Dans la famille manga, je demande le genre shôjo : il s’agit de mangas pour adolescentes (c’est le sens de shôjo en japonais) pré ou tout juste post-pubères, parfois touche-pipi mais pas forcément. Un peu niais. Harlequin mis en images. Bibliothèque rose bonbon.
Yumiko Igarashi, la grande mangaka « princesse du shôjo manga », connue pour Candy ou Georgie, qui doit se tenir au courant des dernières réformes du collège en France, a donc adapté Madame Bovary en shôjo manga afin de complaire aux IPR qui inlassablement sillonnent leur rectorat (un joli mot qui vient probablement de rectum, vu le forcing des con / certations) et qui recommandent (voir par ailleurs ma future chronique du Point) de ne pas se lancer dans des travaux littéraires qui passeraient par dessus la tête des apprenants.
Comme dit l’éditeur français, « la narration très féminine du genre colle parfaitement au style graphique ». Qu’on en juge :

 

Ou encore :

Les albums ont été publiés en français en 2013 — mais c’est cette année qu’ils pourront connaître le succès qu’ils méritent. Ah, quels beaux EPI Lettres / Arts plastiques on va nous tricoter avec un pareil matériel graphique ! Comme l’ironie de Flaubert se dégage admirablement de ces planches ! Par exemple, dans le roman, Emma et Léon passent trois jours de lune de miel à Rouen. Ils font romantiquement du canotage sur la Seine, Léon lui récite du Lamartine — « Un soir, t’en souvient-il, nous voguions en silence », le vieil Alphonse était un maître du shôjo — à ceci près que le fleuve est bordé d’entreprises de calfatage, que « la fumée du goudron s’échappait d’entre les arbres », et que « l’on voyait sur la rivière de larges gouttes grasses, ondulant inégalement sous la couleur pourpre du soleil, comme des plaques de bronze florentin, qui flottaient » : la romance s’écoule sur fond de pollution — un mot qui à l’époque de Flaubert n’avait pas exactement le sens actuel, et qui évoquait davantage les pollutions nocturnes auxquelles doivent se livrer les jeunes filles adeptes du genre shôjo — surtout si tout ce qu’elles connaissent de la scène est ce qu’en a gardé Yumiko Igarashi :Quand j’ai à parler de Madame Bovary (ou de l’Education sentimentale, mêmes ressorts, même punition), je commence par expliquer qu’il est très compliqué de lire Flaubert à voix haute : soit on lit au premier degré, et on rate l’ironie, soit on lit de façon distanciée, et on sabote le point de vue d’Emma et de toutes les courges qui « se graissent les mains à cette poussière » des romans sentimentaux.
C’est sans doute trop com / plexe pour des ados con / temporains cons / ommateurs de shôjo et d’autres balivernes sentimentales. Trop complexe aussi pour les inventeurs des dernières réformes de l’Education — celle du lycée, con / coctée par les services de Luc Chatel, ne valait pas mieux que celle du collège qui lui fait écho. Faut croire qu’en fait d’Education, c’est à l’Education sentimentale que pensent les gros bonnets de la rue de Grenelle. Du coup, la fameuse phrase où le romancier se moque des lectures de la jeune shôjo Emma, pleines de « messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l’est pas, toujours bien mis et qui pleurent comme des urnes » devient, chez Igarashi :

J’en connais une, chroniqueuse émérite et pétrifiée d’admiration devant Flaubert, qui va courir s’offrir ce chef d’œuvre.

Comme les Japonais pensent à tous les publics, les homos ont spécifiquement le yaoi, dans lequel l’intrigue est centrée autour d’une relation homosexuelle entre personnages masculins, et comportant éventuellement des scènes sexuelles. Dans les faits, c’est aussi cucul-la-praline que le shôjo — il n’y a pas de raison commerciale que les gays soient plus malins que les hétéros.
Et sachez, heureux enseignants en quête d’œuvres adaptées au niveau de vos élèves, que Yumiko Igarashi a également fait un shôjo à partir de Roméo et Juliette — en cette année de célébration du 400ème anniversaire de la mort du grand Will, voilà qui fera chaud au cœur de tous les anglicistes. Aussi niais que Bovary, ou que les inscriptions griffonnées par des touristes incultes à l’entrée de la maison supposée de Juliette, à Vérone.
Du graf’ au shôjo, même combat — et je ne suis pas bien sûr que Shakespeare ou Flaubert en sortent vainqueurs. Mais l’essentiel, n’est-ce pas, c’est que les apprenants s’expriment — comme le jus des citrons.

J’étais déjà l’heureux possesseur d’une version réduite et illustrée du Comte de Monte-Cristo publiée en Inde — les 1000 pages du roman de Dumas ramenées à 231 pages d’un tout petit format en corps 14 — voyez vous-même, c’est la fin :Mais avec le genre shôjo, une nouvelle barre est franchie — la barre que l’on abaisse, bien sûr, afin que tous la passent, et viennent ensuite s’écraser contre le mur inéluctable de la réalité. Flaubert ne sert pas uniquement à donner de la culture ou à passer un bon moment, mais à faire comprendre qu’en rester à des lectures chatoyantes et un savoir auto-construit à 14 ans vous promet des lendemains qui déchanteront — mais Najat s’en soucie-t-elle ?

Jean-Paul Brighelli

105 commentaires

  1. C’est très con-noté ! Vous remarquerez – ou pas – que Juliette a les traits d’Elizabeth Taylor dans « la Mégère apprivoisée » … évidemment si Roméo avait pu convoler avec Juliette cela aurait pu finir en vol d’assiettes brisées au bout de quelque temps !

  2. La belle-mère de Lady Di était la fille de Barbara Cartland : ceci explique bien des choses ! Lady Di pauvre petite Emma de la gentry anglaise crut trouver son prince charmant avec Charles alors qu’elle était juste une jument de monte aux yeux de la famille royale anglaise & bonne pour la reproduction de l’espèce !

    Malentendu littéraire …

  3. J’attends toujours une improbable version de mââme Bovary en argot classique.

    Sûr qu’Emma ne pensait qu’à flauber son auber.

    PS : une nipéaire qui sillonne son rectorat : laboure toujours laboure !

  4. Vous savez que Prince est mort ? Il mesurait 1,57 m autant dire presque une créature de conte de fées … ou de mangas !

