Vous vous souvenez peut-être de cette chanson quelque peu révisionniste — gestuelle comprise :
« Si les Ricains n’étaient pas là,
Nous serions tous en Germanie… »
Réécriture de l’Histoire, pensons-nous à l’époque où nous nous demandions s’il fallait ou non brûler Sardou… L’Histoire, nous disions-nous, en vrais marxistes que nous étions, ne se manipule pas comme ça…
Mais nous ne connaissions pas les profs d’Histoire post baby-boom. Après 30 ans d’enseignement de la Seconde Guerre mondiale par les diplômés du système Meirieu, que savent les Français formés par nos merveilleux enseignants de gauche et des IUFM réunis ? Que ce sont les Américains qui ont gagné la guerre. Les Russes — les Soviétiques, exactement — ont disparu de leur mémoire. 70 millions de morts pour rien.
J’ai trouvé ces merveilleuses statistiques sur un site intitulé Histoire et société et qui a ouvert pour l’occasion une page baptisée, en hommage à Michéa (et un peu à la Fabrique) « Enseignement de l’ignorance ». Les statistiques qui y sont citées sont impitoyables. Après quarante ans de pur pédagogisme, les Français ne pensent plus que des Russes ont œuvré magistralement à la chute d’Hitler. On leur a appris quoi, en classe ?
Question rhétorique. À l’heure où la Chrétienté médiévale, l’Humanisme et les Lumières sont « optionnels » (et nombre de profs d’Histoire — je ne dis pas historiens, hein, mais ils le prétendent, ils le prétendent tous — comme si les profs de Lettres se disaient écrivains ! — ont clairement fait comprendre qu’ils approuvaient la réforme du collège et des programmes d’Histoire « enfin débarrassés du roman national » — pauvres mecs !), je ne sais pas trop si je peux me fier à eux pour faire comprendre aux gosses que Voltaire vaut mieux que laurence de cock (pas de majuscules pour les minus habens).
D’autant que tous ces imbéciles, qui ont voté Hollande en 2012 (nul n’est à l’abri d’un mauvais choix) s’apprêtent à récidiver — et là, ça devient de l’obstination. Hollande qui a préféré passer le 9 mai (le décalage horaire fait que la victoire est fêté à cette date en Russie) sous les cocotiers au lieu de se joindre à la commémoration moscovite, où 300 000 manifestants après le défilé militaire d’usage, ont défilé en tenant à la main les portraits de leurs parents combattants de la « grande guerre patriotique » — Poutine en tête.Dis, François, il faisait quoi, ton père, pendant la guerre ?

Je ne suis heureusement pas le seul à trouver ça minable. Les réactions ont plu, à droite comme à gauche — encore heureux ! «L’absence de Hollande est un affront diplomatique autant qu’historique, écrit Mélenchon. J’appelle cela par son nom : c’est une honte. Je souffre pour mon pays qui donne à voir un visage insupportable de sectarisme». Ian Brossat, adjoint (PC) à la Mairie de Paris, voit dans ce boycott organisé par les lèche-semelles de l’OTAN « une honte et une injure », et dénonce cette réécriture de l’Histoire : « Que David Cameron, Angela Merkel et leur allié obéissant, François Hollande, fassent passer leurs préoccupations géopolitiques conjoncturelles avant le respect dû aux morts laisse pantois. Sous prétexte de faire un pied-de-nez à Poutine, ils font un affront à l’histoire », écrit-il. Même son de cloche chez Dupont-Aignan : « Une honte devant l’Histoire. Un affront pour l’avenir ». Il n’est pas le seul. Droite et Gauche confondues sont indignées par la réécriture de la Seconde Guerre mondiale par le PS et ses affidés.

