Les programmes électoraux se ramassent à la pelle — et l’envie me prend parfois de les balayer comme feuilles mortes.

Les Verts viennent, par exemple, de publier le leur. Bravo au PS qui a trouvé malin, pour couler Hollande, de s’allier avec ces gens-là, en destituant de leur siège des députés installés ou des candidats solides, priés d’aller se faire élire et pendre ailleurs. Par exemple dans la première circonscription de Lyon, où Philippe Meirieu, qui se voit déjà ministre du Temps perdu, compte bien se présenter, malgré l’opposition féroce de Gérard Collomb (1).

Tout ça pour 5% de voix qui ne seront peut-être que 4…

Il est temps, plus que temps, d’analyser en détail les propositions d’Europe-Ecologie-Les-Verts. Certes, les diverses bourdes d’Eva Joly, depuis qu’elle est leur candidate officielle (Cécile Duflot se tenant en réserve pour 2017, on en a de la chance…) nous ont éclairés sur le potentiel tragi-comique de ce groupuscule. Mais quand même… Puisqu’ils s’occupent d’école, je m’occuperai d’eux.

Ici s’ouvre un nouveau chapitre de l’encyclopédie des nuisances.

(1) http://www.libelyon.fr/info/2011/11/collomb-ne-veut-pas-du-vert-meirieu-à-lyon.html

Europe-Ecologie : le mot même le révèle, on supprime la France, ce qui fera plaisir à tous les eurocrates, banquiers issus de Standard & Poors, disciples serviles d’Angela Merkel, actuellement ravie d’inventer le Quartum Imperium,  et autres maquignons de la République, bradée aux intérêts des lobbies transnationaux.

Le « trans » est justement l’un des maîtres-mots du programme Education des Verts (1). Ne rêvent-ils pas de « rompre la culture de la performance », en « redéfinissant les programmes en termes d’objectifs transdisciplinaires », pour arriver à un Bac en deux ans qui « associera validation d’unités capitalisables, présentation de travaux et épreuves transdiciplinaires » ?

L’autre terme révélateur de ce programme de destruction programmée de l’Ecole que des enseignants réactionnaires dans mon genre s’acharnent à conserver debout, c’est cette « école fondamentale » qui, « de 6 à 16 ans », « sans sélection ni orientation », « mettra en cohérence le primaire et le secondaire ». Et ce seront les « organisations représentatives » (entendre : le SGEN et le SE-UNSA, actuels thuriféraires de la politique ministérielle, et, demain, lèche-bottes de Verts rose pâle), les « mouvements et associations » (?) qui détermineront la structure fine et les programmes de cette école fondamentale-là.

« Ecole fondamentale » : l’expression mérite que l’on s’y arrête. EE-LV l’a piquée à Fondapol, le think tank (« think », c’est beaucoup dire, mais « tank », là, sûrement…) qui prétend penser la politique de la Droite (2), et qui ne pensait pas mal quand c’était Marie-Christine Bellosta qui leur soufflait des idées : mais un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. L’« école fondamentale » est donc le joli nom que Fondapol donne à cette école des Bantoustans de banlieue, où les pauvres apprendront (peut-être…) à dire et à écrire « Oui, not’ bon maître… », pendant que les enfants de riches se pavaneront dans un système parallèle à écrémage sévère. Entre les deux, pas même les ponts qu’instauraient les IIIème et IVème Républiques, où l’on s’efforçait de hisser les plus démunis au niveau de leurs talents effectifs : et je ne vois pas comment faire autrement, en toute honnêteté, que de permettre à chacun d’aller au plus haut de ses capacités.

Chez EE-LV, nous aurons juste le « fondamental », bien vissé dans le fondement. 

D’autant que tout système élitiste est considéré comme antidémocratique et sera donc impitoyablement détruit : Eva Joly et Philippe Meirieu son disciple veulent eux aussi « rapprocher fortement les grandes écoles et les universités », « en substituant progressivement aux classes préparatoires des parcours renforcés de licence, et en recrutant dans les écoles sur dossier et non plus sur concours ». Sans anonymat, ça ne sera pas joly-joly.

« Progressivement » — autre mot-outil d’EE-LV. C’est « progressivement » (mais assez vite quand même) que nous substituerons aux centrales nucléaires un réseau d’éoliennes qui fera merveille dans l’environnement, et, à l’exemple allemand, quelques centrales au lignite pas polluantes pour un sou. À moins que nous ne noyions quelques vallées alpines et les dernières populations rurales — comme à Belo Monte…

À se demander pour quel lobby ils roulent, eux. Il n’y a pas que le nucléaire qui complote, à Bruxelles et ailleurs.

