Toutes ces histoires et polémiques autour de la sortie, de la promotion et du succès du dernier livre d’Eric Zemmour ne sont pas complètement inutiles. Elles comportent l’avantage de me faire ressentir une jolie palette de sentiments. Ainsi, je suis passé de la tristesse à la consternation puis de la consternation à la totale hilarité en quelques jours.
Tristesse d’abord, en écoutant Eric Zemmour à l’occasion des prestations promotionnelles de son livre, que nos chemins politiques avaient sacrément divergé. J’avais déjà manifesté lors de la sortie de Mélancolie française des désaccords profonds. Que l’éditorialiste continue à clamer son « toutéfoutu » depuis cinq ans –c’était là notre divergence fondamentale- passe encore. Mais qu’il se lance dans une réhabilitation de facto du Maréchal Pétain, on a davantage de mal à l’avaler. En offrant un certificat de patriotisme à l’homme de Montoire, il parachève la réécriture de l’Histoire lancée par Chirac au Vel’ d’Hiv’ en 1995, piétinant la ligne imposée par le Général et poursuivie par ses successeurs jusqu’à François Mitterrand De Gaulle fait la toupie dans sa tombe, et moi, je suis d’autant plus triste que je sais Eric Zemmour sympathique et brillant.
Consternation ensuite, en constatant l’hystérie autour du livre de Zemmour, et tous les trépignements qui vont avec, entre ceux qui le traitent de « crétin fini », ceux qui lui demandent si son épouse ne le trouve pas un peu misogyne (de quoi j’me mêle), ou les unes de Libé qu’on croit subventionnées par Albin Michel. L’éditeur peut se passer d’attachés de presse, les contempteurs systématiques de Zemmour s’en chargent. Et ont réussi à le propulser en tête des ventes, alors que l’auteur, comme je viens de l’expliquer, n’est plus à son meilleur.
Hilarité enfin, en ce lundi, lorsque nous avons pris connaissance d’un tweet de SOS Racisme. L’organisation créée par Julien Dray et Harlem Désir et présidée aujourd’hui par Dominique Sopo a en effet tweeté solennellement une déclaration de Charles Pasqua, qui tançait Zemmour à propos de ses récentes acrobaties.
SOS qui tweete Pasqua ! Se trouverait-elle des « valeurs communes » avec le ministre de l’Intérieur des cohabitations mitterrandiennes ? Comme aurait dit Thierry Roland : « Après avoir vécu ça, on peut mourir tranquille ; enfin le plus tard possible, mais bon… ». Je suis aux aguets. J’attends les ticheurtes du MJS « Monsieur Charles For Ever » et « I love Charlie ». Et je me réjouis. Avoir été colistier de Pasqua, depuis hier, c’est hyper sexy !
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Effectivement, Zemmour n’est plus l’anti-conformiste modéré séguino-chevènementiste de jadis, il a évolué comme le reste de la société et est pratiquement le seul à la TV ou à la radio de parler de l’immigration et du Grand remplacement.
Il n’a jamais eu autant de succès car il n’a jamais été autant en phase avec le sentiment des français et jamais autant honni par le système médiatique.
Et maintenant les « artistes » s’y mettent aussi. De Akhénaton à Omar Sy, c’est à savoir lequel prononcera le plus de fois le nom de Zemmour. Le cadeau : un abonnement annuel à Canal Plus. Ouais, génial !!!
Le Z les rend tous dingues, à moins que ? mais c’est bien sûr ! tous les journaux de gauche sont à la ramasse financièrement, et même en état de mort clinique pour Libé, alors il convient de se raccrocher aux branches : le Zemmour est très tendance, même et surtout s’il est tendancieux : çà rapporte coco !!!.
Il est aussi faux que scandaleux de dire qu’Eric Zemmour se livre à une « réhabilitation du Maréchal Pétain ». Il ne fait que reprendre ce qu’a démontré l’historien juif Alain Michel dans son livre « Vichy et la Shoah, enquête sur le paradoxe français », livre préfacé par Richard Prasquier, ex président du CRIF, que visiblement ni Pasqua, ni David Desgouilles, ni ceux qui reprennent cette antienne de réhabilitation n’ont lu. Dommages pour eux ! Il y a des vérités qui dérangent, ce n’est pas une raison pour leur faire dire ce qu’elles ne disent pas.
