons que le style twitter a la sienne et qu’on marche à l’économie de mots quand on doit tout faire tenir en peu d’espace.
    Mais un tract qui appelle à une leçon de français renouvelée dans l’espace de l’éducation publique à la française devrait avoir un peu plus de tenue typographique et stylistique !

  49. « Effectivement, les TPE sont de plus en plus vides mais avec une enveloppe de plus en plus enflée. »

    Ah oui, vous aussi on vous inflige des présentations « mises en scène  » pour l’oral des TPE ? Je me demandais si cela n’était pas une spécificité de mon bahut. Donc, nous avons eu droit aux scènes type interview journalistique, et sur le surréalisme, les petites minettes se sont mises chacune dans le rôle, l’une de Breton, l’autre de Dali et la troisième de Bunuel. Tout ça en lisant des copiés-collés auxquels elles ne comprenaient rien. On a terminé en lisant à haute voix la suite de ce qu’elles avaient copié, mon collègue ne se séparant jamais de son portable. Bien commode en ce cas précis, je dois dire. Internet au lycée est une catastrophe et en plus d’année en année, les élèves comprennent de moins en moins pourquoi on leur demande de s’approprier des informations par eux-mêmes. Le lavage de cerveaux est déjà bien avancé. Le pire dans tout ça est que les petites étaient ravies de leurs déguisements, car elles étaient déguisées. J’attends les selfies pendant les séances de TPE. Cela ne devrait pas tarder.

    • En l’absence de disciplines, le kitsch est devenu matière.

      Comme dirait les émules d’Imbroglio * : Le verbe s’est fait pas cher.

      * Le pape en a plusieurs

  50. « Hâte-toi lentement ! » c’est un précepte majeur en littérature !
    La littérature-vite c’est du bouillon maggi ; les lettres minutes pour l’express de 7h42 …

    Deux ingénieurs, deux architectes, deux physiciens communiquent : ils utilisent des sigles et des abréviations connus d’eux seuls pour minimiser le temps de lecture.

    Mais le temps littéraire c’est une autre dimension … on peu préférer l’homme pressé à la Paul Morand mais cet homme pressé comme un citron n’a rien à faire de la littérature ! C’est un Jude Law ou un George Clooney qui se prend pour une autorité morale parce qu’il lit des scripts et est entouré d’un staff de trente personnes en permanence …

  51. « les TPE sont de plus en plus vides mais avec une enveloppe de plus en plus enflée. », c’est marrant je connais des têtes faites comme ça, des cas pathologiques émargeant sur des gueblos où certains récrivent ad nauseam le scénario de « tempête sous un crâne ».
    Pas ma tête en tout cas, car je viens de révolutionner la filière énergie hydraulique en canalisant sa dispersion entropique, figurez-vous. Je dépose le brevet d’un système embarqué sur un pédalo qui avale l’eau de la Seine et me crachouille des glaçons. Je compte améliorer ce dispositif avec une voile de tapecul pour remonter ce fleuve sans effort. Fortune assurée pendant Paris-Plage.

  52. Revenons à la notule brighelienne, d’une plus grande importance:
    « L’Autre vient de ce vaste univers douloureux et affreux que sont la misère sexuelle dans le monde arabo-musulman » (Kamel).
    Le défi est de sortir de cet univers, une prison à ciel ouvert ceinte de hautes murailles, avec un visa ou une demande d’asile. Aucune issue de secours émanant d’une bulle papale dans cet univers théocratique sans docteurs de la foi. C’est mal embarqué pour la femme arabo-musulmane et l’enfant arabo-musulman où leur pire ennemi est l’homme arabo-musulman.

  53. Fêtons le retour dans notre bon royaume de l’anneau de Jeanne, Sainte patronne de notre belle nation. Les prémices du retour de l’orléanisme-fusionniste dont la France est depuis trop longtemps privée. Mais par quel miracle Cauchon connaissait-il la température de fusion du laiton ?
    https://pbs.twimg.com/media/B52qsGfIMAAvgW3.jpg

  54. Petits échos de trois journées de réunion obligatoire de formatage à la réforme du collège. Bonne lecture, et bonne marrade !

