Un proviseur du Puy-de-Dôme a donc été condamné par le tribunal de Clermont-Ferrand à trois mois de prison avec sursis, mise à l’épreuve durant deux ans et obligation de soins.
Je connais mal l’affaire, c’est à peine si je sais que ledit proviseur avait le harcèlement facile, et que cette condamnation clôt une longue patience, comme seule l’Education Nationale sait en avoir. Mais ce n’est pas là le nœud du problème, quoi qu’on puisse en penser.
Ledit proviseur a été vu en tin de se masturber devant son ordinateur : rappelons que les proviseurs par définition logent sur leur lieu de travail, et que la distinction entre espace privé et espace public, en ce qui les concerne, est loin d’être facile. Faut-il donc supposer qu’un chef d’établissement est en service vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et qu’il doit donc s’interdire tout ce qui ne se fait pas dans l’exercice de la fonction ? Dans les années 1920, une institutrice bourguignonne avait été radiée parce qu’elle avait un amant, et qu’un membre de l’enseignement doit sans cesse montrer l’exemple : c’était un souvenir, en pleine IIIème République laïcarde, de ‘époque où c’étaient des bonnes sœurs qui s’occupaient de faire la classe. Fallait-il un brevet de virginité pour enseigner ?
Par ailleurs, « C’est une voisine, logeant dans un immeuble proche du lycée qui l’a aperçu depuis sa fenêtre. Elle a averti l’établissement, qui a ensuite fait un signalement auprès du parquet », a indiqué à l’AFP l’avocate du proviseur, Me Clémence Freydefont. Curieuse voisine — qui s’était portée partie civile et a été l’heureuse bénéficiaire d’une amende de 300 euros à laquelle a été condamné ledit proviseur : le voyeurisme outré fait donc partie désormais des pratiques du bon voisinage ? Mon dieu, mes voisins peuvent donc me déférer au Parquet, car, je le confesse (un mot que Brassens fait systématiquement rimer avec fesses), il m’arrive d’avoir chez moi des comportements que je n’aurais pas en public. Et ce n’est pas une aumône de 300 euros qu’ils recevraient, les bougres… Ou 300 par jour.
Enfin, cerise sur le gâteau, « l’analyse de l’ordinateur du proviseur a révélé que ce dernier consultait « des sites pornographiques mettant en scène des majeurs ayant des relations sexuelles sadomasochistes ». Il s’est également connecté « une seule et unique fois » à un site étranger de partage d’images, montrant « des enfants dénudés, mais pas en situation d’être exploités sexuellement », a précisé l’avocate, précisant que son client « n’était nullement poursuivi pour détention d’images pédopornographiques ». »
Bref, rien d’interdit. Et il m’arrive — comme à nous tous — de me connecter à des sites fort étranges ! Et je confesse (derechef) avoir dans ma bibliothèque une foultitude de livres que l’Inquisition aurait mis au bûcher — et moi avec ! J’ai même écrit la Société pornographique grâce à ma consultation scrupuleuse de ce que l’on trouve sur le Net.

Nous sommes entrés, depuis que la crise frappe, dans une ère de grande moralité. Les délassements du proviseur auraient fait sourire la voisine dans les années 1970 — peut-être même, à l’époque du swinging Paris, la voisine serait-elle allée participer aux ébats SM du cher homme esseulé. J’ai publié, au début des années 1990, des romans à caractère érotique (et un peu plus, même) que l’éditeur m’a avoué ne plus oser ressortir aujourd’hui, sinon sous le manteau. Le même refuse désormais tout ouvrage dans lequel on appelle un chat une chatte, et où les comportements dépassent les bleuettes inoffensives de 50 shades of nothing interesting. Il en est à publier des romans à l’eau de rose américains, où il est question de Beautiful Bastard / Stranger, et où le « héros » est invariablement un homme d’affaires (j’espère que vous sentez tout le potentiel érotique de ces mots, « homme d’affaires » ou « financier », en ces temps de crise et de vaches maigres — le renouveau du Prince charmant, il est là, il sort d’HEC ou de Paris-Dauphine, ces deux temples du conformisme économique et de la culture zéro) et l’héroïne une stagiaire provinciale qui rêve de situations expérimentales pourvu qu’elles se concluent avec une bague au doigt — fi !

