« Le mot kitsch désigne l’attitude de celui qui veut plaire à tout prix et au plus grand nombre. Pour plaire, il faut confirmer ce que tout le monde veut entendre, être au service des idées reçues. Le kitsch, c’est la traduction de la bêtise des idées reçues dans le langage de la beauté et de l’émotion… Le kitsch est l’idéal esthétique de tous les hommes politiques, de tous les partis et de tous les mouvements politique. » (Kundera, bien sûr, dans l’Insoutenable légèreté de l’être, Gallimard, 1984).
Le mot kitsch remonte en français aux grandes années du gaullisme et du communisme réunis — deux régimes particulièrement kitsch, mais tous les régimes le sont à des degrés divers. En allemand, l’adjectif est apparu vers 1870, et il est un dérivé probable de kitschen, qui signifie « ramasser la boue des rues ». Ça ne s’invente pas.

J’étais de passage à Paris, la semaine dernière, j’avais deux heures devant moi, je suis allé voir au musée d’Orsay l’exposition sur le « Spectaculaire Second Empire ».
Si j’avais été philosophe en Grèce au Vème siècle, j’aurais été péripatéticien. Penser en se promenant, voilà qui me convient tout à fait. Et les parcours que dessinent désormais les muséologues, plutôt que de vous assener une masse d’œuvres, invitent à la discussion ininterrompue avec vous-même — cet interlocuteur qui ne vous passe rien.
Je connais un peu Napoléon III — pas aussi bien toutefois que mon ami Eric Anceau, auteur d’un Napoléon III (Tallandier, 2012) puis de la Mort de Napoléon III (Perrin, 2014).Je connais la fin surtout — l’aventure de Maximilien au Mexique à travers l’un des plus beaux westerns jamais tournés, Vera-Cruz, et la guerre de 1870, où un grand-oncle est mort en chargeant à Reischoffen. Pff… Un aventurier intelligent, arrivé au pouvoir avec l’argent de sa maîtresse, et finalement engoncé dans les fastes du château de Saint-Cloud où Mérimée un jour de pluie amusa la cour avec une dictée célèbre à laquelle Alexandre Dumas fils (ah, ces fils qui ne valent pas les pères !) fit 24 fautes, et l’ambassadeur d’Autriche, fils de Metternich, trois — entre autres sur les fatals cuissots / cuisseaux. Qu’un étranger maîtrisât à ce point le français donne une idée du rayonnement de notre langue à l’époque. On n’en est plus là.

Je n’ai rien à reprocher à l’expo, fort bien achalandée. Sauf que le promeneur se dit, en parcourant les salles, que l’extrême pouvoir, favorisant l’extrême lèchebottisme, produit rarement quoi que ce soit de vraiment beau.
Les grands peintres (reconnus) du Second Empire, c’est par exemple Winterhalter, auteur d’un nombre infini de portraits d’Eugénie (64 fautes à la dictée susnommée, mais elle était espagnole), avec son air de courge benoîte, et de son impérial époux (75 fautes — on est empereur ou on ne l’est pas). Une horreur bien léchée. On appréciera le côté « imitation du Louis XIV de Le Brun ». Toute cette époque, qui fait du néo-hellénisme,copie sans être bien capable, officiellement au moins, de rien produire d’original.

