MélenchonCe mardi 27 février, Mélenchon, élu de la quatrième circonscription de Marseille, était longuement interviewé dans la Provence.
Le gros titre était sur la déclaration fracassante (en forme de porte ouverte que l’on enfonce), « Macron est l’ami des riches ». Cela ne m’aurait pas arrêté (sur le sujet, je recommanderai plutôt le livre de mon ami Gérard Filoche, tout récemment sorti, Macron ou la casse sociale, éditions de l’Archipel — Filoche avec qui Mélenchon signa jadis un livre, en 2000, quand ils cotisaient au même parti) si mes yeux ne s’étaient portés par hasard sur un bout de colonne, en bas de page, où le lider maximo du Vieux-Port et de ses environs (l’interview a été réalisée dans une gargote proche du quai des Belges) n’avait cru bon de ramener sa science sur l’éducation. Et pourquoi pas ? Après tout, il fut ministre délégué à l’enseignement professionnel, au temps lointain de Jospin et Jack Lang réunis.
Le problème c’est qu’à la question « Retirez-vous du positif dans la réforme de l’Education nationale ? », le grand manitou de la France insoumise répond, en toute décontraction :
« Le système qui se met en place dans les universités va créer une raréfaction de la ressource humaine intellectuelle du pays. C’est un système de marchandisation des diplômes par l’argent. Blanquer veut flatter l’ancienne génération dans la nostalgie du « c’était mieux avant ».
Ô Jean-Luc !
(Deux remarques en incises. 1. À Marseille, on interpelle à la romaine — c’est le « ô » vocatif de nos vieilles versions latines — pas le « oh » ni le « ho » modernes. En toute logique, il faudrait écrire ainsi l’interjection si fréquente ici — « ô con ! ».
Et 2. Je me permets de t’appeler Jean-Luc parce que nous nous sommes rencontrés, et plus d’une fois, chez Jean-Claude Gawsewitch au moment où tu sortais, chez Balland, En quête de gauche — en 2007, quand je sortais moi-même Une école sous influence). Donc, cela étant précisé…
Ô Jean-Luc ! Tu galèjes ou quoi ? « Une raréfaction de la ressource humaine intellectuelle du pays » ?
Primo, une certaine dose de sélection en fac ne vise qu’à supprimer dès l’entrée ces 50% d’étudiants venus faire du tourisme, et qui se plantent en première année, aussi laxistes que soient les universitaires qui corrigent leurs torchons. Secundo, l’extension indéfinie de certaines filières « en tension », comme on dit dans ces milieux — STAPS, par exemple — est un mauvais service rendu depuis des années à des étudiants qui découvrent trop tard que les débouchés sont en nombre restreint. Et qu’on les a envoyés dans le mur.

Et notre député et futur candidat à la mairie — à moins qu’il préfère laisser Castaner s’y installer, Forcalquier étant devenu trop petit pour le délégué général de la République en marche, une-deux, une-deux, une-deux — de rajouter :
« L’école primaire a toujours été une réussite en France. On dit que 20% des élèves ne savent ni lire, ni écrire, ni compter ! On se demande même s’ils savent marcher ou parler ! Non, il y a des élèves qui ont des grosses difficultés en maths, d’autres en lecture, d’autres en écriture. Tous finissent par se rattraper. Blanquer prend la posture de l’autorité. Ses débats sur la blouse ou le téléphone ne sont pas sérieux. Ce sont des diversions. L’école se désarticule faute de moyens. »
On appréciera ce « on » qui en français désigne l’imbécile d’en face, à distinguer du « nous » plein de noblesse et de dignité. « On raconte que… mais nous savons bien… » Dans ce « on », il y a à peu près tout ce que la France compte d’enseignants lucides — allez, 80%, les 80% qui ont condamné dès le premier mot la réforme du collège de Vallaud-Belkacem (forte de sa juste appréciation des statistiques, Najat abandonne finalement l’édition et rejoint l’institut de sondages IPSOS — sûr que ce qui en sortira ne sera pas du pipeau).