    Voici les paroles de son plus grand succès « Purple rain » (1984) :

    Purple Rain
    (Pluie Violette)

    I never meant to cause you any sorrow
    Je n’ai jamais voulu te causer de chagrin
    I never meant to cause you any pain
    Je n’ai jamais voulu te faire de mal
    I only wanted to one time see you laughing
    J’ai juste voulu une fois te voir rire
    I only wanted to see you laughing in the purple rain
    J’ai juste voulu te voir rire sous la pluie violette

    Purple rain Purple rain (3x)
    Pluie violette Pluie violette (3x)

    I only wanted to see you bathing in the purple rain
    J’ai juste voulu te voir prendre un bain sous la pluie violette
    I never wanted to be your weekend lover
    Je n’ai jamais voulu être ton amoureux du week-end
    I only wanted to be some kind of friend
    J’ai juste voulu être une sorte d’ami
    Baby I could never steal you from another
    Bébé je n’ai jamais pu te voler à un autre
    It’s such a shame our friendship had to end
    C’est si dommage que notre amitié ait dû finir

    Purple rain Purple rain (3x)
    Pluie violette Pluie violette (3x)

    I only wanted to see you underneath the purple rain
    J’ai juste voulu te voir sous la pluie violette
    Honey I know, I know, I know times are changing
    Chérie je sais, je sais, je sais que les temps changent
    It’s time we all reach out for something new
    C’est le moment de tendre la main pour quelque chose de nouveau
    That means you too
    Ça veut dire que toi aussi
    You say you want a leader
    Tu dis que tu veux un chef
    But you can’t seem to make up your mind
    Mais tu ne sembles pas te décider
    I think you better close it
    Je pense que tu ferais mieux de ne pas réfléchir
    And let me guide you to the purple rain
    Et me laisser te guider jusqu’à la pluie violette

    Purple rain Purple rain (2x)
    Pluie violette Pluie violette (2x)

    If you know what I’m singing about up here
    Si tu sais de quoi je chante ici même
    Come on raise your hand
    Viens tends ta main

    Purple rain Purple rain
    Pluie violette Pluie violette

    I only want to see you, only want to see you
    Je veux juste te voir, juste te voir
    In the purple rain
    Sous la pluie violette »

    C’est tout à fait l’esthétique manga ! Prince c’est Puck lutin de la colline dans le monde musical (enfin Un songe d’une nuit d’été où l’on se touche la main mais où l’on oublie de consommer).

    • Les deux artistes noirs des années 80 les plus célèbres : Prince et Mickaël Jackson, deux créatures androgynes, chez qui la provocation sexuelle est plutôt de l’ordre du fantasme que de la brute virilité à la Marlon Brando ou à la Elvis Presley !

      Ou comment on passe d’une époque à une autre !

    • Ça leur apprendra à importer des (tigres) migrants en Afrique…
      Un Tamoul (de bouchot) certainement…

  5. Puisqu’on nage ici dans la culture, je signale le décès prématuré de Papa Wemba (petit) Prince de la rumba congolaise et pape de la sape.

    (accessoirement Papa Wemba est aussi l’apôtre de la sobriété webique, en témoigne son site officiel : http://www.papawemba.fr/ )

    J’en connais un en ces lieux qui partagera mon émotion et se consolera en écoutant : https://www.youtube.com/watch?v=K4w6kSucANY

    (le deuil en Afrique peut être joyeux)

    • Salut Zorglub, grand ancien !

      Papa Wemba est mort comme aurait aimé le faire Molière. C’est dire s’il a réussi.

      Les Zaïrois (je ne peux me résoudre à les congoliser) ont une jovialité spéciale que n’ont pas toujours les autres africains du centre.

      Voilà encore que j’euphémise…

  6. Jean-Claude Milner, De l’école, 1984, Seuil.
    Pas pris une ride !
    « L’opinion ne sait rien de ce qui est véritablement en cause; les puissants ne semblent pas mieux éclairés. »
    « Le premier axiome du discours pieux n’est autre que la haine des institutions comme telles. »
    « Les réformes pieuses de l’école, proposées par le SGEN (…) consistent en tout et pour tout à mettre l’institution scolaire dans son ensemble et chaque enseignant en particulier hors d’état d’opérer le moindre effet. »
    Etc. etc.

    • Jean-Claude Milner combien de divisions ? Non parce que Prince a vendu plus de 100 millions d’albums ! Et Mickaël Jackson je vous dis pas ..; Mao sans l’armée rouge c’est que dalle !

  7. « – Ainsi, nous, disait-il, pourquoi nous sommes-nous
    connus ? quel hasard l’a voulu ? C’est qu’à travers
    l’éloignement, sans doute, comme deux fleuves qui
    coulent pour se rejoindre, nos pentes particulières
    nous avaient poussés l’un vers l’autre.
    Et il saisit sa main ; elle ne la retira pas.
    «Ensemble de bonnes cultures !» cria le président.
    – Tantôt, par exemple, quand je suis venu chez vous…
    «À M. Bizet, de Quincampoix.»
    – Savais-je que je vous accompagnerais ?
    «Soixante et dix francs !»
    – Cent fois même j’ai voulu partir, et je vous ai suivie, je suis resté.
    «Fumiers.»
    – Comme je resterais ce soir, demain, les autres jours, toute ma vie !
    «À M. Caron, d’Argueil, une médaille d’or !»
    – Car jamais je n’ai trouvé dans la société de personne
    un charme aussi complet.
    «À M. Bain, de Givry-Saint-Martin !»
    – Aussi, moi, j’emporterai votre souvenir.
    «Pour un bélier mérinos…»

    Même là les élèves ne voient plus l’ironie ( 1ères L ). Ils vous racontent que Rodolphe est juste gêné par le discours « agricole », et que ça perturbe encore plus Emma. Certes, certes, mais encore…

    « Elle songeait quelquefois que c’étaient là pourtant les plus beaux jours de sa vie, la lune de miel, comme on disait. Pour en goûter la douceur, il eût fallu, sans doute, s’en aller vers des pays à noms sonores où les lendemains de mariage ont de plus suaves paresses ! Dans des chaises de poste, sous des stores de soie bleue, on monte au pas des routes escarpées, écoutant la chanson du postillon, qui se répète dans la montagne avec les clochettes des chèvres et le bruit sourd de la cascade. Quand le soleil se couche, on respire au bord des golfes le parfum des citronniers ; puis, le soir, sur la terrasse des villas, seuls et les doigts confondus, on regarde les étoiles en faisant des projets. Il lui semblait que certains lieux sur la terre devaient produire du bonheur, comme une plante particulière au sol et qui pousse mal tout autre part. Que ne pouvait-elle s’accouder sur le balcon des chalets suisses ou enfermer sa tristesse dans un cottage écossais, avec un mari vêtu d’un habit de velours noir à longues basques, et qui porte des bottes molles, un chapeau pointu et des manchettes! »

