Nous nous sommes longtemps demandé ce qu’elle pouvait bien lui trouver. La réponse arrive enfin : c’était une ordure, et cela ne manque pas de fascination, une ordure. Il se moquait des pauvres en s’efforçant quand même de glaner leurs voix. Il préférait le caviar aux lentilles — alors même que Ducasse, au Plaza Athénée, mélange les deux en ce moment. Il aimait les grands restaurants, les hôtels de luxe, il avait toujours eu de l’argent, il payait l’impôt sur la fortune, le plus étonnant, c’est que tant de gogos aient voté pour lui en croyant qu’il était de gauche.
Non qu’on doive absolument être gueux pour être de gauche. Mais il est nécessaire, au moins, d’aimer les plus humbles (la Droite classique, celle qui se goberge au Fouquet’s, aime les moins humbles et ne s’en cache pas). D’adopter une politique qui apaise leurs souffrances — alors que tout ce qui s’est mis en place depuis deux ans vise essentiellement à… les abréger.
Donc, elle l’aimait — jusqu’à ce qu’il se montre non seulement odieux, mais goujat. Une femme aimante peut passer sur bien des défauts (et même, parfois, vous pardonner vos qualités), mais jamais elle ne supportera une humiliation (sauf demande expresse, mais c’est une autre histoire, et de toute façon, dans les couples SM, c’est toujours le / la maso qui domine). « Casse-toi, pauv’ conne », lui a-t-il jeté, via l’AFP, ce qui est encore moins classe que par SMS.
Alors, mutatis mutandis, l’amour s’est inversé. Pour avoir vécu cela moi-même, je connais le processus sur le bout des doigts : tout ce que l’on trouvait charmant se révèle répugnant. L’homme à qui l’on a fait feuille de rose des années durant pue soudain du cul, si je puis dire.
(Cette prose est insoutenable de vulgarité : je serais vous, j’irais voir ailleurs).
Les types dans son genre aiment bien dominer leurs partenaires. Surtout quand ils se croient très intelligents. Ce qui peut les amener à sous-estimer la malheureuse élue, à ne pas prendre en compte ses talents particuliers (son aptitude à écrire en français, par exemple). Les liaisons fatales entre hommes politiques et femmes de médias ne peuvent finir autrement : celui des deux qui sait écrire — elle, en général — racontera forcément, à un moment ou un autre, ce qui s’est passé dans l’intimité : « Ce type, il pue. »
À noter qu’au pire, la belle répudiée s’adressera à un nègre : j’en connais qui auraient plaisir à expliquer au peuple quel jean-foutre réside chez la Pompadour.
Ce qui m’étonne, c’est que la presse s’étonne — et même condamne le procédé. Bande d’hypocrites qui se délectent des détails d’un livre dont ils affirment hautement qu’ils ne le liront jamais !
Les différents obsédés qui ont occupé ce poste ont toujours eu l’élégance d’être aimés des femmes qu’ils abandonnaient — ou, mieux, dont ils avaient l’adresse de se faire abandonner. Ni le joueur d’accordéon, qui avait des accidents de voiture en rentrant au petit matin, ni le Florentin aux dents limées, ni le Grand Cavaleur (on a tout su de ses conquêtes quand son chauffeur a écrit ses mémoires, mais peu lui chalait), ni le petit nerveux. Il a fallu attendre Culbuto pour que soit révélée l’intimité peu ragoûtante d’un type qui se prend pour un séducteur parce qu’il a du ventre et du pouvoir.
À vrai dire, tout ce fatras médiatique permet de cacher la vraie merde du chat : le chômage qui grimpe et les pauvres qui ont de moins en moins les moyens de s’offrir un dentier, les patrons qui font péter les roteuses à l’université d’été du MEDEF quand le ministre de gauche leur dit qu’il les aime, l’Education nationale dans le rouge foncé, et l’alignement de la politique étrangère sur ce que l’OTAN a de plus bête (quelqu’un a-t-il entendu parler de la vie sexuelle de Poutine ? Non — ni de celle d’Obama : les Grands de ce monde, s’ils forniquent, le font discrètement). Sans compter les impôts qui grimpent, la déflation qui est là et dont nous ne tirons rien, parce que les prix peuvent bien baisser, quand il n’y a plus de sous, hein…
Et Marine Le Pen qui se déclare prête…
Alors, le rideau de fumée des débordements sexuels de l’odieux personnage qui nous gouverne, et qui a fait de la fonction présidentielle une caricature d’autorité, nous nous en fichons.
Nous sommes peut-être pauvres mais nous, on nous aime.

