Il s’agit d’un formateur de l’IUFM de Lyon. Il était interrogé sur le bienfondé ou non de faire travailler ses enfants pendant les grandes vacances. Ce qui lui faisait peur à lui, ce n’était pas qu’on abrutisse nos enfants et que cela trouble leurs vacances méritées. Non, ce qui l’inquiétait, c’est qu’on leur apprenne des choses. Parce que cela accentuerait les inégalités entre les élèves puisque les parents ne sont pas tous autant attentifs au devenir de leurs enfants. Pour lui, mieux vaut qu’on apprenne rien à ses gosses puisque cela trouble « le groupe-classe » et que, de toute manière, on n’apprend plus les mêmes choses.
Et c’est vrai qu’on n’apprend plus les mêmes choses, c’est bien la seule chose incontestable que ce quadrupède aux grandes oreilles ait dit ce matin. On apprend à l’envers. Et pour que les parents ne mettent pas leur nez dans l’instruction de leurs enfants, on emploie des stratégies efficaces. On change les noms (le complément d’objet direct a disparu), on change les méthodes (la division). On rend les manuels scolaires incompréhensibles du commun des mortels (donc des parents) et on vend le fameux « livre du maître » sans lequel il est impossible de faire travailler l’enfant sur le « livre de l’élève ». L’autre jour, dans le déménagement du collège dont j’ai la charge de gérer les deniers, j’ai récupéré une superbe carte « La formation territoriale de la France (987-1871) » par Louis André, Docteur ès-Lettres ». Y figurent, toutes les villes et dates des Traités, des Batailles qui ont formé l’Etat. Evidemment, étudier cette carte n’est plus au programme, au grand dam des enseignants de mon collège qui doivent se conformer à ce dernier, obligés de décoder « le livre du maître » au lieu de faire leur métier : apprendre l’Histoire de leur pays à des enfants.
En écoutant les discours de Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale, j’ai cru comprendre que sa volonté était de revenir sur toutes ces fumeuses théories sur l’Education. Et qu’au lieu de mettre l’élève au centre du système, on y remettrait le Savoir. J’ai bien peur que tout cela n’ait été que propos de campagne. Sinon, la gauche bobo et soixante-huitarde ne le rejoindrait pas par wagons. Il a mangé son chapeau hier sur l’euro fort pour rassurer Merkel. Il en mangera bien un autre pour complaire aux ânes des IUFM.