Paul Lombard, qui vient de mourir, était devenu un ami — ou pas loin. J’avais été chargé de l’aider à écrire ce qui devait être son testament — un livre qui a été écrit jusqu’au bout, et que de sérieux ennuis de santé, en 2011, l’empêchèrent d’amener au stade éditorial, puisqu’il ne pouvait plus le défendre.
Je tiens, en hommage à un « ténor du barreau », comme dit la Presse, et à un homme de cœur, comme je dirais moi-même, à vous en livrer une page.

Fifi n’était peut-être pas très maligne, mais c’était une créature voluptueuse, et elle aimait les hommes — elle les aimait beaucoup. Jusqu’au jour — en 1942-43 — où elle rencontra Otto (ou Fritz, ou Wolfgang, bref, un soldat allemand). Coup de foudre trans-national. Du jour au lendemain, Fifi fut fidèle. Elle accoucha même, neuf mois plus tard, d’un joli bébé blond comme son père — une rareté, à Marseille, à cette époque.
Puis vint la Libération. Tous les résistants de la onzième heure émergèrent pour libérer une ville qui l’était déjà. Et, pire encore, leurs vertueuses épouses se mirent de la partie.
On alla chercher Fifi chez elle (Otto avait été déplacé sur le front russe, elle était sans nouvelles, elle était dans les affres et ne pensait à rien d’autre), on la traîna dehors, et avec la délicatesse que l’on imagine, on la tondit.
Ce n’était pas encore assez. On l’amena à la Plaine (un quartier qui, comme son nom ne l’indique pas, domine la Canebière et le lycée Thiers où j’étais lycéen), et on se proposa de la faire baiser par l’âne qui baladait les enfants. « Puisqu’elle avait baisé avec un Allemand, elle pouvait bien baiser avec une bête… »

On avait déjà déshabillé Fifi, on l’installa sous l’animal, qui, terrorisé, menaçait de l’écraser, on commençait à exciter manuellement la bête, pour la mettre en état, quand Louis Rossi, un vrai résistant celui-là, porte-flingue de Defferre qui venait de prendre d’assaut le Petit Provençal, journal collaborationniste, fendit la foule, tua l’âne d’un coup de revolver, et pointant son arme sur la foule :
– Le premier qui bronche, dit-il, je l’abats.
Il releva Fifi, la couvrit de son blouson, la ramena chez elle.
Elle est restée prostrée un certain temps. Puis elle alla récupérer son môme, qu’elle avait confié à une voisine. Ensemble, ils se rendirent sur un pont qui, au bout de la rue de la Croix, permettait de gagner Saint-Victor, et, enjambant la rambarde, elle se précipita avec son enfant trente mètres plus bas, sur la voie ferrée qui, à l’époque, passait là. On eut du mal à séparer les deux cadavres.

Vingt-cinq ans plus tard, on n’avait rien appris. Gabrielle Russier aima l’un de ses élèves, fut condamnée en juillet 1969 à 12 mois de prison, une peine déjà lourde, surtout quand on pense que 1968 était passé par là, que Christian R*** avait presque 18 ans au moment des faits, et qu’il avait fallu une bonne année pour que ses parents, profs à la fac d’Aix l’un et l’autre, se décident à porter plainte.
La condamnation était amnistiée par la toute récente élection de Georges Pompidou. Le procureur fit appel a minima, et demanda 13 mois non amnistiables. Un mois plus tard, poussée à bout, Gabrielle se suicidait.
L’avocat de Gabrielle, Raymond Guy, était alors tout jeune, et ne géra pas l’affaire au mieux. Grisoli (chez qui il avait été stagiaire, au tout début de sa carrière), partie civile, protesta même contre l’appel, puisque le souhait des parents était de récupérer leur fils, ce qui était fait. Mais le chœur des pleureuses de l’Université et de la magistrature se déchaîna. « Un professeur n’a pas à supplanter l’autorité familiale », tonna le procureur général, Marcel Caleb. « Elle s’est suicidée pour ne pas se présenter en appel », se moqua le procureur Paul Tirel. « Une fleur maladive qui a pourri d’amour », renchérit le substitut Jean Testut.
Quant au juge d’instruction, Bernard Palanque, l’affaire ouvrit chez lui un abîme, et il finit par divorcer. Ainsi finissent les moralistes.
Trois semaines plus tard, Pompidou fut interrogé sur l’affaire, au cours d’une conférence de presse demeurée célèbre. Il jeta sur l’assistance un long regard empreint tout à la fois de dédain, de chagrin et de pitié, camouflé sous ses lourdes paupières, et récita, sans papier, le célèbre poème d’Eluard :
« Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut la victime raisonnable
Au regard d’enfant perdue
Celle qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés »

Poème écrit justement par Eluard — à qui on ne pouvait rien reprocher, en fait de Résistance — en l’honneur de toutes ces femmes à qui des mégères firent sentir le poids de leur vertu.