Et si l’école maternelle marche encore assez bien, ce n’est pas là (et c’est bien dommage, mais tu devrais te tenir au courant) que l’on apprend le lire / écrire. C’est en CP — et la plupart des « professeurs des écoles » recrutés depuis 1989 et la création des IUFM y appliquent des méthodes d’apprentissage létales. L’idéo-visuel cher à Foucambert, Goigoux et autres malfaiteurs encravatés, c’est l’arme fatale d’extinction des plus démunis. Ce ne sont pas les « moyens » (tu cotises à FO ou à la CGT, dis-moi ? Ça promet, si tu te présentes à Marseille) qui font défaut, mais l’application de méthodes efficaces.
Mais évidemment, si tu es conseillé par Danielle Obono, qui pense que « Vive la France » et « Nique la France », c’est la même chose

Eh non, ils ne finissent pas par « se rattraper ». Parce que dans les rues de Marseille, le même jour, j’ai photographié ça :IMG_20180228_074943

Allez, Jean-Luc, je t’aime bien, bien que tu n’aies jamais voulu répondre à mes questions pendant la campagne. Et bien que tu sois entouré d’imbéciles (un joli mot à double sémantisme masculin / féminin) de première grandeur. Reviens sur terre : les gens qui n’ont pas appris à lire / écrire / compter aux mômes les ont servis tout crus — et pour la vie — au néo-libéralisme que tu prétends combattre. Tu la joues dans le genre marxiste basique — « le facteur économique », tout ça… Mais ce n’est pas sur l’économie que ça se joue en ce moment : c’est sur la culture. Sur l’éducation. Mets un peu de maoïsme dans ton castrisme. Soit tu défends la nation, l’héritage français — l’héritage européen aussi, le latin par exemple, qui fut la lingua franca du continent (et même du Maghreb) bien avant que des crétins croient que nous devons quelque chose aux musulmans —, soit tu capitules devant les puissances d’argent. Parce que les banquiers ne craignent qu’une chose : un soubresaut de la conscience populaire, un retour des nations. Et l’école, au sujet de laquelle tu dis de si grosses bêtises, est le pivot de la révolution à venir — ou de notre anéantissement.

Jean-Paul Brighelli

112 commentaires

  1. On se souvient tous que Mélenchon fut ministre délégué à l’enseignement professionnel, il n’a donc même pas (faute d’avoir les mains propres) l’excuse de l’ignorance.

  2. Mélenchon ressasse la vieille antienne des moyens en refusant de voir la responsabilité des progressistes de la régression.

    Qu’il en soit à profér(r)er que les élèves en difficulté au CP ont jusqu’au CM2 et même après pour les résorber (ce qui devrait justifier un cassage de gueule à quiconque le dirait) est désespérant.

    Trop de nuit debout dans le froid a gelé définitivement la comprenette de son entourage où ce n’est pas du blanc-bleu…

  3. Ce tout petit monsieur qui aime jouer les révolutionnaires en disant que « les privilèges de l’argent sont la cause de tous nos maux » et qui affiche un patrimoine de 1.131.000 euros avec un salaire d’euro-député de 12.800 euros par mois ne mérite pas qu’on écrive un article sur lui, a fortiori à propos de l’éducation. Il n’y a que les imbéciles, les niais ou les naïfs qui peuvent tenir compte de ce que dit un imposteur de ce genre.

    • Deux pleines pages dans la Provence… Ils le veulent maire ou quoi ?
      Je les crois davantage Castaner-compatibles…

    • Il est mesquin (ou jaloux) de reprocher à quiconque de gagner beaucoup d’argent.
      Si j’avais pu (ou eu envie) je l’aurais fait !

      Quant à s’indigner du manque de cohérence entre discours et comportement chez un homme politique, heu … comment dire sans être désagréable ?

