Chère Lana,

En 1999, tu étais fier de moi parce que je dénonçais les conditions dans lesquelles la France avait capitulé devant le diktat de Madeleine Albright. La secrétaire d’Etat de Bill Clinton était arrivée à la hâte à Rambouillet, pour bousiller l’accord obtenu par Hubert Védrine notamment. Les Serbes acceptaient le principe d’une force d’interposition au Kosovo à condition que cette dernière émane des Nations-Unies et qu’elle ne compte, ni contingent américain ni contingent allemand. No, ordonna Albright, ce serait l’OTAN et les Serbes n’avaient rien à dire. Fin de la négociation. Ce serait la guerre. On irait bombarder Belgrade. On a bombardé Belgrade, la capitale de ton pays natal, alors qu’on aurait pu l’éviter en tenant tête aux Etats-Unis. Mais Jacques Chirac, englué dans sa cohabitation mais sans doute aussi par conviction personnelle, ne fit pas pour Belgrade ce qu’il fit quatre ans plus tard pour Bagdad. L’ingérence était légitime. Les Serbes étaient forcément tous des bourreaux ; les Albanais du Kosovo tous des victimes. A la télé, à la radio, ce même refrain. Et moi, j’avais mal pour toi et pour tous ces Belgradois qui ne comprenaient pas l’attitude de la France. Mon pays, et le tien aujourd’hui, bombardait celui de ton enfance. Malgré cela, tu n’en voulais pas à ta nouvelle patrie. Parce que, notamment, tu savais qu’il y avait des Français, qui étaient aussi tristes que toi. Parce qu’un ministre de la République, maire d’une ville de notre région surplombée d’un lion sculpté par Bartholdi, faisait savoir combien cette capitulation constituait une erreur, demandant en conseil des ministres que sa remarque soit consignée pour l’Histoire. Bernard-Henri Lévy nous exhorta alors de sortir le « Chevènement qu’on avait dans la tête ».

En 2008,  la France ne se fit pas prier pour reconnaître le Kosovo. Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner, en caniches disciplinés des Etats-Unis violaient alors non seulement le droit international mais aussi les promesses faites à la Serbie neuf ans plus tôt. Modestement, j’avais rédigé une note sur mon blog pour protester. On entendit encore Chevènement bougonner. Quand nous en avions parlé ensemble, j’étais très ému. Encore une fois, tu n’en voulais pas à la France qui était devenu ton pays. Elle se fourvoyait mais au moins le faisait-elle avec le paravent de la défense des opprimés, et de la volonté des peuples de disposer d’eux-mêmes.  Parallèlement, Sarkozy revenait dans les structures intégrées de NATO, comme tu l’appelles. Logique, finalement, avec la capitulation de Rambouillet et la reconnaissance  de l’indépendance du Kosovo.

A chaque fois, Lana, il m’est apparu que tu étais davantage attristée par ce que tu entendais en boucle sur télés, radios et ce que tu lisais dans les journaux que par les décisions en elles-mêmes. C’est pourquoi, tu dois l’être davantage encore, aujourd’hui. On a bombardé Belgrade, et on hésite à bombarder trois ou quatre aérodromes militaires libyens. Nous disposons -ou disposions ?- d’une fenêtre pour donner un coup de main aux insurgés et nous jouons aux pucelles effarouchées devant le droit international et la souveraineté des Etats -à laquelle je tiens, chacun le sait- alors que nous les avons allègrement piétinés notamment au moment des deux épisodes auxquels j’ai fait allusion plus haut. Mouammar Kadhafi serait-il à ce point davantage sympathique que ne l’était Slobodan Milosevic ? Certes, BHL ressemble fort à ce Pierre du loup de l’histoire. Et moi-même, le considéré-je le plus souvent comme une boussole indiquant le sud. Mais s’il avait raison cette fois-ci ?  Si la tentation de Sarkozy était la bonne ? François Miclo a bien raison de fustiger le « Demerden, sie sich » de Merkel. Lorsqu’il fallut reconnaître unilatéralement la Croatie, précipitant la Yougoslavie dans le chaos, il y avait du monde. Pour faire le petit geste permettant de faire tomber Kadhafi, le numéro de Berlin que vous avez demandé n’est plus en service. Nicolas Dupont-Aignan -pourtant pas avare de critiques à l’endroit du Président- rappelait dans une tribune parue dans Libération en janvier, que l’anti-sarkozysme ne fait pas une politique. La manière dont le Président a tenté de mettre l’Allemagne au pied du mur la semaine dernière, constitue un sursaut salutaire. Même si je n’en déduis pas pour autant, comme l’ami François, que son quinquennat en soit frappé instantanément du sceau de la réussite, il n’est pas inutile de féliciter Nicolas Sarkozy d’être enfin conséquent. Le sera t-il, jusqu’au bout ? Osera t-il se passer de l’avis de ses partenaires ? Je l’espère aujourd’hui de tout cœur.