À propos d’Eluard justement… Lombard avait chez lui, parmi une foule d’œuvres qui témoignaient d’un goût exquis et éclectique, une splendide édition manuscrite du « Liberté » d’Eluard, colorisée et illustrée par un ami du poète. Eh bien, Paul, sur cette page électronique qui durera moins qu’un dessin de Max Ernst, j’écris ton nom.

Jean-Paul Brighelli

93 commentaires

  1. Ahem ! Que le monde ait tant besoin d’avocats prouve s’il était nécessaire son état d’imperfection manifeste !

  2. Heureux les crimes et les criminels qui se passent d’avocats, de prétoires et de barreaux, c’est l’état d’innocence assuré !

  3. Étrange coïncidence cet am en allant au boulot j’ai écouté quelques minutes de
    http://www.europe1.fr/emissions/hondelatte-raconte/hondelatte-raconte-gabrielle-russier-un-amour-interdit-2952887
    J’ai eu des frissons et j’ai senti monter un mélange de grande tristesse et de rage.

    Lombard était un mec bien.
    Je ne suis pas surpris de lire ces lignes qui sont sensibles et plus que respectables.
    Vous avez eu de la chance de le connaître JPB.

    (On ne parle pas assez souvent de Pompidou et il serait sans doute utile de revisiter qui il fut)

    • Si toutes les femmes d’âge mûr sinon certain qui déniaisaient des adolescents passaient par la case prison il faudrait songer à un sérieux agrandissement de nos capacités concentrationnaires !

      Mon père avait treize ans quand une amie de sa mère lui expliqua les choses de la vie – mes grands-parents n’en firent pas tout un plat …

    • Gabrielle était une amie de fac de mon père — je l’ai recontrée alors qu’elle nageait en plein marasme. Les parents de Christian R(ossi) étaient des… — communistes, par ailleurs, qui se sont acharnés sur une prof « gauchiste », avec un juge qui arrivait de la droite extrême. Beau pataquès.

        • Je vous reconnais bien ici votre méchanceté ordinaire et banale.

          Non, c’était la passade d’une femme mal baisée et l’émoi fasciné d’un ado grandi trop vite.
          Respectable dans les deux cas.

          En plus j’imagine mal quiconque se suicider dans Pagnol.

          • Grande classe, Pompidou en citant, Eluard.
            Quant à cette affaire, aurait-on condamné à la prison un universitaire qui se serait intéressé de près à une de ses jeunes étudiantes ?On peut en douter.
            Et combien de Gabrielle ensuite qui ont eu des soucis, sans aller en prison, mais à qui on a pourri la vie ? Je me dis qu’elle a du courage, BT, vu le nombre de sarcasmes qui doivent courir sur son compte dans le Paris bien pensant. Même ici, elle y a déjà eu droit et par notre hôte même.

      • Vous avez de la peine et vous avez fait quelque de symboliquement beau : vous avez laissé parler votre ami à votre place.

    • Mouvantes ces histoires de sable… Un imbroglio difficile à démêler : on laisse tomber qui ? D’un côté, on nous rappelle que les agriculteurs sont délaissés, crèvent tous les jours et ont besoin d’adoucir les sols. De l’autre, on protège les algues à juste titre. Mais en enlevant ce sable, on détruit aussi la flore et le fou de bassan n’est pas content, ni son copain le macareu moine. Je ne vois qu’une solution, que les ingénieurs agronomes fassent des miracles pour sauver tout le monde …

      • Hum… C’est vrai. Si on ajoute à cela le fait que nos politiques perdent la mémoire…
        Je vous trouve injuste envers JPB. Il n’a pas moralisé la relation de Macron – du reste, tout le monde s’en fout – il seulement mis en exergue le fait étrange : celui d’un homme qui revendique le poste de premier magistrat mais qui en privé, se conforte dans une relation qui semble être celle d’un enfant et dune mère (et il en a le droit !). C’est un versant de personnalité paradoxal pour un futur président, et la morale n’a rien à y faire. Aucune de ses compétences ne sont mises en doute, il y a seulement des questions sur l’intégrité de son libre arbitre… Si en plus, il perd la mémoire sur un dossier où, pourtant, même Ségo serait montée au créneau (on ne parle pas d’un dossier parmi tant d’autres)…
        Bien à vous

        • Je me pose les mêmes questions. Sa femme est jolie et ne fait vraiment pas son âge et cela ne nous regarde pas. Mais pourquoi en parler et accepter un reportage de Paris Match ? Et puis, tout de même, il a été ministre du gouvernement Hollande !

