C’est un complot de vieux. Tous les vieux chevaux de retour du pédagogisme. Frackowiak n’est plus disponible, mais il reste Zakhartchouk-chouk. Il est à la retraite, mais peu importe : ils n’ont pas eu l’occasion, qu’ils guettaient fiévreusement, de sévir en 2007 (l’année même où Zakhartchouk a été admis agrégé sur liste d’aptitude, forcément en fonction de ses talents), quand Ségolène a été renvoyée en Charentes. Ils ont fait le forcing auprès de Peillon, qui les tenait un peu en bride. Hamon n’est pas resté assez longtemps. Vallaud-Blekacem était une proie idéale : elle n’y connaît rien, mais alors, rien . Pas plus que Fillon à qui les mêmes avaient refilé, en 2004, le « socle de compétences », cette abomination, cette égalisation par le bas dont le collège nouveau n’est jamais que le véhicule.
Les membres du Conseil Supérieur des programmes, c’est tout un poème. Un président, Michel Lussault, dans lequel la présidente de la Société des Agrégés, Blanche Lochmann, voit « le triomphe des vieilles lunes déconnectées du terrain » et « la revanche du pédagogisme ». Des politiques pré-convaincus ou minoritaires (selon leur appartenance politique), des universitaires versés dans les Sciences de l’éducation, une sociologue ami de Dubet — dis-moi qui tu fréquentes… —, bref, une coalition de bras cassés. Stanislas Dehaene, qui est à peu près le seul type sérieux de la bande, a dû se sentir seul.
Mais cela n’est encore rien. Ce qui a compté, ce sont les personnalités invitées à témoigner auprès de ladite commission pour en infléchir les travaux. Qui se ressemble…
Prenez Laurence de Cock, par exemple. Aggiornamento, le site qui pourrit l’enseignement de l’histoire, c’est elle. Elle m’aime d’amour — j’avais même eu l’occasion de répondre ici-même à sa flamme. Elle se félicite des nouveaux programmes : en Cinquième, l’étude de l’Islam est obligatoire, celle de la chrétienté médiévale puis de la France humaniste est laissée à l’appréciation des enseignants : sûr que s’ils écoutent la cheftaine, ils ne dépasseront jamais l’Hégire et l’invasion de l’Espagne. J’ai eu l’occasion de développer cela sur LePoint.fr. En Sixième, les gosses se refarciront les temps préhistoriques — pour bien leur enfoncer dans le crâne que la France est une terre d’immigration. Même si parler d’immigration au Pléistocène inférieur est un abus de langage. Mais qui leur expliquera qu’ils sont nuls ? Ils se croient infaillibles : ils sont de gauche, ils sont le camp du Bien. Ils sont les idiots utiles — et parfois, peut-être, les salauds utiles.
Zakhartchouk donc a « participé activement et de façon passionnante », dit-il, à cette entreprise de décervelage. Sans se rendre compte que ceux qui pâtiront vraiment de l’expérience, des EPI et autres « sujets d’étude » transdisciplinaires, ce sont ceux qu’il croyait défendre — les petits, les obscurs, les sans grade, les oubliés des ZEP (ou ce qu’il en reste). Pâquerette Pellerin dit de son côté que la vraie culture n’est pas celle de Voltaire ou Racine, tous dinosaures blancs, mâles et décédés (et chrétiens de formation). Non, la culture c’est la culture vivante. Au même moment Valls et Vallaud (qui ne se quittent plus, parole, depuis qu’ils ont visité ensemble un lycée Potemkine à Marseille, et parlent d’une même voix) exaltent le collège Debbouze, les matchs d’impro et les stand up. Rose Pellerin a fait chorus. La France est sauvée. Il n’y a que le magazine Challenges à poser la question : à quoi joue la Gauche avec l’école ?
Elle joue au con, mes bons amis. Emmanuel Davidenkoff, qui a cette semaine perdu une occasion de se taire et a tenté de m’allumer dans l’Express, ce qui m’a obligé à lui répondre, avait jadis écrit un livre sur les errements de la Gauche avec les profs. Si une seule voix enseignante se porte sur ces malappris en 2017, c’est à désespérer des chers collègues.
Oui, Zakartchouk, la Gauche te fait cocu sans même que tu t’en aperçoives. Le nouveau collège ouvre toutes grandes les portes du privé à tous ceux qui ne voudront pas se plier aux étranges diktats des idéologues dans ton genre — et aux enfants des ministres, ceux du moins qui ne sont pas scolarisés dans l’un des grands lycées parisiens. Des établissements où l’on n’appliquera pas ta putain de réforme, sois tranquille. Tu crois te battre pour le peuple, et tu l’enfonces. Bravo.
J’ai rencontré Anne Coffinier il y a cinq jours : elle exultait. Sa Fondation pour l’Ecole croule sous les demandes. Les subsides privés lui arrivent à flots. Ajoutez à cela qu’une bonne part du budget des collèges sera désormais gérée localement et on comprend ce qui se joue : la fin annoncée du jacobinisme, id est de la République. Les pédagos sont girondins, depuis toujours. Ils triomphent : désormais ce seront les maires, les président s de Régions ou de Conseils généraux qui recruteront, qui décideront, et qui probablement, à terme, réécriront les programmes. Chez moi, au choix, Christian Estrosi ou Marion Maréchal. Très excitant.
En tout cas, pour le moment, ce n’est pas avec ces programmes que les 18% d’analphabètes repasseront du bon côté de la lecture. Ils verront même probablement leurs effectifs s’accroître, avec ces pédagogies venues du froid. Mais l’essentiel, n’est-ce pas, c’est qu’ils ne s’ennuient plus en cours.