    Et là, plus rien. Vous avez beau sourire, argumenter, démontrer, décortiquer, gesticuler ; on vous regarde avec de yeux de hareng frit. Ben, non, Madame, y’a pas d’ironie. C’est normal qu’elle attende mieux de son mari, c’est sa lune de miel quand même,c’est important pour elle, moi je la comprends and so on…
    Alors, j’évite les passages vraiment bovarystes. Un peu de casquette, un peu des comices et rideau. Moins les élèves maîtrisent leur langue, plus ils s’éloignent de l’implicite et de l’ironie. Ce qu’on n’avait pas besoin d’expliquer, qu’on pouvait juste commenter littérairement il y a quelques années n’est souvent plus possible car les élèves moyens n’ont plus le sens du « second degré ». Combien de lectures tombent à plat car les jeux de connivence qui existaient entre prof et élèves ne sont plus partagés faute de maîtrise du langage. Et quand vous vous débattez pour déjà donner du sens à un texte ironique avant de pouvoir expliquer le fonctionnement du texte, une bonne partie de son « sel » est déjà perdu. Et ce qui était auparavant un plaisir du texte devient une déconstruction absurde qui laisse le prof très insatisfait ( et voilà tous les profs de lettres bovarysés d’un coup d’un seul, frustrés de l’absence de réactions de leurs élèves:-).

    Alors on se console tout seul avec « La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie. »
    Et là,on pense tous très fort à de mauvais jours sur certains blogs…

    • Le bovinisme triomphant de nos élèves nous bovaryse.

      On peut toujours se l’arrondir : c’est un déterminisme spiralaire

    • Franchement, Madame Bovary c’est nul – comme tout Flaubert d’ailleurs. J’espère que vous n’assommez pas vos élèves avec ça: ce serait criminel!

  8. J’ai UNE élève, en 4e, qui est en train de lire le texte original, de son plein gré. Sa réaction, je cite:  » c’est tellement beau que j’ai envie de pleurer ».
    Une sur…?
    Mais elle a sauvé ma journée! L’espoir, toujours.
    Sisyphe, scientifique mais pas que!
    😉

    • Vous devriez pleurer. Lire Madame Bovary en 4ème, de son plein gré en plus: elle va mal finir cette petite… Je plains ses parents.

  9. Bonjour et merci pour ce divertissement,
    étant prof de maths en lycée, je n’aurai pas la chance hélas, de faire profiter mes jeunes de ces oeuvres. Quoique? En AP, tout est permis. Ce sera du transdisciplinaires avec une ouverture sur la culture japonaise.
    Je déplore cependant que même auprès de mes enfants, j’ai du mal à faire comprendre que l’art et l’expression ne sont pas une même activité. Le rap et le graf’ pour moi sont de l’expression. Et Jeff Koons (que je prononce un peu différemment que ce qui est écrit), je n’arrive pas à le classer, ni à l’apprécier …
    Mais pour en revenir au XIXème, étant personnellement dans une période Stendhal, existerait-il aussi des oeuvres comparable adaptées du Rouge, ou de la Chartreuse?

    • « Un coeur simple », merveille des merveilles du roman français; tendresse infinie pour le personnage, ironie sans méchanceté et peinture exacte d’un archétype de la comédie humaine. « Son visage était maigre et sa voix aiguë. A vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante ; dès la cinquantaine, elle ne marqua plus aucun âge ; – et, toujours silencieuse, la taille droite et les gestes mesurés, semblait une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique. » Après un paragraphe comme ça, c’est bon, on peut passer l’arme à gauche.

  10. Je viens sur ce blog depuis sa publication sur le « Midi libre », c’est dire!
    Et progressivement le ton est devenu plus sombre, je parle des textes et des commentaires ensemble.
    Ce qui était un lieu d’échanges entre professionnels l’est resté mais l’objet n’est plus le même.
    Un peu comme s’il était devenu inutile de traiter des réformes en tant que telles et qu’il n’en demeurait que les conséquences néfastes.
    L’après-désastre en quelque sorte où l’humour est l’ultime ressource devant la catastrophe. Cassandre devant les ruines.
    Le crépuscule d’un moment ou l’on a pu croire que la culture servirait à élever chacun.
    Ce qui aujourd’hui me rend certain que la messe est dite c’est que la culture est devenue l’objet du mépris. Il est aisé de comprendre pourquoi et tous les fonctionnaires de Vichy qui participent à sa mise à mort sont toujours au service des mêmes bourreaux. La peste était brune, sa couleur à changé, mais les bubons sont la.
    Nous moquons nos philosophes et nos z’intellectuels. Nous détruisons le sens du beau, du bien, etc.
    J’ai toujours compris qu’à Byzance on ait pu parler du sexe des anges car que nous reste t’il sinon de nous regrouper pour « célébrer » ce qui nous unit pour peu de temps encore, et à défaut d’anges, le grand Pan est mort, madame Bovary. L’Histoire a beaucoup d’humour lorsqu’elle aussi est désespérée.

    • Utiliser un téléphone pour poster peut avoir des conséquences orthographiques. Qu’elles me soient pardonnées !

  11. J’ai une question qui me turlupine gravement. Quel responsable du service qualité a bien pu accepter une œuvre ( c’en est une ) sans diversité ? Madame Bovary y est scandaleusement femme et blanche et grand dadais homme et babtou aussi.
    Est-on conscient en haut lieu des conséquences irrémédiables sur des imaginaires fragiles de cette représentation genrée et indiscutablement de parti pris ? Je ne dirais rien des connotations sociales qu’impliquent ces tenues qui sont loin de celles que portent ceux qui vont à un labeur honnête, au chagrin quoi, comme disaient les ouvriers socialistes typographes ( ces trois mots évoquent une époque révolue, vous en expliquerez le sens).
    Promouvoir des ouvrages de ce type prouve qu’une résistance s’organiserait au cœur même du Moloch !
    Voilà que l’espoir renaît avec l’aube qui point …

    • Il paraît que dans le genre « seinen manga », on voit des zigens qui font seppuku pour retrouver leur honneur.

      Mais ça reste très marginal.