        • « Mais vous savez qu’à part vous, je ne connais personne qui prenne ce garçon au sérieux — et les récits que l’on m’a faits récemment, du petit jeune homme demandant anxieusement à Maman son épouse, qui le cornaque et le rudoie à l’occasion, si tout va bien dans son maquillage-télé et « un bisou » pour la route (sic !) ne m’encouragent guère à penser qu’il est autre chose que la marionnette des banquiers. »

          J’ai pris la peine ( heureusement ce n’était pas trop loin ) de vous redonner, Flo, la totalité des propos de Brighelli.
          « Ce garçon, petit jeune homme, demandant anxieusement à Maman son épouse » . On ne va pas faire d’explication de texte mais si vous n’y voyez pas de sarcasmes, je ne sais plus ce que sarcasme veut dire. Et je répète, tirer des conclusions sur la capacité politique d’un candidat à partir du récit ( qui a quelle vérité ? on ne le sait pas, on peut tout inventer, cela devient même de la diffamation ) de gestes privés me paraît peu honnête. Le comportement privé de ce candidat avec son épouse ne nous regarde pas ( vous le dites vous -même ) donc il est stupide d’en tirer des conclusions politiques.
          Par ailleurs, je m’étonne de voir que des gens puissent faire de l’ironie sur cette relation et que n’importe quel candidat queutard fasse au contraire l’objet de l’admiration des mêmes personnes. Ah ! quelle virilité. Parce que bien sûr, quand on baise à tout va, on est viril, et donc on est un bon politicien. cf. Trump adulé ici lors de son élection et à qui on consacré des photos grand format des femmes avec qui il s’affiche.
          Bien à vous également.

          • Sanseverina
            « Maman son épouse  »
            Oui, le bisou est pareil à celui d’une mère à son enfant.Oui. Et de fait, on s’interroge de savoir de ce qu’il en est sur son libre arbitre de ses actions politique, la morale n’a rien à y voir. On parle d’un futur possible président.
            Ce bisou est lapidaire pour son image, comme celui que Valérie avait exigé de François le soir de son élection après que Ségo soit affichée à ses côtés. Ce sont les mêmes.

  4. André Cayatte et Annie Girardot étaient bien spécialisés dans le mélodrame à la française ? Qui avait ses qualités d’ailleurs … toutes théâtrales !

  5. « La Gifle » nouveau mélodrame français avec Manuel Valls dans le rôle du giflé …

    • Personnellement j’ai toujours considéré l’entartage comme d’un niveau supérieur à la gifle.
      Dernièrement il s’est fait enfariné (après avoir enfariné autant de gens pendant autant temps ; on comprend presque)
      Idem c’est d’un niveau supérieur à la gifle.

      Le tout ne relevant pas le niveau général de la politique en France (frapper les élus, les ex-ministres et tout le reste du cirque ou bien même les entarter, les asperger de farine)

      A la rigueur, des noms d’oiseaux hurlés par la populace à leur passage (conspuer il se dit, il me semble) ; c’est quand même un cran au dessus.

    • A vrai dire, c’est peu cette histoire ; un freluquet (égaré) tout juste majeur, qui porte atteinte à l’intégrité physique d’un ex premier ministre qui se déplace en compagnie de l’actuel ministre de la défense (il me semble qu’on l’aperçoit) et se fait plaquer par une masse de 50 tonneaux (je sais qu’il s’agit d’une unité de mesure de volume)
      https://www.youtube.com/watch?time_continue=27&v=yIy5svcyu9Q

  6. Je ne connais pas ce Paul Lombard mais je peux d’ores et déjà vous dire sans détour ni retenue que je n’aime pas du tout sa coiffure. C’était peut-être un ténor du barreau mais il me fait surtout penser à ces pianistes qui versent dans le romantisme en jouant la mélodie avec la main droite et — tout en ramenant d’un geste bref avec la main gauche leur chevelure en arrière– l’harmonie avec la mèche.