Oui. Réécriture. À qui la faute ? Qui a été chargé de l’instruction des chères têtes blondes ou brunes dans ce pays depuis les années 70, où nous n’avions, nous, aucune hésitation quand on nous demandait qui avait libéré Auschwitz le 27 janvier 1945 (tiens, Hollande ne s’est pas rendu non plus aux commémorations — il doit croire lui aussi que ce sont les Ukrainiens qui ont libéré des Juifs qu’ils avaient largement contribué à exterminer) ou qui avait accroché quel drapeau sur le Reichstag le 1er mai de la même année ?Et nous savions bien que si les Alliés avaient bravé le mauvais temps le 6 juin 44, c’était pour ne pas laisser les Russes délivrer seuls la totalité de l’Europe.
Ça leur arracherait la gueule de dire que Staline a gagné à Stalingrad — et ailleurs ? Et que les Soviétiques ont payé le plus lourd tribut à la victoire finale ? Et qu’ils ont des raisons de ne pas supporter que des groupuscules néo-nazis alimentent le gouvernement ukrainien actuel ? Poutine s’est même payé le luxe de remercier les Occidentaux pour leur participation à la victoire. Près de lui, les présidents indien et chinois — bref, tout ce qui va compter dans le monde dans les prochaines années. Le nôtre, de président, se faisait des selfies à Saint-Martin et à Saint-Barth. Bronze bien, pépère… Pendant ce temps, Florian Philippot tweete que cette absence de la France à Moscou est « une offense au peuple russe ». Comment ceux qui s’apprêtent à voter PS parce qu’ils se croient de gauche peuvent-ils supporter que la politique de Hollande donne au FN l’occasion de se draper en bleu-blanc-rouge et de se dire « républicain » ? Ah, ça doit être quelque chose, leurs cours !
Il faut être singulièrement taré pour ne pas comprendre — comme l’avait fait De Gaulle avant tout le monde — que le soleil se lève à l’Est, et que dans les temps à venir, une nation de troisième ordre comme la France a tout intérêt à ne pas se mettre à la remorque des Allemands, qui ne voient en nous que les vaches à lait de leurs retraités. Et que l’Europe ne pèsera pas bien lourd face à un conglomérat russo-chinois.
Oui, décidément, l’enseignement de l’ignorance a de beaux jours devant lui. Avec des profs d’Histoire de ce tonneau (et qui d’autre pourrais-je impliquer dans ce révisionnisme insupportable, puisqu’il y a quarante ans, avant que ne déferle la grande vague pédago, nous savions, nous, formés « à l’ancienne », qui avait gagné la guerre ?), c’est sûr que l’on assistera prochainement à des cours d’une objectivité insoupçonnable. Documents à l’appui. Et en bande sonore, ils se passent Sardou ?
Et ça hurle quand des voix s’élèvent contre le programme de Vallaud-Belkacem ! Et ça explique que si une super-commission patronnée par Pierre Nora se met en place, on « risque » d’en revenir à plus de chronologie !
Je serais inspecteur, je serais impitoyable avec tous ces petits-maîtres de la désinformation. Je sais bien qu’on les garde parce que personne ne veut faire ce métier de chien. Mais franchement, il y a des révocations qui se perdent. Ou tout au moins des rééducations.

Jean-Paul Brighelli

74 commentaires

  1. De toute façon, il est grand temps de changer de vérités historiques. Celles qui avaient « vigueur » ont une charge émotionnelle qui s’épuise avec le temps. C’est un fait. Un aggiornamento s’impose donc.

    Les histéroriens doivent ouvrir le champ des possibles en matière d’amorces et de pratiques car les histoires sont avant tout un champ de recherche, une enquête scientifique, méthodique et indisciplinée d’une compréhension des sociétés humaines passées dans le but d’élaborer des moyens de penser notre monde contemporain, anticiper ses avenirs possibles, et d’y agir en connaissance de cause. Pour tous nos élèves, quelle que soit leur origine familiale, quels que soient les métissages dont ils sont les fruits, il est nécessaire de connaître l’ailleurs, l’au-delà de frontières qui n’ont pas de vocation à être mentales. *

    Un exemple d’au-delà :
    http://nsm08.casimages.com/img/2015/05/10//15051008234516723113252419.jpg

    La présence cachée de de Gaulle à Yalta fait partie de ce champ des possibles. Elle est à tester et donc est d’ores et déjà attestée pour ceux qui veulent y croire (ce qui ne s’est pas passé, s’est passé dans un monde parallèle que certains voudraient nous cacher). Et si de Gaulle était une variable cachée à Yalta, pourquoi Hollande n’aurait-il pas pu être présent aux cérémonies du 8/9 mai de cette année ?

    Je pose la question.

    * J’ai un peu beaucoup copié-collé de façon révisionniste le site des metteurs à jour

    • Faisons une proposition de loi visant à encadrer strictement l’oxygénation des cervelles des exhu-mateurs d’histoires.

  2. Non, ce n’est pas à cause du décalage horaire que les Russes célèbrent la victoire le 9 mai. Il est vrai que ce n’est qu’un point de détail de l’histoire de la guerre mondiale.