J’ai raconté il y a quelques mois comment le ministère de l’Education répugnait à certains mots comme « élitisme » et « conformisme ». Mais le vrai conformisme, il est là, dans la vague de pudibonderie qui déferle aujourd’hui. Pendant que not’ bon maît’ passe de la Pompadour à la Dubarry au vu et au susse (comme disait Bérurier) de tous les amateurs de Vespa, nous sommes, nous pécores, nous valetaille, confiné(e)s dans le sexuellement correct.
Ma foi, quels que soient les travers du proviseur condamné pour (pour quoi, exactement ? Je n’arrive pas à saisir ce qu’il a fait de répréhensible, dans les termes du jugement), je le salue : obsédés de tous les horizons, mettez désormais de lourdes tentures à vos fenêtres — comme d’autres mettent des voiles sur les désirs de leurs épouses et de leurs filles.

Jean-Paul Brighelli

27 commentaires

  1. Bonsoir,
    Finalement, tout se résume à l’établissement d’un fait qui n’a pas été précisé : le proviseur en goguette a-t-il gesticulé du poignet dans son bureau (lieu de travail et ordinateur de travail) ou bien dans son logement de fonction (résidence privée concédée à titre gracieux par l’état) ?
    Au vu de sa condamnation, je pencherai pour la première solution … Et même si je suis entièrement d’accord avec votre développement sur la pudibonderie actuelle, d’origine américaine sans doute, il n’en reste pas moins qu’un lieu de travail ne saurait se prêter à ce genre de galipettes.
    Etant moi même professeur, je pourrais vous citer un cas de deux collègues dans un ancien établissement (toujours en postes à l’heure actuelle), qui trompaient leurs époux (ses) respectifs (ves) dans un cagibi destiné aux produits d’entretiens ; le tout durant leurs heures de cours … Ils abandonnaient leurs élèves 15 à 30 minutes, sans surveillance aucune. C’était il y a moins de dix ans. Quelques parents d’élèves s’étaient plaints, mais nous avions beaucoup rigolé ! Aujourd’hui, on rigolerait moins …
    PS : Depuis, ils ont divorcé et se sont mariés. Tout est donc rentré dans l’ordre au pays merveilleux du conformisme sexuel !
    Salutations !

  2. L’ordre moral ça se soigne : la preuve !

    Le Monde du jour :

    « Il ne faut jamais dire ‘fontaine je ne boirai pas ton eau’. » Raymond Bardet, maire de Ville-la-Grand, est devenu philosophe. En juillet 2013, deux mois après la promulgation de la loi sur le mariage pour tous, l’édile déclarait sans cérémonie qu’il refuserait de marier deux personnes homosexuelles. Un an plus tard, il a brisé son voeu en célébrant l’union, samedi 19 juillet, de « deux hommes élégants et bien dans leur peau. » Dont l’un n’est autre que son fils…

    « J’ai changé de position car je me suis trouvé devant le fait accompli. Il n’y a que deux mois et demi que j’ai appris l’homosexualité de mon fils », a expliqué M. Bardet, maire de la petite commune de Haute-Savoie depuis 1981, ainsi que le rapporte Le Dauphiné Libéré.

    Prévoyant, le maire avait déjà répété son premier mariage pour tous en janvier 2013, lorsqu’il avait parodié la cérémonie en « unissant », pour la blague, son chargé de communication et son directeur des services généraux, lequel en avait profité pour se coiffer d’un délicat voile blanc. Mais Raymond Bardet n’a cette fois pas hésité à passer à l’acte, pour de vrai, et pour son fils.

    « Il se mariait, il n’était pas question que je le confie à quelqu’un d’autre. Si j’avais demandé à un adjoint de célébrer le mariage, les gens auraient pu penser que je dénigrais mon fils ou que nous étions fâchés. Pas du tout, je suis son père, c’était à moi de célébrer son union », a insisté monsieur le maire, avant d’en dire plus sur son revirement. « Je ne connaissais pas son compagnon, c’est quelqu’un de très bien, ils forment un beau couple ensemble. (…) On croit toujours que l’on n’est pas concerné, c’était ma façon de voir les choses, je ne me suis jamais posé de question. »

    Maire, mais père avant tout, Raymond Bardet précise que ce premier mariage gay sera aussi son dernier, et que l’exception ne le fera pas déroger de sa règle. « Je célèbre très peu de mariages, ce sont les adjoints qui s’en chargent. Mais je ne ferai pas d’autre mariage gay. Je l’ai fait parce que c’est mon fils. (…) Je n’ai pas changé d’avis, je pense que ce n’est pas ce que veut la nature. Mais je ne suis pas militant, jamais je n’irai manifester dans la rue. Je me suis fait une philosophie. » Celle de l’arroseur arrosé.

  3. Enfin le nouveau puritanisme est pointé du doigt ! De plus, il a la prétention de régenter, outre la sexualité, tous nos comportements, notre vocabulaire, nos idées (quand nous en avons), notre façon d’être, en société ou dans l’intimité. Les mêmes qui jouaient les révoltés dans les années 60 et 70 se sont recyclés en pères fouettards.

