La guerre de la com’ fait rage. Le Président de la République, qui comptait très fort sur un gadin de François Hollande au Bourget, a dû déchanter. Une seule solution aujourd’hui, apparaître comme le challenger.

L’exercice n’est pas facile. Rappelons que les seuls présidents sortants qui ont été réélus le furent au terme d’une cohabitation face au Premier Ministre qui exerçait l’essentiel du pouvoir. François Mitterrand s’était refait la cerise en deux ans, avec le talent qu’on lui connaissait, en jouant le rôle de Président-opposant-vieux sage. Jacques Chirac encaissa alors une défaite mémorable, symbolisée par le duel télévisé de l’entre-deux-tours [1. François Mitterrand l’emporta par 54 % contre 46 % à son Premier Ministre.]. Il prit sa revanche quatorze ans plus tard. Il avait eu cinq ans pour se refaire. Et comme Jospin fit une campagne catastrophique -sans doute n°1 de la Ve République dans cette catégorie, le Président n’eut pas à forcer son talent pour l’emporter, d’autant que la présence inopinée de Jean-Marie Le Pen au second tour lui apporta derechef le statut de Père de la Nation qui avait fait les beaux jours de son adversaire de 1988.

Le seul président vraiment sortant à avoir sollicité[2. Non, je n’oublie pas le Général de Gaulle en 1965. Car il n’avait pas été élu au suffrage universel direct en 1958. Il s’agissait donc là d’un cas de figure complètement différent.] le suffrage  le suffrage universel une nouvelle fois au terme de son mandat fut donc Valéry Giscard d’Estaing. C’est ce modèle là que Nicolas Sarkozy veut absolument éviter, d’autant qu’il est tentant de rapprocher les deux hommes : tous les deux ont souhaité commencer leur mandat par une rupture avec leur propre camp. Ils ont également initié, par la décrispation, pour l’un et la désacralisation pour l’autre, une manière de présider qui n’a pas eu l’heur de plaire à l’électorat droitier et conservateur qui les avait portés au pouvoir. Enfin, ils ont tous les deux affronté une crise économique mondiale. Voilà pour les ressemblances. La différence, en revanche, entre VGE et Nicolas Sarkozy, c’est que le premier était encore favori au mois de janvier face à un François Mitterrand dont le Tout-Paris moquait la ringardise et l’archaïsme. Difficile d’apparaître, dès lors, comme un challenger. A l’heure du bilan, les Français ne firent pas le choix du Président sortant.

C’est sans doute cette différence là qui rend Nicolas Sarkozy moins pessimiste. Ainsi fait-il marteler par ses chevau-légers l’antienne suivante : le candidat favori en janvier est toujours battu en mai -et parfois même en avril. Le problème, c’est que  janvier dure 31 jours. Et que, si cette antienne est vérifiée au premier du mois, elle ne l’est plus dans la deuxième quinzaine. La preuve par… Sarkozy qui passa devant Ségolène Royal au lendemain de son grand raout de la Porte de Versailles le 14 janvier 2007. Pour autant, cette volonté d’apparaître comme le challenger demeure sa seule bouée, et il s’y accroche.

La première façon d’apparaître comme tel, ce qui n’est tout de même pas aisé lorsqu’on est sortant, c’est de faire accroire que son adversaire est le candidat du système et que lui, au contraire, est un homme nouveau qui va proposer des solutions nouvelles. D’où la taxe Tobin, d’où l’éventuelle taxe anti-délocalisations et certainement d’autres propositions à venir, d’autant plus décoiffantes que l’électeur moyen pourra s’étonner qu’elles n’aient pas été mises en oeuvre plus tôt.

La seconde est arrivée ce matin. Il s’agit de le faire passer pour quelqu’un de désintéressé, de la jouer méga-modeste en envisageant sa défaite et en laissant donc fuiter dans la presse des informations dans ce sens. Ainsi, Le Monde rapporte cette citation stupéfiante : « En cas d’échec, c’est sûr, j’arrête la politique. Oui, c’est une certitude. » Nous nous en voudrions d’être discourtois avec le titulaire de la magistrature suprême mais ça nous fait quand même bien rigoler. Quand bien même, il souhaiterait poursuivre sa carrière politique que les gens de son camp le prieraient immédiatement de ne rien en faire. Pas besoin de nous rejouer le Jospin du 21 avril au soir. Fillon, Copé, Juppé et tous les autres auront tôt fait de tourner la page Sarkozy sans lui demander son avis.

