« Ah non, moi je veux plus jouer avec tous ces méchants de droite! » aurait affirmé le député pro-voile en claquant la porte


Que s’est-il passé dans notre bon pays pour que, en pleine crise sanitaire et à l’aube d’une crise économique, sociale et sans doute démocratique, les chaînes d’information continue fassent un événement politique du départ d’Aurélien Taché de LREM ? La mise en scène de ce séisme politique de magnitude 0,000001 pose véritablement question.

On me reprochera sans doute d’en rajouter une couche dans ces colonnes, et d’une certaine manière, on n’aura pas tort. Sauf qu’il n’est pas véritablement question ici de traiter du départ du député communautariste Taché de LREM en tant que tel, mais de faire état de ma perplexité.

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La gauche bébête ne pèse pas grand chose

Aurélien Taché en fait, ne représente rien. Il n’a aucun poids politique. Il n’aurait jamais pu être député sans l’arrivée d’Emmanuel Macron, son « nouveau monde », et le recrutement des candidats LREM via envoi de CV à Jean-Paul Delevoye. Dans cette distribution cinématographique, il fallait de tout. De la juppéiste étant passée par toutes les écuries UMP-LR comme Aurore Bergé, de la « grande gueule  populo RMC » comme Claire O’Petit, mais aussi de la « gauche bébête » comme Aurélien Taché ou Guillaume Chiche. Arrêtons-nous un moment sur cette dernière. Taché est né en 1984. Au moment où la gauche mitterrandienne avait entamé sa mue. Adieu, rupture avec le capitalisme, nationalisations, ouvriers et Chevènement. Bonjour l’Union européenne, l’alignement sur l’Allemagne, SOS Racisme, Pierre Bergé et Jacques Delors. Taché, né en 1984, est de la génération abreuvée des sitcoms d’AB productions, Hélène et les garçons et leurs interminables discussions cul-cul-la-praline à la « Cafèt’ » ainsi que des odieux « Musclés », symboles de l’hétéropatriarcat tournés en dérision. Il n’est donc pas fortuit que Taché ait pris parti pour le hijab, comparé à l’occasion au « serre-tête des petites catholiques », ni qu’il ait expliqué son dégoût de l’État-nation et sa volonté de le voir disparaître dans une Europe plus vaste et tolérante, ni, enfin, qu’il soit un partisan de la GPA. Il n’est guère étonnant non plus qu’en bon partisan du laisser-faire, il ait voté les lois de Pénicaud sur le travail.

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Taché en route pour le monde d’après!

Alors pourquoi quitter LREM et intégrer l’éventuel nouveau groupe parlementaire qui pourrait réunir une pelletée de déçus du macronisme ? Taché craint l’après-Covid 19. Il craint autant la prise de pouvoir de la frange venue de la droite (Philippe – Le Maire) que des murmures chevènementistes à l’oreille du président. Si c’est pour ajouter des frontières, ne plus penser aux enjeux sociétaux, privilégier la reconstruction d’une industrie aux dépens de l’écologie, très peu pour lui. Lorsqu’il emprunte (volontairement ?) la formule de Michel Houellebecq sur le monde d’après qui « risque d’être le monde d’avant en pire », le pire n’a pas les mêmes atours que ceux auxquels pense l’écrivain réac préféré des Français. C’est même tout le contraire. D’ailleurs, Taché pourrait faire un excellent second rôle d’anti-héros dans un roman houellebecquien.

Reste à savoir ce que cachent la construction d’un nouveau groupe parlementaire et la mise en scène d’un tel porte-drapeau. S’agit-il d’un coup de billard à trois bandes décidé en Très haut lieu et destiné à enquiquiner un Premier ministre prenant un peu trop d’importance ? Ou s’agit-il d’une initiative en réalité sciemment pilotée par des seconds couteaux et des conseillers élyséens et ministériels désœuvrés, afin d’aider le président contre lui-même, dans un contexte de débâcle de la majorité ? Nous aurions plutôt tendance à privilégier la seconde hypothèse.

Nous laissons au lecteur le soin de déterminer s’il s’agit de la plus pessimiste ou la plus optimiste.