Vincent Peillon descendit les marches de Matignon avec soulagement. Jean-Marc Ayrault avait accepté sa démission. Son court passage rue de Grenelle achevé, il allait s’envoler pour une contrée lointaine où on ne connaissait pas son visage. Ses débuts au ministère de l’Education Nationale n’avaient pourtant pas si mal commencé. Même si tous les profs n’étaient pas enchantés par la fin de la défiscalisation de leurs heures supplémentaires, qui profitait avant tout à leur catégorie, ils n’en tenaient pas rigueur à leur ministre, tout heureux de ne plus être la cible facile et habituelle des gouvernements de droite. D’ailleurs, cette fois-ci, ce ne furent pas les enseignants ni leurs syndicats qui obtinrent le scalp du ministre de l’Education nationale.
Deux semaines plus tôt, Vincent Peillon était invité au journal de 20h de France 2. Ses consultations sur le dossier des rythmes scolaires étaient achevées et la décision avait été finalement prise, en concertation avec l’Elysée et Matignon, de ne pas bouleverser le calendrier des vacances d’été ni celui de la journée scolaire. Seule, la semaine de quatre jours et demi était préconisée à la place de celle de quatre jours. Pujadas lui fit remarquer ironiquement : « la montagne, monsieur le ministre, a t-elle accouché d’une souris ? » Peillon, s’emporta quelque peu : « Monsieur Pujadas, nous avons pesé les avantages et les inconvénients. Imposer une journée scolaire plus courte aurait posé des problèmes de garde à beaucoup de familles dans la seconde partie de l’après-midi, sachant que des activités péri-scolaires ne pouvaient pas être assurées dans toutes les communes, surtout les petites, notamment dans les zones périurbaines et rurales où se concentre une grande partie de la pauvreté en France. D’autre part, réduire les vacances d’été posait des problèmes aux parents qui avaient des difficultés à prendre des vacances ensemble avec leurs enfants. Il ne nous a pas paru urgent de poser des difficultés à l’industrie française la plus dynamique, celle du tourisme. Mais favoriser la semaine de quatre jours fut une erreur du précédent quinquennat, nous conseillons donc aux conseils des écoles de revenir à une semaine de quatre jours et demi. » Pujadas revint à la charge : « Mais alors, toutes les préconisations des chronobiologistes, des spécialistes du rythme des enfants, vous ne les entendez plus ? » C’est alors que Vincent Peillon prononça la phrase qui déclencha la tempête qui allait avoir raison de son séjour rue de Grenelle : « Le rythme des enfants, il y a d’autres manières de le rendre plus harmonieux, monsieur Pujadas. Notamment avec l’aide des parents. Trop d’enfants, et même d’adolescents, ne dorment pas assez alors qu’ils doivent se rendre à l’école le lendemain matin. C’est le devoir des parents de s’assurer d’un sommeil suffisant. Croyez-moi, monsieur Pujadas, si tous les parents envoyaient leurs enfants au lit, loin des écrans, après votre journal télévisé, ce sujet des rythmes scolaires ne reviendrait pas comme un marronnier à chaque nomination d’un ministre de l’Education ».
Dès le lendemain, la chasse au Peillon avait été ouverte. Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE, s’étrangla de rage au micro de Jean-Michel Aphatie, dénonçant « une honteuse prise à partie des parents d’élèves, partie intégrante de la Communauté éducative ». Noël Mamère prit le relais : « Tout cela me rappelle les heures les plus sombres du sarkozysme lorsqu’on organisait la chasse aux pauvres ». Personne n’osa malheureusement demander au député vert au nom de quoi les parents pauvres (sic) étaient davantage ciblés que les parents aisés. Mamère fait peur, c’est bien connu. Du côté droit, ce n’était guère mieux. Copé et Fillon, en pleine campagne pour la présidence de l’UMP rivalisèrent de mauvaise foi en taclant l’immobilisme du gouvernement, eux qui avaient eu dix ans pour s’atteler au sujet, et dénoncèrent la tentation socialiste de toujours vouloir tout régenter, y compris l’heure de coucher des enfants. Ils furent rejoints par la PEEP, association de parents d’élèves ancrée à droite, qui évoqua une attaque sans précédent contre les parents, qui doivent être des partenaires et non des adversaires. Peu à peu, le rouleau compresseur médiatique avançait devant le pauvre Vincent Peillon, lequel semblait pieds et poings liés. De Pascale Clark à Christophe Barbier, du Figaro à L’Huma en passant par le Grand Journal de Canal +, le ministre de l’Education nationale était devenu la tête de turc préférée des médias. A l’Assemblée nationale, de nombreux députés socialistes épanchaient leur malaise dans la salle des quatre colonnes. Le Canard enchaîné citait plusieurs ministres qui balançaient amicalement sur leur collègue. Tant et si bien qu’au bout de quelques jours, on avait l’impression que tout le monde désapprouvait les propos de Peillon. Un sondage, pourtant, réalisé vingt-quatre heures après l’intervention du ministre, démontrait que 78 % des personnes interrogées étaient d’accord avec lui. Seulement relayé par La Croix, il ne fit pas le poids face au choeur des associations « représentatives », des syndicats enseignants qui les soutenaient par tactique – à la notable exception du SNALC – et du tout-Paris médiatique.
