Réponse à Jérôme Leroy

J’ai lu. J’ai regardé quel était l’auteur. J’ai même appelé la rédaction pour savoir s’il n’y avait pas erreur sur ce dernier. Et puis non… C’était bien le camarade Leroy qui avait signé ce papier. Mais j’imagine que ce doit être sous la torture ; ce n’est pas possible autrement. En fait, c’est surtout le premier paragraphe qui m’a mis sur le séant. Voilà que l’auteur nous explique qu’en cas de primaire UMP, il ira voter – et je ne lui en voudrai pas parce que j’ai fait exactement la même chose pour le PS en 2011-  mais qu’en sus, il donnera sa voix au candidat du triumvirat (Juppé ou Fillon) qui serait  « moins à droite » qu’un représentant de la ligne aujourd’hui représentée par Henri Guaino, Rachida Dati, Laurent Wauquiez et Guillaume Peltier. Il ajoute – et c’est à ce moment là que j’ai cru à l’écriture sous la torture – qu’il voterait donc pour le représentant d’une ligne « centriste, européenne et raisonnablement libérale ».

 

Alors que Henri Guaino, le plus charismatique des mousquetaires de Valeurs Actuelles, a défié cette ligne pendant les élections européennes, refusant de voter pour Alain Lamassoure en expliquant que c’est au nom de la détestation de l’Europe telle qu’elle se construit depuis trente ans, pourfendue par Jérôme dans une bonne centaine de papiers sur Causeur. Que Jérôme se sente plus proche de Juppé que de Guaino, c’est déjà un peu fort de café. Après tout, Juppé, c’est la même politique que Valls, la calvitie en plus. Mais alors Fillon… Il a lu, Jérôme, les propositions de l’ex-Premier ministre dans L’Express ? L’ancien chef de gouvernement de Sarkozy ne propose pas moins qu’un choc thatchérien, sans l’euroscepticisme de la Dame de Fer, seul côté qui aurait normalement pu nous le rendre, Jérôme et moi, un peu

sympathique. Le plus à droite, le plus libéral économiquement –et je passe sur ses propositions remettant en cause le droit du sol, que Guaino ne cautionnerait jamais – c’est incontestablement François Fillon.

 

Mais Jérôme, ou celui qui se fait passer pour lui, pourrait me rétorquer : « Il n’y a pas que Guaino ». Passons sur Rachida Dati, qui semble totalement coller à la ligne du député des Yvelines, et ça ne date pas d’aujourd’hui puisqu’elle avait déjà manifesté un véritable élan de sympathie pour les idées de Dupont-Aignan. Terminons par Laurent Wauquiez qui traîne aujourd’hui dans les milieux de gauche une très mauvaise réputation pour avoir un peu fricoté avec Patrick Buisson. Il s’agit d’un exemple très intéressant. J’évoquais son cas avec un chercheur spécialiste de la droite pas plus tard que samedi et il me faisait remarquer que le député de Haute-Loire, bien qu’ayant souvent rencontré Buisson, n’évoque jamais les thèmes identitaires. En revanche, il parle de « décadence ». En fait, il regrette un peu le « monde d’avant ». Un Leroy de droite, en somme. Reste Guillaume Peltier et là, effectivement, je comprends que Jérôme puisse être rebuté par son parcours et son style, mais reconnaissons que ce dernier  joue les utilités. D’ailleurs, son nom est cité dans des histoires de formations vendues à prix d’or à des mairies UMP du sud de la France et il pourrait bien disparaître du paysage politique.

 

Franchement, un communiste maintenu qui voudrait voter à une primaire UMP ne peut que préférer un duo Guaino-Wauquiez à Fillon ou Juppé. Dans le cas contraire, il jouerait vraiment à la politique du pire. Il est pour tout dire étonnant voire incompréhensible que Jérôme se soumette à la grille de lecture droite-gauche des médias mainstream, ce qui le conduit aussi à tomber dans  le piège que lui tend Laurence Parisot, dont récent le volte-face autour de la question du SMIC est à mettre sur le compte de sa volonté d’exister dans les médias, alors même qu’elle incarne encore plus que Gattaz  la politique contre laquelle Jérôme lutte avec talent depuis que je le lis dans ces colonnes.

 

2 commentaires

  1. Purée ! Je rentre d’un voyage au Viêt Nam où je m’étais lavé la tête de toute la politicaillerie française, je crois que je vais y retourner…

  2. Dans la même veine, je viens de lire un tweet de Clémentine Autain sur le site « On refait le monde (RTL) ».

    Tweet relativement sympathique pour Fillon : « Fillon veut être rassembleur, il veut apaiser. Mais on ne voit pas ses projets pour la France, quel UMP il veut incarner » (21-07 à 19h41).

    Aux municipales, le PCF a fait des alliances à géométrie variable (soit Front de Gauche, soit avec le PS). Les électeurs en ont donc conclu qu’il faisait partie du même monde que le PS, d’où en grande partie le résultat calamiteux du FdeG aux européennes.

    De plus, les positions du FdeG sur l’Europe sont ambiguës (1). La campagne des Européennes l’a prouvé, J. Leroy et C. Autain en apportent une preuve supplémentaire.

    Le Parti de la Gauche Européenne, dont fait partie le FdeG (président actuel de ce PGE : Pierre Laurent), avait présenté un candidat à la tête de la commission de Bruxelles : le grec Alexis Tsipras.

    Finalement, Tsipras, comme le PSE (dont fait partie le PS) s’est rallié à la candidature Juncker (candidat du PPE dont fait partie l’UMP).

    Les communistes feraient bien de s’inspirer de cette phrase de Lénine : « quand ceux d’en bas ne veulent plus et ceux d’en haut ne peuvent plus, alors une révolution peut se produire ».

    Or, nous en sommes là.
    Et le PCF et le gros du Front de Gauche (cf l’ex NPA C. Picquet) (2) font tout pour se placer avec « ceux d’en haut » (3). Et après, ils s’étonnent de voir l’électorat populaire les abandonner.

    (1) Comme le montre Aurélien Bernier, en 1997, le PCF s’est « couché » sur l’Europe pour « aller à la soupe » ministérielle.

    (2) Pierre Laurent semble être un nouveau Robert Hue. Christian Picquet, lui, ressemble à Henri Weber autrefois fondateur (avec A. Krivine) de la LCR, aujourd’hui sénateur PS pas « frondeur » du tout.

    (3) Pour le moment, Mélenchon semble échapper à cette dérive. Mais, j’hésite sur son compte : opinion profonde ou tactique ?

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