Jean-Paul Brighelli

30 commentaires

  1. « …l’Education nationale dans le rouge foncé… »

    Et oui, le rouge est mis…ou plutôt reservi, je reposte:

    http://www.pedagogie.ac-aix-marseille.fr/jcms/c_10297461/fr/lettre-de-rentree-2014

    Comme tu le dis, avec des relents de jalousie – l’obscur Casanova face au Prince tout puissant – les coucheries faciles de nos gouvernants, révélées au grand-jour de la transparence politiquement correcte, ne font que masquer l’état déplorable de nos ani fort malmenés!
    Le rouge est mis, il est gras et il tâche: le rouge est à la mode, le rouge efface le bleu-blanc, il va se conjuguer à tous les modes, toutes les modes.
    En ce qui nous concerne, il est stalinien ce rouge: courbez-vous ou mourrez.

  2. Ainsi, les turpitudes du turlupin de Tulle sont « révélées » par la courtisane à grand tirage.

    Tout cela devrait nous amener à une réflexion sur l’évolution de la demi-mondanité à l’orée de ce siècle : à travers la presse qu’on subventionne, c’est un vivier d’auxiliaires de sac (Vuiton) et de com qu’on entretient.

    A ce sujet, Il est déplorable qu’on ne nous serve rien encore de correctement genré sur une relation homosexuelle entre un journaleux et un minisse. Le temps des demi-mondains est advenu.

  3. Je regrette que ces histoires de culottes enflamment à ce point la verve habituelle de J.-P. B. Je crains fort que, du coup (médiatique), on ne nous fabrique un nouveau crétin. Retour aux choses « sérieuses » s’il vous plait !

  4. À vrai dire, l’autre spécialité de JPB est l’érotisme — il ne s’en cache guère, le gredin !
    Alors, quand on lui sert sur un plateau une histoire bien répugnante…

  5. Je vous livre un secret qui ne se trouve pas dans Closer :

    Brighelli est très favorable à l’oralité !

    PS: C’est d’ailleurs curieux pour un professeur de lettres …

  6. Ce livre est abject.La dame humiliée révèle à toute la France pour se venger qu’elle aimait un type médiocre et goujat. Mais pour habiter à l’Elysée et être la maîtresse des grands de ce monde elle ne devait pas être trop regardante. Le fric et le pouvoir ,ça a toujours attiré les femmes.
    Enfin j’admets que dans son genre elle est forte. Elle court-circuite la rentrée éditoriale, elle va gagner un gros paquet de brouzoufs, et elle a trouvé le coup des « sans-dents » qui affole tout le landerneau , est repris en boucle par toute la presse et discrédite sa victime. Personne ne se demande quel crédit apporter à ce propos. Une femme blessée est capable de tout.

  7. Ceci dit ne vous inquiétez pas trop : en 2017 les partis politiques français vont trouver le merle blanc, celui qui fera de la politique autrement, qui ne vous trahira pas, le moi-je président de vos rêves … après tout c’est leur boulot de tous les cinq ans ! C’est même à peu près leur seul boulot sérieux.

  8. Pas de souci Dugong je vous livre en avant-première le panel de douze candidats pour l’élection de 2017 :

    – une lesbienne noire pas raciste.
    – un manchot homophobe.
    – un énarque en état de marche (n’a pas servi depuis 1981 livré avec ses piles).
    – un explorateur polaire redresseur de pôles et admodiateur de climat.
    – un garagiste mal luné mais prêt à l’emploi.
    – un professeur d’EPS tout frais émoulu de l’IUFM.
    – une emburkannée de compétition.
    – un ex-brigade rouge reconverti dans les brigades noires.
    – un petit commeçant poujadiste sorti du formol.
    – un grand méchant loup estampillé Nazi sur les bords mais pas trop.
    – une fildeferiste qui a toutes ses chances pour équilibrer sa majorité.
    – une personne de sexe indéterminé mais résolue à lever le voile.

    Comme c’est un peu mon jour de bonté je vous en mets une treizième pour le prix de douze :
    – une antipodiste qui n’a pas perdu le nord.

    • Sans hésitation, je mise sur le redresseur de pôles.

      Déjà le pôle nord magnétique part à la dérive, on n’y peut rien mais notre redresseur pourra facilement faire croire qu’il y a des opportunités d’actions (efficaces) dans ce domaine.

      Vous lui avez adjoint le rôle d’admodiateur climatique. C’est bien vu, voire prophétique : ce franchiseur de nouvelles frontières négociera pour nous les loyers pharamineux des bananeraies que nous aurons créées pour 3 figues en Sibérie.

      Nos petits enfants vivront oisifs en sirotant du Lagavulin sous les palmiers de l’île d’Islay

      Investissez maintenant !

  9. Franchement, on se moque complètement de ces histoires qui n’intéressent que les bobos, ou assimilés. On a d’autres soucis en cette période de rentrée, dans le secondaire du moins. Merci à Sisyphe, bon courage à vous également !

    • Faites excuse baronne !

      La personne qui soulage notre Jupiter et le dissuade quotidiennement d’appuyer d’un doigt lourd et froid sur le bouton du feu nucléaire, ça nous intéresse au premier chef.