Comme souvent, le Président en fait un peu trop dans le style. Et il se laisse aller à des confidences -destinées à être répétées. On voit ainsi resurgir cette fameuse idée, notamment mise en scène dans La Conquête, selon laquelle il ne ferait qu’un seul mandat et qu’il irait ensuite gagner de l’argent. A l’époque, on parlait surtout des Etats-Unis, lui qui disait être fier qu’on le surnomme « Sarko l’Américain ». Aujourd’hui, après cinq ans de présidence et avec un carnet d’adresses plus conséquent, il aurait envie de destinations davantage… émergentes, citant d’ailleurs Gerhard Schröder qui bosse pour le gazier russe Gazprom. Et si on le retrouvait chez ses amis qataris ? Juppé avait souvent évoqué jadis la fameuse tentation de Venise. Avouez que la tentation de Doha ne sonne pas forcément plus désintéressée.

Ces dernières cartouches apparaissent désespérées et pas forcément bien ajustées. Mais soyons prudents ! L’histoire de la seconde moitié de la Ve République nous a appris que même une balle perdue pouvait toucher sa cible. Ou que les adversaires eux-mêmes pouvaient se tirer dessus eux-même avec leurs propres armes.

8 commentaires

  1. @ David Desgouilles

    L’excellent meeting de François Hollande ce dimanche au Bourget, des sondages qui montrent la perte de crédibilité du Chef de l’Etat, la montée de la candidate du Front National, les incertitudes liées à la crise de la dette, de la crise européenne font qu’un vent de panique semble soufflait sur l’Elysée et sur l’UMP. Le Président Sarkozy semble esquissé une possible défaite à la présidentielle ! Défaite au second tour ou dès le premier tour voilà ce que le locataire du Palais de l’Elysée doit se poser !

    Que Sarkozy laisse percer les secrets sur son inquiétude de sa possible défaite relève soit d’une réelle inquiétude qui tourne à la panique dans les rangs gouvernementaux ou umpistes ou soit d’un savant calcul qui ferait de cette inquiétude un facteur de remobilisation de sa base électorale pour éviter la défaite.

    François Hollande a été très bon sur la forme et assez intelligent sur le fonds car il a enrobé sa politique sociale-démocrate et européiste d’un film républicain, laïque et contestataire. Son discours touche tous les socialistes mais aussi d’un côté les partisans de Mélenchon (l’adversaire c’est la finance ; suppression des stocks options, etc…) que les partisans du centre Bayroutiste (réduction des dépenses, soutien à l’industrie, etc…). Egalement, son discours touche aussi bien les classes populaires (en partance chez Marine LePen) que les classes moyennes et la petite bourgeoisie urbaine et péri-urbaine. Il a balayé le champ des catégories d’âges en insistants sur les plus jeunes comme sur les salariés les plus âgés. Bref, un bel exercice « mitterrandien » de belle facture qui semble avoir troublé les lignes de clivage qu’on attribué à Hollande. Sarkozy, éloigné en Guyane, était sans doute informé mais, le contenu du discours, l’ancrage républicain de gauche de Hollande, et aussi la dynamique de la mobilisation du camp de la gauche semblent inquiété la droite umpiste jusqu’à l’Elysée. Quand les troupes sont inquiétent, le chef ou les chefs les rassurent mais quand les troupes sont inquiétent et que le chef ou les chefs sont eux aussi inquiét et inquiètent un peu plus leurs troupes et bien, tout cela entraine le vent de panique, d’affolement, de propos grotesques et invraissemblables des dirigeants et des députés de l’ump que l’on voit aujourd’hui.

    On peut dire que Hollande, la mou, le flou, l’indécis, est bien s’est mué en dur, en clair, en stratégie et en bon tacticien ce dimanche le tout couplé à une belle prestation de tribun. Bref, de quoi inquiéter, le Sarkozy qui ne doute jamais !

    Les réactions des autres opposants à Hollande sont tous aussi bouleversées tel le communiqué du Front de Gauche qui semble ne rien comprendre à ce qui lui arrive lui aussi?

    Pour ma part, en tant que Républicain Jacobin, je reconnais une très belle prestation et un bon ancrage du candidat socialiste notamment sur une ligne républicaine et laïque. J’applaudis des deux mains à sa proposition d’inscrire la loi de 1905 dans la constitution. Je ne sais pas si le camp Hollande connait toute la complexité de la chose … (concordat, traité de 1918, avis du conseil d’état de 1925, PFRLR, le bloc de constitutionnalité, les lois laïques sur l’instruction, le code local Alsacien-Mosellan,etc…). Bref, nous verrons bien. Je préfére une gauche dans le combat républicain et laïque qu’une gauche se vautrant dans l’idéologie « gaucho-libertarienen » et a-républicaine que nous avons souvent rencontrée ces 25 dernières années.