  4. Déjà le titre est faux ! Macron n’est pas l’ami des riches, Macron est l’obligé des riches !
    D’ailleurs les riches ont-ils vraiment besoin de vrais amis qui pourraient les trahir au besoin ? Moi je serais très très aisé je me méfierais de ceux qui me veulent du bien …

  5. JPB écrit :  » Et si l’école maternelle marche encore assez bien, ce n’est pas là (et c’est bien dommage, mais tu devrais te tenir au courant) que l’on apprend le lire / écrire. C’est en CP — et la plupart des « professeurs des écoles » recrutés depuis 1989 et la création des IUFM y appliquent des méthodes d’apprentissage létales. L’idéo-visuel cher à Foucambert, Goigoux et autres malfaiteurs encravatés, c’est l’arme fatale d’extinction des plus démunis. Ce ne sont pas les « moyens » (tu cotises à FO ou à la CGT, dis-moi ? Ça promet, si tu te présentes à Marseille) qui font défaut, mais l’application de méthodes efficaces. »
    On voit tout de suite le type vachement au courant de ce qui se passe en maternelle et de son rôle dans la préparation à la lecture-écriture…
    C’est désolant ! On se demande pourquoi il fait de la pub pour le GRIP …

    • « préparation à la lecture-écriture »

      Oui, préparation. Mais il n’empêche que c’est bien au CP qu’on apprend « le lire / écrire »

      On s’étonnera que le message du grip soit souvent inaudible…

      • Plus ou moins, avec une bonne préparation en dernière section de maternelle, les choses sont déjà bien avancées et je ne parle pas du nombre d’élèves qui arrivent au CP en sachant déjà lire .

        • Désolée de me mêler de ce à quoi j’ai consacré une bonne partie de ma vie. Désormais, les « profs » de CP auxquels personne n’a montré comment apprendre à lire aux enfants
          (plus personne dans les instituts de formation des maîtres ne sait le faire) ont trouvé la parade. Ils racontent aux parents inquiets des élèves qui après 5 mois de CP ne savent rien lire d’autre que ce qu’il y a dans leur manuel (d’une indigence crasse) que désormais l’apprentissage de la lecture s’étale sur 3 niveaux: GS, CP et CE1. Ils leur demandent d’attendre la fin du CE1 pour « évaluer » l’avancement de leur apprentissage. Allez, j’te balance la patate chaude aux enseignants de CE1!
          Résultat, des classes entières d’élèves de CE1 auxquels ils faut reprendre toutes les bases si on veut en sauver quelques uns… Il faut avoir la foi et une bonne dose d’altruisme. J’évite le mot « bienveillance », je le laisse aux bobos.

    • J’ai eu cinq enfants.
      Et j’ai vu ce qu’ils (n’)ont (pas) appris en maternelle — les quatre premiers en particulier.
      Je sais ce que veut le GRIP. Mais s’il le veut, c’est qu’on en est loin.

        • ORGON
          Et Tartuffe?
          DORINE
          Il soupa, lui tout seul, devant elle,
          Et fort dévotement il mangea deux perdrix,
          Avec une moitié de gigot en hachis.

          ORGON
          Le pauvre homme!

          TARTUFFE ACTE I,sc 4

          • Caramba, encore raté !
            En toute bonne foi, j’c’royais bien pourtant l’avoir inventée …
            Jusqu’au point d’interrogation.

            Encore une intelligence supérieure et un monument de culture qui a raté une vocation : critiquer les spectacles de stand up.

      • Pour en revenir à nos moutons c’est à dire à « l’ Éducation ( Instruction, Apprentissage, tout ce que vous voulez…) qu’un pays doit à ses enfants » : pourquoi les les petits Français sont ils devenus si mauvais en maths ? Réponse: parce qu’ils ne savent pas lire avant 7/8 ans ! Qu’est-ce qui fait dégringoler le niveau des notes d’évaluations en maths en CP ou CE1? Tout simplement l’impossibilité qu’ils ont à COMPRENDRE ce qu’on leur demande. Ils ne sont pas moins intelligents que ceux d’avant 68, ils ont seulement été privés des outils basiques de la compréhension, la lecture et la mémoire …

        • C’ est pas faux : je fais du soutien scolaire en maths et je constate que les élèves de 3e ne comprennent pas la moitié des questions des problèmes rédigés à leur intention. Je suis obligé de les reformuler. Donc, en maths, il y a bien d’abord un problème de langue !

        • C’est hélas ! ce que les pédagogistes n’arrivent pas à se mettre dans le ciboulot et qu’on se tue à leur dire: les maths ça passe d’abord par la langue; un gamin qui en math (ou ailleurs) ne comprend pas, c’est d’abord parce qu’il ne comprend pas les mots qu’il entend …

          Élémentaire, mon cher Watson!