  3. Beaucoup de jeunes français sont restés bien à l’abri en 39/45 qui ont fait de belles carrières politiques par la suite de Pompidou à Raymond Barre !

  4. De Gaulle racontait à qui voulait l’entendre que quand la 2è DB a libéré Paris l’été 44 pour partir ensuite en Alsace elle a reçu en tout et pour tout 1000 engagements !
    On ne se pressait pas pour se faire trouer la peau dans la bourgeoisie parisienne …

    • Leclerc était de la Haute(cloque). La bourgeoisie ne pouvait se mélanger à la noblesse.

      De là à dire que les Alsaciens ont été libérés malgré eux…

    • Mais il y avait 150 000 FFI dans l’armée de de Lattre. Et 140 000 français européens venus de l’AFN, dont 30 000 évadés par l’Espagne.

      Voici l’un d’eux :

      http://www.asmp.fr/fiches_academiciens/boiteux_carriere.htm

      Le chiffre dont vous parlez vient d’un livre attribué à Pompidou, Pour rétablir une vérité.
      Ce livre est posthume, et vient après quelques controverses impliquant le dit Pompidou sur la Résistance et la réconciliation, ainsi que son épouse sur des questions de moeurs.

      • Prenez une catégorie sociale de premier plan comme les acteurs.

        Qui trouve-t-on comme engagés volontaires en 44/45 ? Jean-Claude Pascal, Jean Marais, Jean-Pierre Aumont et Jean Moncorgé dit Gabin.
        Et vous avez à peu près fait le tour de la question … l’acteur Robert Lynen (1920-1944) est un des rares résistants dans ce milieu.

        Vous en avez bien davantage qui dînaient chez Maxim’s entourés d’officiers allemands … sans vouloir remuer le couteau dans la plaie la mobilisation française ne fut pas massive !

        • J’ai oublié Gérard Philipe qui a participé à la Libération de Paris notamment de l’hôtel de ville sous les ordres de Roger Stéphane.
          Il faut dire que son père était un collaborateur notoire …

  5. Oui, bien sûr. Après, tout ne s’explique pas forcément par cet enseignement pourri…
    Les Français lors de la libération ont vu des Américains, pas des Russes et la transmission familiale,( le » mythe » de la libération) est allée dans ce sens.
    Les années de guerre froide n’ont pas arrangé les choses non plus. Et la libération des camps par les Soviétiques n’a pas toujours été une partie de plaisir. Il y en a quand même qui ont fait rapidement Buchenwald direction le Goulag…

  6. « libérés » par les soviétiques ? Heureusement, nous n’avons pas eu cette chance.
    De ce que j’ai pu lire, il me semble me souvenir que c’est pour des raisons diplomatiques que les alliés (et en particulier les Américains, mais eux, ils comptent pour du beurre, puisque leurs motivations ne peuvent être que mercantiles) ont arrêté leur avance vers l’Est, pour permettre à l’Armée Rouge de « libérer » Varsovie, avec des tanks fournis par les Américains (encore eux !) et ensuite maquillés. Merci aux soldats russes, victimes d’abord du communisme avant de l’être des nazis, mais pas à la Russie soviétique, complice du nazisme avant d’avoir à l’affronter.

  7. Les Russes, c’est évident, les Russes… même si, pour ma part, j’ai toujours tendance à voir un oxymore dans la formule « l’URSS a libéré la Pologne »…

    • Au risque de paraître sourcilleux, je ne vois pas où est l’oxymore dans votre phrase.

  8. Sanseverina, certes — les images sont ce qu’elles furent. Mais les historiens (enfin, les profs d’Histoire) ne sont-ils pas là pour rectifier et dire la vérité ?

  9. Article très intéressant.J’ai huit ans de moins que vous et c’est vrai que j’ai subi cette vision américano-centriste de la victoire contre l’Allemagne nazie. Pour moi, l’enseignement de l’histoire de la deuxième guerre mondiale s’est résumée à ceci : L’Allemagne envahit la Pologne, la France et la Grande Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne. L’armée française est battue et la France est occupée.
    Mais la résistance s’organise, l’armée américaine débarque en
    Normandie, libère la France et vainc les Nazis. La collaboration ?
    Connais pas. La guerre d’Espagne ? Encore moins. Si, en première, j’ai eu un prof de lettres qui nous a fait lire « Pour qui sonne le glas » et j’étais en classe avec de nombreux enfants de réfugiés politiques espagnols. Yalta ? C’est quoi ? Les Russes, les Soviétiques ? Ah oui, les coeurs de l’Armée rouge sont magnifiques.
    C’est n’est qu’à l’âge adulte que j’ai pu (cherché) en savoir plus. Merci par exemple à l’émission « Histoires parallèles ». Mais il faut quand même rappeler l’influence d’Hollywood : les très nombreux films sur la seconde guerre sont majoritairement centrés sur l’action de l’armée américaine, parfois même aux dépens de leur plus fidèle allié britannique (cf. le film Enigma).

