La députée FN a cosigné une proposition de loi reconnaissant « le génocide vendéen »
Marion Maréchal Le Pen a créé la surprise la semaine dernière en cosignant une proposition du député UMP Lionnel Luca demandant la reconnaissance du « génocide vendéen » perpétré pendant la Révolution française. Il n’est pas question ici de trancher ce débat historique. Dans ces colonnes, la parole a été donnée à des historiens en octobre dernier, Reynald Secher défendant la thèse du génocide et Jean-Clément Martin soutenant la thèse inverse.
En revanche, avouons sans ambages que l’initiative de la députée FN nous a étonnés. Ne heurte-t-elle pas de plein fouet les convictions et la stratégie de Marine Le Pen ? Celle qui est à la fois la tante et la présidente de notre cosignatrice n’a-t-elle pas fustigé à plusieurs reprises les lois mémorielles, ces dernières constituant les bras armés des communautarismes qu’elle entend combattre ? De plus, en acceptant de cosigner une proposition de loi de l’un des chefs de file de la Droite populaire, la députée du Vaucluse ne contrarie-t-elle pas la stratégie de Marine Le Pen et Florian Philippot qui ne veulent pas entendre parler de rapprochement avec l’UMP en général et la Droite populaire en particulier ?
Marion Maréchal Le Pen a-t-elle eu droit à un joli savon ou s’est-elle rendue compte toute seule que son initiative pouvait jeter le trouble, nous ne le savons pas. Toujours est-il qu’elle a publié ce mardi un communiqué sur le site frontiste en forme de piteuse justification. Elle nie tout rapprochement politique avec Lionnel Luca. MMLP explique que sa signature ne vaut pas davantage que les votes communs du PCF et de l’UMP au Sénat. Cela se discute : la signature au bas d’une proposition de loi constitue un signe politique plus consistant qu’un vote similaire. Mais ce communiqué nous réserve d’autres curiosités. Dès le premier paragraphe, elle explique qu’elle est, comme beaucoup (Tatie Marine, par exemple ?), réservée sur les lois mémorielles… mais qu’elle a signé cette proposition de loi mémorielle quand même. On se demande ce qu’elle aurait fait sans cette « réserve ». Et comment justifie-t-elle ce grand écart ? « Donner un signal d’objectivité à un moment où les repentances officielles se font toujours à sens unique », ne craint-elle pas de répondre. On se demande bien ce que signifie ce « sens unique ». La loi Gayssot concerne les victimes de la Shoah, la loi Taubira les victimes de l’esclavage.
Enfin, le Parlement avait également voté en décembre 2011 (Assemblée nationale) et janvier 2012 (Sénat) une loi réprimant la négation du génocide arménien[1. Censurée par le Conseil constititutionnel en mars 2012.]. Quel est donc le dénominateur commun entre ces trois textes qui leur donne, selon Marion Maréchal Le Pen, un sens unique, et dont les Vendéens ne pourraient se targuer ? Une gueule de métèque, comme le chantait Moustaki ? Nous n’osons l’imaginer et invitons la députée du Vaucluse à nous donner des précisions afin que personne ne puisse lui faire un tel procès d’intention.
A-t-on invité MMLP à signer ce communiqué ou est-il le fruit de sa seule initiative ? Dans les deux cas, le remède est pire que le mal. Aujourd’hui, le silence, couvert par le tumulte des infos qui se succèdent, est bien souvent plus efficace qu’une catastrophique publication sur le site de son parti.
Quiconque sait ce qu’ont été les deux premières guerres de Vendée ( il y en a eu trois ) ne verra rien d’étonnant à ce que l’on parle de génocide. C’était d’ailleurs l’objectif clairement affiché de la Convention : tuer tout le monde, TOUT LE MONDE, hommes femmes et enfants, en Vendée et faire de cette province un DESERT.
Je vous lis d’habitude avec plaisir ; mais là, vous devriez vous documenter un peu.
Quant aux politicards, hein…
Sancelrien
Vous avez sauté le premier paragraphe ? Je renvoie au débat entre Reynald Sécher et Jean-Clément Martin.
Ce n’était pas le but du papier. Je ne suis pas historien.
En revanche, faut-il des lois mémorielles ? Et en l’occurrence, la députée FN ne met-elle pas son parti en porte-à-faux ?
Voilà le sujet que je traitais.
Cordialement,
Je n’aime pas les lois mémorielles, mais je dis ceci : si on TOLERE ( je mets le mot en majuscules parce qu’il semble qu’il n’y ait pas d’italiques ) des lois mémorielles, alors il en FAUT une sur le génocide vendéen. Dans ce cas comme pour la Shoah, les faits sont incontestables et parfaitement avérés.