  12. Ça bovaryse un maximum chez nos politiques. Comme chez Flaubert pour Emma, le point d’exclamation est maître. Dame, oui !
    Quand on a des désirs, quand on veut mais qu’on ne peut pas ou quand on peut et qu’on ne veut plus, on invente des noms de pays (:-)) selon qu’on est Emma ou des noms de partis si on est un fringant politicien. Et quel panache chez nos politiques. En plus de la liste qu’on avait déjà recensée : Debout la France ! En marche ! et autres envolées lyriques, voilà le petit dernier: Ho eh la gauche !
    Ah! ah! C’est ce que ça ne rigole pas! Ça vous en jette ! Vous avez vu ça ! Quelle énergie dans le verbe, quel tourbillon qui vous emporte, on se laisse prendre, on manque d’air, on veut le suivre, oui, oui, encore, encore !!!! Ah! si seulement Emma avait pu rencontrer Stéphane le Foll…

  13. On va me poser un compteur de gaz (pas de Gattaz) intelligent dans deux semaines ; dans le temps on disait un « mouchard » … j’aurais l’air moins con !

  14. Chronique du Point

    http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-comment-assassiner-le-francais-25-04-2016-2034722_1886.php

    réservée aux abonnés. Mais comme je n’ai aucun secret pour vous…

    « Comment assassiner le français

    Les Inspecteurs de Lettres ne se contentent pas de « vendre » la réforme de Najat Vallaud-Belkacem : ils en profitent parfois pour déconstruire la France dans ce qu’elle a de plus vivace — sa langue, sa culture, son Ecole, constate Brighelli.

    Les Inspecteurs Pédagogiques Régionaux (IPR), depuis septembre, organisent des réunions pour « vendre » à des enseignants rétifs la réforme du collège de Mme Vallaud-Belkacem. Avec des discours fort divers, je dois dire, allant de la contestation polie (« N’achetez pas les manuels qui sortent en ce moment, ils ont été faits dans l’urgence, ils ne sont pas au point — et qui sait ce qui sortira des prochaines élections nationales, et avec quel programme… ») à la plus stricte obéissance aux diktats du ministre — nous allons en voir ci-dessous un exemple-type.
    Car lorsqu’ils ont décidé d’être dans les clous, et de mériter un jour le poste que leur attitude de parfaits petits soldats de la déconstruction nationale que leur vaudra leur « ventre usé par la marche », comme dit Cyrano, on en arrive à des déclarations sidérantes. Les non-spécialistes, qui sans être enseignants sont parents ou grands-parents d’élèves — pardon : d’« apprenants », dans la novlangue du ministère et de la pédagogie réunis —, apprécieront à leur juste poids ces témoignages d’obéissance servile.
    Florilège cum commento, comme on disait quand on faisait du latin.

    « Tous les enfants n’apprennent pas à marcher ou à parler au même âge. Il faut donc adapter dorénavant notre enseignement au rythme des élèves. Les programmes curriculaires (par cycles de trois ans) sont sortis de cette évidence. »

    Oui — et si certains ne savent pas lire et écrire à huit ou dix ans, quelle importance, en effet ?
    Si près de 18% des élèves (chiffre officiel — les enseignants parlent de 40%) ne maîtrisent ni la lecture, ni l’écriture à l’entrée en Sixième, c’est un détail. Sans doute apprendront-ils tout seuls — plus tard. En faisant la queue à Pôle Emploi, par exemple.

    « L’université nous forme beaucoup trop, nous enseignants, à l’exercice de notre discipline. La maîtrise des « compétences », qui est l’objectif central de la réforme, mélange plusieurs disciplines — qu’il n’est pas question de maîtriser. »

    J’ai assez insisté sur le fait que le « socle de compétences » imposé depuis plus de dix ans est l’arme fatale de la baisse de niveau. Il ne faut pas accepter de voter pour un parti qui n’inscrirait pas son abolition dans son programme.

    « C’est en forgeant qu’on devient forgeron. L’apprenant ne doit pas écouter : il doit adopter une attitude active. Peu importe s’il y a du bruit dans votre classe : cela signifie qu’il y a de la vie. C’est en faisant que l’on apprend à faire, et non en apprenant une leçon. C’est la raison pour laquelle la pratique de l’oral est absolument centrale dans les nouveaux programmes. Et la première forme d’oral, c’est le « papotis ». Il est très important de papoter.
 Deuxième forme d’oral : les élèves prennent leurs portables et vont s’interviewer entre eux. L’enseignant n’est pas là pour délivrer un savoir vertical, mais pour inciter les apprenants à construire eux-mêmes leurs savoirs. Pensez aux 150.000 élèves qu’on laisse au bord de la route, chaque année, fin Troisième — l’oral va les décoincer, les compétences vont les affirmer. Pensez aussi aux « forts en thème » que l’on ne pousse pas à être audacieux. »

    « Papotis » — sans doute sur le modèle de « clapotis » — est une invention verbale à la hauteur des exigences ministérielles. Traduisons : le brouhaha permanent dans lequel nombre d’enseignants ont désormais appris à travailler est non seulement normal, mais recommandé. Attendez que les élèves soient au courant, ils vont papoter tout à leur aise. Qui ne comprend que seule la discipline permet la transmission des disciplines — mais justement, il n’est plus question ni de disciplines (les savoirs savants, quelle horreur !) ni de transmission — puisque ce sont les élèves qui construisent leur savoir — en papotant. Quant aux 150 000 victimes du système, ils seront demain deux millions — plus on descend la barre, moins il y a d’exclus, n’est-ce pas…
    « Ainsi, vous n’avez pas, en étudiant un texte, à imposer un sens à ce texte. L’apprenant doit élaborer lui-même l’interprétation. Peu importe que son interprétation soit ce que vous appelez un contresens. La lecture anachronique est aussi légitime qu’une lecture savante. Tout est légitime. L’œuvre est ouverte. Cessez de penser en termes de « lecture analytique » ! Est-ce que l’apprenant en fera, de la « lecture analytique », dans sa future vie d’adulte ? Non, n’est-ce pas… Les gens entre eux parlent de leurs lectures cursives. Alors restons-en là — lire en gros, pas en détail. Globalement. Juste assez pour comprendre. Paraphraser suffit amplement : « Le texte dit que » est une réponse compétente. Soit on forme des citoyens, soit on forme des élèves qui savent répondre à la question « quelle est la valeur de l’imparfait ligne 22 ? » D’ailleurs, il faut absolument simplifier le métalangage grammatical. Compléments du verbe et compléments de phrase, cela doit suffire. Si vous dictez « la meute de chiens aboie » et que l’élève écrit « aboient », c’est bien — il a compris qu’il y a plusieurs chiens dans une meute.»