  4. la prochaine couverture du Nouvel Obs : « les nouveaux puritains » ? Ça changera des « néo-réacs ».

  5. « l’héroïne une stagiaire provinciale qui rêve de situations expérimentales pourvu qu’elles se concluent avec une bague au doigt »

    Évidemment, il y a d’autre types d’an(ne)aux utilisables même si je préfère opérer à main nu sans accessoires, et une situation expérimentale comme la brouette japonaise, si elle impose de mettre la main à la patte, ne requiert pas du tout de la mettre à certaines pâtes molles * marchandisées sur internet ou ailleurs.

    Dans nos sociétés de vertus virtualisées, peut-on encore prendre son pied à sa main et vouloir accéder au panier d’une amazone en payant de sa personne pour les fraies de transport ?

    * http://mycrazystuff.com/gadget-sexy/1513-pates-zizi.html#.U9Hek7GuM9E

    ou

    http://www.fondation-lamap.org/

  6. Puisse mon proviseur passer davantage de temps à se donner du plaisir! Je suis persuadé que tout n’en irait que mieux dans l’établissement…

  7. Mémona Hintermann membre du CSA récite son Mantra : On manque de diversité à la télé !

    Boulevard Voltaire illustre cela avec 5 chats de couleurs différentes.

    Moi : Quoi ? Ce serait grâce à ses cinq chattes que Mémona devrait sa fulgurante ascension sociale ?

  8. Le voyeurisme au service de l’ordre moral.
    Cela me rappelle l’histoire suivante :
    Une vielle dame digne vient se plaindre au commissariat parce que son voisin fait de l’exhibitionnisme et se promenant nu chez lui. Le commissaire vient chez la vieille dame et regarde chez le voisin, il ne voit rien. Alors la vieille dame lui explique : oui, mais si vous montez sur l’armoire, vous verrez tout.
    La modernité est arrivée, montez sur l’armoire pour voir ce que fait votre voisin.

  9. Rudolf, elle est excellente !

    Le fait est que si l’exhibitionnisme est puni par la loi, le voyeurisme devrait l’être aussi — surtout là, quand il s’accompagne d’une bonne petite délation des familles…

    • Monter sur les armoires devrait surtout permettre de prendre de la hauteur et de là, on pourrait se demander si l’acte d’inspection ne relève pas, lui aussi, du voyeurisme : intrusif dans sa forme même, il résulte d’un abord déséquilibré qui, paradoxalement, renforce la position dominante de l’in(tro)specteur sur son piédestal.

      Remarquez que je n’ai pas dit qu’il y a toujours matière à voir dans ce(ux) qu’ils matent…

  10. Dugong, tout à main nue — quelle santé de la part de madame !

    Enfin, pour avis, un fist ça va, mais deux, bonjour les dégâts !

  11. Y a pas que dans les collèges que la vie collectiviste a des ratés !

    Une discothèque de l’île de Majorque, aux Baléares, va devoir fermer pour un an à la suite d’une scène de « fellation collective » diffusée sur une vidéo via les réseaux sociaux, qui avait fait scandale en Espagne et braqué les projecteurs sur les excès du tourisme de masse. Le propriétaire du « Playhouse », sur la plage de Magaluf, a été sanctionné par « douze mois de fermeture et une amende de 55.000 euros », a annoncé aujourd’hui la mairie de Calvia, la localité où ce trouve cette plage attirant tous les étés des milliers de jeunes Britanniques, Irlandais et Scandinaves pour des vacances rythmées par les fêtes nocturnes et l’alcool.

    La sanction vise aussi les responsables de l’entreprise Carnage Magaluf, organisatrice de tournées nocturnes des bars et des discothèques avec alcool à volonté, le « pub crawling ». Cette mesure a été prise après une enquête policière dans la discothèque où « a été pratiquée une fellation collective enregistrée sur une vidéo, diffusée au début du mois de juillet à travers les réseaux sociaux », a expliqué la mairie dans un communiqué. Visiblement filmée avec un téléphone mobile, la vidéo montrait comment, sur fond de musique à haut volume, une jeune fille blonde portant un t-shirt blanc et un short rose faisant de rapides fellations à un groupe d’hommes, debout autour d’elle. « Après l’apparition dans les médias de cette vidéo, le maire, Manuel Onieva, en plus d’exprimer son plus ferme rejet de telles pratiques, a annoncé une enquête approfondie », souligne la mairie.

