« Mais enfin, a crié papa, que veux-tu que je fasse ? Que je fouette le gosse dès que j’entre dans la maison ? » (Les Récrés du petit Nicolas)
On fouette peu mais on fesse beaucoup dans le Petit Nicolas, l’immortel chef d’œuvre de Sempé et Goscinny. Particulièrement dans le premier volume. Les copains se prennent des dégelées impressionnantes, au retour de l’école.
Voilà qui ne ferait pas plaisir à Laurence Rossignol, secrétaire d’Etat chargée de la famille, qui relance le débat (refermé en mai dernier lorsque « l’amendement fessée » déposé par un Vert, François-Michel Lambert, a été repoussé par l’Assemblée) sur la constitutionnalité de la fessée.
Comme ils n’ont rien d’autre à faire, au gouvernement, que de s’occuper des parents fesseurs (et les parents gifleurs alors ? Discrimination insupportable !), Bonnet d’Âne, ne reculant devant aucun sacrifice, a résolu de s’attaquer résolument au problème.
D’abord, il n’y a fessée, stricto sensu, qu’à partir du moment où il y a répétition du geste. Une seule claque n’est pas une fessée.
Ensuite, y a-t-il fessée lorsque le derrière susdit est protégé par un tissu — couche, pantalon, jupe plissée ou shorty « Fleurs de pommier » de chez Aubade ? Y a-t-il fessée lorsqu’il ne s’agit pas d’un enfant ?
Mais Laurence Rossignol sait-elle que la fessée est un jeu d’adultes parmi d’autres ?

Et d’abord, était-elle méritée, cette fessée ? On sait grâce à Max Ernst que même le petit Jésus, qui est comme chacun sait « sage comme une image » pieuse, a pris des fessées de la main de sa Vierge de mère (l’était-elle encore après l’accouchement ? Si oui, je veux bien croire aux miracles) légèrement excédée par les turlupinades du gamin. « Jésus, je t’avais dit de ne pas changer l’eau en vin, ivrogne ! » « Jésus, qu’est-ce que c’est que cette manie de fréquenter des paralytiques — d’abord, il est même pas lavé, ce mec ! » « Jésus, tu nages comme je t’ai expliqué, tu ne frimes pas en marchant sur l’eau ! »
Insupportable, le gamin. On le lui a bien fait voir, une grosse vingtaine d’années plus tard.

Ensuite, la fessée est-elle pédagogique ? Ma foi… L’abbé Boileau (le frère de l’autre) a commis en 1700 une Historia flagellentum qui condamne fermement l’abus de fessées (particulièrement au fouet),à cause du plaisir louche que d’aucun(e)s y prennent. La vraie pédagogie serait donc de refuser la fessée ?
Rappelons au passage qu’elle n’est interdite à l’école de façon officielle que depuis 1991. On en donnait, « de mon temps »…

Allez, cessons de rire : ce n’est pas bien de fesser (et encore moins de gifler) les enfants. La seule vertu que l’on peut reconnaître à la chose, c’est un certain soulagement des parents.
Mais entre adultes consentants ? Peut-on utiliser la main, jusqu’à faire rougir les fesses — jusqu’à « fêler le postérieur en deux », comme le chantait Brassens, qui en homme cultivé revenait au sens originel de « fesse » — la fissure ? Là où nous voyons des rotondités symétriques (sauf cas de « cul rabat-joie, conique, renfrogné » — Brassens toujours), les Latins voyaient une fente, tout comme là où nous voyons la pointe du sein, ils voyaient, eux, la courbe — sinus / cosinus, c’est la raison étymologique de la paire de lolos. La fessée excite les esprits animaux, dit l’abbé Boileau. Je le crois bien ! Elle amollit les chairs, les prépare à des excès, ramène le sang en surface sans le faire couler (à l’inverse du fouet, de la canne ou de la cravache), ravive les couleurs…

Au lieu de légiférer sur des pratiques certes archaïques mais sans réelle gravité, la secrétaire d’Etat ferait mieux de s’occuper des enfants réellement battus, à coups de ceinture après les avoir attachés à la table. Elle ferait mieux de traiter les douleurs véritables, les humiliations du pain quotidien devenu hebdomadaire et du travail qui manque, les cités contrôlées par les gangs, les jeunes sans autre perspective que Pôle Emploi ou le djihad. Oui, elle ferait mieux — sinon c’est à François Hollande en particulier et au PS en général que les électeurs flanqueront une fessée, en 2017. Et une belle.

Jean-Paul Brighelli

9 commentaires

  1. Petite coquille dans le paragraphe où Brassens est évoqué : « cultivé » et non « cultivait ».

  2. Si la fessée de 2017 et son instrument (le bulletin bien enfoncé dans l’urne) sont à peu près connus et certains, reste à savoir quelle sera l’intensité de ladite correction (50 nuances de violet ?)

    A propos de fêlure, une coquille : « […] — jusqu’à « fêler le postérieur en deux », comme le chantait Brassens, qui en homme cultiv__é__ revenait au sens originel de « fesse »[…] ?

    Cordialement,

    E.P.

  3. La Vierge a bénéficié d’une GPA grossesse par ange + PMA parturition médico-anale … la Judée Samarie étant très avancée technologiquement ! Ce qui fait que l’hymen fut préservé … ça vous en bouche un coin je suppose !

  4. Les savants ne racontent pas trop que le petit Jésus est sorti par les fesses c’est pourtant un fait établi depuis longtemps ! C’est pourquoi le cul est le lieu sacré qu’on ne touche qu’avec une verge sanctifiée.

  5. Une débile profonde – crétine des alpes ? – Elise Elisseievna s’exprime dans Boulevard Voltaire :
    « Des médecins catholiques ont expliqué depuis bien longtemps que la sexualité n’est nullement un besoin mais seulement une envie imaginaire, disparaissant naturellement par la simple « chasteté mentale ». Une vérité toute simple qui explique la chasteté totale de religieux en parfaite santé. »

    Ma réplique :

    Vous connaissez l’histoire des sorcières de Loudun ? Un couvent de femmes accusant un prêtre Urbain Grandier de les avoir ensorcelées ? Phénomène typique d’hystérisation à base de privation sexuelle dans un contexte hautement hormonal !
    Tout le monde sait que les périodes féminines s’harmonisent dans la vie en commun.
    Bon ! évidemment les hormones n’étaient pas connues au 17e siècle mais je ne pensais pas qu’en 2014 une féministe nierait ainsi la vie sexuelle profonde des femmes !

  6. Le problème avec ces blagues sur Jésus et sa mère, est que vous n’oseriez pas faire de même avec l’Islam.

  7. En vous lisant aujourd’hui, je me suis souvenu d’un prof. de lettres à Versailles qui nous parlait de l’ouvre de Sophie Rostopchine de manière bien différente que ce que nous pouvions trouver dans le « Lagarde et Michard »… Le dit prof terminait alors le 4ème volume de « Textes et Contextes » : c’était il y a en effet bien longtemps…

    Je me suis alors reporté à ce que pouvait dire Wiki sur l’œuvre de la Comtesse… Le plus intéressant est sans doute dans la partie discussion de wiki :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Comtesse_de_S%C3%A9gur

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