  6. « Il est mesquin (ou jaloux) de reprocher à quiconque de gagner beaucoup d’argent.
    Si j’avais pu (ou eu envie) je l’aurais fait !

    Quant à s’indigner du manque de cohérence entre discours et comportement chez un homme politique, heu … comment dire sans être désagréable ? »

    C’est marrant ce genre de remarque. C’est vrai, vous avez raison, c’est normal quand il s’agit de JLM mais pas quand il s’agit d’un autre homme politique. Caricatural ! Fa buio !

  7. Mélenchon c’est le Tupperware de la politique : la boîte qui contient une boîte qui contient une boîte … und so weiter !

    • Vous ne connaissez pas la blague ?

      Un gentil père de famille va acheter une Barbie à sa petite fille. La vendeuse lui explique :
      – Ici, Barbie cosmonaute, 19€95. Là, Barbie secrétaire, 19€90.
      Etc.
      – Et là, Barbie divorcée, 500 €.
      Le bonhomme sursaute. « Mais pourquoi si cher ? »
      – Parce qu’avec Barbie divorcée, vous avez la voiture de Ken, la maison de Ken, le bateau de Ken…
      Etc.

        • C’est possible…mails il en est qui,venus plus tard, ne la connaissaient pas.

          Comment se fait-il que,si souvent,quand il y a divorce,la femme s’en tire (financièrement) mieux que l’homme?

          J’en ai connu qui,se voulant romantiques et magnanimes ont déclaré: « allez,prends tout,qu’on en finisse !

          • Vieux comme le monde : ça rappelle le film « Ma cousine Rachel » Burton et de Havilland …

        • Jamais entendue… C’est vrai, je suis depuis longtemps les engagements de JPB qui m’ont été et sont encore d’un grand secours lorsque j’ai l’impression d’être la seule à voir s’effondrer une institution qui devait élever, réveiller et stimuler les esprits des petits Français mais, je suis nouvelle sur ce blog.
          S’il existait une poupée Barbie inspirée par mon modèle, ce serait plutôt la Barbie plumée à 0,15 €. Plus d’appart, plus de bagnole, plus de maison de campagne… La Barbie plumée a gravi des échelons, elle est devenue La Barbie prof à 4,60 € .Faut bien vivre…

      • Il y a plus laid :
        Vous connaissez la différence entre femme et un cyclone ?
        Il n’y en a pas : quand ça commence c’est chaud et humide et quand ça s’arrête ça vous a embarqué votre maison et votre voiture.

  8. Et si l’on rebaptisait la Maternelle, la Paternelle ? Je crois que la moitié des problèmes que l’on signale serait résolue dans la foulée …

    • C’est un jeu de mots (de qualité douteuse) sur « FI » — France insoumise — et la vieille expression de refus « fi donc ! »
      Ça vient du latin fidus, fidèle, loyal. Interjection médiévale.

  9. Bon, allez, je vais poser la question qui me taraude. Si tu es vraiment un esprit libre, si tu cherches vraiment à interroger le monde, si tu as des capacités intellectuelles qui te permettent de surpasser les enseignements que t’as reçus, alors… Est-ce que vraiment une « carrière » universitaire pourra te permettre de vivre la vie qui te convient (surtout quand ton dirlo de thèse vient te dire qu’avant d’avoir un poste il faudra faire un ou deux post-doc en attendant des jours meilleurs) ? Cela semble à la fois si suranné, si protecteur, et si peu « attrayant »…
    Bon sang, gagner sa vie n’est pas un si gros problème que ça. Je pourrai toujours… Mais respirer, à mon sens, voilà le problème. Respirer. Et l’université, avec ses privilèges, bien sûr, mais aussi son langage, son modus vivendi, son atmosphère d’aquarium en quelque sorte… Je ne sais pas.
    Si seulement j’avais autre chose que des intuitions…

    p.s. Je sais que le tutoiement du lecteur que j’emprunte à Michou d’Eyquem et que je pratique à l’envi dans ce blog (et ailleurs), en horripile plus d’un(e) ici…et bêtement, cela me ravit…uhuhu !

