Ainsi les critiques que Xavier Darcos avaient essuyées lors de la réforme de l’enseignement primaire ont porté leurs fruits. Malheureusement, ces derniers risquent fort d’être indigestes.

L’an dernier, d’une bonne intention, le ministre de l’Education nationale produit des programmes scolaires en écartant les pédagogistes qui hantent son ministère depuis plus de vingt ans. Lang gueule. Que dis-je, Lang hurle. Ce qui est en soit bon signe sur la qualité de la réforme en question. Mais Darcos n’est pas guidé que par de bonnes intentions. Il est aussi soumis par Bercy et la volonté gouvernementale de couper à la hache dans les postes. Résultat : il est contraint de réduire le nombre d’heures de cours par semaine et impose la semaine de quatre jours. Et la réforme apparaît comme guidée par la seule contrainte comptable. Ce faisant, il permet aux vieux calicots « Education au rabais » la possibilité d’être à nouveau brandis dans les manifs.

Vient alors la réforme du lycée. Les impératifs comptables n’ont pas disparu. Comment faire, se demande Darcos en se grattant la tête, pour satisfaire Bercy et ne pas heurter Lang et ses relais pédagogisto-syndicaux ? Très simple, il confie à une âme damnée du bon Jack, Monsieur de Gaudemar, la mission de la piloter. Le résultat est édifiant. La réforme est une usine à gaz qui permettra de supprimer des postes mais qui produira des migraines chez tous les proviseurs lorsqu’ils devront construire les emplois du temps. Et démagogie suprême, la réforme donnera davantage d’autonomie aux élèves pour choisir leurs enseignements. Pour schématiser, on passe de la cantine au self-service. Et -tenez vous bien, c’est à hurler de rire- on parie sur la maturité plus grande des lycéens d’aujourd’hui (1). Le problème, c’est que ces derniers ne marchent pas dans la combine. Premièrement, ils voient bien que cela risque d’être un beau bordel. Et si le lycéen apprécie ce dernier, c’est à condition qu’il le mette lui-même. Deuxièmement, ça se voit que c’est pour supprimer des postes. Et enfin, le lycéen sait bien qu’il n’est pas assez mature pour décider seul de ses enseignements comme un avant-goût de la fac. Tu penses ! Lui voit bien qu’il va rester chez Papa et Maman jusqu’à vingt-huit ou trente ans. Alors que dans certains IUT (2) , on remet à niveau les étudiants en orthographe et on rappelle l’impérieuse nécessité d’apprendre ses leçons, alors que l’on réfléchit dans certaines universités sur l’opportunité de revenir aux « Propédeutiques » et de « secondariser » le premier cycle de l’enseignement supérieur, la réforme Darcos-Gaudemar propose d’avancer au lycée la fausse liberté de l’Université.

Darcos a finalement réussi de mettre tout le monde d’accord contre sa réforme. Les syndicats proches des pédagogistes critiquent les suppressions de postes. Le SNALC, que les autres syndicats classent à droite mais qui rassemble bien davantage tant il est bien seul dans sa critique des années Lang-Gaudemar, s’y oppose pour des raisons philosophiques. Et les lycéens manifestent, comme d’hab.

Chapeau l’artiste !

(1) Lionel Jospin, à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle de 2002, proposa de donner le droit de vote à 16 ans, arguant que les jeunes étaient bien plus mûrs qu’antan. On n’a jamais mesuré l’impact négatif de cette proposition hilarante de stupidité sur les résultats du 21 avril. Mais je suis certain, pour ma part, qu’elle a joué un rôle loin d’être négligeable.

(2) Les IUT qui partent en guerre contre la réforme de l’enseignement supérieur car cette dernière leur retire une autonomie substantielle. C’est la méthode Sarko : on aime casser ce qui fonctionne bien….

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