    Pour le reste de la prestation de FH et bien bien souvent c’était du domaine de l’incantation notamment sur l’Europe et sur les possibilités de vaincre par rapport à Merkel. D’ailleurs, le candidat socialiste épousa ce dimanche la méthode de Jean-Luc Mélenchon dans l’art de pratiquer l’incantation.

    Sarkozy devrait intervenir dimanche au sujet de la crise économique… nous allons voir si son agenda et son ordre du jour est changé. Va-t-il s’engager plus en avant dans la campagne en se déclarant de facto candidat ou bien va-t-il faire le dos rond et jouer au père rassembleur au dessus des partis ? Nous verrons bien.

    La seule surprise notable, qu’il pourrait nous offrir, c’est qu’il annonce qu’il n’est pas candidat à un second mandat… et là, les choses seraient chamboulées et les cartes rebattues annulant l’effet dynamiteur du meeting de Hollande !

  2. @ Darthé-Payan le Jacobin
    Il a même pas voté la loi sur la burqa et vous croyez qu’il va inscrire la loi de 1905 dans la Constitution, ce qui est complétement inutile. Je vous signale que Hollande c’était prononcé contre la révision du statut d’Alsace Moselle à la comission Stasi.

  3. @ Darthé

    Un homme s’agite un peu dans une petite boite à image, récite un texte appris en contradiction avec 30 années de vie politique, et l’on est à deux doigts d’y voir Guevera la Kalach à la main… il reste un haut fonctionnaire talentueux et sympa, qui ne prendra jamais le pont d’Arcole.

    J’en reste à la synthèse de Ségolène sur ce cher et tendre époux, laquelle le connaît probablement mieux que nous tous réunis !

    Fédéralisme européen, traités de la concurrence, banque centrale indépendante, mépris des référendum, emprunt d’Etat sur les marchés, communautarisme façon Terra Nova… Jaurès en grand !

  4. Je ne savais pas que j’avais écrit sur François Hollande ce midi. Chers messieurs, qu’un fil dérive, c’est normal, mais dès les premiers commentaires, ce n’est pas raisonnable…

  5. Don Giovanni –

    « Tant que le vin / Leur échauffe la tête, / Fais préparer /
    Une grande fête. / Si tu trouves sur la place / Quelque fille, / Tâche
    de l’amener / Elle aussi avec toi. / Que la danse n’obéisse / A nulle
    ordonnance. / A l’une le menuet / A l’autre la contredanse; / A celle-ci
    l’allemande / Tu feras danser. / Et moi pendant ce temps, / De mon
    côté / A celle-ci et à celle-là / Je veux faire la cour. / Ah ! Ma liste /
    demain matin / D’une dizaine / Devra être augmentée. »

    http://www.lejournaldepersonne.com/2012/01/lair-de-rien/

  6. a mourir de rire
    qui a ruiner la France pars leurs mauvaises gestions de nos finances,
    les politiciens de tout bords
    entourer d experts,éconnomistes,conseillés,hauts fonctionnaires,,
    on est en faillite
    qui voie t on autour de HOLLANDE ,,et de la droite molle,,
    les mémes qui nous on ruiner
    nous manquons de travail,de logement,800 000 étrangers sont devenue Français,et le PS donner des papiers a des illégaux,,et les avantages qui vont avec
    va t l obliger l’Algérie a rembourser les 600 millions de dette a la sécurité social,,
    en Alsace,,on baisse les cotisations ,grace a une bonne gestion?
    reste le cas SARKOZY de la droite molle,c est clair,il est cuit,, trop de mensonges,mal entourer,et un mauvais caractère ,il n »était pas fait pour étre président
    se sera HOLLANDE–LEPEN et tout va se jouer au second tours,,,avec les alliances
    et attentions,,reste moins de cent jours et beaucoup de choses peuvent arriver,,

    ,

  7. ne pas attacher d’importance aux dires de sarko faits au cours d’un diner aux vapeurs d’alcool ambiants apres une promenade en gondole qui a du lui rappeler les heures heureuses avec les retrouvailles de cecilia en 2006……souvenirs souvenirs !!!
    qui use et abuse de journalistes avec les soit disants OFF que l’on retrouve sur le net qq minutes apres ou dans la presse le lendemain ?

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