Si nous avons bombardé Belgrade, ma chère Lana, et que nous n’osons pas faire le minimum pour sauver la révolution libyenne en jetant quelques bombinettes sur des aérodromes, que pourrai-je bien te dire la prochaine fois  nous nous rencontrerons ?

Rien. Nous pleurerons ensemble.

15 commentaires

  1. Pour une fois je ne suis pas d’accord,David.Au nom de quoi faudrait-il intervenir dans ce qui s’apparente à une guerre civile? Kadhafi est certainement une crapule,les « insurgés » sont-ils nécessairement meilleurs? Bombarder Belgrade était une forfaiture,bombarder la Libye serait une bourde monumentale.

  2. d’accord avec szavay .. qui vous dit que les révoltés de benghazi sont de gentils démocrates pro-occidentaux ? Je me demande si, pour une fois, khadafi n’a pas un eu raison quand il voit la main d’aqmi derrière cette révolte.

  3. je vais écrire sans langue de bois,KHADAFI,,je m ; en FOUT et OUI
    combien de Français avons nous la bas?
    combien en avons nous en cote -d;ivoire?
    ente 7000 et 8000 compatriotes,sous un dictateur socialiste qui est condamné pars le monde entier et comme il a placer ses hommes a tout les niveaux,
    et est capable de tout,nos compatriotes sont en dangers
    SARKOZY comme toujours parle plus vite que son ombre,et c »est pas la premiere bêtise a son active,
    la France n »a pas de pétrole,mais de bonnes idées,,
    on va voir la suite,
    KHADAFI est un malade , schizophrénie;et ce fou,n »a pas la mémoire courte
    certains,attendais l;ONU,,,
    les USA sont passer OUTRE
    MAYOTTE, SARKOZY a passer OUTRE
    il y a tant de problème dans notre pays,mais notre président,veut se faire aimer du monde entier,
    mais chez lui,il est détester pars plus de 70% de son peuple,,
    la BIRMANIE? NIGERIA? COREE? CUBA? IRAN ? MADAGASQUAR ? ECT ECT faudrait intervenir partout;;
    EN AVONS NOUS LES MOYENS NON
    REMPLACER CE PANTIN PARS UN AUTRE PANTIN?
    on sait se qu’on a ;
    on ne sait rien sur celui qui arrive et souvent .il est pire que son prédécesseur,,,
    l »IRAN est un exemple
    l; IRAC c »est pas mieux,,attendons la suite des événements

  4. @David Desgouilles
    Une seule chose à faire, et je vais pas le répéter 150 fois, mais parfois je me demande si vous entravez correcte les copains : réactiver la fondation du 2-mars. Pas de « mais », REAC-TIVER !
    J’parle tamoul où bien ?
    Ce refus est un renoncement, de la lâcheté même. J’suis prêt à payer une cotise, jusqu’à 150€.

  5. Bonsoir David,

    Tout-à-fait d’accord;

    Comment accepter qu’un peuple se fasse massacrer par un tyran depuis quarante ans sans que la France réagiisse et soutienne cette population qui demande à bénéficier du pétrole dont regorge leur pays?

    Un dictateur qui n’hésite pas à faire tirer sur son peuple par une armée composée de mercenaires pour la plupart.

    Comme si Ben Laden et ses réseaux avaient toute liberté et facilité en Libye pour infilter puis embrigader la population.

    L’immense majorité des jeunes qui étaient les armes à la main rêvaient de vivre décemment et librement.
    Le devoir de la France était de les aider.

    Mais comme d’habitude Sarkosy s’est loupé.
    Il a hésité. Donc perdu un temps précieux. Puis a décidé de réunir les moyens nécessaires avec ses alliés européens et américains, après avoir négocié avec les pays arabes et africains la nécessité d’intervenir.

    Le problème est qu’il a tout sous-estimé. Son pouvoir de négociation. L’urgence de l’intervention. La capacité de Kadhafi à rebondir. Le manque de moyens de la France pour s’engager sur le terrain. Et au final il passe pour un prétentieux au petit bras; et Kadhafi va lui faire payer, nous le faire payer, très cher.