Mais je comprends que la République n’aime pas trop se vanter des horreurs sur lesquelles elle est fondée.
Je vous rappelle que la République elle-même fonde sa légitimité ( rien que ça ! ) sur le fait, qu’elle proclame elle-même comme incontestable, d’avoir fait mourir un petit garçon à force de mauvais traitements. Et pourtant, je ne suis pas royaliste…
Cordialement,
Sancelrien
Gardons de la Révolution ce qu’elle avait de bon, comme la reconnaissance de la liberté de conscience, liberté incompatible avec une histoire officielle à la soviétique.
4 minutes ago · Like
Joseph Mann On ne demande pas d’histoire officielle, on demande juste une distinction claire et nette entre la Terreur et la République, comme on a pu distinguer le régime de Pétain avec la France résistante du Général de Gaulle à Londres. Pour ma part, je ne peux pas être républicain si être républicain implique d’assumer « en bloc » l’histoire d’une Révolution qui ramena l’homme à la barbarie.
Par « à sens unique », je comprends que les crimes de l’extrême gauche (génocide vendéen, Ukraine, goulag) ne font jamais l’objet de propositions de lois mémorielles.
Ne pas oublier non plus le village de Bedoin dans le Vaucluse qui fut rasé et ses habitants massacrés par la colonne infernale de Hoche. La commune (pourtant socialiste) avait refusé de participer aux commémorations du bicentaire de la Révolution française en 1989.
J’ai peu entendu Marion Maréchal-Le Pen.
Seulement 2 fois : chez Zemmour et Naulleau et plus récemment dans une interview.
Elle semble avoir un langage assez modéré (je ne suis pas FN, mais je suis intéressé par la ligne Marine LP-Philippot).
Mais, là, je ne comprends pas non plus pourquoi elle a signé cette proposition de loi.
Je ne nie pas les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité (je suis trop peu compétent sur le plan du droit pour savoir si on peut utiliser le terme « génocide ») en Vendée.
Mais, ce n’est pas à la loi à dire comment il faut parler de l’Histoire.
Je suis pour l’abolition de TOUTES les lois mémorielles et non pour en créer une nouvelle.
Sur ce plan, je vais plus loin que DD, puisque je pense que la loi Gayssot, la loi Taubira (esclavage), la loi (annulée) sur le génocide arménien n’ont pas lieu d’être. La proposition de loi sur « les bienfaits de la colonisation » (non suivie d’effet) non plus.
Je crois que les auteurs de ces lois pensaient moins aux victimes (parfois lointaines : cf esclavage transatlantique) qu’à des opérations politiciennes.
De plus, ces lois permettent à des lobbys de menacer de poursuites judiciaires des historiens qui ne sont nullement négationnistes, mais donnent des précisions historiques que ces lobbys refusent.
Je pense à Pétré-Grenouilleau menacé par un lobby qui s’appuyait sur la loi Taubira : il n’avait pas nié la traite transatlantique, il avait seulement dit qu’il y avait eu aussi d’autres traites en Afrique durant des siècles (vers des pays arabes par exemple).
Il y a des leçons de l’Histoire qu’il est bon de connaitre.
Mais, les lois mémorielles n’ont qu’un but : diviser les Français.
Or, il me semblait que l’orientation de Marine Le Pen (et de Philippot), c’est de les rassembler qu’ils viennent de droite ou de gauche, quelle que soit leur position sur des événements du passé, face aux dangers actuels liés à la mondialisation ultra-libérale et à la construction européenne.
Michel Cardoze est un ancien journaliste de « l’Humanité », ancien candidat PCF aux législatives de 1968 (26 ans) contre Chaban-Delmas à Bordeaux.
Plus tard, chroniqueur météo à la télé (cf ses citations de Ramon Gomez de la Serna).
Plus récemment, il interviewait les politiques à Sud-Radio. Toujours avec beaucoup de correction, y compris (là les Apathie et autres Elkabbach pourraient en prendre « de la graine ») les dirigeants du FN.
Cardoze a donné son opinion sur cette proposition de loi, sur les réactions de ceux (Harlem Désir par exemple ou Alexis Corbière) qui y ont vu « une connivence » UMP/FN.
Cardoze rappelle d’autres massacres : Louis XIV au Palatinat ou la famine organisée par Staline en Ukraine.
Si on veut faire des lois sur tout cela, il conclut : « trop de génocides tue le génocide ».
http://www.bvoltaire.fr/michelcardoze/a-quoi-peut-bien-servir-harlem-desir,9230