    • …  »il me fait surtout penser à ces pianistes qui versent dans le romantisme en jouant la mélodie avec la main droite et — tout en ramenant d’un geste bref avec la main gauche leur chevelure en arrière– l’harmonie avec la mèche’ …

      Ceux qui posent avec des regards de poètes assassinés ça a déjà été fait de toute façon.

  7. @jpb du 17 Janvier 2017 à 6 h 25 min:
    Oui, j’ai vu le film d’Aronofsky mais pas en 1998 où je n’étais même pas un ado pré-acnéique. À vrai la gematria n’est pas ma tasse de thé et je n’ai pas l’énergie de prendre les nombres pour les « écorcobaliser, les emparpouiller, leur barufler les ouillais, les raguer et les roupéter jusqu’à leur drâle  » comme le dit Michaux à propos des mots. C’est l’hiver et je me sens plus contemplatif pour me tourner vers les vénus mathématiques de Tobia Ravà:
    http://www.tobiarava.com/html/opere/volti/index.htm

  8. Au fait Mark Zuckerberg se voit déjà président des Etats-Unis ; il n’y a pas que le petit chéri de ces dames françaises qui a de l’ambition …

  9. Comment ne pas être admiratif des éclats de vie d’un maitresse-femme comme Gabrielle Russier(*) égrenés par jpb!?
    Et comment ne pas l’être non plus par la réponse de Pompidou à la conférence de presse !?
    Belle époque où des élus voulaient éduquer le peuple (malgré lui !?) et où la poésie disait le monde parce que ses praticiens, comme Eluard, le comprenaient. Aujourd’hui « ils sont intraduisibles, même en français » comme disait Jules Renard sur Mallarmé.

    (*)C’est pas Sanseverina qui aurait une vie pareille, c’est dur de faire la Gabrielle aujourd’hui quand on n’a pas un Pompidou ou un Archimède pour défendre ses remparts et qu’on ne peut compter que sur un Dugenou pour défendre sa forteresse épuisée…uhuhu !

    • Elle m’a mis hors de moi Sanseverina la crapulette! Avec le froid qu’il fait dehors, cruelle ! Je rentre vite en moi-même mais avant de faire cette introspection, je dois lui dire que malgré tout je l’aime bien…quand elle oublie d’être con, ce qui lui arrive assez souvent avouons-le !

  10. Pour ceux que ça intéresse(*), à midi j’ai mangé des demi-lunes aux légumes bio.
    À bientôt !
    (*)et je les sais nombreux

  11. J’ai confiance : Mark Zuckerberg n’embêtera pas les futures Gabrielle Russier américaines en citant du Paul Eluard ! Il leur fera un smiley …

  12. Sans rapport avec le post ( mais c’est habituel ici)
    Je dois être un peu simple mais quand je lis (pour la nième fois) « La piste terroriste a rapidement été écartée, les enquêteurs privilégiant l’acte d’un déséquilibré », je comprends que l’on ne peut pas être terroriste et déséquilibré à la fois, alors que je croyais au contraire que cela allait ensemble.

    • Et moi je pensais qu’on avait abandonné cet adjectif de « déséquilibré » ! Quand je pense qu’il y a encore quelques années, on l’employait pour quelqu’un ne sachant pas maîtriser ses nerfs, quel chemin parcouru !

      • La guerre, c’est la paix.
        La liberté, c’est l’esclavage.
        L’ignorance, c’est la force.

        EVIV la novlangue.

        D’ailleurs, demandez à un collégien le sens du mot « victime », c’est édifiant (et terrifiant à la fois).

  13. Pompidou à son Premier ministre sur l’abattage des platanes

    « La vie moderne dans son cadre de béton, de bitume et de néon créera de plus en plus chez tous un besoin d’évasion, de nature et de beauté. L’autoroute sera utilisée pour les transports qui n’ont d’autre objet que la rapidité. La route, elle, doit redevenir pour l’automobiliste de la fin du XXe siècle ce qu’était le chemin pour le piéton ou le cavalier : un itinéraire que l’on emprunte sans se hâter, en en profitant pour voir la France. Que l’on se garde donc de détruire systématiquement ce qui en fait la beauté ! »

  14. Nicolas Dupont-Aignan a repris le thème du grand remplacement cher au cœur de Renaud Camus : il doit s’agir des arbres qui bordent les routes de France … où sont les ormes d’antan ?

  15. Enfin une salle de classe qui concilie l’innovant et le grand classique :

    http://nsm08.casimages.com/img/2017/01/18//17011808265416723114782214.jpg

    L’expression « chaire supérieure » (re)prend tout son sens même si elle se trouve sur le côté. Il faut bien que tout le monde se fasse progressivement à une telle innovation. En attendant on continuera un moment à utiliser le vidéoprojecteur.