    Mais en recevant cette brute épaisse en décembre 2007 à Paris, répondant au désir de Kadhafi d’être réintéger dans la société internationale, il avait déjà commis une lourde erreur.
    Il vient de commettre sa deuxième erreur.

    Il fallait laisser le peuple en révolte mener son combat libérateur mais l’assister en moyens matériels, en renseignements et en conseils stratégiques et tactiques, et surtout en neutralisant les quelques avions libyens en état de voler.

    Sarkosy voulait profiter de l’occasion pour redorer son blason. Mais, sans forces militaires françaises puisque déjà mobilisées en Afghanistan, il ne disposait pas des moyens de sa politique. Désavoué même par ses « alliés », il a perdu sur tous les tableaux.

    Il reste donc égal à lui-même, incohérent et véléitaire; une calamité pour la France et les français.

  6. Bonjour,
    Pourquoi l’intervention en Lybie serait-elle plus morale que celle effectuée en Irak par les américains? Qui sont ces interlocuteurs mystérieux que personne ne connaît? Sommes nous donc si sur de nous battre que pour la démocratie? Notre refus d’appuyer nos « alliés » en Irak ne se paye-t-elle pas aujourd’hui?

    De même, je suis surpris, beaucoup de nos concitoyens ignorent qu’une forte proportion des armes de « Gadafi » proviennent de notre pays. Une forte coopération militaire s’en est suivie. Il est curieux qu’aucun journaliste n’en parle; ni même des possible retombées de notre prise de position « anti Gadafi ».

    Notre Président a fanfaronné. A l’écoute de ses paroles, je n’ai pas eu d’exaltation Gaulienne. J’ai pensé simplement à une cour de récréation. Un groupe de camarades chuchote à voix haute, « vas-y toi ! « , « dit lui ! », « allez quoi ! » et quand « le petit Nicolas » rougissant dit l’énormité, le groupe s’égaille, laissant le naïf seul contre l’adversité qu’il a créé…Voilà où le Marquis de Carabas nous entraîne. De plus en plus bas, de plus en plus seul….

  7. 1°- D’accord avec David Desgouilles sur ce qui s’est passé en 1999 (guerre du Kosovo).

    2°- D’accord pour dire que l’anti-sarkozysme ne fait pas une politique. Moi même, je n’ai pas été depuis 4 ans un critique systématique. Je constate même que l’anti-sarkozysme peut être une « ficelle » politicienne pour masquer un accord de fond avec lui sur les questions essentielles (c’est le cas du PS).

    3°- La critique du PS a un côté incohérent : ce parti veut intervenir en Libye, puis lorsque Sarkozy propose la même chose, il critique. Il avait fait cela sur le Mexique (suites de l’affaire Cassez).

    Mais, il y a un côté cohérent dans la culture de la SFIO, puis du PS depuis la Libération.
    – En 2011, le PS critique le discours « unilatéral » de Sarkozy.
    – En 2003, Jospin reprochait à Chirac de s’opposer à la guerre d’Irak sans consulter l’Union Européenne (1).
    – Dans les années 60, Guy Mollet, puis Mitterrand reprochaient à De Gaulle de ne pas avoir une politique étrangère « en cohérence avec nos alliés », autrement dit, de ne pas être à la remorque des États-Unis.

    Une expression est totalement absente du langage socialiste depuis des décennies : « indépendance nationale » (2). Mais, fait-elle partie des préoccupations de Sarkozy, y compris dans cette affaire ?

    4°- Je suis totalement hostile à l’initiative interventionniste de Sarkozy.

    – BHL est avant tout une espèce de « saltimbanque » qui se sert des tragédies du monde pour faire son « show ». Au poste qu’il occupe, Sarkozy devrait être responsable, donc ne pas agir en fonction des lubies d’un irresponsable.

    – Comme en 1999 pour le Kosovo, un autre histrion est sur la même ligne que BHL. Il s’agit de Cohn-Bendit. Cet ancien anti-militariste s’était transformé, il y a 12 ans, en « vert-kaki ». Il récidive en 2011.

    – Merkel a probablement des arrière-pensées (économiques ?) pour ne pas vouloir intervenir. Mais, un de ses arguments « tient la route » : la guerre civile en Libye se passe essentiellement au sol (infanterie, chars), l’aviation intervient peu. Donc, vouloir neutraliser les avions, ça n’empêchera pas Kadhafi de progresser.

    – Notons aussi que, si Kadhafi est (depuis 42 ans) un personnage peu recommandable (3), nos médias ont exagéré l’importance du rôle des mercenaires. En nous rejouant un coup à la Roumaine (cf Ceaucescu en 1999), les médias perdent encore de la crédibilité.