Jean-Paul Brighelli

57 commentaires

  1. « Ajoutez à cela qu’une bonne part du budget des collèges seront désormais gérés localement et on comprend ce qui se joue : la fin annoncée du jacobinisme, id est de la République. Les pédagos sont girondins, depuis toujours. Ils triomphent : désormais ce seront les maires, les président s de Régions ou de Conseils généraux qui recruteront, qui décideront, et qui probablement, à terme, réécriront les programmes. »

    C’est exactement le but non avoué de cette réforme: faire passer les enseignants de la Fonction publique d’État à la Fonction publique Territoriale, avec tout ce que ça suppose de cirage et de lubrifiant. Voire mieux: n’embaucher plus que des précaires, corvéables tant et plus, et en avant sur le turn-over! Ce que les régions et les départements savent encore mieux faire. On paiera comme ça moins de droits aux personnels. Quand je l’ai évoqué auprès des collègues, aucun n’a voulu, et ne veut encore le croire. Pourtant… Je pense sincèrement que Bercy verrait cela d’un très bon œil: on réduirait artificiellement la dette de l’État (on se fiche des régions), et ça entrerait dans le giron des « réformes structurelles » exigées par l’Europe. Youpi. (N’évoquons pas l’état de décrépitude en matière de connaissances et d’analyse des élèves, sauf dans quelques établissements bien choisis. Ce qui fait doucement sourire les politiques et les grands patrons…)
    Par ailleurs, un article du café pédagogique de ce jeudi évoquait la création des « super recteurs » et des regroupements aussi divers et variés que possibles, en plus du prêt inter-académique des personnels enseignants. Pourquoi se priver?

    Je mettais, plein d’espoir, une échéance à une décennie, voire, au très grand maximum, à une quinzaine d’années. Constatant l’apathie ambiante, je me dis que, finalement, 2017 risque d’être une échéance probable.

    • Maxime,

      Tout-à-fait d’accord avec vous, et avec JPB. D’autant qu’il n’y aura pas de raison pour que le futur passage de l’état au territoire excite davantage les vocations. Du coup, c’est dans la pire des versions, la précaire, que nous accueillerons bientôt nos futurs collègues.
      Enfin… Collègues? Vraiment ? Changement d’école et nouveaux concours de recrutement (toute l’illusion du sérieux), en amont, créent nécessairement en aval un choc des « cultures », une distension de l’unité. Avant et encore aujourd’hui, on peut toujours reconnaître en l’autre collègue (même du Sgen…) l’effort, le mérite d’être passé par les foudres du concours, demain…

      Enfin, ce passage au local multipliera nécessairement les entreprises de léchage de culs en tout genre. C’est dans la culture de la région.
      On renforcera ainsi le pouvoir des petits kapos, des lubies et des forces de pression. Oh! Pourvu que je sois dans les papiers du Mercure François!

      Voilà la conséquence du libéralisme, la mort de la république…

      Il faut se battre contre cela !