    PS pour JPB : la chaire présentée ici est assez basse et ne dispose de chaise. L’aigle de Thiers se passera de ces légers maux comme avant lui celui de Meaux.

  16. Pour en revenir au sujet, en ce qui me concerne ; c’est beau (je ne fayotte jamais, ce qui a/aurait pu me causer des déconvenues, à défaut d’un manque d’avancement, queje n’ai pas)

    …  » Tous les résistants de la onzième heure … des mégères firent sentir le poids de leur vertu » …
    ..  » Les résistants et les mégères. » … ; les Thénardier en fait (salauds de sales cons)
    Hugo était un visionnaire (avec ce qu’il pouvait avoir sous les yeux à son époque, déjà ; il y avait de quoi faire un carnage)

    P. Lombard est parti et est toujours là :
    (je sors d’une inhumation sous le mode chrétien catholique, péquenots lambda ; ça doit influencer)
    – la preuve, il est possible de faire un lien avec Eluard (entres autres ; idem, un conglomérat de pointures ), la résistance ; … une prof de Français devenue nageuse surréaliste dans un aquarium hyper-réaliste : la France peu avant la guerre.

    Que faire d’autre que d’être hyper-réaliste, en étant dans la proximité d’Eluard et consorts ; qui seront ce qu’ils seront sous l’occupation.

    Autant parler d’une uchronie dans l’autre sens :
    – ça va être difficile d’opérer dans ce qui relève de ce que certains appellent, le contre-factuel (d’ailleurs j’ai quelques liens, qui mènent à des sources qui pourraient être intéressantes concernant cette question. Je ne commettrai pas l’impaire de les exposer aux lecteurs plus qu’éclairés de bonnet d’âne)

    A ce propos ; le type qui tue l’âne (les végans vont hurler ; la bête n’y était pour rien, ils ont raison) aurait pu abattre le meneur en tête (= le leader, le mâle alpha … ) , en lieu et place.
    Au point où ils en étaient, à l’époque ; après des millions.
    En tout cas l’hommage et clair.

    Il doit le valoir.

    • Oh, dites-moi, vous devriez aller plus souvent à des enterrements, ça vous met en pleine forme !

    • « L’âne n’y est pour rien »

      Sommer de brandir son saucisson et finir comme lui, c’est triste et désespérant.

      Ceci dit, un bon avocat peut démontrer le contraire si on lui en fait la demande.

      Quant au mâle alpha qu’on détecterait dans la populace, il faut le nommer sous-chef dans la police pour que sa bonne connaissance des gens soit enfin mise en valeur utilement.

      PS : la salle à la chaire, et ce n’est pas la seule, se trouve dans l’université d’Evora au Portugal (qui date de 1550, l’université, pas la chaire).

  17. D’ailleurs faites un sondage rapide (pas dans votre entourage, bien sûr ; là où vous vivez)

    Concernant l’affaire Cosette ,de qui vous sentez vous le plus proche : :
    – Les thenardier
    – Jean Valjean
    – Javert
    (une seule bonne réponse possible ; vous n’avez pas le choix, vu que c’est un sondage)

    • Il faut aussi prendre en compte, le religieux qui disculpe Jean Valjean du vol dans l’église face à la maréchaussée.
      (Qui pourrait-être l’origine d’une chaine causale, chez les croyants, chrétiens catholiques)

      Etant faible sur la question, je m’abstiendrai de parler des rapports du IIème empire et de la IIIème république avec dieu et/ou Victor Hugo.

      • Je suis allé jeter un coup d’œil dans le congélateur littéraire pour redécouvrir cet Hugo-là. Étudié la composition du plat « Grand Écrivain Populaire » pour 3 personnes:
        – Thénardier 33%
        – Valjean 33%
        – Javert 33%
        – Sel 1%
        Remis la boite dans le congél à -20°, ne perdons plus de temps avec Hugo !
        Monde disparu et qui n’est pas près de revenir. Hugo ? Il ne passe plus de nos jours; il colle à son époque, il en est le témoin prodigieux certes, mais aujourd’hui, on sent curieusement la naphtaline au parfum suranné de la patrie.
        Le cher Grand Homme a disparu dans WWI et WWII, lui, son style et ses idées. Définitivement, comme ces temps où il brillait de mille feux dans les salons ou sur les étagères populaires.

