Nicolas Sarkozy tient mordicus à sa loi sur le travail dominical. Certains, dans sa majorité, se plaignent de son entêtement, arguant qu’assurément, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Ils ont tort. Car cette mesure est au cœur du projet de Nicolas Sarkozy. S’il lâche sur cette loi ou si celle-ci était repoussée, le sarkozysme en mourrait. Et c’est justement pour cela qu’il faut résolument s’y opposer.
Evacuons déjà les raisons ultra-connues de s’opposer à cette mesure et qui ont trait non pas au sarkozysme en particulier mais à la nature du projet libéral en général : le fait que le caractère facultatif de travailler le dimanche soit largement hypocrite, le côté éphémère du doublement du salaire etc…Et concentrons nous sur trois piliers du sarkozysme.
En premier lieu, examinons le rapport de Nicolas Sarkozy au rapport à la Laïcité. On sait que cette notion lui est étrangère au point qu’il essaie de la noyer dans la laïcité positive et autres billevesées. En fait, Nicolas Sarkozy réfute totalement la séparation entre sphère publique et sphère privée qui est la base même de la Laïcité et de toute la tradition française en particulier et latine en général. A Latran, il s’ingère dans la manière d’élever nos enfants en recommandant qu’un religieux leur apporte la nécessaire différenciation entre le bien et le mal, l’instituteur (et le parent) en étant par nature incapable. Lui-même a complètement mis sa sphère privée sur la place publique. Il est anglo-saxon de culture et de comportement. Quel rapport avec le travail dominical me direz-vous ? S’il n’y a plus de sphère privée, pourquoi réserver un jour par semaine à la sphère privée ? Alors qu’aujourd’hui, on n’a pas à se justifier devant son patron de réserver son dimanche à son culte, à sa famille ou à d’autres activités, la fin de la séparation entre privé et public met fin à ce droit sacro-saint. Nous entrons de plain-pied dans la culture américaine.
C’est aussi en Amérique puisque nous y sommes qu’il faut voir le second pilier du sarkozysme. On sait que pour soutenir la croissance, les Etats-Unis ont misé sur l’endettement des ménages avec les conséquences qu’on connaît aujourd’hui. On se souvient que Nicolas Sarkozy adhérait encore, il y a peu, à cette logique jusqu’à proposer d’importer la mode du crédit hypothécaire, les Français s’endettant trop peu à son goût. Donc, pour faire consommer les Français, moins enclins à l’endettement que les Américains, il faut multiplier les moments de consommation. Et autoriser l’ouverture de la grande distribution le dimanche. On doute fort que cette ouverture permette une consommation supplémentaire. On pense même que les achats dominicaux se seraient faits de toute manière un moment ou à un autre. Mais qu’importe, dans la frénésie et l’agitation sarkozyennes, tentons tout de même le coup.
Enfin, troisième pilier, il faut s’a-dap-ter ! Nicolas Sarkozy, pour défendre la fin de l’exception dominicale, joue tout le temps un sketch sur les Champs-élysées et le fait qu’un seul côté est classé en zone touristique et donne donc l’autorisation d’ouvrir les magasins. Et c’est là que l’a-dap-ta-tion est urgente. Bientôt, la France, vidée de ses industries, ne sera plus qu’une zone touristique pour Chinois et Indiens en vacances. Il faut d’ores et déjà s’y préparer, tous. Son impuissance à lutter contre les délocalisations n’est plus un secret pour personne. Le Sarkozy qui interprétait les discours d’Henri Guaino a bel et bien laissé à nouveau place au Sarkozy qui veut a-dap-ter la France à la globalisation que son copain Minc appelle heureuse mais que Dupont-Aignan, plus avisé, appelle « mondialisation-clochardisation ».