Ou Bouguereau, représentant Napoléon le Petit se rendant à Tarascon pour visiter les rescapés d’une crue du Rhône : Après tout, les rois touchaient bien les écrouelles… Bouguereau fit le voyage, croqua sur le vif quelques têtes locales, puis composa le reste dans son atelier parisien : médaille, récompense, achat immédiat. Le lèchecultisme peut rapporter gros.
Oui — mais l’art dans tout ça ?
Les concepteurs de l’expo n’ont pas raté un élément de décoration, depuis le berceau de l’héritier impérial, monument absolu du kitsch et de cet art composite, éclectique et surabondant du Second Empire :L’ensemble a été dessiné par Victor Baltard (oui, celui des Halles, un copain de Haussmann qui au même moment recomposait Paris, et de Garnier qui s’éclatait à l’Opéra), avec une sculpture en argent ciselé de Pierre-Charles Simart, l’aiglon est dû à Henri jacquemart, les émaux représentant (forcément) les vertus cardinales ont été dessinés par Hippolyte Flandrin et exécutés par la manufacture de Sèvres, les bronzes ont été fondus par la maison Froment-Meurice et la menuiserie (en bois de rose, forcément aussi) provient des frères Grohé. Si j’ajoute que tout cela est une copie surchargée du berceau du roi de Rome, on entre de plain-pied dans un immense Dictionnaire des idées reçues — oui, le Second Empire est aussi le lieu de naissance du combat de Flaubert contre la Bêtise. C’est d’ailleurs ce qui permet à l’auteur gémissant des Mémoires d’un fou de se lancer dans Madame Bovary — grâces lui soient rendues pour cela. Mais ni Flaubert ni Zola (après tout, le sous-titre des Rougon-Macquart est « Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire ») n’appartiennent au cercle de la Cour, et Hugo ronge son frein à Jersey où il écrit furieusement les Misérables et les Châtiments. Et Marx corrige Hegel en expliquant qu’à la tragédie de l’oncle succède la farce du neveu.
Contrairement à Sainte-Beuve et aux Goncourt qui firent des pieds et des mains pour « en être » — mais voilà : que reste-t-il de ces illustres-là ? Il faut être exceptionnel pour être à la fois courtisan et génie. Chaque régime n’engendre pas Racine — nous, par exemple, nous avons Edouard Louis.

Les conservateurs, après avoir accumulé tout ce que l’art décoratif de cette époque a pu produire de plus kitsch, ont-il senti que justement, l’art véritable manquait ? C’est bien possible : près tout, Napoléon III a dû avoir la même intuition, lui qui autorisa le Salon des Refusés. Une salle est consacrée à ce qui se peignait de mieux en ce temps-là — parallèlement à ce que la Cour plébiscitait. Le Déjeuner sur l’herbe, par exemple, qui fit scandale au Salon susmentionné. Manet, Degas, et quelques autres : en quelques toiles magistrales, on efface jusqu’au souvenir de Winterhalter et de Bouguereau. Courbet, finaud, au lieu de représenter le comte de Choiseul, titulaire de la Chambre des Pairs, a choisi de peindre… ses chiens : quelque part dans sa tête, le peintre complotait-il déjà la destruction de la colonne Vendôme, qu’on lui imputa après la Commune ?Parce qu’il faut se souvenir que tous ces bals, toutes ces fêtes, ces opérettes d’Offenbach et ces pièces (lire sur le sujet les Spectacles sous le Second Empire, sous la direction de Jean-Claude Yon, Armand Colin, 2010, qui montre bien que commence à cette époque le spectacle de masse — la société du spectacle du capitalisme naissant)tout a fini en bain de sang à Sedan d’abord, à Montmartre ensuite. L’hyper-conformisme (on ne parlait pas encore de « politiquement correct », mais l’idée y était) d’une société bloquée auquel les artistes à la mode ne fournissent d’autre exutoire que le kitsch engendre toujours des massacres.

Jean-Paul Brighelli

100 commentaires

  1. « Le besoin du kitsch de l’homme-kitsch (Kitchmensch): c’est le besoin de se regarder dans le miroir du mensonge embellissant et de s’y reconnaître avec une satisfaction émue. » (Ibid)
    avec une définition du kitsch qui fait une passerelle avec le billet précédent.

  2. Hors-sujet:
    Nous les légumistes, remplaçons les lardons par du tofu fumé dans la recette de la kitsch lorraine.

  3. Dès 2012, la presse conforme tentait de déguiser du vieux en paladin in-au-vent :

    http://i.imgur.com/HdAwG.jpg

    François-Joseph Hollande, dit Nigo, terminera à la Lanterne avec sa Sissi où il cultivera un lopin de salades que personne ne mangera.

  4. Napoléon III avait le goût des nègres – je veux dire qu’il employait des plumes auxiliaires pour écrire à l’opinion publique de grands manifestes politiques. Cela nous rapproche des bananes, non ?

  5. Au sujet de nègres cons comme des bananes, le syndicaliste guadeloupéen Elie Domota a fait une sortie à Fillon l’accusant d’être un suppôt du colonialisme ! Que voilà une sortie réjouissante …

  6. Connaissez-vous le nom du peintre français le plus côté du Second Empire ? Rosa Bonheur ! Son « Marché au chevaux » fut acheté par un new-yorkais 268 500 francs-or et offert au Metropolitan.

  7. En faveur du règne de Napoléon III je dirais que le Canal de Suez est à la fois un chef d’œuvre de la diplomatie française et de l’ingénierie française. L’expo universelle de 1867 a été l’apothéose du régime comme l’ouverture du canal en 1869 avec la commande d’Aïda à Verdi.