        • Mince !
          Quelqu’un dit un jour qu’il est bête, oui, répond son interlocuteur, bête comme l’Himalaya.
          À un voisin qui coupe ses arbres parce que trop de feuilles et pas assez de soleil pour sa cuvette bleue, j’ai envoyé le poème « Les arbres », je n’ai rien trouvé de mieux. Mais vous avez raison, Victor Hugo et tant d’autres s’enfoncent dans le passé, votre génération a lâché leur main, « tout se désassemble » !

        • Par chez moi, j’obtiens :
          Thénardier : 0,4 %
          Jean Valjean : 95, 8
          Javert : 3% (même dans la police)
          Ne connaissent pas : 0,8%

          Je n’ai peut-être pas consulté ce qui se fait de plus représentatif, de plus l’affaire Fourniret et passée par le coin.
          (je m’en souviens comme d’hier de ce climat de dingue qui régnait jusqu’après le procès)

          Certains (dont je fais partie) considèrent même les Thénardier comme un gibier de choix.

      • Oui mais c’est Gotlib.
        (c’est vrai que cela peut paraitre suspect cette histoire)
        Jean Valjean en Pervers Pépère…

        J’en ai plus un souvenir cinématographique à travers différentes versions.
        Celle avec Blier (jeune) en Javert se jetant dans la Seine, un boulet au pied à du me marquer étant enfant.

        (je ne fait pas de vérification via le web, tant pis si il s’agit d’un souvenir à coté)

        Déjà du temps de l’ORTF, la télévision exerçait des ravages sur la jeunesse.

  18. Je ne résiste pas au plaisir de reproduire ici le magnifique haïkuku de 22h40. Le cas de son auteur mérite sans doute un examen clinique attentif et, si possible serein, en y mettant bien entendu, la dose d’empathie nécessaire à une évaluation éclairée:
    « Il vaut mieux avoir la chaire basse que la chair lasse ou que la chair basse.
    Et peut-on faire bonne chère dans une chaire basse même si la chère est triste quand la chair est lasse ? »

    OUARF!!!
    Le genre de poème qu’on n’éditerait même pas sur un papier de papillote pour ne pas prendre le risque de déprimer les enfants !
    Brighelliens, un beau geste de votre part est toujours possible : demandez à un de vos amis, jeune psychiatre en fin d’études, s’il ne pourrait pas soulager la misère du 22h40.
    Au nom de tous, et en mon nom propre, merci !

    • Eh p’tit khonnard, on m’a dit que tu remettais ça depuis un petit bout de temps? Marrant que tu mettes nos jeux d mots de fin de repas au niveau d’un poème ; t’as pas beaucoup de goût; T’es vraiment un minable. Nous, on aime bien regarder les images de Dugong que tu peux pas blairer; et même ses commentaires. Et ceux de JPB aussi, enfin certains. Parce qu’y en a qui craignent. Et on aime bien la collègue que tu peux pas encadrer ici. On t’a déjà dit que t’étais un pauv’ type bon à enfermer. Ver de terre sans étoile. Sûr que ça tu comprends pas; sale khon merdeux.

      • Non, Martin, laisse tomber. Tiens, à propos de femmes tondues à la libération, on aurait bien vu ces deux-là participer à la curée générale.
        L’un qui ne peut pas blairer les femmes ( voir ses propos récents sur l’avortement et autres subtilités du même genre, ) et l’autre qui est un cinglé narcissique sadique qui s’acharne, on ne sait pourquoi, sur moi à chaque fois que j’écris, ( je n’ai jamais compris pourquoi d’ailleurs ), aidé qu’il est par la casalinga à qui ça permet d’exister. Finocchio e porco come dicevamo. Lascia stare. Comunque non ci sto più.
        Ciao Dugong, vous êtes de loin ce qu’il y a de mieux sur ce blog. Probablement, une belle personne. Portez-vous bien.
        Je ne salue pas notre hôte qui s’amuse( en multipliant les pseudos) aux dépens de ses quelques rares blogueurs, et qui disons-le clairement, se fout bien de notre gueule, enfin du moins de la mienne.
        Vu les choix frontistes de Brighelli en plus, je n’ai plus grand chose à faire ici et les insultes permanentes de son roquet préféré deviennent lassantes. Je vais regagner du temps que je perdais vraiment ici. Salve !

        • Moi, je multiplie les pseudos ? Quelle curieuse idée ! L’autorité de régulation, chez Causeur, le verrait automatiquement et me tirerait les oreilles.

