Le Président de la République ne l’a pas caché dimanche dernier : il ne verrait pas d’inconvénient à instiller une dose de proportionnelle pour les élections législatives. Après la TVA sociale, la taxe sur les transactions financières et les autres mesures annoncées récemment, cette volonté de modifier le mode de scrutin de l’élection des députés viendrait conforter sa stratégie actuelle : bouger tout le temps afin de perturber un adversaire en avance sur lui et conforter l’idée qu’il est le réformateur dont la France a besoin, pour cinq ans supplémentaires.

Car il ne s’agirait pas, en effet, de réformer le mode de scrutin législatif pour 2017 mais bien pour juin 2012. C’est ce qu’on apprend en lisant un article très intéressant du Point.fr, intitulé « La proportionnelle, botte secrète de Sarkozy ? ». Brice Hortefeux, vice-président de l’UMP et proche parmi les proches de Nicolas Sarkozy, explique qu’on y réfléchit très sérieusement. Seulement voilà, cette volonté se heurte à d’importants obstacles, d’autant plus dommageables qu’ils ont été fabriqués par le pouvoir actuel.

Pour instiller une dose de proportionnelle et élire un certain nombre de parlementaires sur cette base, il y a trois façons.
La première, c’est par exemple d’élire une cinquantaine[1. Je choisis le chiffre de 50 au hasard. J’aurais pu dire 30, 70 ou 100. Tout dépend de la part qu’on accorde aux élus sur une base proportionnelle.]de députés sur une base totalement proportionnelle et les ajouter aux députés élus sur la base majoritaire dans les circonscriptions. Ce serait effectivement la solution la plus simple mais elle est quasi impossible car la réforme constitutionnelle de 2008, initiée par cette majorité, a limité le nombre des députés à 577, soit leur nombre actuel. Afin de modifier cet état de fait, Nicolas Sarkozy devrait donc initier une nouvelle réforme constitutionnelle en pleine campagne présidentielle, tout en donnant le sentiment aux électeurs de se renier.

La seconde, c’est de réduire le nombre de députés élus par le scrutin majoritaire dans les circonscriptions, dont il faudrait alors diminuer le nombre. Problème : cette majorité vient justement de procéder à un redécoupage des circonscriptions qui a pris des mois. Il faudrait donc redécouper d’urgence en supprimant une cinquantaine de circonscriptions et faire adopter ce nouveau schéma par les députés actuels, lesquels sont déjà en campagne électorale. Là, on entre de plain-pied dans la science-fiction. Lorsque Brice Hortefeux confie au Point qu’il veut instiller une dose de proportionnelle en ne redécoupant pas les circos et en conservant le même nombre de députés, on comprend donc que la tâche est techniquement impossible.

Il y a cependant une façon de combiner scrutin majoritaire et scrutin proportionnel en conservant le chiffre de 577 députés. Mais pour cela, il faut abandonner le caractère uninominal de cette élection. En instituant un scrutin de liste, on peut doser comme on le souhaite la part élue sur la base majoritaire, et la part élue sur la base proportionnelle. Le plus commode serait de le réaliser sur une base régionale. C’est le même principe que l’élection municipale dans les grandes villes : la proportionnelle à deux tours avec une prime majoritaire de la moitié des sièges. L’avantage, pour Nicolas Sarkozy, serait d’empêcher que les députés jouent perso et préfèrent labourer une circonscription au lieu de faire le boulot pour la campagne présidentielle. En supprimant la circonscription, le candidat à la députation est obligé de se battre pour son parti afin de figurer le plus haut possible dans la liste en juin prochain. L’inconvénient majeur, c’est qu’il faut une loi organique – c’est à dire votée dans les mêmes termes par les deux assemblées- pour imposer une telle réforme. Et qu’il n’est pas certain que le Sénat aujourd’hui dominé par les socialistes fasse un tel cadeau à Nicolas Sarkozy. Le PS vient péniblement d’investir ses candidats pour les élections de juin. Il a aujourd’hui autre chose à faire que de tout recommencer en pleine campagne présidentielle. Qui plus est, les socialistes ne voudront pas donner l’impression de changer les règles à quelques semaines de l’échéance. Une telle réforme a par conséquent peu de chances d’aboutir.

Le Président de la République ne peut ignorer toutes ces données. Nous voterons donc pour notre député dans les mêmes conditions que la dernière fois. Mais il n’est pas exclu que Nicolas Sarkozy propose la troisième option dans les jours prochains et qu’il la retire ensuite, faisant porter la responsabilité sur le refus du Parti Socialiste et son candidat. Ce ne serait pas si mal joué. De là à renverser la tendance actuelle, on en doute davantage…

11 commentaires

  1. Je trouverais pas mal la proposition 2 de limiter le nombre de circonscription à 500 et d’ajouter 50 députés élus en proportionnel.

