Philippe de Villiers se prépare donc à officialiser ce qui est clair pour tous ceux qui suivent attentivement la chose politique, et en particulier les lecteurs assidus de ce carnet. En acceptant d’entrer dans le très peu célèbre comité de liaison de la majorité présidentielle[1. Présidé par le truculent Jean-Claude Gaudin. Et il faut effectivement que cela trucule quand on regroupe autour de l’UMP les partis de Jean-Marie Bockel et de Hervé Morin], le président du Mouvement Pour la France lance le message suivant à son électorat : je retourne dans la « famille », un peu comme Nicolas Sarkozy lorsqu’il revient dans le commandement intégré de l’OTAN.
Villiers avait déjà annoncé la couleur lorsqu’il se disait « flotteur droit de la majorité ». Sa campagne européenne lui avait certes rendu quelques velléités d’indépendance et, donc, permis de lancer quelques attaques contre la duplicité sarkozyenne en matière européenne. Mais cela ne trompait pas ceux qui, même au sein de ses proches, voyaient venir le nouveau pas de danse de l’ancien héraut souverainiste. L’adhésion à l’association euro-atlantique Libertas ne venait pas davantage contredire les inquiets.
Villiers rejoindrait la maison Sarko, selon les commentateurs de la presse internet et radiophonique, parce qu’il a compris qu’il avait construit ses plus beaux succès à l’intérieur de la majorité et connu ses plus grands échecs à l’extérieur. Ce n’est pas faux. Mais il faut aller plus loin. Et évoquer l’injustice du financement de la vie politique, qui donne tout -ou presque- aux partis établis et ne donne rien aux forces alternatives mais jamais, de ce fait, émergentes[2. Je ne me lasse pas de répéter le mot de William Abitbol : »la tombola pour les organisateurs de la tombola »]. Il ne faudrait pas non plus passer sous silence les changements de pied incessants du lideur souverainiste, et donc sa propre responsabilité, qui est passé en dix ans de la stratégie « Vieille France » chère à Thierry de la Perrière à celle, libérale-atlantiste de Jérôme Rivière en passant par celle, très « choc des civilisations », du couple ex-frontiste Peltier-Bompard. Il y a de quoi perdre des militants en route.
Mais j’entends déjà une amie me conseiller aimablement, avec son accent bien connu sur la Canebière, de balayer devant ma porte, ou plus exactement celle de Debout la République. Et comme je ne déteste pas l’autocritique, chère H.[3. Certains habitués la reconnaîtront, mais je ne suis pas disposé à lancer son nom sur la plaque publique. On me comprendra.], allons-y ! Certes, le score des listes emmenées par Nicolas Dupont-Aignan ne fut pas folichon, au point de se trouver même en deça de celles de Philippe de Villiers pourtant bien handicapées pour toutes les raisons citées plus haut. Mais, reconnaissons qu’il s’agissait du premier bain dans une campagne pour ce petit parti, encore moins fortuné. Certes, on voit ici et là poindre certains rapprochements avec Dominique de Villepin. Et bien, soit, expliquons nous sur une éventuelle alliance NDA-Villepin. Je n’y suis pas opposé, à condition de savoir à quel Villepin nous avons à faire. Si c’est le Villepin du patriotisme économique, celui qui rencontrait Todd pour réfléchir à la mise en place d’un protectionnisme européen, celui qui incarne le refus de l’alignement occidentaliste, je n’y verrais aucun inconvénient. Si, en revanche, il s’agit du Villepin qui, flanqué de Goulard et Mariton, privatise les autoroutes, est obsédé par le coût du travail ou fusionne EDF et Suez, cela sera sans moi. Autant, alors, que NDA et Villepin aillent ensemble renforcer le MoDem dans un parti entièrement basé sur l’anti-sarkozysme, ce serait plus clair pour tout le monde, et sans doute plus efficace. Mais cela n’est pas avec cela qu’on fera renaître un mouvement gaulliste.
Et puis, il y a Clearstream. Tant que Villepin ne sera pas libéré de cette affaire, aucun avenir n’est possible pour lui, ni bien sûr pour d’éventuels alliés. J’entends alors que l’autre alternative à Sarko serait Copé, et on me souffle que les relations de NDA avec ce dernier seraient plutôt cordiales. Là, je crie casse-cou. Jouer Copé contre Sarko ? Il faudra vraiment tout le talent de NDA pour m’expliquer en quoi le premier serait préférable au second. Et aussi grand soit-il, je ne suis pas certain qu’il suffise.
On le voit, la question de la stratégie reste entière. Villiers l’a tranchée, même si cela apparaît au plus mauvais moment, celui où Sarkozy semble décidé de continuer l’ouverture à gauche et à préparer une campagne plutôt sociale-démocrate destinée à étouffer le Parti Socialiste. Nous aurons aussi à trancher. Ce n’est pas aisé. Mais faisons le rapidement. Car d’autres, plus à droite, l’ont déjà fait et reprendront tôt au tard du poil de la bête comme Hénin-Beaumont nous l’a montré de manière si limpide.
Le retour de vos billets me fait un grand plaisir. Pour Villiers , nous avons compris depuis longtemps . Les tenants de la ligne « de La Perriere » ont quittés le mouvement après le départ de celui qu’ils considéraient comme le vrai chef
.Après ce ne furent que bagarres pour la prise de controle.