Quand Eric Zemmour, sur un plateau de télévision, explique que Pétain a sauvé des juifs « par souci de la souveraineté nationale », j’appelle ceci une réhabilitation.
Affirmer que l’homme de Montoire puisse avoir été un défenseur de la souveraineté, c’est même aller plus loin que Chirac, ou Valls récemment, qui déclaraient que « Vichy c’était la France ».
Est-ce Zemmour qui a attribué à Pétain le « souci de la souveraineté nationale » ?
Dans « ça se dispute » de la semaine passée, il avait une opinion négative du régime de Vichy sur ce plan-là.
Je crois plutôt que Zemmour reproche à ceux qui reprennent la ligne Paxton d’amalgamer Vichy et le souverainisme.
Il y a un courant historique pour qui le nationalisme français de la fin du XIXe et du début du XXe siècle serait à l’origine du fascisme et du nazisme.
À sa façon, pas toujours adroite, Zemmour s’oppose à ce courant.
Les amalgames ont la vie dure.
Ainsi, lors de la dernière campagne européenne, les européistes amalgamaient systématiquement au FN tous ceux qui sont opposés à l’UE telle qu’elle a été constituée par les traités de ces 30 dernières années.
Lors de son passage à « On n’est pas couché », Rama Yade, à court d’arguments, accusa Natacha Polony de « défendre les idées du FN ».
Cette dernière répliqua qu’on pouvait critiquer l’UE sans être pour le FN, citant Dupont-Aignan, Chevènement ou Mélenchon.
Quelques jours plus tard, sur RMC (chez Bourdin), Jean-Luc Laurent, président du MRC (Chevènement en est le président d’honneur) justifiait son appel à l’abstention.
Corinne Lepage, présente au même moment (connue pour être allée aux « soupes » de Chirac puis Bayrou, puis Hollande) accusa le MRC de « rouler pour le FN ».
Ah, eh ben, j’ai du mal à l’avaler celle-lá: Valls aurait declaré que « Vichy, c’était la France »….J’ai dû manquer un èpisode comme on dit maintenant…
Et personne n’a réagi au pays des Droits de l’Homme ?… Même pas notre nouveau gaulliste de Sarko ?….
Bizarre !
Et le Valls qui se décerne des brevets d’antifascite espagnol républicain catalan, anti-Franco, ca l’a fout mal.
Mais, après tout, c’est peut-être logique pour quelqu’un qui a été élevé dans la Mitteranderie. Si Mitterand,était á Vichy, alors Vichy, c’est la France, C.Q.F.D.
Ceci dit, effectivement, Zemmour s’éloigne de moi chaque jour un peu plus.
Ah là, là… C’est ici qu’on voit que l’histoire c’est quand même un métier… Pitié ! Ne dites plus rien sur VIchy, c’est pitoyable. Commencez déjà par lire le bouquin de Michèle Cointet, La Nouvelle Histoire de Vichy, qui fait une excellente synthèse, et après on en reparle…
Je suis globalement d’accord avec Zemmour, mais il est parfois excessif. Je pense en particulier à ses positions sur les femmes. Comme écrit Natacha Polony dans « ce pays qu’on abat » : il ne faut pas amalgamer femmes et féministes, homosexuels et lobby gay, musulmans et islamistes radicaux, …
Ceci étant, l’ancien membre du PCF que je suis a été très intéressé par ce qu’écrit Zemmour de la page 198 à la page 207 de son livre.
Cette partie est intitulée : « Marchais en dernier des gaullistes ».
Il est fait allusion aux positions du PCF (sous Marchais) de 1977 environ jusqu’à l’échec du candidat PCF le 26 avril 1981 (1er tour de la présidentielle).
Je trouve l’analyse de Zemmour très juste sur ce sujet. D’ailleurs, il me semble qu’il y a quelques années, David Desgouilles avait, sur ce blog, montré certains aspects « gaulliens » de la campagne de Marchais en 1981.