      Vincent

    • 100 % d’accord avec Maxime.
      C’est exactement l’objectif de cette enième réforme : territorialiser les profs.
      C’est le même objectif poursuivi avec la réforme des rythmes scolaires (et son corollaire que sont les PEDT qui stipule que les PE devront créer des « projets » éducatifs avec les municipalités et les animateurs des activités périscolaires). Une fois que tout le monde sera sous la coupe d’un élu local et puisque les budgets dépendront des mairies, la « logique » voudra que tout le monde ait le même statut pour des raisons que l’on qualifiera de « logiques », « intégrées », « rationnelles »…

      D’accord avec Brighelli sur toute la ligne : les pédagogos ont trusté les commandes et favorisent l’enseignement privé qui est exempté d’appliquer les réformes qui sabordent l’école publique.

      Pour arriver à leur fin, ces connards du PS et leurs sbires utilisent tous les slogans démagogiques au possible tels que « l’école fatigue les enfants » et « les élèves s’ennuient au collège ».

  2. Merci Brighelli, once more. Ma première tâche lundi va être de vous afficher, once more, au lycée.
    Bien d’accord, Maxime. Moi aussi, je leur parle aux collègues et depuis longtemps FO parle du risque de territorialisation des profs comme cela s’est déjà fait pour les autres personnels. Je ne comprends pas mes collègues. Des veaux. La seule chose qui les fasse bouger, c’est quand on touche à leur fric et encore.
    Grève Mardi 19 Mai contre cette réforme du collège.
    Il y a des jours où malgré une belle énergie, on finit par perdre courage tant ces cons sont cons à gauche et guère mieux à droite.
    Ce qui me terrorise, c’est de voir les jeunes profs qui arrivent. Avec ça, on ne risque pas de changer quelque chose. Au contraire, ils nous arrivent déjà moulés à la louche pédago et sans recul aucun.
    Ravie de voir que Blanche se réveille un peu ce qui n’a pas été le cas sous Peillon/Hamon. Il est vrai qu’elle n’aime pas la Najat.
    Pff! C’est ça qui donne envie d’y retourner lundi.
    Sisyphe, vous avez encore une semaine d’illusion, vous, n’est-ce pas ?

  3. Combien a-t-elle créé directement ou indirectement d’écoles, Anne Coffinier et où ?

  4. Mon cher jean-Paul,

    Moi aussi je suis emplie d’amour en effet. J’aime ce que votre vulgarité dévoile à la fois de l’immensité de votre ignorance de l’école et de votre abyssale misogynie. Chacune de vos saillies rageuses m’emplit des délices de ne vous avoir jamais croisé sur mon humble route, de ne vous avoir jamais a minima enrichi de mes pauvres deniers ; et chacune de vos ostentatoires éructations me convainc davantage de ne pas dévier d’un iota de l’amour d’un métier ancré dans le réel d’une société plurielle, ouverte, et que j’espère un jour suffisamment éclairée pour faire majoritairement front face aux individus de votre trempe, rabougris et boursouflés de haine.

  5. « La gauche tue le latin et le grec à l’école, enterre les classes bilingues provoquant la colère de l’Allemagne » dit l’article de Challenge.

    Effectivement, dans le Figaro d’hier ou avant-hier, on trouve une interview de l’ambassadeur d’Allemagne en France critiquant la réforme.
    Elle y indique que les élèves français devraient apprendre l’allemand, puisque l’Allemagne aura de forts besoins de main-d’oeuvre à pourvoir, pour cause de dénatalité.

    Et là aussi, c’est très fort. Car l’une des principales raison des écarts de budget entre France et Allemagne (hors dépenses sociales) est justement liée à la différence de taux de natalité.

    Avec 2 enfants par femme en France contre 1,4 en Allemagne, on aboutit par exemple à 1,5% de PIB de dépense d’éducation en plus pour la France.

    Donc, en gros, l’ambassadeur vient nous dire : soyez assez aimable de continuer à vous endetter pour former vos enfants (allemand compris), afin qu’ils puissent venir enrichir l’Allemagne.
    Et cela après une enième engueulade de Schauble sur le budget.