Villiers n’a jamais été un chef.
Pour H , on a reconnu et on vous comprends. C’est un peu comme la fameuse sardine….qui bouchait le port.Il est facile de tout dire et de ne rien faire.
Pour tout le reste, attendons les décisions de NDA , écoutons le , discutons et prenons nos propres décisions.Mais je suis de votre avis, ne tardons pas …
Il ne faut pas croire les bobards qui circulent, ni H.
Le gaullisme est avant tout une exigence et NDA la porte très bien avec son indépendance de non inscrit depuis janvier 2007. Après 7 mois d’existence seulement, DLR a fait un bon score de début à l’occasion des européenne. Il fera mieux la prochaine fois en affirmant toujours aussi bien son identité et son autonomie.
Raoul louis CAYOL
Si PDV fait un comeback franc ou implicite au seinde l’UMP, ce sera un très bonne nouvelle pour DLR, car cela permettra à NDA de récupérer une partie importante de son électorat sensible aux thèses du (néo)Gaullisme social et de se présenter comme la seule alternative à Sarkozy pour l’électorat traditionnel de droite.
Pas question de droitiser cependant notre credo, tant les questions clé pour le pays restent le problème social, le développement durable et la compétitivité industrielle de la France…
Quant à une alliance Villepin NDA, je n’y suis pas favorable, la réponse étant contenue dans ton analyse. Aucune confiance à accorder à quelqu’un qui a commis la forfaiture et la spoliation collective de la privatisation des autoroutes : brader des actifs publics à la moitié du prix du marché et qui nous offraient une rente à 7% pour rembourser une dette à 3.5% constitue à mes yeux une faute politique majeure et rédhibitoire…
La seule solution acceptable serait que DDV accepte de promouvoir NDA et son programme en usant de sa notoriété personnelle…Je n’y crois pas beaucoup, question d’égo…
DLR doit continuer seul sans dévier, c’est la seule voie possible d’un succès à terme, même si cela semble l’éloigner dans le temps…
D’accord sur le fond, l’alternative à Sarkozy sera gaulliste ou ne sera pas.
Mais ne vous semble-t-il pas, cher causeur, que le score de NDA aux européennes est une fin, pas un commencement ?
Le gaullisme n’est pas un antisakozysme primaire, il est encore moins un antivilliersime primaire . Sans défendre Villiers, il est quelques blocages culturels qu’il aurait fallu savoir surmonter pour avoir quelques élus aux européennes ( la différence des idées était tout de même moins grande que celle qui sépare Bové et Cohn-Bendit) . Et même en faisant le choix d’affronter partout le MPF, il ne fallait pas mener sa campagne dans cafouillage général. Le seul candidat DLR qui tenait la route ( et celui qui a fait le moins mauvais score) , J.P.Gérard, s’est bien gardé de mettre NDA sur son affiche, c’est un signe. Non décidément, le patron de DLR a montré dans cette campagne qu’il n’était qu’un « petit ». Villlepin à la rigueur, s’il se corrige, mais NDA, c’est fini.
Réponse au mél précedent :
Je ne partage absolument pas votre analyse politique relative à « la fin » que vous pronostiquez pour NDA et DLR.
Il me semble que la dynamique n’est pas celle que vous invoquez :
DLR est passé de 0 à 2% de l’électorat, avec une estimation personnelle de 20 % des Français qui connaissent NDA et 10% ses idées, ce qui amène à une hypothèse de 10 à 20% potentiels pour le courant de pensée qu’il représente.
Le MPF, quant à lui, a décliné très sensiblement, même si la notoriété de PdV était très supérieure.
Quant à la campagne publique, elle a été réduite à sa + simple expression, sans débat d’idées, avec un accès au « micro » quasiment nul pour DLR. Dans ses conditions, le résultat me semble au moins honorable…
L’avenir, que je juge très sombre pour le pays, tranchera, et ce + rapidement que beaucoup imaginent…à cause de la gravité de la situation morale, économique et sociale. Il passera par l’arrivée d’hommes politiques neufs, tant le système est aujourd’hui profondément déliquescent. Que vous le vouliez ou non, NDA fait partie des recours possibles…Et il n’y en a pas beaucoup…
J’ai participé à la campagne des européennes en tant que militant de base, inorganisation du national et manque de motivation du local. Nicolas, n’ayant pas de charisme, ne peut réussir que par l’organisation et l’intelligence.
Pour la première, c’est raté, cette faiblesse, que personne ne souligne me paraît très grave.
Plutôt d’accord avec l’analyse de David DESGOUILLES. Avec ses réserves aussi. Mon expérience des petites structures me porte à croire que refuser toute alliance c’est se condamner avec l’isolement à ne pas atteindre la taille à partir de laquelle on peut compter jouer dans la cour des grands. Certes NDA qui tout compte fait à réalisé un score honorable aux Européennes si l’on tient compte du fait que SARKO avait fait en sorte que la campagne télévisée soit à la fois très courte et superficielle et qu’ainsi NDA n’a pas eu la possibilité de démystifier l’UMP et son patron de l’élysée. Mais tout va très vite et tout change vite. Aussi, un rapprochement Villepin NDA serait me semble t-il, de nature à renforcer les chances d’une alternance au sommet de l’Etat.