  10. Bien d’accord sur le fond, l’attitude de Hollandouille est, une nouvelle fois, lamentable. Il est quand même assez fort de café de snober Poutine au nom des Droits de l’Homme et d’aller se prosterner aux pieds des potentats du Golfe (quitte à lancer, depuis Riyad, des anathèmes contre Ménard).
    Ceci posé, il n’est peut-être pas indispensable de se lancer dans une soviétolâtrie exagérée, et il ne parait pas inutile de rappeler quelques vérités historiques.
    1°) Staline s’est fort bien entendu avec Hitler jusqu’au 22 juin 41. Un peu avant cette date, instruit des menées du Führer, il a tout fait pour le dissuader de commettre l’irréparable, et se disait prêt à toutes les concessions.
    2°) La grande erreur de Hitler fut de donner libre cours à sa haine des Slaves, et de s’attirer ainsi la haine de populations qui, au départ, étaient ravies d’être délivrées du joug stalinien. Vous critiquer l’attitude des Ukrainiens, dois-je vous rappeler la vaste extermination don,t ils avaient été victimes en 1936 (5 à 6 millions de morts, autant que ce que vous savez). Comment leur reprocher de ne pas porter « le petit père des peuples » dans leur coeur?
    3°) L’Armée Rouge, sur ordre, a sciemment laissé massacrer la résistance de Varsovie par les SS. Les résistants varsoviens avaient en effet le tort d’être catholiques et anticommunistes!
    4°) Enfin, détail pittoresque : si la Wehrmacht a éprouvé tant de difficultés dans sa marche vers Moscou, c’est principalement à cause de l’état lamentable des routes en URSS. Auraient-elles été aussi bien entretenues qu’en France, la face de l’Histoire eut pu en être changée!

    • L’état des routes n’est la cause principale (en 1940, la Wehrmarcht est passée à travers les Ardennes). L’armée allemande a commis une erreur stratégique puisque le concept de blitzkrieg ne fonctionne pas sur un territoire aussi vaste que celui de l’Union soviétique et son équipement n’était pas adapté à l’hiver rude russe (même erreur que Napoléon lors de la campagne de Russie). De plus, l’URSS réussissait à remettre sur pieds très rapidement ses divisions décimées grâce à sa forte démographie.

  11. Relire Vercors, le silence de la mer…
    A propos du reste, qui n’est pas un détail de la seconde: à trop chatouiller l’ours, on risque de n’en pas avoir la peau mais de risquer la sienne.
    Cela va de pair avec cette mise aux oubliettes du rôle déterminant de l’armée rouge, à partir de la dénonciation du pacte GS; étonnant mais pas trop si l’on considère que l’Histoire, en Fac, fut depuis la 2e guerre, un bastion des communistes.
    La mise en retrait de l’Union Soviétique n’est peut-être que la conséquence de la rupture tardive entre le PCF et le PC Russe?
    Nous avons grandement tord de sous-estimer la Russie; alors même qu’il conviendrait de s’en faire un allié face aux menaces qui pèsent sur nos sociétés occidentales…
    L’absence de Hollande en Russie est un scandale, une honte de plus; il a, bien évidemment, préféré passer la brosse à reluire électorale ( avec la Taubira de service) en faisant des rodomontades anti-esclavagistes. Sans, bien sûr, parler de tous les esclavages, surtout celui passé et moderne des Etats musulmans…

  12. Oui, Brighelli, je sais. Mais cela fait déjà bien longtemps que le poids de la parole professorale ne pèse plus lourd et que les familles répètent à l’envi à leurs enfants que leurs profs sont c…
    Et particulièrement sur cette période-là , il y a eu tant de films et tant de films nuls aussi qui ont développé une imagerie idyllique, sur les Américains et les Anglais et sur la résistance. Il m’a fallu attendre mon prof d’histoire en hypokhâgne pour découvrir que les résistants n’étaient pas si nombreux que cela…