    En résumé pas de Paris moderne et pas de réseau ferré en France sans le Second Empire.

  8. La 3eme république s’est enlisée dans le Canal du Panama et a laissé les Américains rafler la mise ; je rappelle que c’est un opposant au Second Empire Thiers, le bourgeois borné et cruel comme l’appelait Clemenceau, qui a réprimé la Commune avec la dernière énergie !
    Alphonse Daudet qui était le secrétaire particulier du duc de Morny – l’homme fort du régime – se verra refuser les obsèques nationales demandées par Clemenceau en 1897 ! Daudet n’était pas républicain …
    Au final la 3e se crashe dans une déroute militaire en juin 40 qui vaut bien Sedan ! 1 à 1 … point break.

    • « La 3eme république s’est enlisée dans le Canal du Panama et a laissé les Américains rafler la mise »…oui, et ils nous ont opportunément refilé leur phylloxéra, cette petite bestiole qui raffole des feuilles de vigne: résultat des milliards de dégâts !
      Ça c’est un fait !

  9. Brighelli est un grand admirateur de l’esprit républicain – mais que doit l’Etat français à la république en fait ?

    – La 1ère république entraîne la guerre civile et donne les clefs du pouvoir à un général de trente ans.
    – La seconde un bain de sang en juin 1848 qui amène le prince Louis Napoléon Bonaparte a être élu au premier tour de la présidentielle en décembre avec 75% des voix !
    – La troisième se termine par la prise de pouvoir d’un maréchal après une déroute militaire sans égal et la division du pays en deux morceaux.
    – La quatrième se termine sur Dien Bien Phu et le drame de la décolonisation de l’Algérie ; encore un autre général pour démêler la tragédie.
    – La cinquième ? L’abandon de toutes les armes de la souveraineté entre les mains d’instances étrangères !

    Paul Morand dont le père et l’oncle occupaient de hautes fonctions sous la 3eme n’avait guère d’illusions sur les politiciens républicains … mais il est vrai que Brighelli préfère qu’on écrive la légende de préférence aux faits !

    • Demandons nous ce qu’est l »état Francais sans la république. Puisqu’il nous est totalement impossible de procéder à des expériences (adieu K. Popper), vu que même les plus attardés de nos contemporains ont une vague idée (très précise même si l’on suit mon intime conviction) du cout global d’une guerre civile. Nous ne pouvons nous appuyer que sur l’histoire ; la dernière fois que l’état s’est retrouvé célibataire (la belle ayant disparu) c’était entre juillet 1940 (vote des pleins pouvoir, la contrainte, sérieuse, sur les députés ne peut-être occultée ; « sinon vous ne dormirez pas chez vous ce soir ») et disons 1945 ne restons pas béats devant 1948 (il est possible de polémiquer selon que l’on intègre ou pas l’existence du GPRF, sur la date) ; ca a donné l’abomination que l’on sait. La tentative suivante (tentation ?) s’est soldée par un avortement (le putsch d’Alger) si il y en eu d’autres je n’en ai pas entendu parler. Même en mai 1981 (j’étais sous les drapeaux comme Lycéen), malgré une sérieuse tension (c’était du lourd les fantasmes, pendant la guerre froide), rien n’a osé bouger.

  10. « Bouguereau fit le voyage, croqua sur le vif quelques têtes locales, puis composa le reste dans son atelier parisien ».
    …La critique (au pas de charge) est aisée quand on sait que le tableau fait 2mx3m !
    Il parait qu’il est accroché à l’Hôtel de Ville de Tarascon. Etait-ce sa destination première à la commande de l’oeuvre ?
    Il est pas si mal ce tableau avec un NapoIII christique et populaire en divin sauveur avec la flèche de la cathédrale au-dessus de lui et la petite statue d’un saint sous un dais, à gauche de la barque, où le Rhône s’est miraculeusement arrêté à ses pieds.
    Driout a raison de rappeler les bienfaits du 2nd Empire en matière d’aménagement de Paris (Haussmann), des voies ferrées qui amènent toujours les parisiens en Normandie, et le subventionnement exceptionnel des Ponts et Chaussée après les crues du Rhône et de la Loire en 1856.
    Je ne vois donc pas pourquoi il faut tourner ces images de propagande en dérision, c’est la construction d’une chronique impériale, fictionnelle, comme la théorise Kantorowicz:
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Deux_Corps_du_roi
    On peut toujours s’en gausser quand on connait l’Histoire et qu’après Sébastopol il y eût Sedan. Une manière de dire, il a eu ce qu’il méritait !