    Formatage : compte-rendu à chaud de la journée 1

    Difficulté (question posée 3 fois) à ce que les 2 dames se présentent clairement en disant qu’elles s’étaient portées volontaires pour le formatage au formatage.
    Exposé infographique sur les inégalités dans l’éducation (quelle découverte !). L’implicite : donc il faut faire cette réforme-ci, qui est bonne. J’ai relevé le sophisme: constater qu’on a la migraine ne signifie pas qu’il est bon de se tirer une balle dans le pied. Pour l’anecdote, dans l’exposé des inégalités, elles signalent la réussite supérieure des enfants d’enseignants. Je demande si c’est dû au fait qu’ils appliquent la réforme depuis des lustres à la maison… (Quand on ne maîtrise pas la rhétorique, il ne faut pas s’en mêler, ça se retourne contre soi !)
    Infographies sur la réforme. À chaque incohérence, je pose une question « naïve ». Et à chaque fois, une réponse sur un ton assuré. Mais une réponse fausse. C’est par exemple moi qui les détrompe et leur explique que l’AP n’est pas pris sur la dotation supplémentaire, que l’AP n’aura donc plus rien de personnalisé.
    Elles ne maîtrisent absolument rien des détails de la réforme. Vraie colère de ma part quand l’une d’elle me dit: « Mais c’est normal d’avoir peur du changement dans ses habitudes ». Je reconnais immédiatement les mots et les « éléments de langage » de la plaquette donnée aux formateurs pour canaliser les récalcitrants. Je dis qu’avoir l’esprit critique sur une réforme dont je connais – moi – les détails, ce n’est pas de la peur. Elle m’a bien chauffé, là. (Je ne sais pas me dominer quand on me prend pour un con).
    Moment essentiel : la fameuse addition 22h + 4h (EPI+AP). Je souligne que l’addition est trompeuse, que c’est fait pour ça, et qu’il s’agit en fait d’une soustraction: les heures API+AP sont retranchées des heures disciplinaires. Etonnement de beaucoup de collègues, et ça devient houleux (mais ça l’était depuis le début, je n’étais pas le seul à intervenir et à interrompre à chaque mensonge). C’est donc un point important : chez les attentistes, il y a le souvenir des IDD, et ils ne savent pas tous à quel point les EPI sont différents. Dès qu’ils le comprennent, ils sont beaucoup moins attentistes.
    Présentation de ce que peut être un EPI, des diverses modalités qu’il peut prendre. Vives réactions dans la salle par rapport aux heures de concertation qui s’annoncent. Et puis, moment HALLUCINANT: des collègues, à juste titre, demandent aux formateuses si elles auraient un exemple d’emploi du temps élève et d’emploi du temps prof. Elles répondent : « Oui, mais on nous a interdit de vous les montrer. » L’infantilisation rend tout le monde furax. Je signale à tous que ces emplois du temps ont fuité depuis longtemps, qu’ils pourront les trouver facilement avec une recherche Google, et qu’ils comprendront pourquoi on interdit de les montrer…
    Puis du pédagogisme, les compétences, tout ça. Elles embrayent sur leurs pratiques avec des « tâches complexes ». Je demande en quoi ce qu’elles font dans leurs classes nous concerne et concerne le décret. Réponse : « Le travail avec les tâches complexes, c’est dans le BO ». Je n’insiste pas, je n’ai pas lu tous les BO après tout. Ce qui est sûr c’est que ça n’a rien à voir avec le décret lui-même.
    Liée aux compétences, l’usine à gaz dans l’usine à gaz que représentent les évaluations. Je vois quelque chose dans le genre (je cite de mémoire) « connaître le monde habité et façonné par l’homme ». Je demande une traduction. Elle me demande « Une traduction en quoi ? » Je réponds : « Une traduction en français ». (Je n’ai pas obtenu de traduction).
    Annonce des réjouissances pour la prochaine journée, et annonce d’ateliers d’EPI. Nouvelle colère (je ne sais pas me dominer quand on me prend pour un con – bis) : « il est hors de question que je réfléchisse à des EPI virtuels menés avec des collègues virtuels à l’intention d’élèves virtuels dans une organisation virtuelle au sein du collège. » Je pense que je ne serai pas le seul à refuser le n’importe-quoi.
    Pause. Ai séché la 3e partie, comme beaucoup.