  13. La question de savoir si c’est grâce aux Russes ou grâce aux Américains que l’on a gagné la seconde guerre mondiale fait partie des imbécillités classiques. Comme s’il fallait choisir et on sait que pour ce genre de questions les réponses sont à la fois idéologiques et stupides.
    Cela dit, l’avantage des socialistes sur la droite, c’est qu’ils ont plus de facilité à imposer leurs bêtises aux enseignants.
    La même mesure est bonne si elle est signée « de gauche » et mauvaise si elle est signée « de droite ». C’est cela l’obscurantisme contemporain.
    Rappelez-vous l’histoire de la Princesse de Clèves. On a critiqué Sarkozy parce qu’il était de droite. Des hommes de gauche ont dit le même genre de bêtise et cela passait.
    Quant aux Lumières, il faudrait savoir qu’elles sont européennes, allemandes, françaises et anglaises (il faudrait dire anglo-écossaises) et cela devrait être enseigné aux élèves, non pour faire « Europe » au sens de l’UE, cette trahison des Lumières,mais tout simplement pour savoir comment elles sont nées. Kant, Diderot, Hume, c’est cela qui importe.
    Quant au roman national, il est aussi stupide de le mettre en avant que de le négliger.

  14. Chers Monsieur, chers lecteurs,

    Une petite précision s’impose.

    La Seconde Guerre mondiale est, comme bien d’autres périodes ou thèmes, assez mal enseignée au collège. Les programmes obligent à « entrer » dans les thèmes par le biais d’études très précises. La « mise en perspective » ne dépasse que rarement une ou deux heures. Ajoutons à cela qu' »un bon professeur de doit pas parler plus de cinq minutes par heure » (IA-IPR de Lettres, Académie de Nantes, 2012, à propos de l’enseignement du français en 6°…).

    Cela a des effets désastreux en termes d’appréhension globale des périodes historiques et de continuité chronologique. D’autant que les manuels ne sont d’aucun secours pour la grande majorité des élèves (il faudrait qu’ils redeviennent des livres… à lire).

    Je voulais seulement préciser que l’étude de la SGM en classe de 3° s’appuie notamment sur l’étude de la bataille de… Stalingrad. La majorité des élèves sait donc, avant de l’oublier, que l’URSS a lutté « à mort » contre l’Allemagne nazie et qu’elle a participé, entre autres, à la libération des camps d’extermination (repère brevet…).

    J’apprécie beaucoup ce carnet. Il me distrait et m’instruit. Il m’agace parfois aussi.

    M. Charpentier, professeur d’histoire-géographie (pas historien ni membre actif d’aggiornamento-hg, qu’il lit parfois…)

  15. Je ne suis pas assez vieille pour avoir connu la Libération mais mes parents l’ont vécue. Et je les ai toujours entendu dire que, oui, les américains avaient beaucoup aidé à la libération de la France, mais que sans le front russe, les choses auraient duré beaucoup plus longtemps, voire auraient mal tourné.
    D’ailleurs quand les allemands voulaient se débarrasser d’un militaire qui ne leur paraissait pas suffisamment admirer d’Hitler, ils l’envoyaient se faire tuer sur le front de l’Est.
    Donc j’ai été choquée que notre remarquable monarque, Andouille Le Grand, n’ait pas participé aux cérémonies de la victoire à Moscou.
    Accessoirement, il y a de très bons concerts ce jour là.
    Je précise que je ne suis pas une groupie du PCF et qu’on me classe plus volontiers dans la catégorie « affreuse bourgeoise », mais d’une part, je ne vois pas l’intérêt de nier l’évidence, d’autre part je trouve les russes plutôt sympathiques.
    Les ukrainiens que je connais, aussi, d’ailleurs, mais ils ont quand même eu un certain Petlioura qui n’était pas exactement un petit ange, et je crois bien que l’Ukraine était rattachée à la Russie depuis la Grande Catherine. Quelle tête ferait le gouvernement français si la Savoie se déclarait indépendante?

  16. Et les cigares de Cuba comment doit-on les fumer ? Je vous prie de nous pondre une dissertation censée sur ce sujet qui me paraît de premier plan si on doit sortir dans le monde …

  17. Merci à Mr Charpentier pour ces précisions fort utiles. L’entrée en Histoire « de biais » est effective — et « l’étude de documents » bouffe aussi un temps précieux. Il en est de l’Histoire comme du Français : on a rapatrié en classe des pratiques de recherche qui se faisaient à Bac + 5, et qui supposaient que l’on avait des arrières très solides. En Histoire, c’est la perversion par l’Ecole des Annales — qui n’y est pour rien. En Lettres, ce fut l’entrée massive de la linguistique et du structuralisme — qui n’y sont pour rien non plus. Les élèves paient cash les lubies de quelques imbéciles.