  11. P…n ! Taddei, Davidenkoff et al. remettent encore une fois le couvert sur leurs lubies de peigne-culs à contrats de confiance :

    http://www.lemonde.fr/festival/article/2016/06/15/francois-taddei-il-est-temps-de-passer-a-une-ecole-de-la-confiance_4950879_4415198.html

    Mais qu’ils ouvrent des officines privées et y foutent leur p…n de chiards et arrêtent de nous les gonfler avec leurs p…n « d’écosystèmes agiles » qui sentent le vieux pet.

    Foutez-vous les dans le fion vos « écosystèmes innovants » et laissez les élèves apprendre de vrais contenus au collège et au lycée où l’interdisciplinarité est l’autre nom du vide dans lequel ces khonnards pédalent sur le grand plateau depuis lurette en projetant des gerbes de mousse sur les gogos.

  12. Pour mémoire:
    Posted on 1 Octobre 2016 by jpbrighelli:

    « J’errais autour de la Bastille. J’avais une heure à tuer avant de prendre le train.
    Je suis entré à la Belle Lurette, 26 rue Saint-Antoine.  »

    Le 4 Octobre 2016 à 13 h 32 min,
    danielchaudron
    a dit :
    « J’avais une heure à tuer »: jpbriaghelli, quelle formule horrible, que Sacha Guitry détestait avec raison…

    Répondre ↓
    Le 4 Octobre 2016 à 17 h 25 min,
    jpbrighelli
    a dit :
    Que diriez-vous ?

    Aujourd’hui ,le Maître semble avoir voulu touver une variante que danielchaudron puisse agréer.
    « J’étais de passage à Paris, la semaine dernière, j’avais deux heures devant moi, je suis allé voir au musée d’Orsay l’exposition sur le « Spectaculaire Second Empire ». »

    • Il n’y a pas équivalence entre (1) « J’avais x heures à tuer » et (2) « j’avais x heures devant moi ».

  13. Parce que vous les valez bien deux citations :

    – On reconnaît un discours de Jaurès parce que tous les verbes sont au futur – Georges Clemenceau.
    – La science de gouverner est toute dans l’art de dorer les pilules – Adolphe Thiers.

    Bon ! J’ai un petit faible pour Clemenceau et pas trop d’appétence pour Thiers – mais qui aime Thiers ?

    • Que faites-vous de Mary Plummer,l’épouse américaine de Clemenceau ?
      S’en étant lassé,le grand homme la relégua en Vendée,puis l’ayant fait suivre par un détective,l’accusa d’adultère et la fit jeter en prison pour ce motif,et enfin expulser de France.

      Même Hollande n’aurait pas pu.

  14. Anatole France disait une phrase doucereuse et charmeuse : Je pardonne à la république de mal gouverner car elle gouverne peu.

    Mais était-ce une excuse valable ou juste un mot aimable qu’on dit à une maîtresse un peu trop aimée ?

  15. Promenade touristique sans grand intérêt, malgré quelques oripeaux et tentatives de raccrocher les wagons d’un train poussif au TGV de l’actualité.
    Quelques lueurs cependant dans cet ensemble terne et décevant.
    Vous pouvez bien mieux faire, en vous affranchissant de jugements personnels et anachroniques.

    • « L’hyper-conformisme… d’une société bloquée auquel les artistes à la mode ne fournissent d’autre exutoire que le kitsch engendre toujours des massacres. »
      Qui, parmi les lecteurs, comprend cette phrase du Maître ?
      1) « auquel  » a pour antécédent « L’hyper-conformisme »…Comment le kitsch pourrait-il être un exutoire à l’hyperconformisme ? Le kitsch,nous est-il rappelé, est  » la traduction de la bêtise des idées reçues dans le langage de la beauté et de l’émotion. »
      Et d’ailleurs que peut bien signifier « exutoire à l’hyperconformisme » ?

      2) S’il y a faute de frappe et qu’il faille lire « à laquelle » pour « auquel » -même perplexité qu’en 1):le kitsch ne saurait en aucune manière offrir un quelconque exutoire à une société « bloquée », victime de l’hyperconformisme:il est l’expression artistique,esthétique,de ce dernier.