    Comprendre comment et pourquoi un auteur a écrit un texte ne présente aucun intérêt. Comprendre comment est organisée une phrase non plus. Tout à l’instinct — qui est toujours si bon juge, l’enfant est naturellement bon, etc. Le professeur croyait avoir passé un CAPES ou une Agrégation de Lettres : erreur fatale ! Il croyait même enseigner le français — alors qu’il est tant d’états de langue… Il est là pour entériner les contresens des élèves, toujours si créatifs.

    « Ne cherchez pas à faire travailler les élèves autour d’un champ lexical, ça ne sert à rien. De même, l’apprenant doit dire non au professeur qui demanderait, avant de travailler un texte, que les élèves cherchent eux-mêmes les mots difficiles dans le dictionnaire. »

    Le dictionnaire ! Et pourquoi pas l’Académie française, tant qu’on y est ? L’élève doit évoluer, s’exprimer et afficher ses compétences avec son vocabulaire — inutile de lui en faire acquérir un autre, ce serait artificiel, et il risquerait de déchiffrer les futurs programmes européens, ou le contrat d’embauche instable qu’on lui proposera plus tard. Ce mépris des savoirs réels s’accorde bien avec les souhaits des instances européennes : des travailleurs incapables de comprendre suffiront pour exécuter. Et se faire virer sans comprendre.

    « La grammaire n’est pas une compétence. Ce qui compte, c’est savoir s’exprimer en gros. Dans le Primaire, il faut en finir avec l’infernal duo « Leçon / exercices. On perd les élèves, à leur faire identifier des COD ou des verbes. Ou on leur fait détester la grammaire. Il faut que l’élève aime ce qu’il fait. Et qu’il ne s’ennuie pas. D’ailleurs, le volume horaire dédié à l’étude de la langue était énorme. Dorénavant l’étude de la langue est remise à sa place comme un outil pour la lecture. »

    Apprendre des choses précises (l’accord du participe, par exemple…) est démodé. Le sens général suffit — peu importe que le diable se niche dans les détails, peu importe qu’un conditionnel ou un subjonctif ne soient pas un indicatif — d’ailleurs, ceux qui usent du subjonctif sont des fascistes. C’est dans le même esprit que Hachette a fait réécrire la série du Club des Cinq en remplaçant systématiquement le passé simple — trop « écrit » — par du passé composé — plus oral.

    « Organisez des groupes. Le bon élève est celui qui est autonome au sein du groupe, qui ne perd pas de temps à vous appeler au secours. »

    Comme l’ont fait remarquer quelques enseignants mal embouchés, le prof peut aussi aller siroter un café en laissant la classe, comme on dit chez les pédagos, « en autonomie ». Bientôt il ne sera plus même nécessaire qu’il soit là. Quelle économie !

    « Il faut toujours partir du quotidien et des expériences des élèves avant d’aborder un thème littéraire, ce que les anciens programmes ne faisaient pas. Pour leur permettre dès le départ de s’approprier les œuvres. Peu importe ce que vous appelez les contresens. Au moins, c’est oral, c’est vivant. »
    « M’dam’, la guerre des gangs dans ma cité, c’est comme les Montaigu et les Capulet, sans déc’ ! Et Kevin le céfran qui drague une rebeu, c’est Roméo et Juliette ! » Vous allez me dire, West side story jouait de ce genre d’anachronisme. Alors, préférez-vous : « M’dam’, Molière, c’t’un enc*** ! Un blasphémateur ! Y respecte pas Dieu ! Ou ki crèche, j’vais m’le faire avec mon gun ! »
    « De la 6e à la Terminale, la synthèse (le bilan, la « trace écrite ») doit être rédigée par les élèves eux-mêmes. Elle n’est pas ramassée, le professeur ne la ramène pas chez lui. Le professeur regarde par-dessus les épaules, c’est alors la seule activité qu’il doit s’autoriser. Quelques minutes à la fin de la séance. Mais si, tous les élèves participeront, même si ce n’est pas ramassé, ni même lu par l’enseignant. »
    Ce qui compte, c’est qu’il y ait une trace — ¬ peu importe qu’elle soit rédigée dans une langue bredouillée. L’enseignant a accompli sa tâche si sa « séance » s’achève sur une minute scripturale — bien sûr, l’élève étant naturellement bon, il aura à cœur d’écrire avec tout le soin imaginable et même inimaginable.
    « Pour les EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires, au cœur de la réforme), il faut « trouver des choses un peu rigolotes : dans le rigolo il y a des compétences ».
    Surtout éviter l’ennui, a dit Mme Vallaud-Belkacem. Comme on dit en français d’aujourd’hui : « Plus c’est fun, plus ça m’éclate. » Le cours traditionnel, « ça gave » — comme on dit chez les oies : parce qu’ils ne savent rien, les formateurs s’imaginent que tout le monde est à leur image.
    « N’hésitez pas à faire des « groupes de besoin », qui cacheront des « groupes de niveaux » ; mais que les élèves ne restent pas tout le temps en groupes de niveaux, sinon le collège ne fait pas République. »
    Giscard d’Estaing et René Haby ont imposé le collège unique en 1975 pour faire des économies sur les classes qui regroupaient les élèves en difficulté. Mais c’est comme la poussière sous les tapis : les difficultés ont subsisté, et ce sont aggravées, puisqu’on les niait. Mais il ne faut pas le dire — on compte sur les enseignants pour gérer l’ingérable, et les carences accumulées depuis quarante ans. Et devinez qui en fait les frais…
    « Il est essentiel que vous achetiez des manuels cette année : les moyens alloués pour septembre 2016 ne seront pas renouvelés l’année prochaine. »

    Chantage éhonté ! Les manuels de la rentrée 2016 ? en français, sont nuls — j’y reviendrai prochainement. Il est urgent d’attendre qu’une nouvelle majorité raye cette réforme létale, et règle leur compte à ceux qui l’ont promulguée.
    « Tout cela va se construire peu à peu, il est bien évident que ce ne sera pas brillantissime dès le 1er septembre ». Ne pas s’inquiéter. »

    En clair : la rentrée sera catastrophique, mais ce seront les enseignants, en première ligne, qui essuieront les plâtres et porteront la responsabilité de l’échec. Pendant ce temps les Inspecteurs se seront casés ailleurs — là où leur incompétence fera à nouveau merveille. Mais qu’ils ne comptent pas que nous oubliions.