    Donc bilan positif : c’est très houleux. Collègues favorables très minoritaires. Et puis en textos on reçoit en direct ce qui se passe dans un autre centre de formation du coin : apparemment, encore plus houleux, et deux inspecteurs ont été appelés en renfort !
    Quand on sait ce qu’ils pensent vraiment, on les plaindrait (presque).

    Didier Jodin – Académie de Strasbourg

    Formatage : compte-rendu à chaud de la journée 2

    (Pour l’épisode précédent : Cf. https://goo.gl/iSpd7E)

    Salle beaucoup plus clairsemée que la dernière fois. Et pourtant, encore bien plus chahuteuse. Exaspération générale (sauf un gars – dont on me dit qu’il est à l’UNSA, mais je n’en sais rien et peu m’importe. Il était au 4e rang la première journée, aujourd’hui il s’est avancé au premier rang, histoire probablement de marquer aux deux dames son soutien inconditionnel).
    Thème : les EPI. Interminables exposés des powerpoints officiels, avec lecture et paraphrase. Je remarque une meilleure maîtrise de la souris pour faire glisser les diapos. Ça me déçoit un peu, parce que j’avais bien aimé, à la séance précédente, cette façon attendrissante qu’avait la dame de gauche, quand ça ne marchait pas comme elle voulait, de se retourner vers le tableau pour vérifier que sur l’image projetée c’était le même bordel que sur l’écran de son ordinateur.
    En résumé : les EPI c’est bien, les EPI c’est super, les EPI c’est innovant, les EPI c’est l’avenir. Il y a des choses à bien distinguer, hein : l’enseignement interdisciplinaire, pluridisciplinaire, transdisciplinaire (je crois qu’il y en avait un quatrième comme ça, avec un autre préfixe, mais je ne suis pas sûr, j’ai oublié).
    En tout cas, c’est bien différent du bêtement disciplinaire. Pour dire à quel point c’est bête, le disciplinaire, projection d’un petit dessin avec des profs à la plage. Révolte dans la salle.
    – Vous êtes vraiment des collègues ? Vous n’avez pas honte de nous transmettre ce genre de documents ? De répercuter ces insultes ?
    – Ben… non… moi je trouve ça drôle… parce que c’est drôle, non ?
    À en croire l’avis général : non.
    Quant à la phrase répétée en boucle « Donner du sens aux enseignements », elle provoque une indignation semblable, mais une réponse plus concise :
    – Donc actuellement notre enseignement n’a pas de sens ? Vous n’avez pas honte de mener cette formation ?
    – …
    (Ça, c’était la réponse plus concise).
    Les dames expliquent pourquoi on est réticents (on est toujours dans la paraphrase du powerpoint : même pour notre « inquiétude » il y a une diapo toute prête). C’est nouveau, on doit adopter « une autre posture », on n’a pas l’habitude, on a peur, parce qu’il faut s’écarter de notre formation disciplinaire. Je fais remarquer que je n’ai pas été « formé » à ma discipline, mais que je l’ai étudiée, dans une université.
    Diapos. Paraphrase. Diapo. Paraphrase. Diapo. Paraphrase.
    Chahut. Chahut. Chahut. Crescendo.
    Je leur signale que la diapo qu’elles présentent sur le brevet est déjà obsolète : ça a changé.
    J’entends cette phrase chez une des dames : « Mais si ! Allez, les EPI, faut y croire ! »
    J’interviens pour tenter de lui expliquer la différence entre une religion et des faits. Au lieu de « croire », elle pourrait prendre la peine de lire l’évaluation faite au Québec après dix ans d’une réforme jumelle. Le rapport – je le lui avais déjà signalé – constate le désastre et se termine en recommandant un retour aux enseignements disciplinaires et à une élévation du niveau culturel.
    Un peu naïf de ma part. La foi et la raison sont deux ordres de pensée différents.
    Des questions précises sont posées sur toutes les aberrations et les impossibilités pratiques. En renfort, deux nouveaux venus par rapport à la première journée : Yzipens et Saitavoire.
    Les temps de concertation que tout cela supposerait ? – C’est à voir.
    La place des mini-entreprises dans tout ça ? – Ils y pensent.
    La constitution des emplois du temps ? – C’est à voir.
    etc.
    Yzipens et Saitavoire interviendront beaucoup dans le dialogue.
    Sur cette question des emplois du temps, toujours une rétention d’information : elles ont des exemples mais n’ont pas le droit de les montrer.
    Ras-le-bol. Je sors photocopier ces emplois du temps, qui ont fuité depuis longtemps. Je reviens dans la salle et commence à les distribuer.
    – Ah non, ne faites pas ça ici.
    – Si. Ici. La question vient d’être posée, et c’est directement en lien avec le thème du jour.
    – Ah non, ne faites pas ça maintenant.
    – Si. Maintenant.
    Ici et maintenant, donc. Enfin : là-bas et tout à l’heure.
    Le chahut continue et ne s’arrêtera pas, malgré une collègue qui dit avoir la migraine et qui tente d’intervenir :
    – On n’est pas gentils, si c’est ça il ne fallait pas venir.
    On lui fait remarquer qu’on n’a pas été invités, mais convoqués.
    – Oui mais nos deux collègues, là, elles n’ont pas demandé à…
    On lui rappelle que si, elles ont « demandé à ». Et qu’elles pourraient faire comme d’autres formateurs qui ailleurs ont démissionné de leur honorable fonction.
    – Oui mais alors on perd notre temps…
    On confirme.
    Les dames concluent la matinée :
    L’après-midi sera consacrée à des ateliers d’EPI.
    C’est hors de question. Avez-vous prévu un plan B ?
    Non.
    On se prend donc une petite heure pour rédiger et signer une motion. Deux axes simples : le caractère aberrant et incohérent de cette réforme, d’une part, l’inanité du formatage, d’autre part.