    En fin d’interview, la dame prend soin de préciser que « la France est un pays souverain ». Madame l’ambassadeur est trop bonne…

  6. @sanseverina,
    Rassurez vous, tous les jeunes collègues ne sont pas décervelés après leurs passages dans les IUFM. Jeune professeur d’Histoire-Géographie moi-même, j’ai réussi en moins de trois ans à me tailler une solide réputation de « jeune-vieux réactionnaire ».
    Mais si être progressiste c’est participer à cette mascarade qui vise à démantibuler notre école républicaine sous couvert de pédadingologie innovante, alors vive la réaction!

  7. Dans la scène de la cuisine, vous remarquerez que le grand Jacques passe à côté de la redécouverte du principe d’équivalence faible en ne laissant pas tomber les deux objets en même temps

    Dans le collège du vide, ça se fera tous les jours mais on n’en tirera rien

  8. J’ai trouvé ça très drôle :
    http://www.liberation.fr/societe/2015/04/09/pour-en-finir-avec-le-latin-et-le-grec_1237894

    Et ce que j’ai trouvé plus drôle encore, ce sont certains commentateurs, sur Face de bouc, qui ont hésité à comprendre que c’était du second degré, tellement ça ressemble à du pédago dans son jus !

    Et réponse rapide à Laurence de Cock qui ne la lira pas : Rien de ce que vous dites, et qui n’est jamais que de l’invective, n’infirme ce que j’avance. Ce collège, et ces programmes, auront pour effet premier et dernier de creuser encore un peu plus le fossé entre les nantis et les autres — et figurez-vous, le vrai républicain que je suis se bat pour tout le monde, y compris pour les autres. Vous, vous vous battez pour vous.

  9. On constate que les attaques contre monsieur Brighelli sont surtout « ad hominem » et font dans la réduction « ad le penum », et ne sont en rien des arguments raisonnables. Finalement, elles sont les meilleures défenses de monsieur Brighelli !

  10. Ma foi, quelque peu amusée des insultes que certains prennent manifestement pour des arguments, je ne dirai qu’une chose : serais-je plus jeune et en aurais-je les moyens financiers, j’ouvrirais des écoles privées avec des programmes plus…classiques.
    Elles seraient rapidement cotées en Bourse.
    Diantre! cher monsieur Brighelli, je ne vous aurais pas cru misogyne. Très vilain ça!..enfin il paraît…j’adore qu’on me dicte ce que je dois penser
    Au fait, qu’est-ce qu’une société plurielle? un pluriel singulier?

  11. « serais-je plus jeune et en aurais-je les moyens financiers, j’ouvrirais des écoles privées »

    Pas viables sans la manne publique.

    Même (surtout) la mère Dier-Voslignées le sait. D’où son insistance à promouvoir le chèque éducation tiré sur fonds publics pas perdus pour tout le monde.

  12. cela semblera hors sujet mais ne l’est pas, j’ai lu et entendu des travaux de bac +5 se préparant à enseigner, tous truffés de fautes d’orthographe ne relevant pas toutes des co-q-uilles. Ceci explique peut-être cela…

  13. Cher Amaury, si seulement on recrutait toujours à Bac + 5 !
    Mais c’est aux Bac + 3 qu’on ouvre les portes. Et ceux-là…
    Le grand rêve de tous ces technocrates, droite ou gauche confondus, c’est d’embaucher massivement des précaires. Et pas à temps plein. Technique Carrefour : vous payez les caissières au SMIC, mais vous ne les prenez qu’à 75% des 35 heures. Bref, une misère, et vous les tenez par les mandibules.
    Et je m’étonne de m’endormir, chaque soir, en rêvant d’îles désertes…

  14. Pas viables sans la manne publique, sait-on jamais, Messire Dugong?
    Tous ces braves gens qui se veulent d’avant-avant l’avant-garde manquent en fait singulièrement d’imagination. C’est bien pour ça qu’ils font n’importe quoi. Ils doivent s’éveiller en se demandant : quelle ânerie n’a pas encore été faite , qui pourrait me permettre de passer pour original? Ils se lèvent, mettent le pied dans le pot de chambre qu’ils ont malencontreusement oublié là et s’exclament : voilà! j’ai trouvé!
    Je suis certaine qu’en cherchant bien on trouverait un moyen de contourner les règlements contraignants. Après tout, c’est ce que font les malfaiteurs à longueur de temps, ça doit donc être possible.