    5°- Quelles sont les motivations de Sarkozy ?
    Deux hypothèses (qui ne s’excluent pas).

    – Critiqué pour une prétendue « mollesse » sur la Tunisie et l’Égypte, il passe « d’un extrême à l’autre » en faisant du zèle intempestif sur la Libye. C’est tout à fait « du Sarkozy ».
    Comportement à l’opposé de De Gaulle. Quand ce dernier prenait une décision (bonne ou mauvaise), même s »il avait la quasi unanimité des médias et de la classe politique contre lui, il ne changeait pas pour plaire à ses critiques (qui, de toute manière ne désarment pas).

    – « Sarkozy l’Américain » n’a-t-il pas fait cette proposition pour plaire à Washington ?
    En effet, selon certains, les USA déjà englués en Irak et en Afghanistan ne souhaiteraient pas intervenir directement en Libye mais sous-traiteraient cette intervention.
    L’article paru sur Marianne2 sur ce sujet le 2 mars est un point de vue, certes, mais qui semble crédible :
    http://www.marianne2.fr/Libye-les-USA-veulent-sous-traiter-une-intervention-trop-risquee_a203382.html

    6°- Quoi qu’il en soit, qu’on soit non-interventionniste (comme moi) ou interventionniste, Sarkozy a tout faux.
    Parce que, dans cette affaire comme sur l’insécurité en France, il se comporte en « grand diseur, petit faiseur ».

    Bruyamment, il reconnait les opposants lybiens et se prononce pour une intervention.
    Mais, il n’a ou ne se donne aucun moyen pour concrétiser ses « projets ».

    Résultat : Kadhafi est en train de gagner et les autorités reconnues par Sarkozy ne dirigeront bientôt pas le moindre hectare du territoire libyen.

    Pour être efficace, Sarkozy devrait moins parler et agir plus.

    (1) Pourtant Chirac n’était pas seul : Schroeder et Poutine étaient sur la même ligne. Avec qui devait-il s’entendre selon Jospin ? Avec Blair ?

    (2) Je suis souvent très critique envers le PS. Notons toutefois qu’il a en son sein ou qu’il a eu des personnalités de valeur : Védrines ou Chevènement par exemple.

    (3) Rappelons qu’après une courte brouille (liée à l’exécution des dirigeants du PC soudanais par Nimeyri remis au pouvoir grâce à l’aide de Sadate et Kadhafi en 1971), ce fut vite la « lune de miel » entre le duo Kadhafi-Jalloud (Jalloud = N°2 de Kadhafi jusqu’en 1993) et l’URSS.
    Ajoutons les bonnes relations de gens de la gauche européenne (souvent socialistes) avec lui : Arthur Scargill, ancien dirigeant du syndicat des mineurs britanniques, Jean Ziegler, ancien député socialiste suisse, Andreas Papandreou, ancien premier ministre grec et père de l’actuel, etc …

  8. J’apprécie les interventions de Natacha Polony.
    Mais, mardi soir, chez Taddéi, elle a fait une erreur historique ponctuelle.
    Elle a parlé des Brigades Internationales envoyées en Espagne « par le Front Populaire ».

    Certes, si la position officielle du gouvernement Blum était la non-intervention, il couvrait par l’intermédiaire du ministre de l’aviation, Pierre Cot, des livraisons d’armes à la république espagnole (sous forme de contrebande).

    Mais, le Front Populaire n’a pas créé les Brigades Internationales.
    Il y eut d’abord des volontaires improvisés dans les milices des divers partis.
    Quant aux BI, si elles comprenaient des gens de tous horizons de gauche (comme le dirigeant socialiste italien Pietro Nenni), elles furent créées par le Komintern (Internationale Communiste).

    Son inspecteur général était le Français André Marty (un des secrétaires du Komintern). L’Italien Palmiro Togliatti, qui suivait pour le Komintern le PC d’Espagne, jouait aussi un rôle important.

    D’ailleurs, lors de la cérémonie de départ des Brigades (1er novembre 1938 à Barcelone), on a surtout retenu le discours de Dolores Ibarruri (surnommée Pasionaria).

    Certes, c’était une oratrice hors-pair, capable de galvaniser les gens (« no pasaran ») et leur donnant des frissons d’enthousiasme (cf témoignages familiaux).
    Mais, elle n’était que député.
    Et là, elle parlait comme une des dirigeantes du PCE dont elle serait secrétaire générale plus tard.