    • Je n’ai même pas essayé une carrière universitaire — même si j’ai été chargé de cours à Paris III pendant de longues années, ce qui m’a permis de cucher avec un certain nombre d’étudiantes et de collègues — et de rencontrer l’une des plus grandes grammairiennes du siècle, J. Pinchon.
      Ma vocation — et ma capacité, quand j’y réfléchis — c’était d’enseigner dans le Secondaire — du collège aux prépas. Et de faire comprendre l’accord du COD antéposé à de jeunes inintelligences.

      Et j’ignore absolument si j’ai déclenché des vocations.

      Ah, et d’écrire des livres, en parallèle. Nulla dies sine linea, vous voyez le genre.

      Et d’aller au cinéma et au théâtre.

      Et de tirer tout ce qui bouge.

      • Avec tout le respect que je vous dois, ne craignez-vous pas que de telles confidences provoquent chez certains lecteur(trice)s/espion(ne)s shootés à la moraline une furieuse envie de vous dénoncer sur #balancetonporc ? 😉

        • Si on balance tous les enseignants qui ont couché avec leurs collègues ou des étudiantes — jamais celles que j’avais, enfin ! —, il ne restera plus grand-monde dans les universités, hein…
          Et c’était il y a plus de trente ans — il y a prescription.

    • Roquet est trop modeste. Presque toute intuition qui l’assaille est, pour lui, une fulgurance. Il n’a pas aimé les enseignants qui lui ont expliqué que c’était, le plus souvent, une full gourance.

  10. En première année de Master (p’tain, quatre ans déjà !) j’avais obtenu un poste de tuteur à Jussieu. Pas cher payé mais ça permettait d’aller au ciné sans demander d’argent à maman qui payait déjà mon whisky et mes bières, bref les faux frais…
    Pour ceux qui ne savent pas, tuteur en fac ça consiste à attendre dans une salle que des étudiants de L1 ou L2 se pointent avec leurs feuilles de TD afin de revenir sur des exos ou alors approfondir un point délicat du cours. Un jour, je finis la séance avec un étudiant et on rejoint ensemble à pied la gare d’Austerlitz. Dix minutes de marche à tout casser par le quai Saint-Bernard, donc pas de quoi entamer une psychanalyse. Je lui demande dans quel lycée de Paris il était et là, j’apprends qu’on avait été élèves dans le même. Je lui parle alors d’un prof de maths, Monsieur X, que j’avais trouvé personnellement à peu près irréductible à quoi que soit d’un peu institutionnalisé, et peu assimilable à une « fonction » de prof. Mais bon, c’était mon point de vue, et mon empathie à l’égard du corps enseignant du secondaire –qui m’a fait perdre tant de temps–, est, comme vous le savez, proche de celle d’un chacal affamé lorsqu’il se retrouve face à un lapin dodu.
    Là, mon étudiant semble avoir quelques difficultés à déglutir. « Comment ? Vous avez eu Monsieur X comme prof vous aussi ? »
    « Euh, oui. Je l’aimais bien.. ;-), et justement, je me demandais s’il était encore au bahut »
    « Oui, toujours », me rétorque l’étudiant, « c’est que sans lui je n’aurais jamais continué les maths ; vous entendez ? C’est pour lui que je continue ! Alors, franchement, savoir que vous êtes un de ses anciens élèves, et qu’en plus vous me donnez des cours, alors là, comment dire, vous savez, c’est vraiment le meilleur prof que j’ai jamais connu ! »
    J’ai souri, largement, ai invité mon étudiant à transmettre par écrit à l’administration du bahut ses félicitations émues , et puis on s’est quittés devant la gare. Mais je me disais quand même qu’être prof de lycée, et arriver à faire germer une telle ferveur chez un de ses élèves, ben oui, c’était quelque part réussir sa vie.

    • Ben oui. J’imagine qu’on en a tous eus, des profs d’exception.
      De là à l’être soi-même…

      • Quoi ?
        Vous ?
        Une crise existentielle vous menacerait-elle ?
        Un raté cette nuit s’apprête-t-il à vous gâcher la journée ?

        J’ai cru sentir un doute sincère dans votre propos laconique autant que désabusé.
        C’est pas votre genre et je suis encore saisi par l’effroi !