    Didier Jodin – Académie de Strasbourg

    Formatage : compte-rendu à chaud de la journée 3

    Pour les épisodes précédents Cf. :
    https://goo.gl/iSpd7E
    https://goo.gl/m6Z4Fw

    Thème de la journée : l’évaluation.

    Les mêmes acteurs sont là. À gauche, la prof de français (toujours plus décomposée – elle m’inquiète un peu). À droite, la documentaliste (toujours plus revêche). Au premier rang, le gars de l’Unsa (toujours plus extatique, et qui attend avidement le troisième volet de la Vérité Révélée).
    Mais il y a aussi du neuf : une troisième dame. Elle ne se place pas à la table des oratrices, mais sur une chaise de la salle, une chaise comme les nôtres, en toute simplicité. Pourtant, elle se présente : « Inspectrice académique, inspectrice pédagogique régionale de maths ». Je me demande pourquoi les IPR ont ce souci de préciser qu’ils sont aussi IA, vu qu’ils sont tous affublés des deux sigles.
    Elle remercie les deux formateuses, qui elles aussi ont des cours, des copies à corriger, tout ça, mais qui ont accepté en plus d’animer ces journées, etc.
    Bon. Il me semble qu’elles ont des indemnités et des heures de décharge, mais ce serait mesquin de le faire remarquer. Quant à leur espoir naïf de se faire bien voir des IPR (qui sont aussi IA, on ne le dira jamais assez), ce serait un soupçon indigne.
    Madame l’inspectrice-académique-inspectrice-pédagogique-régionale-de-mathématiques précise :
    « On ne va pas vous donner toutes les réponses, hein, le but c’est plutôt d’ouvrir des questionnements ».

    Je note mentalement le caractère grotesque de la formulation, ouvrir des questionnements, mais je ne sais pas encore à quel point cela sera la marque de la journée. Beaucoup de questionnements, d’innombrables questions, des interrogations en pagaille, et strictement aucune réponse.