      Il y a bien, d’après ce qui précède,un autre exutoire:l’art non reconnu, celui qu’on peut voir au Salon des refusés. Il n’a pas suffi à éviter les massacres /?.

      • Ma foi, rien ne m’empêche d’éloigner un peu l’antécédent du relatif.
        Et oui, un blocage génère la nécessité d’un exutoire (c’est l’histoire de la soupape défectueuse), et tout conformisme tend au blocage — par définition. Voir les procès faits à Baudelaire ou à Flaubert (c’est à cela que renvoie mentalement ma phrase). Le régime de Napoléon III a fini par tourner à vide — c’est le danger des cours, regardez Louis XVI à partir de 1780. Quant au Salon des Refusés, il ne fonctionnait que sur la marge, pour un tout petit public. D’où la déflagration de la Commune.
        J’avoue que si je dois tout expliciter, écrire devient moins drôle.

          • Joli tour de passe- passe -qui ne résout rien (mais qui montre que vous pouvez envisager une belle seconde carrière en politique)
            « un blocage génère la nécessité d’un exutoire »..
            Un exutoire à quoi ? Un exutoire pour qui ?
            Toute l’habileté de votre explication consiste à laisser ces deux questions en suspens.
            Prenons un exemple:
            « La composition musicale fournit à Schumann un exutoire à sa mélancolie. » ou bien:
            « Schumann trouva dans la composition musicale un exutoire à sa mélancolie. »
            Autrement dit Schumann se libérait de ses pensées mélancoliques en les faisant passer dans sa musique.
            exutoire à quoi ?: à la mélancolie.
            exutoire pour qui ?: pour Schumann.
            Une société bloquée peut chercher un exutoire à ce sentiment de blocage qu’engendre l’hyperconformisme ambiant.Elle ne saurrait espérer le trouver dans le kitsch qui est lui-même une manifestation de l’hyperconformisme.
            exutoire à quoi ?:au sentiment de blocage
            exutoire pour qui?: pour la société bloquée
            En aucun cas la société bloquée ne peut rechercher un exutoire à l’hyperconformisme.
            NB.
            1)Littré
            exutoire: Terme de médecine.Ulcère établi et entretenu par l’art,pour déterminer une suppuration permanente. Fig.Issue donnée à quelques mauvaises dispositions.
            2)Pour Dugong:
            la préposition  » à  » possède des sens variés.
            une auge à cochons:elle sert aux cochons,ils s’y repaissent
            un sac à dos: on le porte sur le dos
            une voiture à vendre: on peut l’acheter
            une dissertation nulle à chier: elle est si nulle que…

          • Mais si vous laissez « exutoire » en l’air, en sous-entendant le reste, chacun complète…
            Ma prose joue la participation !

  16. Si mes renseignements sont exacts, Napoléon III, élevé en Allemagne, avait pour langue maternelle l’allemand, et parlait le français avec un épouvantable accent allemand. D’où les 75 fautes, et l’emploi de nègres littéraires

  17. Pardon, je suis hors sujet, mais nous avons Buisson, dans deux semaines à Béziers. L’intitulé de l’opération est « Béziers libère la parole ».
    Que du bonheur.

    • Buisson ? Un homme d’honneur …
      L’élégance incarnée.

      J’aurais aimé l’avoir à table :
      * bouffe au râtelier, de fort bon appétit semble-t-il au vu des facturations annoncées
      * pète à table lorsqu’il est repus
      * crache dans la soupe lors le vent mauvais se met à souffler
      * chie dans les bottes que son ancien patron a bêtement laissé traîner dans le couloir (espérant sans doute qu’une soubrette les astique ?)

    • Ça peut être drôle. J’ai jeté un œil sur son bouquin : il est très bien écrit. Maintenant, le personnage…

  18. JPB a écrit : « Mais si vous laissez « exutoire » en l’air, en sous-entendant le reste, chacun complète…
    Ma prose joue la participation ! »

    Un texte collaroboratif ?

    • Vous rendez-vous compte:deux réponses directes du Maître!
      Je suis comblé:je vais ouvrir une bouteille de Veuve Clito pour célébrer la faveur dont je jouis.
      Mon postulat est le suivant:le Maître ne laisse rien au hasard;s’il use d’un anglicisme, s’il commet une faute d’orthographe,s’il risque une tournure alambiquée, c’est toujours à dessein;les lecteurs attentifs peuvent espérer (mais non attendre-ce serait présomptueux) une remarque,un commentaire.
      Texte roboratif,ô combien!
      Je rends grâce au Maître de me délivrer d’une tentation:Le Confort Intellectuel.(cf Marcel Aymé.)