  10. On m’a dit qu’il avait voulu réécrire l’anaphore célèbre du Moi-Président en Mes-couilles-présidentes … mais que ses conseillers en com’ ont préféré garder le texte initial moins juteux !

  11. Les crap bullsheets nous refont le coup des premiers chrétiens (pourquoi tant de haine alors que nous sommes si bons et mesurés ?) :

    1- que JPB serait un enfant naturel de Jacques Muglioni et qu’une fief-fée/sorcière se pencherait sur ce qui serait son nouveau berceau

    2- que le tandem Bouchard/Cedelle tente d’appliquer la méthode méchant flic/gentil flic à leur vision du monde

    C’est assez drôle, lu au degré n (avec n grand)

  12. Au fait Dugong avez-vous entendu le dernier argument de mister president ? Son grand-père était instituteur donc il sait ce que c’est que la misère … depuis quand un instituteur de la première moitié du XXème siècle était un pauvre honteux ? Moi je croyais à voir les films de Marcel Pagnol issu d’un milieu d’instituteurs que le hussard de la République était un notable dans le village ?


    Je crois que ce pauvre François Hollande a trop fréquenter des greluches qui ont fait du mensonge leur litière et leur pain quotidien a complètement décollé de toute réalité !

    • Ah ben, en d’autres temps relativement proches, on vit un Premier ministre de l’autre bord emporter une pleine brassée de BD à Angoulème, et, passant à la caisse, y tendre un billet de cent (francs !) tout en lâchant : « gardez la monnaie » !

  13. Si l’on excepte les multiples incartades orthographiques et la répétition ad nauseam des « ce qu’il se passe », le livre de Trierweiler a une justesse de ton qui étaye l’authenticité du récit. Il devra son succès non pas tant parce qu’il exploite le voyeurisme de tout un chacun. C’est avant tout une radiographie de la Hollandie, un IRM très lisible qui confirme un diagnostic désormais indiscutable. Bidochon 1er est incapable d’endosser les habits d’un chef d’Etat. Cet apparatchik est une erreur de casting, un imposteur arrivé à l’Elysée par défaut qui a institutionnalisé l’amateurisme au sommet de l’Etat. Un pays a les dirigeants qu’il mérite. …perseverare diabolicum.

    Pour compléter l’argument de Jean-Paul, j’ajouterai que personne n’imagine non plus Merkel en Fantomas sur une mobylette ou en Daft Punk, planquant des andouillers sous la taille en brosse impeccable du bon Dr. Sauer.

    • « le livre de Trierweiler a une justesse de ton qui étaye l’authenticité du récit »

      C’est beau et formidablement creux. Creux, comme tout ce qu’émet notre libéralogue transatlante.

  14. « Alors, le rideau de fumée des débordements sexuels de l’odieux personnage qui nous gouverne, et qui a fait de la fonction présidentielle une caricature d’autorité, nous nous en fichons. »

    Nous nous en fichons, mais nous consacrons tout de même un article sur le sujet pour en dire, pour une énième fois, que ce n’est qu’une énième ruse des médias destinée à nous détourner des questions essentielles, celles qui occupent les pensées de chacun à défaut d’occuper nos lits, — respectifs, naturellement. Nous le disons, mais nous nous en fichons, mais nous le disons quand même, donc nous le disons tout court. Merci pour ce tour de manège conceptuel, cher monsieur.

    Le moins qu’on puisse dire, c’est que vous foutez bruyamment. Quoi de plus normal. Je m’en fous, tu t’en fous, il s’en fout, nous nous en foutons, vous vous en foutez, ils s’en foutent. C’est ça la démocratie, de nos jours : tout le monde s’en fout.

  15. Le problème général c’est que le système constitutionnel de 1958 taillé pour un seul homme face au problème crucial de la décolonisation ne peut produire que cette cour républicaine !

    Le lama de Hollande crache à la gueule de son patron, c’est ici :

    http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2014/09/11/25002-20140911ARTFIG00086-aquilino-morelle-se-dit-victime-d-une-epuration-ethnique.php

    Quand Morelle pas content Morelle faire comme cela !

  16. Bien d’accord avec vous, Cadichon sur ce point. Un imposteur et qui s’entoure de jeunes imposteurs qui se retrouvent dans des cabinets ministériels pour récompenser leur seul militantisme aveugle. C’est à vomir.
    Rien à voir avec tout ça mais en randonnant dans un petit pays que vous connaissez bien, j’ai vu un panneau qui m’a surprise. Vous allez donc dire avec Colette: »J’appartiens à un pays que j’ai quitté » ?

    • non, non, Sanseverina, je ne quitte pas, je ne quitte pas…
      j’y suis, j’y reste, j’aime trop mes rochers roses
      mais je n’ai plus ni votre email ni votre tel. pour vous répondre directement.

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