J’ai reçu d’un tout jeune collègue, un agrégé fraîchement sorti de son Institut Usant Fatalement les Maîtres, la fable suivante. Et comme, en période estivale au moins, on peut se laisser aller à un peu d’auto-complaisance…

Peu de temps avant la soutenance de son mémoire professionnel, un stagiaire agrégé quelque peu angoissé remit à ses formateurs IUFM ce billet, destiné à faciliter sa validation :

« Nos formateurs zélés nous ont beaucoup appris…
Sont bien méchants et vains ceux qui ont protesté.
Il faudrait renvoyer des profs tels Brighelli :
Les purs didacticiens disent la vérité.
Soutenons avec cœur tous les I.U.F.M.
Le Bris, Capel, Delord fabulent avec morgue,
Et à notre tuteur nous confions nos problèmes
Nous disons donc « Dehors ! » à des gens tels Lafforgue. « 

La soutenance s’étant déroulée avec grand succès (les examinateurs n’avaient pas lu le mémoire en question), le stagiaire déchira son billet en deux et le remit à un ami stagiaire. Qui put alors lire sur la première moitié du billet déchiré :

« Nos formateurs zélés
Sont bien méchants et vains
Il faudrait renvoyer
Les purs didacticiens
Soutenons avec cœur
Le Bris, Capel, Delord
Et à notre tuteur
Nous disons donc « Dehors ! » » 

Et sur le second papier :

« Nous ont beaucoup appris
Ceux qui ont protesté.
Des profs tels Brighelli
Disent la vérité.
Tous les I.U.F.M.
Fabulent avec morgue
Nous confions nos problèmes
A des gens tels Lafforgue. »

Les deux stagiaires, aujourd’hui titulaires, sourient encore de ce billet. Ils le ressortiront quelque jour en classe pour faire étudier, en collège, le prinncipe du double sens (iront-ils jusqu’à ressortir en parallèle cette fameuse lettre que des générations de potaches attribuent à Musset, au plus fort de sa passion pour Sand ?) — et, en lycée, pour étudier, doctement, la fable et l’apologue.

JPB