        • Cette fois, la casalinga, que je ne suis pas, n’essaiera pas de vous retenir ! Je vous rappelle simplement qu’un commentaire innocent sur ce fameux bouquin d’histoire a provoqué votre mépris, vos fausses questions, toutes choses que j’ai trouvées très excessives et bêtes mais moi je n’insulte pas, je ne vitupère pas, je n’en appelle pas à la fatigue du soir et je ne menace pas de quitter ce blog, par deux fois déjà, si JPB ne me défend pas ou si de prétendus lépénistes se multiplient par trop ! Je vous trouve étroite d’esprit, c’est vrai, je l’avoue, je ne comprends pas que vous ne profitiez pas de l’immense expérience de Brighelli, en fait, vous avez peur, et vous ne savez plus que vous plaindre et attaquer des proies crues faciles. Vous pensiez être comme un poisson dans l’eau ici, vous venger, en quelque sorte, des avanies professionnelles que vous subissez et en ayant une attitude que le vrai prof ex moustachu n’a pas car son blog serait désert !
          Et pour finir avec Hervé, qui, lui, connaissait Everett et bien mieux que moi, il a réagi très gentiment et a stoppé net le flux qui menaçait de devenir sanies, comme il l’aurait fait avec n’importe qui, ici, enfin, peut-être pas.
          Eh bien Madame, je vous salue.

  19. J’ai préparé un flacon de sel pour les membres de l’Académie Brighelli qui demain s’évanouiraient lors de l’investiture de Donald Trump – aux âmes sensibles il faut aplanir le terrain et prévenir les aléas de la vie politique …

    • Consolez-vous !
      Vous aurez droit aux lazzis d’usage contre Daddy Trump – et aux accessoires de carnaval, perruque blonde pour les messieurs qui voudront jouer au grand fauve misogyne et blackface pour devenir le bon nègre de la case de l’oncle Donald !

    • Il y a mieux : après demain c’est l’anniversaire de l’exécution de Louis XVI :
      – certains suivent des messes  » dédiées  » (à Paris ; à notre Dame, je crois)
      – d’autres célèbres leur banquet Républicain (laïcards invétérés et non invertébrés …)

      Qui est ce Trump dont vous parlez ?

      • célèbrent ….
        (Elle est belle celle là !
        J’en ai en tête des célèbres qui le célèbre ce banquet.
        Tous fréquentables ; pas d’effroyables bolcheviques prêts à égorger la vierge)

        • Moi aussi je fais des fautes ! Flacon de sels (au pluriel) ; les sels de pâmoison sont en effet un mélange.

          • A défaut de sel(s ?), lorsqu’une femme se pâme en notre présence (cela n’arrive pas tous les jours ; ne serait-ce qu’en faisant le compte sur une ou deux décennies) ; il existe des moyens de substitution.

            J’ai déjà entendu parler (une femme, professeur, chimiste) de sels d’ammonium quaternaires.
            Mais ça, c’est quand j’étais plus jeune.
            Personne ne tombait en pâmoison dans une salle de cours, pour un oui ou un non, à l’époque.

  20. Votre article m’a donné des frissons, pas tant sur Paul Lombard que je connaissais peu hormis de nom, mais sur les femmes tondues/Gabrielle Russier et le poème d’Eluard s’appliquant si profondément aux deux.
    Peu de choses me dégoûtent autant que ce que l’on a fait subir aux femmes tondues à la Libération (cf aussi l’excellent livre de Jaenada, « La petite femelle », sur l’affaire Pauline Dubuisson qui fut tondue et plus). Exemple typique d’une façon de se donner des airs de moralité à peu de frais. Tirer sur un milicien, il y a toujours le risque que ce dernier ait gardé une arme planquée et riposte – alors, quoi de plus sûr que d’accuser une femme de coucherie, la traiter de salope et la faire tondre/lapider/violer???? En plus des résistants de la dernière heure et des BOF façon « Au bon beurre », toutes les bigotes, les chaisières et les frigides ont dû s’en donner à coeur joie.
    Les guerres font toujours ressortir le plus laid de l’être humain et cette histoire des femmes tondues en est une triste illustration.

    Dommage que le livre de/sur Lombard ne paraisse pas, je l’aurais volontiers lu.

  21. On repassait en ce moment « Justin de Marseille  » de Maurice Tourneur, qui date de 1935. Ce sont les bas-fonds marseillais alors que Pagnol met l’accent sur le côté bon-enfant du caractère marseillais.