  15. Et ils ne se contentent pas de recruter les bacs+3. Il y a aussi les AVS/emplois d’avenir qui prétendent au métier de profs. On en a une qui porte le sac d’un élève depuis 3 ans et qui m’a déclaré tout net qu’elle aurait à ce titre le droit de passer un capes spécial ( même pas l’interne ) qui lui permettrait de devenir prof. Elle traîne dans la salle des profs, a son propre casier et a tenté de me soumettre un manuscrit de roman. Et ce capes spécial qui est une vaste foutaise ( vague dossier didactique/pédago ) est possible pour des gens qui ont de l’expérience dans l’EN. C’est sûr que porter un sac d’élève pendant 3 ans , cela vous donne un beau savoir-faire et tant de belles compétences.
    Je peux aussi vous parler d’une jeune collègue licenciée qui parlait en riant des parents d’élèves qui étaient outrés des fautes d’orthographe qu’elle accumulait sur les copies ou dans les poly qu’elle donnait aux élèves.
    Plus ils seront nuls, moins ils défendront leur matière, moins ils défendront des programmes solides. C’est la seule chose qui intéresse les rectorats, nos ministres et nos inspecteurs : du petit personnel, prêt à recracher les fiches pédagos toutes faites, incapables de préparer seuls un cours. Moins ils seront qualifiés, moins ils seront payés et plus facilement ils travailleront par objectifs et par projets. Je le vois d’année en année. Les jeunes collègues de lettres ne savent plus faire un cours tout seuls. Ils pompent tout, mais vraiment tout dans les revues pédagos ( mon ordinateur corrige toujours pédago en pédalo, assez drôle ) ou sur internet. Prendre un objet d’étude ( puisque c’est ainsi qu’il faut dire ) et construire seul des cours avec analyse des oeuvres intégrales et des textes leur paraît impossible.
    Et les propositions des inspecteurs sont tellement plus alléchantes: exemple: ne plus faire une explication de texte ( terme honni depuis longtemps ) il faut faire de « la mise en voix ». Vous n’étudiez pas le texte avec vos élèves, c’est de l’impérialisme intellectuel, vous les faites lire. Les uns derrière les autres, puis vous leur faites critiquer les lectures entendues, puis on discute ensemble du « ressenti » ( je hais ce mot ) des élèves. Puis un élève propose une synthèse qu’il dicte aux autres. Et le tour est joué. Voilà ce que notre cher inspecteur demande. Voilà ce que lui ont servi certains collègues qui ont été encensés et ont vu leur note bien remontée.
    Quel besoin d’un prof certifié ancienne manière ou a fortiori d’un agrégé ?
    Les profs seront des OS de la communication et donc payés comme tels. Et les vacataires qui nous arrivent, payés à l’heure, ont déjà la mentalité ad hoc. Ils n’ont aucune envie de préparer des cours et n’en semblent pas capables, demandent des fiches toutes faites, acceptent d’être peu payés et ont vous disent qu’ils sont contents car ils peuvent faire moniteurs de colonies de vacances pendant l’été ou les vacances scolaires. J’en ai vu une ( en anglais )qui me disait faire du ménage en sortant de cours et qui me riait au nez quand je lui parlais de la préparation du capes, me disant qu’elle n’avait pas le niveau et qu’elle se foutait de l’anglais, ayant juste fait ça parce qu’avec une licence d’anglais, elle n’avait rien trouvé d’autre.
    J’attends le moment où les parents verront à quel point on sombre. Car si l’élite et une partie de la classe moyenne le savent depuis longtemps, nombreux sont ceux qui font encore globalement confiance à l’école. Il faut juste attendre qu’on sombre encore plus.

  16. JPB évoque des programmes scolaires réécrits par Christian Estronzo ce qui force à réfléchir aux bases conceptuelles et pratiques du motodidactisme.

    Bien sûr, on pense immédiatement à des séances de wheeling sur la promenade des vieilles anglaises * et de burn devant le Negresco façon KKK sous les vivas des vicieuses platinées mais là n’est pas l’essentiel.

    Songez à la réémergence des vieilles querelles sur les mérites comparés du 2 temps et du 4 temps qui enflammeraient les petites nouilles de neoplofs dans une délicieuse atmosphère d’huile de ricin surchauffée *.

    On prendra l’angle avec le japonais l’italien ou l’anglais, au choix, on cultivera l’arbre à cames en essevété et des allumés en avance voudront innover en échappement libre.

    * Norton, Bsa, Royal Enfield, Triumph, Velocette, etc.