    • Chaque discipline porte des germes novateurs qui ont été réinterprétés dans l’enseignement de façon délirante par des exaltés aux vertiges suroxygénés sur fond de lendemains rayonnants d’accès de tous au Savoir.

      En physique, dans la suite des cours de Feynmann mal lus et pour se libérer de l’encombrant voisinage tutélaire des mathématiques, on a inventé la « physique avec les mains ».

      Nous avons eu quelques professeurs universitaires « géniaux » dont le savoir était tellement intégré qu’ils parvenaient à le parler.

      Castrer sciemment * l’enseignement de la physique de ses mathématiques a juste provoqué un effondrement massif du niveau général.

      * c’est le début d’une « phrase » mémorable qui permet de retenir la quatrième ligne de la clasification périodique des éléments : « Khrouchtchev castra sciemment Tito. Valentina cria magnanime : fais pas le con Nikita ! Ton cul en zinc galvanisé.gêne assurément ce seul branleur du Kremlin ».
      Quels élèves ont encore assez de background historique pour retenir une telle phrase ?

  18. Le summum dans le Libé d’aujourd’hui, les élucubrations (pardon Antoine, les tiennes étaient géniales) de François DURPAIRE, je cite :

    « Aujourd’hui les professeurs sont comme des ouvriers spécialisés remplissant le cerveau des élèves par bout : un peu d’histoire, de maths, de français. Comment voulez-vous former ainsi des citoyens capables de décrypter le monde dans lequel on vit. A part compter sur la magie, je ne vois pas.
    (et je vous passe la suite, du même tonneau !)

    Et ce gugusse est maître de conférence en sciences de l’éducation, il a encore de la marge, imaginez-le professeur !

  19. Allons ! allons ! ne soyez pas psycho-mathématico-rigides ! La turgescence n’est pas une attitude convenable devant le tableau noir …

  20. Hors sujet : si je puis me permettre de poser une question à Monsieur Brighelli, je viens de terminer « Tableau noir » le bien nommé.
    La lettre du dénommé Abraxas , c’est une blague, j’espère? un pastiche? j’ai du mal à imaginer qu’on puisse naturellement atteindre une telle perfection dans le ridicule.
    Quoique….

    • Oui. C’est un canular et d’autant plus qu’Abraxas est le pseudo dont usait Brighelli sur le/les forums. Il lui arrivait même d’intervenir sur Bonnetdane sous le pseudo Abraxas. On s’amusait bien, à l’époque. On a tous apporté notre contribution à Tableau Noir, par nos débats houleux sur l’ancien blog Bonnetdane. Et c’est Brighelli qui a eu le mérite d’en faire un bon bouquin. Beau mérite parce que il y avait à faire un gros boulot de synthèse;

      • Merci , j’avais des doutes pour avoir lu une fois une réponse à monsieur Brighelli , venant d’un individu ministériel dont j’ai oublié le nom et qui, manifestement, se croyait spirituel.
        C’était effectivement amusant en ce sens que d’un côté on avait un texte clair, bien écrit, percutant, et de l’autre un ramassis fumeux , pompeux et nauséabond d’inepties .

  21.  » le 9 mai (le décalage horaire fait que la victoire est fêté à cette date en Russie)  » écrit JPB
    Vous faites erreur. Ce n’est pas la raison. Staline a voulu signé avec les Allemands individuellement, pour le symbole. Et, on retombe sur nos pattes, c’est bien normal après la saignée qu’avait subie son pays et l’exemplaire courage des populations civiles et des forces militaires.

  22. Mais finalement, j’aimerais en savoir plus sur cette histoire de 9 mai. je viens de faire une recherche sur Google et ne trouve rien. Y a-t-il eu une signature séparée ? Je l’ai pourtant entendu dire.

  23. Oui, Philippe, très probablement.
    Dobolino, les Russes ont le droit d’avoir leur cérémonie bien à eux — après tout, ils ont eu leur guerre massacrante bien à eux. Les Allemands nous auraient fait le quart de ce qu’ils ont fait aux « Slaves », nous n’aurions pas pris le risque de serrer la main d’Adenauer, de Kohl ou de Merkel.

