Je vous avais promis de lister mes accords et désaccords sur le fonds avec Nicolas Dupont-Aignan. Au coeur de cet été, alors que nos députés et ministres sont partis en vacances et que l’actualité politique se limite à l’actualité judiciaire (1), le moment est venu de me mettre au travail. Je me suis basé sur les 101 propositions de son livre-programme « Français, reprenez le pouvoir » paru l’an dernier aux éditions de l’Archipel.
En ce qui concerne les propositions en matière institutionnelle, je ne vois que des accords. Celles qui consistent à rétablir le septennat présidentiel, d’instiller une dose de proportionnelle et, surtout, de renforcer le pouvoir du Parlement en matière européenne (négociations communautaires, transcription du droit européen) sont essentielles à mes yeux. Tout juste ai-je une interrogation pour les propositions 12 et 13 qui pourraient aboutir à une disparition de l’échelon départemental, ce que je refuse. En matière européenne, je souscris à la quasi-unanimité des propositions à l’exception d’une seule qui mérite un développement, le refus par NDA de négociations pour l’adhésion de la Turquie.
Il s’agit d’un désaccord important, j’en conviens. Demander des frontières fixes à l’Europe, c’est, selon moi, tomber dans le piège des euro-fédéralistes. A contrario, l’entrée de la Turquie serait synonyme de la fin des espoirs fédéralistes, perspective qui me ravit. Pour moi, le seul obstacle à l’adhésion de ce pays avec qui nous sommes en négociations depuis 1963, c’est la non-reconnaissance de Chypre. Si seulement 3 % de sa superficie se trouve effectivement en Asie, il n’en est pas de même pour sa population, pas si insignifiante que cela sur la rive européenne du Bosphore. J’observe également que les conditions que nous fixons pour son adhésion à l’UE ne sont pas toujours les bienvenues. En demandant notamment un rôle plus faible pour son armée, nous avons ouvert la voie à la délaïcisation du pays. Mais la France laïque n’est pas très bien vue non plus en Europe….Nous le savions déjà et nous aurions bien besoin d’un autre modèle laïc fort en Europe.
Les propositions de NDA en matière de l’Ecole, de l’aménagement du territoire constituent des points d’accord. En matière de justice et d’immigration, je partage la tonalité générale. Sur quelques points, notamment la suspension pour 5 ans du regroupement familial et surtout l’allongement à dix ans la période ouvrant l’acquisition de la nationalité française par mariage, je marque ma différence dans un sens moins sévère. J’ai lu également dans un tract de DLR que NDA préconisait un retour à la double-peine. Je suis en désaccord avec cette proposition.
En matière économique et sociale, je n’ai qu’un seul point de désaccord. Il concerne sa proposition de développement de l’accession à la propriété en développant notamment les prêts garantis sur 40 ans. Je ne pense pas, pour ma part, qu’une dérive de type helvétique (où existent maintenant des prêts sur plus d’une génération, les enfants héritant de la fin du remboursement de l’emprunt de leurs parents) soit souhaitable.
Au total, donc, sur 101 propositions, quatre suscitent mon désaccord, deux suscitent des interrogations et quatre vingt quinze mon accord. Je ne nie pas que le sujet de la Turquie peut poser problème, NDA s’étant énormément engagé sur ce terrain. Mais je l’assume.
(1) Dominique de Villepin, chassé par les juges, humilié par un contrôle judiciaire disproportionné par rapport aux autres acteurs du dossier, cela ne me paraît pas très digne. D’autant que seule la Cour de Justice de la République peut juger un ministre dans l’exercice de ses fonctions. Et c’est bien dans l’exercice de ses fonctions que les actes présumés ont été commis. C’est même cela qu’on lui reproche : avoir utilisé à tort les services de l’Etat ! Ce n’est donc pas à la justice ordinaire de trancher.
Ce qui m’a mis mal à l’aise avec les 101 propositions, c’est l’impression d’un catalogue, elles ne vont pas à la racine des problèmes. Et cela parce que Nicolas ne les a pas compris. Il me semble que NDA parle d’institutions mais pas aux tripes. Le patriotisme étant mort ou presque, les gaullistes doivent trouver un nouveau principe.
Qu’est-ce qui ferait rêver, enthousiasmerait? L’égalité, peut-être. Comment faire de l’égalité des chances entre les sans-diplômes et les diplômés de l’enseignement supérieur après la sortie de l’école? Cela vous fait trente pour cent dans le Bassin parisien et c’est suffisant.