    ** gamin, je voyais les Bugatti tester leurs monstres odorants et vrombissants à Molsheim. Une madeleine, une !

  17. Videdanssakopf, Zatchouknougat, Line de Coke en stock, le trio d’acteurs dans le dernier blockbuster de Moloch Production.

    A cause without a rebel (la fureur de suivre le mainstream)

  18. Dugong, ce matin, sur le Vieux Port tout à côté des poissonniers, exposition de voitures de collection des années 50-60. Rutilantes, état concours. Splendide sous le soleil qui revient.
    Juste pour te faire marronner… On se serait pris un café à la Samaritaine, face à ND de la Garde et au soleil levant. Pff…

    • Maxime décisive :

      « Il faut que chaque apprenant de France ait son doudou électronique afin de ne plus voir la tronche de cake du professeur ».

      Une B.M ou une Benz ça a quand même une autre gueule qu’une mémère qui ânonne du latin entre deux bigoudis de sa mis-en-plis ! Halte aux chignons prises de tête ! Wesh mon gars et trace ta route !
      Moi Shakespeare j’expire …

    • Je sens comme un léger reproche.

      Bon d’accord, c’est pas bien de quitter les amis pour se réfugier en Périgord profond où, comme partout, qui a monté les a cool.

  19. Il faudrait réécrire Les Maximes de La Rochefoucauld – la roche faux cul – dans le style contemporain avec du punch ! Vous vous y mettez Brighelli ?

    Les Méta-maximes … à l’heure du dark-net !

  20. Kali, c’est un super-résumé, mais le document originel d’Auléric, dub’é ?

    • Bon, bon, bon, j’ai quelques petits problèmes de compréhension aujourd’hui alors, qu’est-ce que ça veut dire « dub’é » ?

  21. Dis donc Jean-Paul… Je reste un peu sur ma faim, là. Tu dénonces les complots, tu distribues les bons points et les bonnets d’âne, mais quand est-ce que tu nous expliques à quoi il pourrait ressembler ton collège? Tu ferais comment toi pour aider les petits, les obscurs, les analphabètes? Ou tu fais comment? Ou tu as fait comment? Je ne te connais pas bien, tu es peut-être trop timide pour exposer tout ce que tu fais, as fait et/ou feras pour eux, mais vas-y, ose, ne sois pas si humble. Parce que pour l’instant, ce que je ressens à te lire, c’est qu’il ne doit pas être facile tous les jours d’être un « nul » dans ta classe. Mais je m’en voudrais de rester sur une telle impression basée uniquement sur ce que je lis entre tes lignes. Alors comment tu fais concrètement quand tu es seul maître à bord? Comment tu fais avec tes collègues? Tu utilises aussi ce vocabulaire pour les aider « les nuls », pour que tout le monde progresse, pour que personne ne reste au bord de la route? Mais il n’y en a peut-être pas (plus) dans tes classes, tu as l’air si bon.
    Tu causes et tu écris beaucoup mais où puis-je trouver un lien vers ce que tu f(er)ais? Sors-nous de notre ignorance! S’il te plait! Et merci de ne pas me faire le coup de ton cop@in Loys que j’ai pu voir sauter sur sa chaise comme un cabri en criant « la République, la République » « L’autorité, l’autorité ». Cela a beaucoup plu aux (vieux) sénateurs toujours en phase avec la réalité du terrain mais, tu l’auras compris, je ne visualise pas bien ce que ça donnerait concrètement dans votre collège de la raie-publique. Si tu es aussi percutant dans tes propositions que dans tes commentaires indignés, on devrait aller assez vite pour redresser la France. Je suis impatient, du coup. Réponds moi vite!

    • Puisque c’est un lien que vous voulez, en voici un :
      http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-documents/A-bonne-ecole
      Cela dit, vous ne trouverez pas les réponses que vous cherchez dans ce lien mais dans un objet appelé « livre » qu’on peut emprunter gratuitement dans des lieux appelés « bibliothèques ». Quant aux « nuls » qui se trouvent dans les classes de JPB, ils doivent effectivement se sentir peu à leur place… en prépa. Bref, vous vous interrogez mais vous n’avez pas dû enquêter bien longtemps. D’accord ou pas avec lui, on peut difficilement reprocher à JPB de ne rien proposer.

    • Forcément, si on commence à utiliser des langues barbares, on risque pas de se comprendre. En bas de l’article de Catherine, faut cliquer sur « télécharger » (la flèche vers le bas).