  24. Mot de la maîtresse Le Pen sur le carnet de conduite de l’élève Brighelli : Ta blouse est décousue, ta maman devra faire un point pour que tu sois présentable en classe … schnell !

  25. Merci à la dictature stalinienne d’avoir éradiqué le nazisme parce que Hitler n’a pas respecté le pacte germano-soviétique qui aurait permis aux communistes et aux nazis de se partager l’Europe.
    Mais merci aux Américains d’être arrivé de l’autre côté pour protéger l’Europe occidentale de la dictature communiste qui a fait 80 millions de morts dans les goulags entre autres.
    Voilà comment j’enseigne cette période de l’histoire à mes élèves.

  26. JPB voici un post du jour trouvé sur Boulevard Voltaire qui règle son compte à votre ami Xavier Darcos (article Réforme du collège de Pierre Van Ommeslaeghe Professeur de philosophie ) :

    « Rémi Vuillemenot ·
    Ferry a souvent dit de bonnes choses, il a aussi reconnu être dans l’incapacité de prendre aucune décision positive quand il était ministre, cornaqué qu’il était par frère Darcos (UMPS notoire, sa fiche Wiki est édifiante sur ce que peut être le dévoiement d’un « intellectuel ») qui n’avait d’autre rôle que de le neutraliser, sur ordre du grand orient, ET de ce maçon sans tablier nommé Chirac… Il répète fréquemment que le FN est un parti aussi stupide que le front de gauche, bref ce Ferry peut bien continuer de couler en compagnie de sa chère « droidroite », puisque comme le commandant du Titanic, il n’a pas voulu reconnaître le danger et faire à temps ce qu’il fallait pour empêcher le naufrage. »

    • Sérieusement JPB pour être ministre de l’éducation finissante de la Vème république vous seriez prêt à quelles compromissions morales ?

  27. Je suis effaré par la perte de sens de l’intérêt public dans l’administration française qui se partage maintenant entre l’écurie PS et l’écurie UMP ! Nous sommes vraiment à la fin d’un cycle avec cette dissolution de toutes les consciences dans la république des factions ! Cela sonne comme l’Empire romain de la décadence … les prébendes, le clientélisme et les aventuriers qui gouvernent soumis à de l’argent étranger !

  28. Pour vous consoler j’ai appris que le néo-Sarkozy dans ses discours tweetés cite Quatre-vingt-treize le roman de Victor Hugo mais que ses collaborateurs l’on rebaptisé 1793 en chiffres et non plus en lettres ! Je crois que les chiffres sont plus parlant pour Mister Sarko’ qui a une caisse enregistreuse dans la tête plutôt qu’une liseuse !

  29. Le rouge, la chartreuse,…

    Ça tombe bien, le rose et le vert étant inachevé, on pourra en faire un digest intitulé le rosé.

    Il avait la Stendalle en pente, l’Henri

  30. Dobo, très bien cet article du Québécois de service — ce type n’écrit quasiment que des choses sensées.

  31. Je rêve ou en plus d’injurier quelques têtes de turc vous traînez dans la boue toute une profession tout en rêvant qu’elle soit remise au pas par son inspection ? Il a égaré son pilulier, brighelli?

  32. Pour Sébastien…
    Il se trouve que je suis régulièrement traîné dans la boue par un certain nombre de profs d’histoire dont les performances et les propositions ne valent pas une corde pour les pendre. Ce sont actuellement les plus fermes soutiens de Najat et de ses programmes, sous prétexte que c’est enfin de « l’histoire globale », qu’on en finit avec Lavisse, et que les Lumières ont enfanté le colonialisme du XIXème, etc. Note à venir dans la journée sur le sujet.
    Je suis fou de rage quand je pense à ces crétins. Fou de rage. Ça donne des leçons et c’est incapable d’en professer.
    Et enfin… Ce que je dénonce ci-dessus est factuel. Alors, à qui la faute, sinon à des enseignants qui ne font pas leur boulot ? Et que fait-on de profs qui ne font pas leur boulot ? On les garde sous prétexte qu’ils sont au SGEN ou au SE-UNSA ? Il y a peu de cancres parmi les enseignants, mais le système est à ce point aberrant qu’on les garde au chaud.