        Non, tout mais pas ça …

    • (in petto : il est parfois attendrissant ce garçon, mais faudrait pas s’y laisser prendre)

      • Sans dec’ Hervé, réfléchissez-bien …

        C’est un monde de sang et de larmes (pas trop de sueur si on sait se démerder).
        Il me semble pour avoir expérimenté plusieurs matières du BTS à la 6°, puis observé le premier cycle universitaire lorsque j’ai repassé une licence de maths à 50 ans que le niveau d’enseignement ne change rien à la donne.

        Sauf si, ce qui fut mon cas, vous avez un besoin irrépressible de « loisirs » (ça peut être très sérieux …) l’enseignement est une histoire qui se finit mal.
        Difficile d’échapper à l’amertume, au sentiment d’impuissance et d’inutilité.

        Facile de conquérir son auditoire et de susciter respect voire admiration, en étalant un peu de vernis culturel, en maniant l’humour, l’autodérision, et en maîtrisant vaguement sa discipline (dans ce milieu de toquards, pas dur de sortir du lot !).
        Ça fait marrer un moment.

        Et puis quoi ?
        C’est comme pour beaucoup d’acteurs, on se rend vite compte qu’au final on ne joue que des vaudevilles devant un public somnolant !

        A la marge, une dizaines de gosses « sauvé(e)s » qui traversent la rue pour me montrer leur chiard dans une poussette ou leur belle voiture garée sur le parking.
        En face, combien d’heures à se demander ce qu’on fout là ?
        Soit à ne servir à rien tant la démarche est promise à un échec inéluctable soit, au contraire, à enfoncer des portes ouvertes puisque n’importe qui serait capable de les faire réussir (souvent un livre ouvert et quelques conseils suffirait).

        Et puis aussi, vous n’avez pas été élevé dans l’odeur de cadavre, comment ferez-vous pour supporter la salle des profs (ou son équivalent à la fac) ?

        Sauf si vous avez un besoin impérieux de temps (je me répète …), faites autre chose.

        Si vous le souhaitez, demandez mon téléphone à JPB par mail et nous en parlerons un de ces soirs.
        Moi, faut que je parte à l’usine à monstres.

        • « Difficile d’échapper à l’amertume, au sentiment d’impuissance et d’inutilité. »
          C’est tellement vrai…

    • des fois, il a pu m’arriver qu’une envie, etc.

      Mais c’est pas bien et je ne fais que le bien.

    • « Le professeur, Jesse Randal Davidson, 53 ans, a été inculpé, entre autres, d’agression aggravée, de port d’arme dans l’enceinte d’un établissement scolaire, menaces de type terroriste et conduite dangereuse.
      Le proviseur de l’établissement, Steve Bartoo, a indiqué lors d’une conférence de presse que le Jesse Randal Davidson était un excellent professeur. »

      S’il faut en arriver là pour être complimenté par sa hiérarchie… Où va-t-on? Mais, où va-t-on?

  11. Comment voulez vous que la jeunesse progresse ; on lui supprime les images pour aider à la compréhension des choses complexes (la préhistoire, une femme nue, la fécondité, et le reste)
    https://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/une-venus-paleolithique-censuree-sur-facebook_1988745.html

    Ceci étant dit c’est de plus en plus mal perçu Facebook chez les plus jeunes (15-20 ans) ; au motif (je l’ai entendu) que … c’est un truc de vieux….

    Je ne vous parle même pas de ce qui n’est pas des trucs de vieux
    (c’est quasiment pire, sauf que moins de vieux sont utilisateurs ; ça ne tardera pas)

    C’est vrai que l’on croise quantité de débiles, vieux.
    Par contre vu l’age il n’est pas possible d’accabler les méthodes d’enseignement de leur époque
    (il n’y a avait jamais eu de réformes dans les années 1950-1960 ; autant qu’après tout au moins)

  12. Pour respirer, il pourra aussi « faire de la poésie » comme on fait sur le pot ou comme on produit de la saucisse industrielle :

    https://arxiv.org/pdf/1511.06349.pdf

    Voir quelques productions à la fin de l’article. On s’extasiera des « déformations (continues ?) entre deux expressions prises au hasard ».