Mais je suis de mauvaise foi : en fait, c’est un problème de culture — presque un choc de civilisation. Eva Joly vient d’un pays qui n’a aucun problème énergétique — du pétrole comme s’il en pleuvait, de l’eau à ne plus savoir qu’en faire, 4 700 000 habitants sur un territoire plus grand que la moitié de la France. Le Père Noël habite chez eux, et il est luthérien, de surcroît — ça prédispose mieux que l’inconscience latine aux petites économies.

Il y a vraiment, aujourd’hui, deux Europe : des Etats du Nord, en particulier l’Allemagne, « peuple d’élite, sûr de lui-même, et dominateur », comme aurait dit De Gaulle. Et une Europe du Sud qui paraît-il gît et gémit au soleil — et qui a inventé la démocratie, le droit, la culture, l’art et la civilisation, rien que ça.

Parce qu’enfin, la Norvège ou la Prusse au siècle de Périclès — ou à l’époque des Médicis…

À ce sujet…

Les Etats-Unis ne peuvent élire à la présidence un candidat né à l’étranger. Les Républicains avaient bien pensé faire un « amendement Schwarzenegger » pour permettre à l’ex-Monsieur Univers de se présenter, du temps où son accession au poste de gouverneur de Californie laissait espérer que… Mais il n’en était pas question : qui sait ce qu’il en aurait résulté, au cas où les USA entreraient en guerre contre l’Autriche…

Et si nous sommes confrontés, comme c’est très probable, à un troisième choc pétrolier, que fera une femme née dans un pays producteur de pétrole, même s’il n’est pas membre de l’OPEP ? Et si nous protestons contre l’extermination des baleines (un sujet 100% écolo), que fera l’ex-ressortissante d’un pays qui est largement responsable de la disparition de Balanea mysticetus — la  baleine franche du Groenland, que les écologistes vrais pleurent encore ? Et si nous célébrons dans nos manuels d’Histoire des dirigeants qui ne furent pas forcément vertueux, mais diablement efficaces (Richelieu ou Mazarin, ou Napoléon, ou Jules Ferry, ou…), que fera l’ex-juge coupeuse de têtes qui se prend pour Robespierre-bis — moins le talent d’orateur ?

Entre autres…

Eva Joly a donné la pleine mesure de son inculture le 14 juillet dernier en suggérant de supprimer les défilés militaires — qui ne marquent jamais que l’allégeance de l’armée à la nation, hé, patate !  Que les Verts, Noël Mamère en tête (3) lui aient emboîté le pas prouve juste que j’avais raison, dans la Fabrique du crétin, de dire que des acculturés n’ont plus les moyens de penser.

Que le PS ait pu croire que l’on s’associe sans risque avec des Khmers ; qu’il ait cru nécessaire, pour cadenasser Hollande, de le faire bien avant le premier tour, de façon à être sûr de se mettre à dos la gauche qui pense — je veux croire qu’il y en a une – alors qu’un accord entre les deux tours aurait pu s’opérer a minima ; qu’il s’imagine enfin que de tels alliés, qui leur ont arraché de quoi se tailler un groupe à l’Assemblée alors qu’ils ne représentent pas grand-chose dans le pays, sinon la promesse d’un retour à la barbarie — une barbarie douce, vaselinée —, voilà qui me fait douter de son envie de vaincre en 2012…

Mais après tout, c’est le même parti qui, pour le moment, croit que les syndicats les moins représentatifs ont le fin mot en matière d’enseignement.

Quant au chantage d’EE-LV sur le nucléaire… Chaque pays a des spécificités culturelles, économiques, énergétiques. Il ne s’agit plus de lobbies, il s’agit du travail et du confort des gens. Certes, les enfants n’auront plus de devoirs à la maison, ça économisera des bougies…

Peut-être faudrait-il se soucier d’indépendance — énergétique, politique, économique. Mais peu importe à un groupe de pression qui œuvre pour l’Europe, et pas pour la France. Le véritable « parti de l’étranger », il n’est pas rue de Solférino, quoi qu’en dise Christian Vanneste, il est partout où l’on pense global au lieu de penser national. Il est dans le libéralisme déréglé — et les Verts en sont une composante évidente, sans même s’en apercevoir, tout comme le pédagogisme a inspiré la politique d’éradication des enseignants. Il est partout où l’on prétend subordonner nos intérêts, notre culture, notre économie, nos emplois, notre école et nos vies aux desiderata d’une poignée de banquiers avides, de pédagogues frustrés et d’écolos illuminés.

Jean-Paul Brighelli 

(1) Disponible sur http://www.scribd.com/fullscreen/75152521

(2) Lire l’intégralité des propositions de Fondapol sur http://www.fondapol.org/etude/12-idees-pour-2012-3/

Ce qui concerne l’Ecole est vers la fin…

(3) http://lci.tf1.fr/politique/defile-du-14-juillet-eva-joly-cree-la-polemique-6580194.html