    • Je relis votre réponse – merci pour votre temps -, je relis votre article… OK vous avez le droit de nous prendre collectivement pour des c… ancres, et même de l’écrire sur le ouèbe. Mais respirons un grand coup et détournons les yeux – est-ce encore possible ? – des pédagogistes à queue fourchue dont apparemment l’immense responsabilité dans la décadanse (« non, pas comme çà ») généralisée est au centre de votre credo.
      Maintenant faisons un tout petit peu d’histoire. Est-ce que le recul du PCF en France, et accessoirement la disparition de l’URSS, n’auraient pas un tout petit peu à voir avec la malheureuse déformation de la mémoire de la seconde guerre mondiale que vous évoquez ? Ajoutons-y la puissance d’Hollywood et l’indigence des films russes consacrés à la seconde guerre mondiale à l’ère Poutinienne : les Russes se foutent du soft power, ils sont juste en train de caporaliser leur opinion publique à grand coup de nationalisme, donc films invendables parce qu’on a beau être décadent de par chez nous, on en est pas encore aux manifs anti-pédés et aux milices de Saint George…

      Enfin je m’égare là. C’était juste pour dire que vos adversaires sont peut être pour vous des ennemis mortels, vous ne pouvez sans outrance leur faire porter tous les chapeaux… N’ont qu’une tête, comme vous !

      • Hum! il y a quand même eu d’excellents films russes sur la 2ème guerre mondiale. Ne serait-ce que « Quand passent les cigognes » ou « La Ballade du soldat » . Et il n’était pas nécessaire de cotiser au PCF pour les apprécier.
        D’accord, c’était avant Poutine.
        Mais il y a manifestement une chose qui vous échappe : les russes aiment passionnément leur pays. Pas besoin de les chauffer, ils ont déjà le feu sacré.
        Le plus surprenant est qu’ils aient tendu la main à l’Occident qui leur a répondu en levant artistiquement le pouce.

        • Ah, nous y voilà, l’amour passionné du pays, qui guérit de tout, fait passer les crises sociales, l’alcoolisme de masse et l’effondrement de l’espérance de vie, les journalistes flingués, les expéditions punitives dans le Caucase et les raids clandestins dans le Donbass… Et retour de l’être aimé, tant qu’on y est, tant pis si pour un certain nombre de mamans russes c’est dans une boîte. Hé, les admirateurs des Russes de par chez nous, on les voit plus souvent se démener pour épargner à fiston le contact avec les gueux au collège que pour l’aider à trouver le chemin de la caserne… C’est tellement plus confort d’admirer le feu sacré des autres en oubliant le prix qu’il leur coûte!

          • Je n’ai jamais dit que c’était bien ou mal, et ça ne fait rien passer du tout, je dis simplement que c’est comme ça : la mentalité est différente de chez nous.
            C’est d’ailleurs vrai pour toute l’Europe centrale et de l’Est. Ils sont foncièrement nationalistes. Vous remarquerez que le premier geste de la Tchécoslovaquie libérée a été de se scinder en 2. La Yougoslavie de Tito a éclaté. S’ils sont si contents de l’Europe c’est parce qu’elle leur permet d’être nationalistes tranquilles au lieu d’avoir sur le dos un pouvoir étranger qui les surveille. Le dernier en date ayant été l’URSS.
            Je constate que mes contemporains français ne connaissent pas plus ces régions que ceux qui ont accouché dans la douleur des autres des traités de Trianon.
            Et moi alors? eh bien il se trouve que j’ai quelques raisons familiales et amicales de mieux les connaître. Ah ces enfants d’immigrés!….

  33. Il y a des choses que j’ai du mal à comprendre : colonialisme…mais l’Histoire du monde n’est qu’une longue suite de colonialisme et ça continue. Où est le problème? Les gens que ça choque ont-ils jamais entendu parler d’autres peuplades que de leur petit cercle de demeurés confits dans l’aigre-doux?
    L’homme n’est ni ange ni bête, il ne voit que son intérêt à plus ou moins long terme avec plus ou moins de discernement, c’est tout!

    Et oui, les sacrifices humains étaient aberrants, mais vous voyez une grosse différence avec les gens qui se font exploser ou qui trucident les autres au nom de la religion?

    La technique a énormément évolué depuis l’Antiquité, mais la pensée humaine y a trouvé ses limites.

  34. Et si vous me répondez que l’esclavage a quand même été aboli, demandez-vous comment les chefs du privé et du public parlent de leur personnel quand ledit personnel ne peut pas les entendre. C’est édifiant!
    Ou comment monsieur le Chargé de Mission Lambda bien en cour au Ministère et haute conscience traiterait sa bonne portugaise s’il n’y avait quelques lois sociales pour brider son enthousiasme.

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