    To be or not.
    To be, that is the question…

    • Parce que elle ne le sait pas !  » une fille, laide, niaiseuse  » Ce sont les plus belles qui se trouvent des défauts. Les moches ne le comprennent que vers 45 ans … ou jamais.

      • C’est vrai (la dysmorphophobie cela s’appelle) ; des filles belles comme des coeurs qui n’aimaient pas leur nez, leurs seins, etc … (un truc dingue)
        J’en ai connu un paquet.
        (moi j’aime bien tout, mais il ne faut pas le dire par les temps qui courent …)

        A coté de ça vous croisez des petits boudins méchantes comme des teignes et vilaines comme des poux qui se prennent pour des princesses de série B.
        Quel monde !

    • En effet, celle-ci semble désirer une revanche. Mais les Américains ne savent peut-être pas qu’il y a d’autres moyens plus subtils.

  13. Oups ! Je découvre votre blog et votre commentaire sur Melenchon…les bras m’en tombent de lire vos « leçons » de «  monsieur je sais tout « , vous prof de prépa qui en foutait pas une en cours, trop occupé à faire votre promotion sur les plateaux télé ou les radios . Vous n’avez aucune crédibilité.

  14. « Au nom de la loi je vous complimente ! » avec Josh Randall alias Steve McQueen !

    • Aux Etats-Unis on ne plaisante pas avec celui qui est du bon côté de la winchester ; alors même si c’est un professeur il a droit au tableau d’honneur ..

  15. Il a été ministre, ce qui en dit long sur ses capacités supposées à saisir le réel!

  16. Pour apprendre à lier, écrire et compter : La Méthode Boscher, pour moins de neuf zeuros de Frankfurt. A faire en famille, AVANT LE CP, une page par jour. Remède radical.

    • A titre « préventif » voulez-vous dire, si c’est avant le CP. Pendant le CP, en ersatz. Et en effet en remède après le CP.

    • ou Mon CP avec Papyrus(dans la même veine mais un peu plus moderne) et la suite: écrire analyser ainsi que le calcul. Testés et approuvés par mes 4 enfants du CP au CM2… Savoir Lire écrire compter calculer http://www.slecc.fr Merci M. Brighelli de nous avoir présenté ce travail, il y a longtemps déjà, mais à la maison, on s’en lasse pas ! ++

  17. à lire, pardon (dans cette coquille, me souvenais-je de la conjugaison grecque de luo ? … )

  18. Votre article est trop bien ! Pour luo, c’est bien ça ! Foi d’helléniste !
    Bien à vous !
    MHVerdier

  19. « Mets un peu de maoïsme dans ton castrisme ». Il faut oser, en 2018, écrire une telle phrase! Car la nostalgie d’un certain maoïsme germanopratin post-soixante-huitard n’excuse pas tout. Aujourd’hui, la cécité qui régnait chez les thuriféraires béats du grand Timonier n’est plus de mise. Après les ouvrages de Simon Leys, la biographie de Chang et Halliday (le sinologue, pas l’autre), les témoignages nombreux sur le Grand Bond en avant (dont le livre Stèles, de Yang Jisheng) et la Révolution Culturelle, sans oublier les mémoires de Pasqualini, comment se référer encore ainsi à ce personnage sinistre? Faut-il rappeler ici que le maoïsme a constitué l’une des pires formes du totalitarisme communiste? Faut-il rappeler les épisodes de cannibalisme cités par Jean-Philippe Béja durant la Révolution Culturelle? La destruction des âmes- à ce sujet, Simon Leys rapporte que l’une de ses amies, voyageant à Pékin, avait été frappée par le nombre incalculable de gens atteints de tics nerveux? De la culture? L’annihilation d’un patrimoine littéraire, architectural, culinaire et artistique inestimable? La crétinisation d’un peuple par la peur et la propagande? S’il vous plaît, soyez moins léger, lorsque vous évoquez des figures telles que Mao ou Castro, ou alors assumez pleinement ces sympathies. Au moins, les choses seront claires.

    • J’en parlais au niveau de la formulation théorique — « le facteur idéologique est déterminant en dernière instance », en opposition avec Marx et le capitalisme qui pensent que c’est le facteur économique qui détermine tout. Loin de moi l’idée de cautionner ce qui s’est fait en Chine maoïste !

