Depuis quelques jours, devant l’activisme forcené de Nicolas Sarkozy, il se dit tout et n’importe quoi sur les institutions. On serait revenu à une pratique gaullienne des institutions ! Bigre ! Rien n’est plus faux évidemment et l’on se demande s’il s’agit de malhonnêteté intellectuelle ou de méconnaissance crasse.
Le Général de Gaulle s’occupait de l’Essentiel. Il ne se substituait pas aux ministres ni au premier d’entre eux. La gestion quotidienne leur incombait. Le simple fait de voir Bruno Julliard reçu à l’Elysée suffit à se rendre compte de la différence. De Gaulle n’aurait jamais reçu un chef étudiant, non parce qu’il méprisait la fonction mais qu’il avait, d’une part une conception haute de la sienne, mais surtout parce qu’il avait nommé des ministres pour cela. On peut même dire qu’il ne parvenait pas toujours à imposer ses vues essentielles. Deux exemples cités par l’excellent Paul-Marie Couteaux suffisent pour se convaincre. Sur l’Education, Charles de Gaulle souhaite la sélection à l’université et la note de 9/20 pour pouvoir participer aux épreuves du second groupe au baccalauréat. Ce sera 8/20. Il le regrette mais il ne souhaite pas imposer cela à son gouvernement, respectueux qu’il est des institutions qu’il a mises en place. L’autre exemple cité par PMC ne concerne pas De Gaulle mais un monarque absolu, Louis XV. Ce dernier a dit un jour : »Si j’étais préfet de police, j’interdirais les fiacres la nuit ». Cette anecdote montre déjà à quel point l’absolutisme est aujourd’hui incompris puisque même un monarque de droit divin respecte le rôle des uns et des autres dans l’Etat. Le Roi n’est pas d’accord avec le Préfet de police sur un point précis de sa gestion. Et s’il la regrette, il ne convoque ni ne révoque le responsable (je n’ose encore dire fonctionnaire). Imagine t’on une telle anecdote sous l’ère Sarkozy ?
En réalité, Sarkozy n’invente rien. Il nous refait le Giscard de 1974 à 1976 qui s’occupait de tout et ne laissait aucune marge à son premier ministre, lequel avait fini par démissionner. François Fillon finira t’il par ne plus goûter d’être « le truc au milieu qui ne sert à rien » ?
Autre exemple du « n’importe quoi » dans ce domaine, Alain Duhamel, dans un papier sur RTL, disait que le rôle du Premier Ministre était aujourd’hui similaire au Vice-Président aux Etats-Unis. Ridicule. Le seul intérêt du « second » américain est de remplacer le Président en cas de décès ou de démission. François Fillon n’a pas cette possibilité puisqu’en France, comme chacun sait, l’un de ces évènements provoquerait automatiquement de nouvelles élections. Mais je vous concède que Duhamel n’en est pas à sa première bêtise dite sur le ton de l’expertise.
Tout de même, ces points communs avec Giscard, cela ne vous trouble pas ?