    Madame l’inspectrice-académique-inspectrice-pédagogique-régionale-de-mathématiques laisse la parole aux formateuses. Sauf que d’entrée ça réagit dans la salle. « Ah mais non. On a eu plein de questions laissées sans réponses lors des journées précédentes, alors puisque vous êtes là on espère en avoir enfin. » (mine dépitée des formateuses)
    Il est impossible de rapporter ici toutes les interventions. Chacune correspondait à une incohérence de la réforme, c’est dire s’il y en avait beaucoup. Il est bien plus aisé de synthétiser les réponses :
    « alors oui, là-dessus il y aura des réflexions à mener… »
    « alors là, il faut voir… »
    « sur ce point-là, eh ben, c’est un processus, hein… »
    Et toutes les autres façons de dire – en substance – : je n’en sais rien, laissez-moi tranquille. Après vingt minutes comme ça, la réponse sera vraiment, et pas qu’en substance : « Bon. On arrête avec les questions. »
    Il y en a quand même une que je dois rapporter, non seulement parce que c’est la mienne, mais aussi parce que c’est à peu près la seule qui ait obtenu une réponse.
    Est-ce que l’enseignement de complément de langues et cultures de l’Antiquité doit nécessairement compléter un enseignement pratique interdisciplinaire de langues et cultures de l’Antiquité dans les enseignements complémentaires… ou pas ?
    Non, soyons honnête. Je n’ai pas formulé la question comme ça. Il suffit d’employer les termes officiels, sans rien ajouter, pour sembler ironique. C’est le charme de cette réforme, qui fabrique elle-même sa propre dérision. Or je ne voulais pas braquer la dame, parce que la réponse m’intéressait. Il s’agit, en gros, de savoir si on peut faire du latin même si on ne mène pas le projet, ailleurs et avec un autre collègue, de construire une maquette du Colisée en allumettes. Une analyse grammaticale du décret (merci Loys) permet de répondre qu’on peut. Mais ce n’est pas ce que les stagiaires qui ont rédigé le décret ont voulu dire. Et Mme Robine (merci Florence) affirme bien qu’il faut construire une maquette en allumettes, ce que confirment certaines académies. Dans d’autres cependant, dont la mienne, les IPR de Lettres (pardon : les inspecteurs-académiques-inspecteurs-pédagogiques-régionaux de Lettres) disent que non, on n’a pas besoin d’échafauder une maquette en allumettes, ni du Colisée ni d’autre chose, mais que c’est quand même mieux d’en constuire une, tant qu’à faire.
    Alors ? Hum ?
    Oui, je crois bien qu’il faut un EPI-LCA pour faire un EDC-LCA (me répond l’IA-IPR). Enfin, à ma connaissance, hein.
    Même pas envie de lui apprendre que ses collègues locaux disent le contraire.
    Surtout que… surtout que… elle ajoute :
    De toutes façons, avec les 2h45 de dotation, il y a mieux à faire que du latin. Il y a plus pertinent.
    Stupeur. Je consacre 2,45 dixièmes de seconde à me demander : « Est-ce qu’elle a vraiment dit ça ? Est-ce que mes oreilles sont fidèles ? Est-ce que, pour reprendre l’intitulé d’un EPI devenu proverbial (merci @marie34), ce ne serait pas mon corps qui me raconterait des histoires ? » Et je me réponds, in petto, dans mon for intérieur et pour ainsi dire à moi-même : « Oui, elle a vraiment dit ça. »
    Je la félicite donc, (du tac au tac, moins 2,45 dixièmes de seconde) :
    Merci. Voilà qui a au moins le mérite d’être clair.

    La dame ne sera pas restée longtemps. Après la première heure, elle s’en va, sans dire au revoir à personne, et en regardant ses pieds.

    ———-

    Bon. Et alors, l’évaluation dans la réforme, avec tout ça ?
    Faut pas m’en vouloir, mais compte-tenu :
    des propos de Madame l’inspectrice-académique-inspectrice-pédagogique-régionale de mathématiques, sur le fait que ma matière n’était pas pertinente (au fait : ne dites pas à ma mère que je suis prof de lettres classiques, elle croit que je tiens un bordel à Caracas)
    des powerpoints illisibles (pourquoi diantre a-t-on donné aux formateuses des trucs écrits en lettres blanches sur fond jaune ? Comme si elles n’avaient pas assez de mal comme ça.)
    de la complexité ahurissante du machin
    du fait que tous les collègues étaient révoltés par l’usine à gaz et le faisaient bruyamment savoir
    … eh bien… je serais bien incapable de synthétiser.
    Allez, j’essaie quand même.

