« Trois questions à »…  Hanna, jeune militante de l’UMP

Hanna est une jeune militante francilienne de l’UMP, très active sur le réseau Twitter. Fan d’Audrey Hepburn, de la NBA et d’Henri Guaino, elle nous livre sa vision de la campagne interne pour la présidence de son parti.

David Desgouilles – Depuis quand êtes-vous militante à l’UMP et pourquoi y avez vous adhéré ?

Hanna – Je suis militante depuis les cantonales 2011, mais sympathisante depuis 2007. J’ai adhéré parce que je me sens concernée par la vie de ma ville, de ma région, de mon pays. Je voulais m’engager pour construire la société de demain. C’est l’UMP qui  me donnait le plus de garanties. En son sein, je me sens apte à accomplir cette volonté.

DD – Comment avez-vous vécu la campagne interne pour la présidence de l’UMP ? Sur Twitter, on vous a senti agacée à plusieurs reprises.

Hanna– Je suis consciente qu’après la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, l’UMP a besoin de se reconstruire, de reconstruire une ligne, et de retrouver un(e) leader. Cette élection démocratique est bien plus satisfaisante qu’une nomination dans une petite pièce, entre trois personnes qui ne prennent pas la peine de consulter les militants.

Ce que je déplore cependant, c’est la tournure des évènements : la campagne a démarré très tôt, témoignant d’une bataille d’egos davantage que d’idées. Il faut dire que les idées restent majoritairement les mêmes (si tant est qu’on ait été témoins d’une campagne sur le fond), et qu’au final, on vote pour une personnalité.
La campagne a très vite tourné au règlement de compte, aussi bien d’un coté que de l’autre, ce qui, à mon sens, dénature profondément l’objectif de cette élection.
Ce qui m’a également profondément déçue, c’est cette bataille pour savoir qui sera le plus sarkozyste, qui aura la droite la plus décomplexée, ou la droite la plus rassembleuse. Au final, ceux qui sont perdants, ce sont les militants baladés, considérés comme des « claques », mais surtout c’est l’UMP qui perd en crédibilité et en idées.
N’oublions pas de préciser les harcèlements constants au niveau des textos, des mails et maintenant des appels téléphoniques. En tant qu’adhérents, nous savons depuis plusieurs mois qu’une élection aura lieu en novembre pour élire le nouveau président de l’UMP ! Autant de messages  symptomatiques de candidats peu sûrs d’eux, et qui au final, semblent se rendre compte qu’ils ne convainquent pas. Je me sens moins concernée par cette élection que par mon devoir d’opposition qui a démarré le 6 mai.
Aujourd’hui, bien que profondément à droite, je ne me reconnais dans aucun des deux candidats. Selon moi, le futur président de l’UMP doit être un leader naturel. Ce n’est pas le cas, c’est dommage.
Et je sais que je ne suis pas la seule dans ce cas là. Cela doit expliquer qu’il y ait autant de messages qui nous sont envoyés.

DD – Dois-je en conclure que vous ne voterez pas demain ou que vous glisserez un bulletin blanc dans l’urne ?

J’avoue que ce soir, veille de scrutin, je n’ai toujours pas fait mon choix.

J’ai pensé  ne pas aller voter, mais voter reste fondamental et un des seuls moyens qu’on ait pour exprimer notre opinion.
Aujourd’hui, la ligne stratégique de l’UMP n’est plus forcément en phase avec les idées des militants, et il est essentiel de prendre la parole les rares fois où on nous la donne et nous écoute. D’où l’intérêt du vote pour les motions, principal élément de motivation de mon déplacement jusqu’à l’urne (Je penche plutôt pour « la boîte à idées »[1. Motion soutenue par Benoist Apparu, Hervé Gaymard et Gilles Carrez, notamment])
Finalement, mon choix pour la présidence de l’UMP se fera dans l’isoloir et par défaut…

20 commentaires

  1. Elle est bien naïve la demoiselle ! Comment s’étonner qu’il ne puisse s’agir que d’une querelle d’égo pour diriger un parti qui n’est que le croupion de centre-droit de Messieurs Barroso et van Rompuy, les impuissants au pouvoir ? Le PS n’est que le croupion de centre-gauche de ces gugusses.
    Si elle veut faire de la politique, qu’elle vienne à DLR ! Quant à « être active sur twitter », ça rime à quoi ?