    Voilà. J’aurais pu identifier les auteurs de ces calembredaines autoritaires — tout cela s’est dit il y a peu en région parisienne. Mais cela se proclame au même moment partout en France — c’est pour assister à ces mirifiques réunions que les enseignants sèchent les cours. Bravo aux IPR qui ont tenu ces propos si parfaitement conformes à l’idéologie au pouvoir. Et débrouillons-nous pour qu’à la rentrée 2017 ils soient forcés d’en tenir d’autres, et fort différents. En attendant, que les enseignants fassent le gros dos — et espèrent une éclaircie dans le déluge de Bêtise. »

  15. « J’ai assez insisté sur le fait que le « socle de compétences » imposé depuis plus de dix ans est l’arme fatale de la baisse de niveau. Il ne faut pas accepter de voter pour un parti qui n’inscrirait pas son abolition dans son programme. »

    Oui, cette réforme est la pire attaque jamais portée contre l’enseignement.
    Je rappelle que l’Association des Professeurs de Lettres vient de lancer une pétition simple, courte et directe pour son abrogation
    (pétition publique pour l’abrogation du décret… « . Ou sur http://www.aplettres.org.

  16. La radio favorisant mon transit, j’ai encore la faiblesse d’écouter France Cul quand je coule un bronze matinal.

    Et qu’entends-je en plein effort ? Une khonasse, écolo qui cherche à vendre sa camelote photovoltaïque en affirmant que les « panneaux sont faits avec du silicium, de la silice donc du sable ».

    Et comme il y en a beaucoup (du sable) et que ça ne coûte rien, c’est évidemment la voie grandiose de l’avenir…

    Quand on en connaît un peu dans un domaine et qu’on entend les pires khonneries proférées doctement par des France Incultes, on mesure fugacement l’insonda(é)bilité de ce qu’on gobe à l’insu de notre plein gré dans d’autres domaines.

    Des coups à vous faire flageoler du constricteur et vous faire remonter la moulure.

  17. Sans vouloir vous vexer, Brighelli, votre article du Point m’étonne un peu, en ce qu’il date déjà beaucoup. Il est vrai que mon académie est malheureusement, une académie de pointe dans l’expérimentation des conneries mais cela fait grande ( pour ne pas vous déplaire m’sieur ) lurette que nos cons de zipéairs nous chantent cette chanson-là, avec les mêmes couplets et le même refrain. Le bruit, une collègue, il y a deux ans s’est fait reprocher le silence étouffant de son cours ( sic).Le sens d’un texte qu’on ne peut imposer à un élève, oui, bien sûr depuis que l’inspection a mis le structuralisme à la porte et a redécouvert le plaisir du texte. Et d’employer ce mot que je hais : le ressenti. Il faut partir du ressenti de l’élève. La grammaire et l’orthographe n’ont plus eu droit de cité pendant des années entières au collège. Je me suis fait suffisamment taper sur les doigts pour continuer un cours de grammaire et d’orthographe différenciés pour vous dire que ce n’est pas une nouveauté ( mon avancement s’en est ressenti ( ah, ah) mais fuck). Quant à la fameuse trace d’écriture non dictée of course par l’impérialiste de prof, ça aussi cela date. Ne parlons pas des groupes de besoin ( très rabelaisiens dans le fond 🙂 )qui ne sont qu’une pâle copie des groupes de niveau comme vous le dites si bien.
    Eh oui, la sape se généralise. Et les salauds d’IPR qui y participent au premier rang. Si au moins, ils faisaient leur boulot, on limiterait un peu les dégâts. Mais la carrière, la carrière vous dis-je !!! Le fric, le fric !!! Le petit pouvoir, tout petit, petit mais on y tient ! Et la réputation, ma bonne dame !!! Le regard de ses pairs !!!

  18. Question (ouverte) de sciences au bac : un nipéaire recouvert de goudron et de plumes tombe-t-il plus vite dans le vide qu’un nipéaire avec du plomb dans les fesses ?

    Un brin faux khul, je répondrais : faut essayer d’abord dans l’air.

    • Y’en’a des qui regardent trop au Microscope !

      A ce sujet, j’ai été choqué de ne lire nulle part dans la presse grand public qu’il s’agissait en fait de vérifier que l’identité entre masse grave et masse inerte est expérimentalement vérifiée avec une précision meilleure que précédemment.

      L’idée me semble pourtant accessible et très utile à transmettre.

      Ceci dit j’ai souvenir d’avoir tenté en vain de l’expliquer à des collègues profs de méca ou de physique appli qui trouvaient ça évident : « Ben oui, les unités sont les mêmes et les formules se ressemblent … P=mg et F=ma c’est trop pareil »
      Les cons !
      Pour moi, le principe d’équivalence cache un mystère sur la nature-structure de l’univers qui me perturbe terriblement (mais je suis une âme sensible c’est bien connu).

      Bien entendu j’approuve le test sur les nipéaires et j’encourage à sa mise en oeuvre à grande échelle mais je ne suis pas convaincu de sa vertu vulgarisatrice.

      • Il fut un temps où on étudiait les chocs en seconde (!), ce qui permettait de définir la masse inerte d’un corps indépendamment de la gravitation (en gros, si j’impulsionne à donf un gros khul bien inerte, ça lui en bougera une sans faire frémir l’autre).

        • « Il fut un temps où on étudiait les chocs en seconde (!), ce qui permettait de définir la masse inerte d’un corps indépendamment de la gravitation (en gros, si j’impulsionne à donf un gros khul bien inerte, ça lui en bougera une sans faire frémir l’autre). »

          O p… la table à coussin d’air et les pallets!!

  19. 1)Dans les deux cas, vous les faites partir de quelle hauteur ?
    2) Votre question aurait-elle les mêmes effets sur des Zipéairs ?
    3) Doit-on en conclure qu’il existe une différence notable entre le nipéaire qui contient déjà dans son nom toute la charge de nihilisme qu’on peut imaginer, alors qu’en revanche, le Zipéair serait pourvu d’une tendance nettement plus aérienne, selon l’explication qui en fut autrefois donnée : zip et air.

    • Du toit des rectorats, ça le fait.

      Les zipéairs sont les Maigres Bêtes de la Nuit qui horrifiaient tant HP Lovecraft. Ce sont des créatures indifférenciées qui ont tendance depuis peu à s’individuer en nipéaires.

      Mais, en gros, cela restent d’immondes bestioles qui grouillent dans le monde sublunaire.