  2. C’est une excellente idée car, au delà des calculs politiques, je pense que Sarko « brillerait » par cette mesure proposée (et appliquée ?!). En effet, il est aujourd’hui indispensable que dans une grande démocratie TOUS les courants politiques soient représentés et puissent s’exprimer au Parlement !! Nous aurions alors une grande démocratie et un Grand Président !!!

  3. Je suis partisan d’introduire une dose de proportionnelle.
    Mais, parler de « grand président » à propos de quelqu’un qui propose une telle réforme en catastrophe au moment où elle ne peut plus se faire tient du culte de la personnalité au sens stalinien du terme.

    Depuis quelques mois, Sarkozy se prend pour Gérard Majax ou Bernard Bilis.
    Il fait de la prestidigitation en sortant chaque jour un objet (totalement virtuel) « de son chapeau ».

    Sur les questions européennes, il lance une campagne sur le thème « réunion de la dernière chance » et, avec cette précipitation, il se rue à Berlin pour …. capituler devant l’Allemagne.
    Puis, il nous sort la TVA sociale au moment où il n’a plus la majorité au Sénat et n’a même plus le temps en raison des procédures. S’il avait voulu, il avait largement le temps de faire passer cette réforme depuis 2007. Et qu’on ne vienne pas parler de la crise qui crée une nouvelle situation : la crise ne date pas du 31 décembre 2011 et certains parlent de la TVA sociale depuis … presque 20 ans !

    Je trouve que Sarkozy a un comportement de potache attardé.
    Il me rappelle certains élèves qui, dans les derniers jours avant les grandes vacances, font tout et n’importe quoi pour se faire remarquer.

  4. il peut tout dire,tout proposer,tout promettre,,,,
    il est cuit,,,
    la preuve,,,le projet UMP ;;copé dit,96% de nos adhérents sont pour;;;;
    SAUF que c »est 96% des DEUX tiers des adhérents;;
    les autres n »on pas voter ou sont aller a la péche a la ligne?*
    et demander le soutiens de M Merkel,,,,a mourir de rire
    il sera dans le livre des records,,,,,,le dernier le commerce extérieur,,,apres les taxes,énergies,les prix de l »alimentation,chomage, TVA; dettes,ect ect
    le seul qui a eu le courage d »imposer la proportionnelle,,,MITTERAND
    et tout le monde était contre,,,
    MORT;;de suite. supprimer,,,

  5. Aventin, pas la peine de coller un lien; le programme, c’est danser au bal des nazis interdits aux juifs sur du Strauss sans Khan.

  6. Neuf radios et télés (France-Inter, Europe 1, RMC, RTL, France-Info, France-Bleu, France-Culture, BFM-Buisiness, BFM-TV) veulent réduire à 2 semaines au lieu de 5 la période pendant laquelle il y aura traitement égal des candidats (lettre commune au CSA)..

    Et puis quoi encore ?
    Cette position revient à avantager les partisans de Sarkozy et de Hollande. Le débat politique y gagne-t-il ? On ne s’en est pas aperçu ces derniers jours.

    Dans ces deux camps, ce ne sont que polémiques stériles, « coups », tactique politicienne.
    Quoiqu’on pense des petits candidats, ils apportent des idées différentes, originales. Ils contribuent plus au débat politique que les 2 « mastodontes ».

    L’intervention de ces stations revient à privilégier Sarkozy et Hollande.
    Un peu de patience : s’ils sont qualifiés pour le 2e tour comme le pronostiquent les médias, ils auront le monopole de la parole pendant deux semaines entre le 1er et le 2e tour.

    Puis, ensuite, pendant 5 ans, le président élu et son opposant nous « pomperont l’air » en permanence.

    Alors, que pendant 5 semaines sur 5 ans on donne un peu plus la parole aux petits candidats, ça fait souffler un peu d’air dans les médias.

    Dans la même veine.
    Dominique Souchier arrête son émission du samedi et dimanche sur Europe 1.
    Parce qu’on lui a demandé de ne plus inviter de politiques avant les élections.

    Cette émission était peu pluraliste.
    Les adeptes (de gauche et de droite) de la pensée unique y étaient souvent invités.

    D’ailleurs, deux femmes protestent contre l’arrêt de l’émission de Souchier : Valérie Treweiler et Anne Sinclair.
    Bref deux compagne ou épouse de dirigeants du PS. C’est significatif !

  7. Pour compléter le commentaire précédent.
    Après avoir lu un article de Laurent Pinsolle sur le site « Marianne 2 » concernant le non respect de l’équité des temps de parole, je suis allé me renseigner à la source (site du CSA).
    Ce qui confirme totalement l’article de Pinsolle.