    T’as des bulletins trimestriels qui ne sont plus des bulletins et qui ne sont plus forcément trimestriels mais qui sont des bilans périodiques préparant des bilans de fin de cycle qui ont des rectos pour un truc et des versos pour un autre truc et qui distinguent les parcours, évalués à partir de l’évaluation de ton porte-folio, tes compétences dans les domaines, tes EPI, tes projets, tes actions, tes acquis de paliers de maîtrise, avec l’interdisciplinaire et tout, et cela permet de remplir ton livret avec plein de choses en lien avec le brevet pour lequel il y a 700 points dont certains dépendent d’un EPI que t’as pu faire une année précédente et qui a déjà été évalué, sauf que là ce sera plus tard et par un prof qui ne connaît pas forcément ce dont il retourne, mais on espère qu’il ne dira pas que ton EPI est nul si on t’avait dit dans le temps qu’il était bien, ou l’inverse, et puis il y a des points qui dépendent de ta maîtrise de ceci ou cela, par exemple pour ta maîtrise insuffisante de ceci ou de cela eh ben t’as 10 points, va savoir pourquoi t’as 10 points plutôt que rien quand tu ne maîtrises pas, je t’en pose, moi, des questions, et puis si t’as fait du latin t’as 20 points, et si t’es dans un bahut où le latin est déjà mort t’as que dalle, mais c’est une réforme pour réduire les inégalités alors va pas te plaindre, y’a quand même plus pertinent à faire que le latin, fallait aller dans le privé, et puis t’as aussi des évaluations pour l’accompagnement personnalisé, qui se fait en classe entière mais qui est personnalisé quand même, parce que ton prof passe de la « posture du face à face » à « la posture du côte à côte », dans une « culture du diagnostic » eh ben oui, c’est comme ça, en aide aussi t’es évalué, un peu comme un toubib qui ferait la radio d’une béquille pour vérifier que l’os de ta jambe se ressoude bien, et si tu comprends rien à tes évaluations on te fera peut-être un diagnostic « ne comprend rien à ses bilans périodiques » et qui sait on te fera un EPI « compréhension de mes bilans périodiques », et même si t’es sage on te fera de l’AP « compréhension de mes bilans de fin de cycle » et puisque tu es encore en train de lire cette phrase alors que tu la trouves interminable eh ben c’est que tu n’as pas validé ta compétence « je sais arrêter de lire quand ça n’a aucun sens » du domaine « des langages pour penser et communiquer », car oui ça existe comme intitulé de domaine, et si tu te demandes ce que ça serait un langage pour autre chose que penser ou communiquer, eh bien c’est que tu te poses trop de questions, et moi je te dis comme l’inspectrice-académique-inspectrice-pédagogique-régionale de maths : « Bon, on arrête avec les questions. »

    ———-

    Pause clope devant le lycée avec une collègue. Une camionette arrive, trois gendarmes en sortent et entrent dans la cour. La copine s’interroge :
    Tu crois que c’est les formateuses qui les ont appelés ? C’est nous qu’ils viennent serrer ?
    On n’est pas sérieux quand on a vingt-sept ans (merci Claudine).

    ———-

    Retour.
    On en est toujours aux myriades de cases dans les myriades de tableaux divers et variés. Point particulier des diapos : chacune est organisée de la même manière, avec le délire à gauche, mais aussi des questions à droite. Exemples :
    comment est construit ce bilan de fin de cycle ?
    qui va renseigner…?
    comment différencier les attentes de ces quatre paliers de maîtrise ?
    qui va renseigner le niveau de maîtrise de ces composantes du socle ?
    qui va remplir cette partie interdisciplinaire ?
    sous quelle forme indiquer les projets et actions ?
    comment faire apparaître l’implication des élèves ?
    qui va remplir cette fiche de synthèse ?
    comment la rendre pertinente et efficace ?