    • Curieux… Dans la pièce, Richard est bossu, un peu boiteux — l’hermaphrodisme serait une sorte de handicap — mais caché. Comme le sein borgne de la petite Zulietta, qui révélait pour Rousseau sa malfa

      • malfaisance fondamentale, si je puis ainsi m’exprimer — ma souris a dérapé…

  20. Il est de première importance que l’esprit fondamentalement kitsch du manga vienne recouvrir le réel comme une capote qui protègerait des excès du-dit réel.

    Exemplifions : vous voulez savoir comment l’esprit manga a invasé des domaines inattendus ? Voyez les sujets de bac en sciences physiques depuis quelques années : un ensemble de documents bien clinquants duquel il s’agit d’extirper quelques éléments rachitiques à vague contenu scientifique (processus de essevétisation de l’enseignement des sciences).

    Une gangue de pseudo-réel qui masque la misère, si on préfère. Manque plus que des questions sur le ressenti des candidats face aux documents. Ca viendra.

    Qu’est ce qu’on dit aux zigens marioles, complices zélés du concept ?

  21. Surveillance de bac l’an dernier en physiques. Votre constat est parfait. Même de quoi choquer un prof littéraire…

    • Merci car nous ne sommes pas bien nombreux, en sciences physiques, à partager cette analyse…

  22. Le Grand Secret à moitié dévoilé dans le Monde :

    http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/03/16/le-conseil-aux-geeks-de-yann-lecun-miser-sur-les-maths-et-la-physique_4883612_4401467.html

    « Il est donc essentiel d’apprendre des savoirs qui ont une véritable pérennité et qui ne risquent pas de se démoder. Dans une école d’ingénieurs, je conseillerais aux étudiants de choisir des matières comme les mathématiques ou la physique ­appliquées, plutôt que de se spécialiser dans la programmation des objets mobiles ou le ­design de site Web  : ces compétences auront changé dans cinq ans. Il faut, je crois, viser les thématiques scientifiques pérennes car le plus important est, et sera, d’être capable d’apprendre à ­apprendre. »

    Apprendre à apprendre, ça s’apprend en apprenant des disciplines difficiles.

    Incroyable.

    • Ce qui est fabuleux, et sur quoi les Cahiers glissent, c’est que la possibilité même d’un tel voyage n’existera désormais plus — sans que l’on sache pourquoi, sinon de très probables économies. On raconte le feu d’artifice final, sans même expliquer pourquoi il n’y en aura pas d’autres.

      • Chez ces religieux de base, la reconduction de l’option de découverte professionnelle », comme la multiplication des pains, doit rester un miracle.

  23. L’univers Manga est vaste et contient bien des chambres secrètes !

    Par exemple il serait piteux pour un lanceur d’alertes de confier à Michel Sapin et aux services fiscaux de Bercy des secrets sur l’évasion fiscale !

    « Antoine Deltour, le discret artisan des LuxLeaks L’ex-auditeur de PwC est jugé, à partir de mardi, pour avoir révélé le scandale d’évasion fiscale au Luxembourg. »

    Souvenez-vous du journaliste Denis Robert qui souffrit mille morts pour avoir dénoncé Clearstream !

    • Dans l’univers Manga le vilains tiennent le haut du pavé et dirigent les Etats et ce sont les bons qui sont persécutés quand ils sont à la recherche du bien !
      Toute allusion aux circonstances présentes serait jugée incongrue ….

  24. Est-ce qu’Isabeau de Bavière qui vend le royaume de France de son mari devenu fou Charles VI au roi d’Angleterre Henri V n’est pas tirée d’un univers manga ? Elle déshérite son fils le dauphin de France que viendra reconnaître Jeanne La Lorraine …

    Il y a là de quoi tirer toute une imagerie d’Epinal – ville dont Antoine Deltour est originaire !

  25. Ce serait une erreur d’écarter d’une pichenette l’imagerie populaire sur laquelle prospère souvent le sens national !

    L’histoire est pleine de clichés et de chromos dans lesquels le plus grand nombre se reconnaît.
    N’est-ce pas l’historien Marc Bloch qui disait « Qui n’a pas vibré au sacre de Reims et à la fête de la Fédération n’est pas vraiment Français  » !

  26. Que penser d’Alain Juppé ? Le plus grand mal ;

    « Juppé désavoue le général Soubelet »

    « Alors qu’il s’exprimait devant des étudiants de Sciences Po à Bordeaux ce soir, l’édile de la ville – et candidat à la primaire de la droite et du centre – s’est exprimé sur le sort du général Soubelet, ex-numéro trois de la gendarmerie, évincé après avoir dénoncé la politique de sécurité du gouvernement.

    « Un militaire, c’est comme un ministre : ça ferme sa gueule ou ça s’en va », a d’abord lancé Alain Juppé, avant d’expliquer : « Si on laisse à chaque militaire la possibilité de critiquer les gouvernements, il n’y a plus de gouvernement. » Selon l’ancien premier ministre, « certes, tous les militaires ont le droit de penser, mais il y a quand même des limites à ne pas dépasser ».

    Des propos qui viennent en contradiction avec ceux de son parti Les Républicains qui dénonçait il y a peu une « opération de limogeage entamée par le gouvernement » dans le but «qu’aucune tête ne dépasse». Selon le communiqué du parti, signé par le secrétaire national à la sécurité Bruno Beschizza : « Il est inconcevable dans une démocratie moderne que des fonctionnaires ne puissent pas s’exprimer librement devant une commission parlementaire. » Tout le contraire de ce que pense Alain Juppé. »

    • Il se trouve que je connais un peu bien la vie et l’œuvre du général De Gaulle ; vous savez ce lointain ancêtre de la Vème république.
      De Gaulle dans les années 30 a mené une campagne politique pour faire adopter son point de vue sur les évolutions de l’armée française – une armée de professionnels – « Vers l’arme de métier » – et une armée fortement mécanisée organisée en divisions blindées – on l’appelait le colonel motor – à la suite de cela la haute hiérarchie militaire (général Gamelin et général Georges notamment) le désavoua et le général Maurin ministre de la guerre depuis la tribune de l’assemblée nationale et le menaça en privé de l’envoyer en Corse.

  27. Alain Juppé qui n’a rien fait de grand de toute sa vie se croit un sergent-major ! Il espère que devant ses bottes de vieux sergent-instructeur monté à l’ancienneté tout le peuple fonctionnaire va trembler de peur !
    Pauvre cruchon … arrivé à l’Elysée je ne lui donne pas trois mois pour s’effondrer sur lui-même.