      • Voltaire — comme vous le savez sans doute — a rédigé des Commentaires sur Corneille assez désobligeants (voir https://books.google.fr/books?id=6w8vAAAAMAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false). Il a décortiqué un à un les vers du Cid (et du reste), parce qu’il estimait que le poète rouennais offensait trop souvent la grand-mère, comme on dit dans les Femmes savantes. N’empêche que le Cid tient mieux la route que Zaïre — et encore, c’est la moins illisible des pièces de Voltaire.
        Pourquoi vous disais-je cela, au fait… Ah oui : l’extrême correction de la langue n’est pas une fin en soi.Surtout dans un genre (les chroniques de Bonnet d’âne, et d’internet de façon générale) où l’on passerait du temps à démêler ce qui est « écrit » et ce qui reste oral.

  19. Sale époque le second empire ; les cathos inventaient Lourdes, Haussman dégageait des grands axes où le canon ferait merveille pour disperser la populace dont le XIXème bourgeois ne supportait plus les gueuseries révolutionnaires. Pendant ce temps-là le petit Rimbaud s’ennuyant ferme dans une petite ville de province supérieurement idiote entre toutes (le pauvre gosse) écrivait des vers.

    • – On était en pleine question romaine à l’époque, NapIII a joué Lourdes contre Rome en autorisant l’ouverture de la grotte pour ménager les catholiques.
      – Haussmann (avec deux n !) n’était pas chargé de la Police que je sache. La réduction de ces travaux au seul aspect sécuritaire fait partie de la légende noire du 2nd Empire.
      – Charleville « supérieurement idiote » !? Mis à part le ridicule gentilé actuel de la ville, je ne vois pas de quoi vous parlez .

      • Oups pour les 2 n, la légende noire d’accord. « Une petite ville de province supérieurement idiote… ; c’est du Rimbaud pur jus extrait, sans ménagement, de sa correspondance. C’est bien connu des experts du génie local et ignoré des cuistres patriotes locaux. Ca permet de leur clouer le bec tout en les faisant enrager. Il n’empêche que le gamin avait raison jusque dans l’avenir ; j’y suis né, y ai vécu par époques et traverse l’une d’elle. Si il fustigeait la mentalité de boutiquier sans envergure , alors il est furieusement d’actualité, en terme de gouvernance. Mais qu’attendre d’ex compagnons de route et d’idoles de Sarkozy, si ce n’est, inutilement, d’être surpris ? Si ils me lisent, c’est arrivé (allez savoir pourquoi tant d’embarras) ; Zut !

      • Merci, au passage, pour le « ridicule gentilé actuel ». A propos de Rimbaud, il est toujours possible de lire Miller ; « Le temps des assassins ». C’est toujours d’actualité, en général ; bien au delà du gentilé local

  20. Ce furoncle catho, qui a perduré un temps, sera percé sous la IIIème avec la loi du 10 Décembre 1905, avant de devenir tumeur létale. Tout est apaisé désormais, parait-il ; je ne demande qu’à devenir croyant. Peut-on se fier à des gens qui pensent avoir l’éternité devant eux ?

  21. Et le kitsch en cuisine, j’vous en cause pas mais Caroline Champion, si :

    https://exploratricedesaveurs.com/2009/10/10/kitschen/

    Il manque peut-être une analyse du kitsch moléculaire où des gens qui se présentent comme des « aventuriers du goût » (!) se lancent dans une surenchère (très chère) d’épatalage * visuel du bourgeois qui sommeille dans chaque cochon.

    * je m’autorise

      • Je voyais le vintage comme un recyclage du kitsh passé (récent)Par exemple, dans mon coin une boutique vient d’ouvrir ; elle vend des objets neufs (chinois) répliques d’objets kitsch des années 1950-1960 ; on reste dans le kitsch. La même vendant ces objets d’époque (brocante) on est dans le vintage. La différence est quasi nulle, sauf que des boute en train viendront parler d’authencité, alors qu’il s’agit toujours de daube produite en série, en très grand nombre. Je ne détiens pas la vérité, soyons clairs.