  2. @Le Rouméliote
    Le militantisme sur twitter n’est pas si futile que cela. C’est un réseau très observé par les journalistes parisiens qui y prennent la température. Les tendances de twitter, on les ressent ensuite très souvent dans leurs papiers. Lesquels ont tout de même une influence sur ceux qui les lisent et les écoutent.
    Certes, cela ne vaut pas le contact direct avec l’électeur mais cela participe tout de même au combat politique.

  3. Assez d’accord avec Le Rouméliote.

    Twitter est bien observé par les journalistes parisiens.

    Mais qui twitte généralement ? Les classes moyennes, les modernes (ou les post-modernes) ou les gars de la MIF.

    Le peuple, les milieux populaires y sont très peu présents.

    Ne faisant plus de politique, dans le sens d’être encarté dans un parti, mais du syndicalisme à la CGT, je n’ai jamais été incité à aller sur ce réseau.

    On me dira que la CGT représente peu de chose. Seulement un peu plus de 700000 adhérents. Qui dit mieux ?

    • @Lejeun

      Et les journalistes parisiens sont ensuite écoutés par tous, y compris par les adhérents de la CGT…

  4. @ Le Rouméliote,
    Non seulement, elle est naïve pour ne pas comprendre qu’il ne peut s’agir effectivement que d’une bataille d’égos, mais elle me parait aussi bien inconséquente dans ses choix politiques. Que penser de quelqu’un qui n’aime pas le parti où il / elle milite ?
    Enfin, l’interview a le mérite de nous montrer la perplexité des militants UMP, ce qui n’est pas si mal.

  5. Soyons réaliste, Hanna a bien résumé la situation, loin de tout angélisme. Sarkozy c’était l’engagement et le pragmatisme.
    Là, on a un peu l’impression que quel que soit l’élu il sera hémiplégique.
    Quand on aime le café, on ne peut se consoler avec un déca.
    C’est ce que l’on demande aux adhérents de l’UMP.

    Aussi, il va falloir faire un choix par défaut celui d’un Président de l’UMP qui aura la tâche de fédérer et de donner une direction avec en ligne de mire 2014 qui est la seule échéance réelle aujourd’hui !

  6. Vous croyez que c’était beaucoup mieux les militants à 20€ au PS en 2007? Et les primaires ouvertes de 2011 pour la présidentielle?
    L’UMPS, ce sont deux écuries présidentielles où dans les deux cas, les candidats sont d’accord sur l’essentiel: l’Union Européenne et le libre-échange. Dès lors, seule la guerre des égos tient lieu de débat; lautant dire qu’il n’y en a pas, vu que Fillon et Copé sont interchangeables.

    Cette jeune demoiselle est l’archétype de la militante d’aujourd’hui: elle « gazouille » mais ne rencontre aucun électeur pendant les marchés du dimanche. Côté idées, on nage en plein apolitisme: en la lisant, je suis incapable de dire en quoi elle croit; elle me fait regretter les Jeunesses Communistes de mon adolescence!!

  7. Merci pour tous ces mots doux.

    D’une je suis toutes les semaines sur les marchés donc on arrête un peu de dire des bêtises et de juger dans connaître.

    J’aime mon parti, mais quand on aime on ne dit pas que des gentillesses on essaye d’être un minimum auto critiques. Rien n’est parfait, et il faut savoir dénoncer les dysfonctionnements, ce que je fais ici. Et cela n’engage que moi.

  8. @Hanna,
    je suis admiratif de votre discipline de parti, mais à ce jour, je ne sais toujours pas quelles idées vous défendez…
    Aimer son parti est une chose, savoir quelle cause on défend me paraît autrement plus constructif: en dehors de l’UE et du libre-échange, que défend l’UMP à l’heure actuelle?

    Ce que vous dites de votre futur chef est d’autant plus désolant que, si même les militants UMP ne se reconnaissent pas en lui, que doivent alors en penser les futurs électeurs? Le charisme d’un chef est une chose, ses idées ont sont d’autres: or, ici c’est le néant!!

    • @CVT

      Ce n’était pas l’objet de cette interview courte et dont le sujet principal était l’élection interne à l’UMP. Je précise que j’avais moi-même demandé une réponse courte à Hanna pour la première question dont je ne doute pas qu’elle ait des convictions profondes même si je ne les partage pas toujours.

      • @David Desgouilles,
        l’élection interne de l’UMP n’intéresse pas grand monde pour diverses raisons qui sont connues de tous:
        – absence d’idées (je ne cesse de le dire!!!), d’où ma question sur les convictions politiques de la jeune militante.
        – querelles d’égos (c’est cynique je sais, mais là, c’est normal).
        – défaite présidentielle trop récente donc pas de recul ni examen de conscience: on a l’impression que Sarkozy est toujours dans les têtes des militants! Peut-être aurait-il fallu reporter ces élections militantes d’un an.
        Ce que soulève comme problème, c’est pourquoi ni les militants ni les électeurs ne peuvent se retrouver dans l’UMP!

