Depuis que Jean-Claude Marin est venu dire au micro de Jean-Pierre Elkabbach qu’il allait interjeter appel du jugement prononcé par le Tribunal correctionnel de Paris, un hypothèse me trotte dans la tête. Une hypothèse que je n’ai pas encore entendue ni lue[1. Mais comme je ne lis pas tout, cela a pu m’échapper. Qu’on me prévienne si un autre l’a formulée avant moi.].

Cette hypothèse, je l’ai testée dès hier matin auprès de deux blogueurs spécialistes du dossier Clearstream parce que l’un a été proche de Dominique de Villepin et que le second l’est toujours. Autant le dire, ils n’y croient pas une seconde. Et pourtant, toutes les déclarations des différents protagonistes, Villepin lui-même, Lefebvre et Paillé, chevau-(pas)-légers de la Sarkozye, me renforcent dans mon idée, qu’il va bien falloir que je teste auprès d’un public plus nombreux. Il est fort possible que nombre d’entre vous la trouvent grotesque mais tant pis. Allons y gaiement.

Jean-Claude Marin aurait, dès le début, souhaité faire appel du verdict. Et Nicolas Sarkozy, lui, aurait été partisan d’arrêter là les frais. Le premier voudrait aller jusqu’au bout de la logique de son accusation. Le second voit Dominique de Villepin prendre de plus en plus d’importance et sent que ce dernier, à défaut de pouvoir devenir président de la République, acquiert, à mesure que l’affaire continue, une capacité de nuisance de plus en plus grande. Séguéla aurait dit à Sarkozy que Villepin pourrait devenir pour lui ce que Chevènement fut pour Jospin[2. Ce serait bien la première fois que le sémillant publicitaire m’étonnerait par la lucidité de son analyse politique, lui que j’ai entendu dire au début des années 90 à François Léotard : »Vous serez Président. Mais pas tout de suite. D’abord, ce sera Rocard ». J’en ris encore.]. Et il n’est pas seul à le dire. L’avantage de Sarkozy et la force de l’UMP à son service, c’était, jusqu’à maintenant, de ne pas avoir de concurrence à l’intérieur de la majorité au contraire d’une gauche très divisée en écuries et sous-écuries présidentielles. Si cet avantage n’existe plus avec l’émergence d’un autre candidat, on en revient au simple rapport de force droite/gauche, extrêmement favorable à la gauche.

Et le problème, c’est que Sarkozy, à moins d’être aveugle, a lui même remis en selle Dominique de Villepin avec ses propres déclarations -le fameux « coupables » de New-York- les histoires de crocs de bouchers, les interventions de Bertrand, Paillé et Lefebvre et enfin les pressions sur le Parquet. Car -entendons nous bien- il y a bien eu des instructions claires données à Marin. Mais sans doute pas cette semaine. A l’été 2008, en revanche, c’est aujourd’hui une évidence. Il n’y avait rien, selon Marin, dans ce dossier pour condamner Villepin. Il ne l’avait pas dit seulement à l’intéressé. Toute la presse relayait l’information. Un non-lieu se préparait.  Du reste, les débats l’ont largement démontré lors du procès et les attendus du Tribunal disent aujourd’hui la même chose que la presse dans son ensemble mettait dans la bouche de Marin il y a deux ans. Marin a donc fait preuve de servilité à cette époque en renvoyant l’ancien Premier Ministre devant le Tribunal correctionnel et il a, avec zèle, joué son rôle de procureur à merveille pendant le procès en requérant une lourde peine à son encontre.

Avec la décision du tribunal relaxant Villepin et le blanchissant de toutes les accusations portées contre lui, Marin est totalement désavoué. Mettons nous à sa place. Il ne croyait guère, au départ, à la possibilité de voir Villepin condamné. On lui intime l’ordre de le faire néanmoins. On comprend qu’il veuille rester la tête haute et aller jusqu’au bout de la procédure. Du coup, on peut très bien imaginer devant la volonté de Nicolas Sarkozy d’arrêter les frais, Marin lui faire savoir quelque chose dans le genre : » Vous avez voulu cette procédure, je l’ai portée loyalement ; maintenant, il faut aller jusqu’au bout pour sauvegarder l’honneur du Parquet (et du mien !). Si vous souhaitez que le Parquet ne fasse pas appel, je m’inclinerai mais il va falloir me l’écrire ».

C’est là qu’il faut changer de tête dans laquelle se mettre et passer de celle de Marin à celle de notre Président. La fameuse réunion de l’Elysée, d’hier après-midi, dont parle Dominique de Villepin, n’a peut-être pas exactement le même ordre du jour que celui qu’il était convenu de croire. Au lieu de « Demandons nous à Marin de faire appel ? », ne serait-ce pas plutôt « Faut-il lui donner l’instruction écrite de ne pas interjeter appel ? ». Et le Président et ses conseillers contraints de devoir choisir entre deux mauvaises solutions. Soit décider de donner cette instruction, au risque certain qu’elle fuite, pour dégonfler la candidature Villepin. Soit considérer que le mal est déjà fait, que Villepin est décidé à lui nuire en étant candidat, et donc tenter la fuite en avant en laissant Marin tenter l’appel laissant subsister l’espoir mince d’une condamnation finale de son rival tout en évitant le risque de la première solution.