  22. Ah ! quand même Pierrefonds contre Haut-Koenigsbourg ! Napoléon III contre Guillaume II ! Viollet-le-Duc contre Bodo Ebhardt ! Ca avait de la gueule ces batailles de vieilles pierres …

    C’est sous Napoléon III que les Rothschild font construire Ferrières par l’anglais Paxton.

    • C’est Napoléon III qui fera restaurer la cité de Carcassonne par Viollet-le-Duc et fera entreprendre de grandes recherches sur le site d’Alesia – et l’inventaire des ressources archéologiques de la France.

      Voilà quelques points de l’œuvre historique entreprise par le Second Empire.

      • Du coup on a hérité du mythe gaulois. Quant à Violet-le-duc, il faut en parler avec des archéologues (ambiance assurée)

  23. A l’inverse la 3e république naissante fera raser les Tuileries et le château de Saint-Cloud par pur esprit de rancune ! On aurait pu relever les bâtiments dont les structures étaient intactes …

    • Ce sont des donateurs privés qui ont sauvé le château de La Malmaison – en 1877 l’Etat vend le domaine à un marchand de biens – c’est Daniel Osiris qui va le racheter et le restaurer.
      L’esprit de vengeance de la 3e république qui a cherché a effacer les traces des deux Napoléon donne une idée de la petitesse idéologique des républicains.

  24. Alexandre Bertrand – le frère aîné de Joseph Bertrand dont je parlais il y a peu – va fonder en 1862 le musée des antiquités nationales au château de Saint-Germain en Laye lui aussi restauré par les bons soins du Second Empire.

  25. Je trouve votre papier très décevant. Il montre que, comme beaucoup d’historiens, vous ne comprenez rien à l’art. C’est d’autant plus étrange sous la plume d’un contempteur du politiquement correct et dans Causeur. Finalement votre regard est totalement conformiste et éculé, et surtout vous n’avez aucun regard sur les choses, aucune liberté de jugement esthétique. Non le Second Empire n’est pas « kitch » et non ses créations artistiques ne sont pas méprisables, au profit , encore et toujours, de Manet, du Salon des refusés et autres tartes à la crème de la pseudo modernité (de vous, cela surprend !). Qu’il s’agisse d’arts décoratifs, d’architecture ou de peinture et de sculpture, le Second Empire a créé des oeuvres qui, en effet, s’inscrivent dans un processus que l’on a souvent nommé « éclectique », mais cet éclectisme est une revisitation géniale du passé, pour donner naissance à quelque chose d’original et de subtil qui est le sel même du génial XIXe siècle. Mobilier, céramiques, orfèvrerie, architecture : il y a une créativité et une inspiration très particulière dans ces oeuvres qui n’ont rien de « pastiches » comme vous l’écrivez : le Palais Garnier, par exemple, est un monument fabuleux. Quant à Carpeaux, j’imagine que vous le considérez aussi comme kitch ? Sans commentaire… Vous devriez vous « décrasser » l’oeil et sortir des schémas rebattus qui vous font appliquer des logiques historiques (d’ailleurs injustes, le Second empire a été une période de grand développement) sur la création artistique. Les peintres « académiques » (Bouguereau, Cabanel, Baudry etc.. sans parler des sculpteurs !) étaient de très grands artistes et l’époque d’une grande richesse dans sa diversité créatrice. On n’a pas à juger des artistes en opposant des tendances ou en faisant des choix idéologiques ; une époque est plurielle et il y a de très grands artistes académiques et de très médiocres pleinairistes ou impressionnistes ; vouloir réduire l’histoire de l’art à Manet et à l’impressionnisme d’ailleurs révèle une méconnaissance des faits, et un manque de jugement effarants. Il est frappant que vous, justement, qui dénoncez en permanence la bien pensance et les clichés intellectuels, vous tombiez dans ce panneau quand vous écrivez sur l’art. Conclusion, je crois que vous devriez éviter d’aborder des sujets qui vous échappent. L’esthétique et l’art ne sont pas des « illustrations » de schémas politiques, mais des mondes qui ont leur vie propre. Votre vision réductrice est faussée par votre vision d’historien. On a l’habitude, la plupart des historiens ne comprennent rien aux images..qu’ils réduisent à des documents. Il est vraiment curieux de lire un papier aussi conforme à ce que les enseignants chers à Madame Belkhacem pensent, au nom de quoi, on a éliminé le XIXe siècle des programmes… Venant de vous, c’est donc très surprenant.