  9. Je suis d’accord en tout point avec vous, on se fout de l’avis d’angela ou de l’europe.
    Une raison de plus d’aller botter les fesses de khadafi est que l’on n’a pas oublié l’attentat du DC10 d’UTA, et comme nous l’a montré Israel, un terroriste ne doit plus jamais avoir le sommeil tranquille.
    J’espere que ce n’est pas seulement de la gesticulation à visee de politique politicienne et que la France agira enfin comme la grande puissance qu’elle peut (veut) encore etre. Par ailleurs dans le cadre d’une politique tournée vers la mare nostrum, il serait bon d’y montrer notre determination.
    Dans le cas contraire ce serait un signe de déclin inéluctable et un signal pour tous les autres tyrannaux d’Afrique et d’ailleurs que nous ne sommes plus que les grenouilles de la fable et les Anglais qui ont aussi des bonnes raisons d’y aller rejoindraient les froggies dans la mare.

  10. Concernant la Libye et la position aventuriste de Sarkozy (constatons que Mélenchon est sur la même ligne), j’ai renvoyé plus haut à un article de « Marianne 2 » (2 mars).
    Selon le point de vue de son auteur, les États-Unis voulaient sous-traiter leur intervention en Libye, un des « sous-traitants » étant Sarkozy (l’autre semble être Cameron et Zapatero n’est pas loin).

    Les analyses de Jean-Dominique Merchet vont dans le même sens.
    http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/?start=5

    Je conseille aussi sur son blog (pour le début, s’arrêter à « blogsecretdefense ») l’article « la guerre de Libye : un fragile soutien diplomatique ».

    Il constate que 5 pays sur les 15 du Conseil de Sécurité (et non des moindres) se sont abstenus.
    Ce qui signifie :
    – Une opposition à l’intervention.
    – Mais un refus de soutenir Kadhafi.

    Il cite entre autres les arguments respectifs de ces 5 pays : Russie, Allemagne, Chine, Inde, Brésil.

    Concernant l’initiative de Sarkozy, j’ai émis 2 hypothèses (non contradictoires) :
    – Sensibilité aux pressions qui l’ont accusé de « mollesse » sur la Tunisie et l’Égypte.
    – « Sous-traitant » des États-Unis.

    Certains ajoutent une autre hypothèse : son impopularité et ses mauvais sondages.
    C’est une « ficelle » utilisée en tous lieux et en tous temps : une « bonne guerre » est une diversion quand les gouvernants sont en difficulté.
    Mais, le passé a montré que cette « ficelle » n’est pas sans danger pour celui qui y a recours.

  11. Mon cher David,

    Je comprends bien les arguments que vous développez. Mais ce n’est pas parce que l’on a commis une erreur funeste légitimant la partition de la Serbie et l’indépendance du Kosovo que l’on doit la répéter à l’infini.

    Je viens d’écrire un petit billet (http://franchepolitique.hautetfort.com/archive/2011/03/18/droit-d-ingerence-l-alibi-humanitaire.html) qui explique pourquoi je ne suis pas d’accord avec l’ingérence humanitaire en Libye ou ailleurs.

    N’ayant ni votre verve ni vos talents d’écrivain, vous voudrez bien excuser la pauvreté de mon blog.

    Cordialement,
    Patrick Mignon

  12. Le seul problème est qu’il ne s’agit pas d’intervenir humanitairement en Libye. Il eut fallu, il y a 3 semaines, contacter l’Italie et l’Allemagne en leur rappelant que 30% du pétrole consommé par la première et 15% par la seconde et nous-mêmes proviennent de la Libye à feu et à sang, avec des terminaux qui se fermaient.
    En conséquence, nous aurions dû leur demander de venir avec nous bombarder les avions et la flotte du dictateur. Ils n’auraient pas voulu ? Eh, bien ! tant pis ! On y allait seuls !
    Le résultat aurait été la victoire du peuple libyen ne voulant plus de Kadhafi. Qu’il se donne des institutions démocratiques ou pas, c’est son problème, pas le nôtre ! Mais au moins nous l’aurions libéré tout en préservant nos intérêts.
    Les autres, Europe, Etats-Unis… On s’en fout ! Comme le Général avait bien dit qu’ « un Etat digne de ce nom n’a pas d’ami, il n’a que des intérêts ! »
    Et en prime, on vengeait notre honneur ! Souvenez-vous du vol d’UTA…

  13. L’affaire du vol d’UTA, c’est un argument valable.
    Parce que là, la France était en cause.
    Constatons cependant que, depuis, il a « coulé » beaucoup de compromissions « sous les ponts ».

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