  28. Etre atteint de caporalisme à soixante-dix ans … faut-il qu’il ait rongé son frein et avalé des couleuvres politiques tout le long de sa vie pour vouloir ainsi se venger de ses humiliations sur le tard !

  29. Typique : le prof qui s’ennuie, qui rêve de se promener mais n’en a pas les moyens.
    Et à côté, celui qui fait cours en essayant tant bien que mal de faire progresser ses élèves passe pour un vieux khon.
    Môa, je veux bien accompagner des élèves du club espace (cela doit exister) pour un séjour en navette spatiale.
    Le khon-tribuable paiera.

  30. Claude Lévi-Strauss a eu la malheureuse idée de répandre l’idée moderniste sur l’égalité des cultures et des sociétés humaines !

    Les indiens du Brésil chers à son cœur n’ont jamais élaboré une civilisation riche et variée … une haute civilisation cela implique des villes tentaculaires, une capitale riche et multiple, des expériences humaines nombreuses et variées.
    Pas un petit clan avec quelques règles de vie commune … même si cet anthropologue trouva à s’extasier sur les liens de parenté de ces tribus et les lois du mariage qu’est-ce donc par rapport à la subtilité des rapports sociaux chez Marivaux ?

    Que je sache pour avoir un théâtre (comme les Japonais et les Français) il faut avoir quelque chose à représenter !

    • Il serait en tout cas bizarre d’encenser Claude Lévi-Strauss considéré par certains comme le premier intellectuel français du XXe siècle – pas par moi vous l’aurez compris – et de critiquer un professeur du Périgord pour avoir essayé d’approcher la société japonaise contemporaine lors d’un court séjour avec ses élèves !

  31. Hier soir on passait sur Arte « Le Songe d’une nuit d’été » dans le version filmée par Michael Hoffman en 1999 : transposé en Toscane vers 1900 avec bicyclettes … bon ! alors on a la juxtaposition de la Grèce antique et mythologique, de l’Angleterre de la reine Elisabeth, de l’Italie moderne et des fantasmes d’un réalisateur d’aujourd’hui.
    C’est ce que l’on peut appeler du théâtre vivant. C’est peut être cela la haute civilisation … tout est factice et réel, vrai et faux à la fois ! C’est de l’authentique recomposé.

  32. 15 messages de Pierre Driout en quelques heures ; ça a l’avantage de faire nombre pour passer au fil suivant.

  33. Ceux qui ont lu le livre de Juppé sur l’école savent désormais avec certitude pour qui NE PAS voter !

  34. Un animateur d’une radiodado (en un seul mot) est mort d’un cancer du cervelet.

    Dans cette radio, habituellement c’est ce qui les fait vivre.

  35. Ayant vécu moi-même au pays du Soleil Levant et pensant y retourner vu ce qui se passe en France. J’ai eu l’occasion de lire là-bas Le Prince adapté en manga ! C’est la version nipponne du Prince pour les nuls…mais c’est assez drôle.
    Tous les grands classiques ont une version manga au Japon, même le Capital de Marx!

    http://www.actuabd.com/Soleil-Manga-depoussiere-les

    https://www.amazon.fr/Prince-MACHIAVEL-Nicolas/dp/230202401X/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1461702578&sr=1-1&keywords=Le+Prince+%28Manga%29+Nicolas+Machiavel

    Les Japonais lisent beaucoup plus que les Français et à 80% de vrais livres pas des manga, les librairies sont pleines à Tokyo.

    Les Japonais parlent très peu anglais ou français, ils ont une vision assez idéalisée de l’Europe et de la France en particulier. A cause de la crise, seul une petite minorité à l’occasion de quitter l’archipel pour visiter l’Europe étant jeune. Certains sont victimes du パリ症候群 Syndrome de Paris

    http://next.liberation.fr/vous/2004/12/13/des-japonais-entre-mal-du-pays-et-mal-de-paris_502663

  36. La destinée du marin solitaire : le monocoque pour arriver au port, le gonocoque pour le quitter !

  37. Une bonne nouvelle :
    Les média, s’agissant des attentats , ont répété en boucle des qualificatifs qui m’ont fait hurler devant ma télé :
     » le cerveau »  » le logisticien », etc…

    Nouvel obs aujourd’hui:
    L’avocat belge de Abdeslam décrit un « petit con d’une abyssale vacuité »

    (ça soulage un peu)

    http://tempsreel.nouvelobs.com/attentats-terroristes-a-paris/20160427.OBS9318/l-avocat-de-salah-abdelsam-parle-d-un-petit-con-d-une-abyssale-vacuite.html

    • Vous trouvez cela rassurant ? Parce que des petits cons nous n’en manquons pas alors que des cerveaux de première force cela ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval … si l’islam militaire recrute dans le vivier des petits cons alors il va pouvoir renouveler ses forces à vive allure !

  38. M.Driout aurait pu se douter que j’évoquais les deux nations, toutes deux de haute culture et civilisation.
    Pour le Japon, je ne sais; pour la France ces notions me semblent être des espèces en voie d’extinction.
    Merci à Pythéas pour son avis vécu qui rejoint la réalité de l’archipel: un monde relativement clos, qui tente de se préserver.
    Au nom de quoi, ou de qui, devrions-nous subir les ukases des partisans d’un multiculturalisme dont nous ne sommes pas les adeptes?

  39. il me semble qu’en 1976 dans un livre de français de première qui venait compléter les Lagarde et Michard, il y avait une étude comparative entre la version originale et une adaptation en roman photo qui s’intitulait « Bovary 73 »
    En y repensant aujourd’hui peut être s’agissait il de nous faire comprendre que nous entrions dans le cycle de l’abrutissement de masse, nous avions pris cela au premier degré en rigolant de cette sous littérature.
    Maintenant on en est à prendre le manga au sérieux….

  40. Tout était calme rue de Tournon, tout reposait et l’on ne savait quel moissonneur de l’éternel été avait planté cette faucille au milieu des drapeaux … les souffles de la nuit flottaient sur Luxembourg ! C’était l’heure tranquille où les sénateurs d’un pas lent vont boire à la buvette …

    • Je ne connaissais pas ! Grand moment !
      Et l’instant érotique avec une vue en plongée sur un bout de bretelle de soutif…

    • Merci, merci, vous avez enchanté mon début de soirée !

      Une grande oeuvre injustement méconnue.

  41. Pensée du soir :
    « Le fait que la méduse ait survécu 650 millions d’années alors qu’elle n’a pas pas de cerveau est une bonne nouvelle pour les cons ».
    Moins pour ceux qui craignent de voir revenir Hollande…

Comments are closed.