  22. Le déclin de Marseille n’est pas anecdotique, il est au contraire tout à fait significatif de ce qui se passe dans le reste de la France. Paul Lombard est juste une étoile filante des restes de gloire du grand port méditerranéen.

  23. J’ai reçu hier un papier du centre des impôts de Nanterre « affaire suivi par … »
    « fermée le … » qu’est-ce qui est fermée ? Le centre des finances publiques.
    Deux fautes d’accord en quelques lignes.
    Le reste est du même acabit.
    Imaginez un moment le déclin de l’Etat français qui n’a plus que le nom pour faire figure !

  24. « Fifi n’était peut-être pas très maligne, mais c’était une créature voluptueuse, et elle aimait les hommes — elle les aimait beaucoup. Jusqu’au jour — en 1942-43 — où elle rencontra Otto (ou Fritz, ou Wolfgang, bref, un soldat allemand). Coup de foudre trans-national. »
    Et coup de rein international, où est le mâle ?
    Coucher avec l’envahisseur(*) me parait être le témoignage d’un sens inné de l’accueil, d’une volonté affichée de « No Borders » humaniste, d’un sens aigu de l’opportunité que je trouve fort respectable. Pendant la guerre, la vie continue…exactement comme en temps de paix, à quelques détails près car il faut bien satisfaire la (petite) mort (**).
    (*) oui enfin…parfois avec l’envahisseuse !
    (**) il me semble l’avoir faite il n’y a pas si longtemps celle-là.

  25. Flushhh

    J’ai tiré la chasse à cause du paquet laissé par le roquet précédemment. Pas sûr que ça suffise pour détacher les restes sur l’émail

  26. Quelques uchronies en perspective.
    …  » Oui, deux événements peuvent se faire écho : 1420, le traité de Troyes, et la défaite de 1940, comme deux dates qui auraient pu défaire la France  » …
    …  » Ce qui est à l’œuvre en 1940, c’est aussi la possibilité de la disparition de la forme politique « république française ». On a cherché à pointer ces moments où d’autres avenirs étaient possibles, montrant qu’il fut un temps où la capitale de la France libre n’était pas à Londres mais en Afrique, à Brazzaville  » …
    cf. : http://www.lejdd.fr/Societe/L-historien-Patrick-Boucheron-La-France-est-objectivement-une-puissance-surevaluee-839734
    Cela faisait au moins 10 ans que je n’avais pas jeté un oeil sur le JDD.

    L’uchronie, pour s’aérer des conneries de l’information continue (même en  » ligne »), il n’y a pas mieux.

    • Qu’est-ce qu’il faut pas lire !
      Boucheron ravale la carte de l’Europe en arc-en-ciel multicoloré-multiculturel- multiconflictuel avec huit pots de peinture –quand georges gonthier formalise en Coq que quatre suffisent pour les délimiter avec des frontières, d’ailleurs — pour entraver un soi-disant ‘patriotisme à la mmln’ qui comme chacun sait se représente avec des barreaux, une claustration mortifère, une réclusion, une censure, un fascisme, etc…(voir Médiapart, France Inter et consorts pour compléter cette liste non exhaustive.)
      Il veut déconstruire l’Histoire mais s’amuse à patauger dans un passé interprétable à souhait.
      Le monde ne se déconstruit/construit pas au Collège de France, ni dans les locaux universitaires, il se déconstruit/construit dans les champs, dans les entreprises, dans les réseaux et dans nos territoires perdus de vue par une classe politique irrésolue.

  27. Ici Brighelliville, les Français de l’écrit parlent aux Français de l’oral ! La résistance orthographique ne sera jamais vaincue, des forces défaitistes ont pu un instant surprendre la vaillance de la grammaire française mais le côté obscur de la faute sera brisé, anéanti, relégué aux oubliettes orthographiques, notre seul cri de guerre : sus aux vilains sans-mots !
    Demain est un autre mot …

  28. Flushhhhh

    JP : au cours de mes pérégrinations lusitaniennes, je suis tombé sur cette étrange sculpture dans un jardin public :

    http://nsm08.casimages.com/img/2017/01/20//17012007405216723114787986.jpg

    Voila donc deux créatures callipyges apparemment chirales (sans têtes, roberts imposants et pieds caprins) que j’appellerai provisoirement « sphinx » faute de mieux.

    Un examen attentif bien que rapide m’a permis d’identifier une belle paire de khouilles sous la créature de droite.

    Un couple de sphinx qui se font la gueule et qui se jouent l’hôtel du khul tourné ?

    • Pour être au courant deux mois avant la sortie, le Café doit être drôlement bien en cour.

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