    • Quand j’habitais Montpellier, j’ai résidé rue Alexandre Cabanel, natif de la ville et dont maintes œuvres ornent le musée Fabre (Saint Paul, Cincinnatus, Coriolan, l’Ange déchu,Albaydé). L’expo susdite n’a pas fait l’économie de la Naissance de Vénus, qui d’ailleurs est à Orsay en temps ordinaire. C’est… décoratif (et cet adjectif convient à toute cette époque), mais il n’ y a pas le début d’une idée là-dedans. Ce que vous dites de l’art éclectique est peut-être vrai, mais c’est la même chose dans toutes les époques de décadence — regardez la statuaire romaine à partir du IIIème siècle, avec des combinaisons de marbres de diverses couleurs : ça n’arrive pas à la cheville de Praxitèle ou de Phidias.
      Quant à ma connaissance de l’art, elle est ancienne — à l’époque (années 70) où j’habitais rue de Seine et où je hantais les galeries de la susdite rue, en plein cœur du mouvement conceptuel. Et des happpenings au sang de Journiac. En fait d’avant-gardes, j’en ai vu beaucoup. Maintenant, si vous voulez réhabiliter l’art pompier — une tentation fréquente depuis une vingtaine d’années — libre à vous, et ce serait une tentative intéressante, à condition de bien expliquer ce qui sépare ce second maniérisme des réalisations d’un homme comme Ingres, par exemple. Ne croyez pas d’ailleurs que j’idolâtre les impressionnistes — mes préférences personnelles vont au cubisme (le bon) et à l’abstraction lyrique. Et à Cézanne qui est leur grand-père à tous.

    • Finalement, face aux causements sur l’art qui enfilent les jugements déguisés en analyse, j’en viendrais presque à préférer Mimile et Germaine qui égrènent les « j’aime », « j’aime pas ».

      C’est quoi l’art ? C’est ce qui est dans les musées.

      De toute façon, à la fin, c’est Jeff Koons qui gagne (le plus).

    • Voici pour vous un aperçu de la musique « religieuse » que l’on pouvait entendre à Saint-Sulpice sous le second Empire. Louis-James-Alfred Lefébure-Wély, coqueluche du tout-Paris dévot que les curés rêvaient d’attacher à leur paroisse, eut le bon goût de mourir dans la nuit du jour de l’an 1870.
      Saint-Saëns, qui lui succéda à l’orgue de la Madeleine, se fit reprocher en ces termes de mettre à son programme la musique de Bach : « nos paroissiens sont des habitués de l’Opéra-Comique, ils souhaiteraient de cette musique ». Ce à quoi le maître répondit : « mon père, je jouerai des airs d’opérette quand vous ferez vos sermons avec leurs dialogues ».

      https://www.youtube.com/watch?v=Isdw-zpsb5Q

  26. Parlons du beau, nous pourrons invoquer Kant, la polémique sera différente. Après avoir définit le kitsch, peut-on dire d’un objet kitsch qu’il s’agit d’une oeuvre d’art ? ou ; le second empire a t-il produit du beau ? (évitez de parler de Sedan) Je sors.

  27. Tout a été écrit sur l’effondrement du second empire mais pas grand chose sur Napoléon III avant que le compte Reille ne porte au roi de Prusse l’épée du vaincu de Sedan.

    Le 21 mai 1870 au Louvre l’empereur proclame en grande pompe son plébiscite.
    Cent quatre jour plus tard sa couronne roule dans la poussière de Sedan ! (« L’été en enfer »)

  28. « Les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs »
    Pourquoi ne pas citer le nom de l’auteur de cette phrase ?

    Elle est de Jean-Baptiste Gresset, le même qui a dit : « Sur les arts, les esprits et les goûts, le jugement d’un seul n’est point la loi de tous »

    • Mais parce que la phrase est archi-connue — tout le monde n’a pas lu le Méchant, comédie d’où la citation est tirée, mais tout le monde a lu les Liaisons dangereuses, où le vers est cité.

      •  » parce que la phrase est archi-connue »

        Ce n’est pas parce que la phrase est archi connue que son auteur l’est.
        Je suis toujours gênée lorsque que l’on cite un auteur sans le nommer un peu comme si je citais des extraits de vos billets sans mettre des guillemets ou votre nom.
        Ceci dit je vais m’en remettre..;)

  29. ..cachez ce sein que je ne saurais voir… (en fait si ; ah ! la pulsion scopique, que de tentations ) « auteur »

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