  20. Cela fait des années que je m’entête à lire les écrits si prolifiques de M. Brighelli, toujours la rage au coeur. Et depuis tout ce temps, je me demande pourquoi il persiste à se fatiguer à dégoiser à propos de l’école, alors que manifestement, tout ce qu’il en dit pourrait se réduire à la simple phrase : « Je n’ai pas mis les pieds dans une école primaire depuis que j’ai quitté moi-même le CM2 et je n’ai aucune idée de ce qui s’y passe vraiment ». Quelle économie d’encre et de salive cela pourrait représenter, et pour la bonne cause ! D’ailleurs, puisqu’il en parle tant, pourrait-il enfin nous proposer une définition du terme « pédagogisme » qui soit à la fois valide, intelligente et conforme à la réalité ?

    • Je peux vous expliquer (et il se trouve que je sais ce qui se fait — trop souvent — en Primaire : ma dernière fille, en CM1, qui sait depuis trois ans ce qu’est un COD? se fait actuellement rabrouer par une tordue qui veut lui imposer la notion — déjà obsolète — de prédicat. Mais tous ne sont pas taillés sur c emodèle : son instit de grande sectin a eu la bonne idée (nous n’vions vraiment rien demandé) de lui faire passer CP et CE1 en un an, après s’être fait expliquer par une môme de cinq ans que la fable du oiup et l’Agneau raconte les démêlés de Fouquet et de Louis XIV.
      Donc…
      La pédagogie consiste à amener chaque élève au plus haut de ses capacités — quels que soient les programmes. Cela suppose que le maître ait lui-même de vraies capacités, une foule de savoirs, et le sens de la différenciation.
      Le pédagogisme, c’est pile le contraire. Cela consiste, sous prétexte de travailler des compétences universelles, à étêter le mieux possible tout ce qui dépasse, en s’alignant sur le niveau du plus faible — qui n’est d’ailleurs pas apprécié en fonction de sa force, mais de sa différence, qui lui assure d’autres compétences tut aussi valables — alors qu’avec ce raisonnement, il va droit dans le mur à l’horizon de la fin Troisième. Parce que le pédagogisme, ce sont 160 000 mômes qui quittent le système scolaire, fin Troisième, avec rien dans la tête, rien dans les mains — et rien dans les poches.
      La question n’est même pas celle des programmes — qui devraient être les plus ambitieux possibles, afin que chacun puisse y faire son miel. C’est celle des ambitions. Un maître doit avoir les plus hautes ambitions pour ses élèves — pourquoi le petit fils de pauvres ne finirait-il pas prix Nobel de littérature ? L’excellence pour tous. Le pédagogisme, c’est le SMIC pour chacun — et Pôle Emploi au bout du chemin.
      Encore faudrait-il recruter et former des maîtres qui se reconnaissent dans ces objectifs — et révoquer les autres. Je le dis comme je le pense : un instit qui ne fait pas son boulot, qui ne rêve pas du Nobel pour chacun des petits Camus qu’on lui a confiés, est un traître à la patrie qui devrait être éliminé au nom de la loi des suspects (17 septembre 1793). Vous voyez, l’élitisme républicain n’est pas un vain mot. En face, c’est la gabegie démocratique.
      Et vous rappellerai-je (Montesquieu) que la démocratie est une perversion de la république ?

      Reste la question politique — mais vous comprenez bien que le pédagogisme, qui ne veut voir qu’une tête, est fondamentalement fasciste. Et que la république est par essence révolutionnaire.
      Pigé ?

  21. « Parce que les banquiers ne craignent qu’une chose : un soubresaut de la conscience populaire, un retour des nations. »

    Ils ont bon dos les banquiers. Est-ce que ce sont les banquiers qui depuis trente ans font et défont les réformes scolaires et universitaires dont vous nous dites qu’elles sont catastrophiques ? Les conseillers de Jospin et de Vallaud-Belcasem étaient-ils banquiers ?
    L’internationnalisme, la fin des nations, des peuples singuliers et l’abolition des frontières sont-ils vraiment une idéologie de banquiers ? La monnaie s’échange et traverse les frontières depuis des siècles, des millénaires. Elle a même été pensé et créé aussi pour ça…

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