    Je me dis, naïvement, que les dames pratiquent une méthode socratique. Elles doivent connaître les réponses, mais elles veulent accoucher nos esprits. Ben non. Ce sont de vraies questions. Elles n’ont aucune réponse d’aucune sorte. C’est même l’objet de l’atelier qui est censé suivre : réfléchir à des pistes.
    Un collègue intervient, déclare qu’il est professeur principal de 3e cette année, qu’il est hors de question qu’il le soit l’an prochain, et qu’il ne connaît personne qui accepterait de l’être dans ces conditions. Il ajoute qu’il comprend bien maintenant comment la réforme va améliorer le niveau des élèves : tout prof sensé remplira la même chose partout et pour tout le monde.
    Applaudissements nourris.
    A propos d’une des diapos, où les mots supposés permettre l’évaluation des élèves sont disposés en constellations, je fais remarquer que chaque terme correspond à un comportement, jamais à la maîtrise d’un savoir. Que cela ressemble à l’évaluation d’un employé dans une entreprise. Je demande aux dames si cette dérive néo-libérale et entrepre-neu-neu-riale à l’école, cette mécanisation des élèves, considérés comme une accumulation de rouages, ne les gêne pas.
    Silence de leur côté. Ma phrase était probablement trop longue. Applaudissements dans la salle. Un peu moins nourris que ceux pour le collègue tout à l’heure. Je suis jaloux de l’évaluation normative qu’il a reçue.

    On a droit aussi à de vrais tableaux faits par de vrais profs (merci les vrais profs) sur de vraies activités. L’une d’elle a connu un bon succès dans la salle : « Et si le foot permettait une démarche écologique » ? Persiflages sur l’activité, puis effarement général devant le tableau d’évaluation : 5 colonnes, 7 rangées. Ma voisine de gauche constate : « Il y a vraiment des gens qui n’ont pas de vie ».

    Tout le monde a bleuté les « ateliers », bien entendu. Parce que c’était inepte, parce que la dame de droite disait sèchement « il faut que vous travailliez » (rappelons qu’elle est documentaliste et qu’elle n’a donc jamais rempli de bulletins de sa vie).

    ——– INTERMÈDE – Quel prof êtes-vous ? ——–

    Exercice : avec cet « outil pour élaborer des situations d’apprentissage et d’évaluation », formulez les consignes d’une « tâche complexe » et mettez au point l’évaluation idoine.

    Connaître

    Comprendre

    Appliquer

    Analyser

    Synthétiser

    Évaluer

    Créer

    mémoriser

    reconnaître

    relier

    examiner

    résumer

    estimer

    réaliser

    nommer

    classer

    combiner

    corréler

    modifier

    mesurer

    concevoir

    répéter

    distinguer

    classifier

    inventorier

    adapter

    tester

    imaginer

    identifier

    comparer

    transférer

    catégoriser

    planifier

    juger

    innover

    définir

    contraster

    illustrer

    interpréter

    exprimer

    déduire

    inventer

    rappeler

    différencier

    simuler

    ordonner

    proposer

    décider

    construire

    citer

    reformuler

    résoudre

    prioriser

    collaborer

    justifier

    élaborer

    lister

    expliquer

    démontrer

    critiquer

    énumérer

    discuter

    utiliser

    Résultat du test :

    Si vous avez fait l’exercice, vous n’avez pas de vie, mais vous êtes un pédagogue innovant.
    Si vous n’avez pas fait l’exercice, euh… c’est pas bien, d’abord, parce que je me suis cassé à le recopier lisiblement, ce foutu tableau, et en plus vous êtes un prof immobiliste qui ne veut pas le bien de ses élèves.

    ——– FIN DE L’INTERMÈDE ——–

    Faut laisser les derniers mots à Voltaire : « Au secours ! »

    Non, faut les laisser à Monsieur Samovar plutôt. À lire absolument, cette autre trilogie sur les formatages (le dernier volet – hilarant – est ici : https://t.co/50l315W8Hh).

    N.B. : Pour affiner sa connaissance des modalités d’évaluation, il ne faut pas hésiter à se nourrir des précisions du Décret n° 2015-1929 du 31 décembre 2015, qui apporte de nombreux éclaircissements, comme celui-ci :

    « Les bilans de fin de cycle compren[nent] une évaluation du niveau de maîtrise de chacune des composantes du premier domaine et de chacun des quatre autres domaines du socle commun de connaissances, de compétences et de culture ».
    (Merci aux stagiaires qui ont rédigé le décret – et qui ont peut-être trop arrosé le réveillon du 31.)

    Didier Jodin – Académie de Strasbourg

  55. « T’as vu ? On dirait la gauche là-bas qui arrive dans la tribune populaire. »

    La quoi ??? La gauche ??? Mais c’était y’a longtemps, ça; ça s’fait plus. On n’en vend plus du tout. Par contre, on a des nouveaux modèles si vous voulez…

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