        • Je sais très bien que cette élection ne recouvrait pas de clivages idéologiques mais était seulement affaire de style. Je l’ai écrit moi-même dans un texte, ce qui m’a d’ailleurs valu une citation dans la revue de presse d’Europe 1.
          Mais avouez qu’interroger une militante interloquée samedi soir ne manquait pas de flair !

  9. Oui enfin les futurs électeurs… D’ici à 2014, il y a encore du temps.

    Avant de réparer et de faire campagne, on fait un diagnostic de ce qui existe. Voici le mien. Après on approuve ou pas, on aime ou pas, ce n’est plus mon problème, je me suis exprimée.

    Et nous sommes bien d’accord, nous n’avons pas vu d’idées lors de cette campagne. Ce qui explique certains des premiers résultats. Dans tous les cas, les idées, cela se construit. J’ai confiance en mon parti qui retrouvera le « droit chemin » des idées, du fond.

    • @Hanna,
      Vous l’admettez, vous n’avez pas d’idées! Pourtant, il me semble qu’un parti qui se revendique gaulliste aurait dû en avoir, non?
      Une idée, que dis-je, une idéologie (un gros mot, je sais…), ne peut se construire que si elle porte en elle une vision de la société et du monde. Or depuis la mort du Général De Gaulle, je ne vois pas quelle conception du monde les avatars successifs de l’UDR, à savoir le RPR puis l’UMP, ont défendu.
      Par contre, ces partis ont servi d’écuries présidentielles pour J.Chirac et N.Sarkozy. Attention, mon observation vaut également pour le PS avec F. Mitterrand et F.Hollande! Dans les deux cas, la conquête du pouvoir a été une fin plutôt qu’un moyen de mettre en pratique des idées qui soient au service des citoyens.

      Concernant 2014, c’est demain!! Vu l’impopularité abyssale du gouvernement, il est logique pour les caciques de l’UMP de se placer pour préparer des alternances régionales et municipales. Je doute donc qu’il reste du temps pour débattre des idées de fond…

  10. Le programme UMP est chômage, pauvreté, délinquance, déroute morale, immigration importante que l’on ne veut pas assimiler. Que les vieux, par usure, et les aisés, par intérêt, votent pour ça, je comprends. Mais militer, passer du temps, pour atteindre ces objectifs, je ne comprends pas.

  11. Je ne partage pas forcément toutes les convictions politiques d’Hanna, même si je me sens très proche de certaines, et clairement je suis fier, admiratif et reconnaissant aux jeunes qui s’engagent, qui militent, qui s’investissent dans la vie de la cité. Il est indéniablement facile de critiquer, d’invectiver derrière son écran bien plus que de réfléchir et d’agir !
    S’investir pour le bien de tous n’est pas choses faciles surtout quand le spectacle des egos des leaders est désolants ou quand la victoire n’est pas forcément au rendez-vous des combats politiques.
    Bravo et merci Hanna !

  12. @DD,

    Je serais reconnaissant aux jeunes pops qui militent à fond les ballons pour l’UE et la mondialisation heureuse à l’aplomb du soleil blanc et pur de l’Athènes majestueuse, de nous parler de ces deux ou trois penseurs politiques – même des morts, si si – qui les conduisent à militer à l’umpe.

    En ce qui me concerne, je dirais : Crockett et Jones (fondateurs méconnus de la IIIème internationale), A. Bréguet (socialiste croate du 4ème siècle), Stark et Sons (inventeurs de la moissonneuse batteuse à double battant et du plan quinquennal), Roger Harth et Donald Cardwell (solidaristes néo-révolutionnaires du milieu de la fin du second Empire).

    Merci pour ces réponses qui ne manquerons pas d’affluer.

  13. @pvertanessian
    On ne critique pas le courage d’Hanna et c’est effectivment très bien que des jeunes s’engagent. Ce n’est pas ça qui étonnne les internautes, mais plutôt le décalage entre cet engagement et ces efforts, et ces gens qui n’en valent apparemment pas la peine. Quant à l’argument selon lequel : « la critique est aisée mais l’art est difficile », je crois que beaucoup de ceux qui laissent des commentaires sur ce site, sont aussi des acteurs politiques.
    A bon entendeur.

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