Si l’élection présidentielle de 2007 est importante pour notre avenir, nul doute qu’une bonne partie de ce dernier se joue aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Paris. Le procès intenté par l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) et par la Mosquée de Paris au Journal Charlie Hebdo revêt un caractère absolument décisif. Du délibéré dépendra notre Liberté.
Plus de deux siècles après la Révolution française, plus d’un siècle après la séparation des égllises et de l’Etat, une condamnation du journal signifierait un recul extrêmement grave des libertés publiques, un retour du délit de blasphème qui sonnerait le glas du modèle laïc français. Soutenues notamment par le clergé catholique, les organisations musulmanes tentent de rétablir ce délit au mépris non seulement de l’Histoire mais aussi de la Géographie. Nous ne sommes pas avant 1789 en France. Nous ne sommes pas non plus en 2007 en Arabie Séoudite, ni dans certains Etats américains. Si la Justice devait leur donner raison, nous entrerions dans un engrenage infernal. Si on ne peut plus critiquer ni caricaturer les religions au motif que cela peut blesser des individus ou des groupes d’individus, pourquoi pourrait-on le faire pour les partis politiques ? Pourquoi aurions nous le droit de moquer certains chanteurs passionnément adorés par des foules ? Pourquoi laisserions nous les Guignols s’amuser des déboires de certains clubs de football ? Ils sont parfois soutenus par des supporteurs tout autant susceptibles…. De même, faire circuler des blagues sur les blondes sur internet deviendra t’il répréhensible ?
Cette demande de rétablissement du délit de blasphème dont certains parlementaires (dont Monsieur Raoult), conscients de l’état de la législation actuelle (ce qui pourrait nous rendre optimistes pour le jugement du Tribunal parisien), veulent l’inscription claire dans la Loi, témoigne tout de même d’une susceptibilité suspecte au regard même des convictions religieuses des plaignants. Lorsqu’on a des croyances et convictions solides, on n’est pas autant ébranlé par des critiques et, surtout, par de simples dessins.