    Le journal local Mallorca Diario a dénoncé l’organisation de concours à l’occasion desquels les jeunes filles doivent pratiquer « un certain nombre de fellations à des hommes présents dans le bar en un minimum de temps ». La lauréate « gagne un accès illimité au bar pendant tout le temps de ses vacances », ajoutait le journal. Certaines villes balnéaires d’Espagne luttent pour tenter de contrôler le « tourisme à bas prix » que des agences de voyages de différents pays d’Europe offrent aux jeunes avec des formules « tout compris », incluant la boisson à volonté. Ces stations balnéaires ont vu aussi se développer la pratique du « balconing », ou saut du balcon d’une chambre d’hôtel ou d’un appartement dans une piscine, qui a coûté la vie ces dernières années à plusieurs jeunes. Cette semaine, la mairie de Barcelone a annoncé avoir conclu un accord avec trois armateurs pour mettre fin aux « party boats », des bateaux-discothèques où l’alcool coule à flots.

    • Une fellation collective et festive pourrait-elle avoir lieu dans une salle des profs ?

      Peu probable d’une part, compte tenu de la bonnefemmisation excessive du corps professoral et d’autre part parce que gagner un accès illimité à la salle informatique pendant toute l’année scolaire ne saurait constituer un espoir de lucre suffisamment alléchant.

  12.  » Manuel Onieva, en plus d’exprimer son plus ferme rejet de telles pratiques, a annoncé une enquête approfondie !  »

    Quels experts seront-ils nommés ?

  13. Un indice me porte à penser qu’il ne s’agissait pas de son bureau mais de son logement de fonction :

    C’est le fait que l’ordinateur fouillé par les services de police ait détecté la fréquentation de sites pornos. En effet, les réseaux des établissements sont configurés pour que cela soit impossible, y compris sur le réseau administratif. Ce qui n’est pas le cas, bien entendu, dans les logements de fonction ou chaque occupant doit prendre son propre abonnement, complètement dissocié du réseau internet de l’établissement.

  14. Encore un petit canaillou qui prétendait ne pas aimer l’argent … des autres !

    La procédure de divorce engagée par Michael Moore et son ex-épouse a mis en lumière la fortune personnelle du réalisateur américain qui s’attache à dénoncer les excès du capitalisme dans ses documentaires.
    « Kathleen et Michael sont parvenus à un divorce à l’amiable », après 22 ans de mariage, est-il annoncé sur la page Facebook de Michael Moore. Selon le site Celebritynetworth, le réalisateur de « Fahrenheit 9/11 » et « Capitalism: A Love Story » « vaudrait » 50 millions de dollars.

    Selon des documents judiciaires, il accuse son ex-femme, qui a produit plusieurs de ses films, de s’être montrée mauvaise gestionnaire ces dernières années.

    Il aurait notamment mal supporté qu’elle se lance dans un agrandissement onéreux de leur maison de plus de 900 m2 du Michigan, dont la valeur est estimée à 2 millions de dollars, selon le quotidien Detroit News.

    Par le passé, Michael Moore a reconnu être devenu riche grâce à ses films au succès planétaire, tout en assurant payer ses impôts.

  15. Après la branlette du Chef :

    http://www.neoprofs.org/t79254-grande-bretagne-un-jeune-enseignant-interdit-a-vie-d-enseigner-pour-avoir-eu-une-relation-avec-une-eleve-de-17-ans#2645835

    Evidemment, les petites nouilles de neoplofs balancent entre le « ilauraitpasdû » et le « keskessapeufer ».

    Voilà un garçon qui a eu une double chance comme d’autres ont une double peine : celle de s’être envoyé une jeunette et celle d’être assuré de ne plus jamais « enseigner ».

    • Moi qui croyais depuis Mme Cresson que tous les Britanniques étaient des pédés ! Visiblement on cnserve une race de reproducteurs bien à l’abri dans les publics schools !

  16. Té, en parlant d’ordre moral, la Polony s’y met:

    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/07/28/31001-20140728ARTFIG00131-natacha-polony-lettre-a-un-jeune-compatriote-musulman.php?pagination=2#nbcomments

    Sirupeux, trop; écoeurant sur le fond et discours obsolète.
    Copie à revoir ou en attente de promotion?
    C’est le Tarik qui vous livre la vérité: il y a les musulmans et les autres, point.

    Pffff….j’ai envie de relire un bouquin interdit, juste pour rigoler…

  17. Savez-vous au fait que les Tahitiens ont défilé à plusieurs reprises récemment contre l’islam à Tahiti ? Ah ! les braves gens … finalement ces sauvages des îles ont plus de courage que nos civilisés dépourvus d’odorat !

  18. Il faut être idiot pour se masturber devant tout le monde… Mais a-t-il mal agi ? Moi je suis d’avis que les moralistes catholiques n’ont rien compris : ils disent que le sexe c’est mal, alors que c’est bon.

    Si ça fait du bien, c’est bien.
    Si ça fait du mal, c’est mal.

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