Karine Lemarchand sait faire la psy à la télé, elle

C’est l’émission qui fait parler, l’émission qu’on critique, l’émission qu’on vilipende. « Ambition intime » sera animée par Karine Lemarchand, l’animatrice-phare de M6 qui présente depuis dix ans déjà « L’amour est dans le pré ». Une vidéo de présentation circule déjà et certains de mes amis s’en émeuvent. Ils regrettent un effondrement du débat public, la politique-spectacle dans toute sa splendeur, l’homme d’État dépouillé de toute idée, de tout programme, réduit à son histoire et ses sentiments, la présidentielle réduit à un feuilleton de téléréalité, où l’on choisira son candidat comme on vote pour son agriculteur préféré dans l’amour est dans le pré.Je leur demanderais bien, à ces amis, dans quelle grotte ils étaient cachés ces vingt dernières années. Je leur demanderais bien s’ils ont déjà lu un portrait rédigé par Anna Cabana, s’ils ont déjà assisté aux questions psychologisantes de Nathalie Saint-Cricq dans la défunte émission « Des paroles et des actes ». Je leur demanderais bien s’ils ont déjà assisté à une interview de Yann Barthès. Je leur demanderais bien s’ils regardent la deux le dimanche après-midi. Il y a en effet une différence entre Cabana, Saint-Cricq, Barthès, Drucker d’une part et Karine Lemarchand, d’autre part. L’animatrice de M6 ne se prétend pas éditorialiste politique.

Elle est animatrice et elle va rigoler de temps à autres aux « Grosses têtes ».

Quitte à vous surprendre, chers amis, je fais davantage confiance à Karine Lemarchand dans cet exercice, celui du psy-animateur. Primo, elle a une expérience de dix ans avec des agriculteurs. Et surtout deuxio, elle invite tout le monde et elle traite tout le monde de la même façon. Et ça, vraiment, ça va sans doute nous changer. Parce que nos titulaires de cartes de presse, quand ils s’essaient à l’exercice d’accouchement des âmes, ils se muent souvent en avocat ou en procureur selon la personne qu’ils ont en face. Ce qui en fait un exercice tout à fait malhonnête. Bien sûr, je préférerais des véritables émissions politiques où l’on parle idées, propositions, vision. Mais comme la compétition politique s’est muée depuis quelques années déjà en concours exhibitionniste, je préfère que cela soit mis en scène honnêtement par une spécialiste.

Du reste, j’ai l’impression que pour une fois, les candidats sont d’accord avec moi. A force d’être traités comme des « people » par des journalistes politiques, ils ont dû se dire que se plier à l’exercice sur un canapé avec Karine Lemarchand devait être bien plus agréable que de subir le même sort avec Nathalie Saint-Cricq sur un plateau inconfortable avec Pujadas qui sourit bêtement.

 

9 commentaires

  1. Vous avez raison, Pujadas comme interviewer est nul. Je ne connais pas les émissions de Karine Lemarchand, mais ça ne peut pas être si mauvais dans le sens oú l’on sait tous , et d’abord les politiques concernés, á quel jeu on joue… et à ce jeu-là on peut sans doute déceler des pans entiers du caractère d’un inidividu qui dans ce confort « style cooconing », ne peut que se laisser allerà des révélations qui peuvent en dire long….

    • Ca serait mieux qu’elle mette les pieds dans le plat…ça serait bon pour l’audimat au moins …Comme elle ne le fera pas (politiquement correct ..quand tu nous tiens), elle les met sur le canapé …çà sera bon pour le « visiomat » … c’est mieux que rien ….

  2. Lemarchand fait ce qu’elle veut.

    Ce que je ne comprends pas, c’est que les politiques, enfin les sérieux, acceptent.

  3. De toute façon, la dernière présidentielle s’est jouée quasi exclusivement sur une question de personnalité : « Hollande a l’air gentil vs Sarkozy est imbuvable ».

    On continue donc sur la même pente glissante.

  4. Cette interview sera certainement plus intéressante que celle faite par de soi-disant journalistes avec les mêmes questions, les mêmes mots convenus, les mêmes mimiques, enfin sans aucune imagination à part réciter comme des perroquets les mêmes antiennes. Karine Le marchand est une femme spontanée qui saura très certainement mieux tirer de chaque interview l’impression de s’adresser à un être humain et non une machine.
    Encouragements pour Karine, une femme qui semble écouter et ne pas avoir la grosse tête.

  5. Yann Barthès… parce qu’il est encore pris pour un « amuseur » redresseur de torts, un des influençeurs médiatiques les plus lisses, les plus « pensée unique » et paradoxalement les moins décryptés, débusqués. Mais son passage à TF1, qui dénonce le conformisme crasse de la télé qu’il produit à la chaîne, va le sortir de sa case de « bon pote inoffensif ». Une machine à produire redoutable à produire du consensus mou et du politiquement correct. Un réel danger, ce type.

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