  22. Eh bien, ça ne marche pas. Si vous avez le dossier en pdf, ma chère, envoyez-le moi.

    Gleguével, je vous fais un programme Collège quand vous voulez — moi et quelques autres. Mais ça ne se conçoit pas « en soi » : on construit du collège à partir de ce qui arrive (et dans quel état) en 6ème.
    Et comme le rappellent Kali et Catherine Huby, ces salopards ont pensé au Primaire — pour justifier leur Collège qui est lui-même la justification du lycée Chatel.
    Il faut donc rebâtir un Primaire (le GRIP s’y est attelé, ces dernières années — et il a été partie prenante des programmes Darcos, sans avoir la haute main sur tout. Après, nous rebâtirons un Collège et un lycée.
    Mais on sait déjà que la philosophie qui l’inspirera, c’est celle de la transmission. De haut en bas. Et qu’un élève doit chaque jour sortir du collège (ou de l’école, ou du lycée) plus savant qu’il n’est entré. Même si ça le fait transpirer.
    Ce ne serait d’ailleurs pas une mauvaise chose de prendre la transpiration — le travail, hein — comme second critère.
    Sinon, si vous voulez savoir ce que je fais en cours, je vous invite.

  23. Tenez, mes féaux, je fais flèche de tout bois, avec tout le monde, y compris des soi-disants infréquentables, et sur tous les médias — et peu importe ce que disent les mal-pensants :
    https://www.youtube.com/watch?v=g6cKp02ZCew
    Et je pense très fort ce que j’y dis. Attention, c’est long.

  24. La logique du « low cost » partout, en tous domaines et pour toutes les activités … les professions libérales, ces accapareurs qui affament le bon peuple … et ces profs, qui coûtent cher et ne produisent rien de mesurable ni de taxable.

    Tout doit être moins cher que si c’était gratuit …

  25. Questions : voyez-vous une différence fondamentale entre ceux qui démolissent les bâtiments antiques en Syrie et ceux qui démolissent la culture classique en France?
    Si oui, laquelle?

  26. Y en a des qui disaient qu’il fallait simplifier l’orthographe ! Pas du tout aujourd’hui on se targue de compliquer les prénoms à foison : Bérénice devient Berenyss et Clovis se fait appeler le brave et fier petit Clauvisse de la famille de Clodion le chevelu qui remonta sur scène en l’an 1963 sous le nom de Claude François !

    P.S C’est un abrégé de chronologie à l’usage des petits nouveaux du blog.

  27. Excellent post que je lis avec gourmandise, mais qui m’interroge néanmoins dans sa conclusion (et oui, je sais, le post date d’un an, mais la question me paraît rester d’actualité) : quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi la « territorialisation » est sans cesse agitée comme un épouvantail, comme s’il s’agissait de la boîte de Pandore prête à lâcher mort et destruction sur le monde ?

    • Je me méfie comme la peste des transferts de responsabilités vers des autorités locales — et jusqu’où descendre dans le local ? Nous avons déjà bien du mal à trouver quelques responsables nationaux compétents : imaginez ce que donnerait l’atomisation vers les régions / départements / villes des programmes, du recrutement, et des pédagogies ! À l’échelle des villes on a vu — avec la réforme des rythmes scolaires.

      Un exemple. Les règlements intérieurs des établissements scolaires sont très disparates — en fait, chaque établissement décide de son règlement intérieur. Ainsi, les portables seront admis ici, recommandés là, interdits ailleurs : quelle cohérence ? Seul un projet unifié fort donnerait une ligne.
      Quant à des recrutements déconcentrés (ne serait-ce qu’au niveau des personnels de direction), je vous laisse imaginer les coups de piston locaux… Et les disparités d’une ville ou d’une académie à l’autre — c’est déjà le cas dans les concours d’instits, plus faciles ici que là, etc.

    • Cela dit, la règle non écrite sur ce blog est d’aller à la dernière chronique, y compris pour commenter des textes très antérieurs — ainsi, tout le monde en profite.

      • Qu’il ne soit pas dit que je n’aurai pas respecté une règle coutumière, je vais poursuivre cet échange de vues sur la dernière chronique, en m’excusant par avance si cela paraît hors sujet !

        Merci par ailleurs de cette réponse, que je vais me permettre de débattre.

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