La démocratie directe, c’est pas son truc

 

Nicolas Sarkozy fait parler de lui en Suisse. Hier après-midi, le quotidien helvétique Le Matin rapportait que l’’ancien président aurait eu des mots plus que désobligeants envers le système politique de la Confédération, le qualifiant « d’inefficace » et lui reprochant sa volonté de ne pas intégrer l’Union européenne. En fait, le scoop, à l’origine, n’est pas du Matin mais du Sonntag Blicks, hebdomadaire très populaire du côté de Berne. D’après le rédacteur en chef d’un autre journal suisse avec lequel j’ai pu échanger, Le Matin n’a pas laissé l’occasion de titrer sur ce scoop, en faisant réagir l’un des protagonistes de la réunion organisée sur les hauteurs d’Interlaken.

Nicolas Sarkozy ayant demandé que la presse et les journalistes de télévision ne soient pas conviés à l’événement, il pensait pouvoir parler librement. Il s’est donc laissé aller à ces considérations peu amènes sur le système politique suisse. S’il n’a pas explicitement attaqué la démocratie directe, véritable pilier de la démocratie suisse, le cœur y était. On sait en effet très bien que sans elle, cela ferait belle lurette que les Suisses seraient membres de l’UE, et peut-être même de l’euro. On sait aussi la considération que Nicolas Sarkozy porte aux consultations directes des peuples. Sur cette question, il a toujours été plus proche de Jean Quatremer que de Patrick Buisson.

Toujours est-il que cette intervention n’a pas eu l’heur de plaire à  Adolf Ogi, ex-président de la Confédération, lequel lui aurait vertement expliqué que la démocratie suisse n’avait guère de leçons à recevoir en la matière. Il faut également tenir compte de la popularité d’Adolf Ogi en Suisse, qui tranche avec le sentiment assez répandu là-bas que les Français les prennent un peu de haut, alors que ce sont bien les Helvètes qui habitent à la montagne.

Le papier du Matin a évidemment eu de l’écho en France. C’est là que cela devient encore plus drôle. Car on a assisté à un concert de sifflets sur les réseaux sociaux contre Nicolas Sarkozy, qui a une nouvelle fois ridiculisé la France à l’étranger par son comportement  irrespectueux. Mais la plupart de ceux qui ont trouvé là l’occasion de se payer Sarkozy conspuaient il y a peu la démocratie directe suisse, qui permet à ses citoyens de refuser des minarets ou de limiter l’immigration. L’antisarkozysme moutonnier a ceci d’absurde que ses pratiquants s’attaquent à un Sarkozy en phase avec leurs convictions européennes et leur aversion pour la souveraineté de peuples forcément dangereux.

1 commentaire

  1. Bien dit ! Sarkozy est le traître en chef qui a craché sur la nation française avec Lisbonne : c’est pour ça que je n’ai pas voté au second tour de la dernière présidentielle et je m’en félicite tous les jours. Un européiste vulgaire a été remplacé par un vulgaire européiste… mais je n’y suis pour rien !

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