Cette thèse pourra paraître absurde. Mais elle est, toutefois, la seule qui me permet de penser que Nicolas Sarkozy n’est pas atteint du même degré de folie qu’il prête à Dominique de Villepin. Car s’il a fabriqué un rival de toutes pièces et qu’il, comme le prétend ce dernier, poursuit un tel acharnement en le faisant grimper dans les sondages, on atteindrait des sommets dans la dinguerie politique. Je préfère privilégier, pour ma part, l’hypothèse que nous n’en sommes pas là. Qu’on ne m’en veuille pas.

Photo en Une : Capture écran-Dailymotion

9 commentaires

  1. Je ne partage pas ton hypothèse pourtant fort bien construite et plus crédible que tu ne le suggères… Mais pour moi Sarkozy a souhaité cet appel qu’il a naturellement obtenu : pour cet individu un « coupable », désigné par lui comme tel indépendamment de toute autorité de justice, doit être pendu à un croc et il convient pour cela de recommencer jusqu’au bout, jusqu’à ce que mort s’en suive, jusqu’à ce que le chargeur soit vidé en quelque sorte. C’est un combat à la mort, Sarkozy considère que c’est la condition de sa survie puisque Villepin a souhaité en son temps le jeter à terre.

  2. Quoi que l’on pense, votre hypothèse est plausible dans la mesure où il semblerait que la Présidence ne serait plus partie civile au prochain procès. Ce qui peut s’expliquer par une divergence d’appréciation entre le Parquet et l’exécutif sur la conduite à tenir. Et donc cela irait dans le sens de votre hypothèse. Mais cela ne vaut que pour M. de Villepin.

    De fait, Monsieur Marin, alors même que le jugement infirme ses réquisitions et ses hypothèses et relaxe M. de Villepin, aurait été, me semble-t-il, mieux inspiré d’interjeter appel a minima, c’est-à-dire en suivant les appels formulés par les deux condamnés.
    Mais il semble rester persuadé qu’il y a une autre vérité que les deux condamnés pourraient exprimer, mettant en cause cette fois M. de Villepin, s’ils se sentent sous la menace d’une nouvelle condamnation, aussi dure ou plus dure que celle dont ils viennent de faire l’objet. En ce cas, ce ne serait plus M. de Villepin qui serait seul visé par M. Marin, mais bel et bien l’ancien président de la République, puisque si M. de Villepin était informé, l’ancien Président de la République l’aurait nécessairement été lui aussi. Le procureur de Paris se voudrait-il jouer les Saint-Just et déclencher une affaire d’État dont plus personne ne maîtriserait les conséquences ?

  3. Il semble que Sarkozy tente le procès en appel, sachant que les juges d’appel sont beaucoup plus pointilleux sur la forme et que les condamnés l’ont été a maxima par rapport aux charges. Donc, un second procès a toutes les chances d’aboutir à un allègement des condamnations prononcées en échange d’une condamnation de principe pour Villepin, laquelle interviendrait début 2011 et le déconsidérerait pour 2012… ce qui serait souhaitable pour Nicolas Dupont-Aignan, seul candidat crédible face à Sarkozy et surtout seul anti-Lisbonne. N’oublions pas que Villepin c’est du vent : il se prétend gaulliste et tout le saint frusquin, alors qu’il était pour l’adoption de Lisbonne et la vente de la souveraineté française aux guignols de Bruxelles !

  4. @DdV
    Quel dommage que vous ne soyez pas le vrai DDV ! Vous auriez pu m’arranger un rendez-vous avec votre éditeur pour mes prochains romans de science-fiction !

    @La Rouméliote
    Bien sûr, moi aussi je préfère une candidature anti-Lisbonne. Vous me connaissez. Mais il s’agissait là d’un travail d’analyse, d’extrapolation et j’ai tenté d’être le plus objectif possible sans me laisser guider par mes souhaits pour l’avenir.

  5. des C….c »est tout,,,
    sincèrement ,,et si près des élections,,,,,faut vraiment étre des imbéciles,,, ils vont faire perdre leurs camp,c »est sur
    ceux qui doivent rigoler,,,le fn
    et rien sur les services spéciaux,,,qui manipule qui,,,,dans ce dossier
    en attendant,le peuple est écoeurer,,des politiciens,,,
    et de la justice,,,,
    l »UMP en marche,,,,tous ensemble,tous ensemble,,,couteau tirer,pour prendre une vrais racler
    pendant qu »on y ait,,,sortons tout les dossiers véreux,,nettoyons les écuries,,,,
    Charles attend cela,,

  6. Prochain roman de ddV ? va t-il nous annoncer comme giscard avec lady di que lui a rever d’Hillary Clinton ?
    POUR REVENIR AUX REGLEMENTs DE COMPTE;
    MARIN N’A PAS EU LA PLACE ESPERée DANS LA MAGISTRATURE CAR sARKO N’A PLUS VOULU MONTER AU CRéNEAU POUR LUI APRES L’ECHEC DU FILS JEAN ET DE pROGLIO
    RESULTAT mARIN S’EST VENGE EN LUI METTANT dDv DANS LES PATTES POLITIQUES JUSQU’AUX PR2SIDENTIELLES
    La politqure n’est que vengeance et règlements de compte entre amis !!!

  7. En fait ,la question première c’est de se demander pour quelle raison il voulait donner un non -lieu dans cette affaire à son tt début et concernant justement DDV?

  8. Au moins ,le match aller est gagné 5/0 par DDV .
    Considérant la relaxe en mains ont peut considérer que le match retour aura lieu à domicile et c’est donc un avantage sérieux ,non?

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