    Sur les radios (à l’exception de RMC, plus équilibrée), Sarkozy et Hollande se « taillent la part du lion » (entre 70 et 80% à eux deux).
    Au détriment de Bayrou, Marine Le Pen, Mélenchon, Dupont-Aignan et d’autres.

    Selon le CSA, temps de parole du 1er au 27 janvier (je me limite à 7 candidats).

    France-Inter :
    Sarkozy : 39,03%
    Hollande : 29,95%
    Bayrou : 13,63%
    Le Pen : 4,08%
    Mélenchon : 1,64%
    Joly : 5,41%
    Dupont-Aignan : 0,07%

    France-Info :
    Sarkozy : 41,55%
    Hollande : 35,80%
    Bayrou : 6,62%
    Le Pen : 3,56%
    Mélenchon : 2,73%
    Joly : 4,89%
    Dupont-Aignan : 1,21%

    Europe 1 :
    Sarkozy : 41,50%
    Hollande : 35,60%
    Bayrou : 5,13%
    Le Pen : 4,66%
    Mélenchon : 1,68%
    Joly : 3,96%
    Dupont-Aignan : 0,89%

    RTL :
    Sarkozy : 38,06%
    Hollande : 33,38%
    Bayrou : 5,60%
    Le Pen : 3,52%
    Mélenchon : 5,94%
    Joly : 2,08%
    Dupont-Aignan : 0,05%

    RMC :
    Sarkozy : 28,83%
    Hollande : 31,08%
    Bayrou : 10,14%
    Le Pen : 8,87%
    Mélenchon : 6,91%
    Joly : 10,31%
    Dupont-Aignan : 0,52%

    J’ai écrit « plus équilibrée » pour RMC. Disons : « moins déséquilibrée ».

    Il est de bon ton chez les journalistes de stigmatiser « la mainmise du pouvoir sur les médias » sous le général De Gaulle.
    C’est d’ailleurs caricatural car si le pouvoir tenait le secteur de l’information à la télévision (mais pas dans les radios et la presse), le secteur culturel venait souvent de la gauche (dont le PCF auquel appartenaient Stellio Lorenzi ou Marcel Bluwal).

    De plus, c’est À CETTE ÉPOQUE-LÀ que fut introduite l’ÉGALITÉ entre les candidats pendant la campagne.
    Cette égalité que 9 radios et télévisions veulent réduire en 2012.

  8. Instiller une dose de proportionnelle n’aurait aucun sens, démocratiquement parlant :ce ne ferait que conforter les professionnels de la représentation populaire au détriment du peuple ; c’est bien une idée de cynique, en faveur de cyniques, sous couvert de pluralisme : les scrutins majoritaires à deux tours favorisaient certes les caractériels et les affabulateurs mais, au moins, l’électeur avait-il encore le choix entre deux maux.
    …………….D’ailleurs, avant de savoir quel mode de recrutement retenir, faudrait-il savoir quelle tâche auraient les nouveaux élus : s’il s’agît d’écrire des lois en bon français, il fallait plutôt des littéraires ; s’il s’agissait de décrypter des bilans, fallait-il plutôt des matheux : le sage principe de séparation des « pouvoirs » supposait faire des choix, à peine de se retrouver avec cinq cents bons à rien de militants-miliciens ! Si vous ne me croyez pas, allumez votre télé le mercredi après-midi !!!

  9. Au moment où Sarkozy ne parle que de l’Allemagne, j’ose à peine parler du système de ce pays.
    Faisons-le quand même tout en pensant qu’il ne s’agit pas de l’imiter.
    Pour le nombre d’élus par parti, le système allemand est PROPORTIONNEL .

    Mais, la désignation des élus est à moitié majoritaire par circonscription et à moitié sur liste.

    Exemple.
    Dans un land, on élit 20 députés.
    On crée 10 circonscriptions où sont élus (1er vote) 10 députés (scrutin majoritaire à un tour).
    Puis, il y a un 2e vote pour un parti.

    Supposons qu’au 1er vote, le parti A a 7 élus, le parti B en a 3 et le parti C aucun.
    Au 2e vote, A a 45%, B a 35% et C a 20%.

    Le nombre d’élus du 2e vote portera sur la TOTALITÉ des 20.

    A : 45% de 20, soit 9 élus. 7 ont été élus au 1er vote, 2 sont pris à la suite de la liste du parti (2e vote).

    B : 35% de 20, soit 7 élus. 3 au 1er vote, 4 sur la liste.

    C : 20% de 20, soit 4 élus, tous sur la liste.

    Juste pour montrer que le peuple peut aussi choisir des personnes.

    Ajoutons, pour l’Allemagne, que, pour avoir des élus au 2e vote, il faut plus de 5% au niveau NATIONAL ou un minimum de 3 élus au 1er vote.
    Si le 1er vote donne à un parti plus d’élus que l’ensemble de la proportionnelle, il conserve ses élus, ce qui augmente le nombre de députés.

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