Peillon était rincé mais pas mort. Ceux qui allaient avoir sa peau ne furent paradoxalement pas ceux qui l’avaient attaqué en premier. Mais ses soutiens. Au bout de quelques jours, en effet, après avoir enregistré le soutien d’André Gérin, de François Bayrou et de son collègue Manuel Valls, d’autres renforts plus encombrants vinrent lui compliquer la tâche. Henri Guaino, et Lionnel Luca, c’était déjà beaucoup. Christine Boutin et Nicolas Dupont-Aignan, c’était bien trop. Le communiqué de Marine Le Pen fut, quant à lui, envoyé deux heures avant qu’il ne descende les marches de Matignon, sa démission acceptée. Les deux heures les plus longues de sa vie.
Fiction sympa (je vous sens comme un petit faible pour Peillon)… mais tellement possible (vu les ravages actuels du conformisme et de la mauvaise foi, amplifiés par les médias) !
Juste un petit truc qui m’agace: la PEEP n’est pas ancrée à droite, elle est apolitique. Par contre, la FCPE est ancrée à gauche d’où la confusion.
@Claribelle : être apolitique, dans certains milieux, on appelle ça être ancré à droite 😉
Fiction… ? Certains points ne sont pas absurdes !
On le sait, cette « réforme » des rythmes scolaires est dans les tuyaux depuis longtemps et le ministre Chatel l’aurait menée à terme lui aussi.
Objectif avoué : favoriser l’épanouissement de l’enfant et réduire sa fatigue, cause de l’échec scolaire. Or, quelles sont les causes de l’échec scolaire ? Les difficultés socio-culturelles des parents ? Leur déficit éducatif ? Leur pauvreté matérielle ? Que nenni ! « Le poumon vous dis-je ! » Euh… Les rythmes scolaires !
En fait, il me semble que le rythme scolaire « à la française » (en réalité, beaucoup de pays du sud de l’Europe ont les mêmes…) ne nuise pas aux enfants qui réussissent…
L’argument invoqué par les « spécialistes » pour réduire les congés d’été : les enfants défavorisés ne profitent pas des vacances d’été. De plus, ces « experts » considèrent que la journée d’un élève est trop longue. Il faut donc ventiler l’horaire hebdomadaire et instaurer l’école le mercredi (la « concertation » fera bien sûr apparaître que le lobby du tourisme ne souhaite pas qu’il y ait école le samedi – (http://www.lemonde.fr/education/article/2012/09/17/vincent-peillon-prone-l-allongement-de-l-annee-scolaire-en-primaire_1761126_1473685.html).
Comme on ne peut pas payer davantage* les professeurs (http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/08/30/97001-20120830FILWWW00418-peillon-aimerait-mieux-payer-les-profs.php), on a donc tout intérêt à diminuer la journée des enfants.
(*)alors que les salaires des enseignants français sont actuellement dans la queue du classement européen (cf. : http://www.oecd-ilibrary.org/education/teachers-salaries_teachsal-table-en).
Quand dira-t-on clairement que les enseignants ne peuvent pas tout ? Quand cessera-t-on de comparer les systèmes scolaires en faisant fi du fait que les élèves ne sont pas culturellement comparables, que les langues maternelles apprises présentent des difficultés variables, etc…
La fiction a le mérite de mettre à l’index certains des problèmes liés aux changements souhaités sous la pression des lobbies (celui du tourisme qui veut obtenir le zonage en été pour favoriser le remplissage hôtelier ; celui d’Acadomia and Co pour les cours privés à partir de 15h). Parmi ces problèmes :
– organisation des temps peri-scolaires (associations sportives, centres de loisirs et éducation religieuse) avec la scolarisation du mercredi matin : sur-occupation des gymnases, piscines et terrains de sports, saturation sur le mercredi après midi des structures de loisirs et musées, etc…
– accueil des élèves après la journée écourtée (conditions d’accueil variable selon les familles et les municipalités ; cours particuliers ou solfège pour les uns, cage d’escaliers et TF1 pour les autres…). Ce dernier point me semble particulièrement inégalitaire.
Nous sommes allés à l’école 5 jours par le passé. Du lundi au samedi avec le jeudi comme temps de repos.
On ne parlait pas de rythmes scolaires … en ce temps-là … monsieeuur !
Nous étions couchés à 21h , sans télé, sans PC, sans téléphone portable dans la chambre.
Nos parents nous racontaient des histoires qui commençaient par « Il était une fois … » ce qui mettait une distance entre le récit et les actes …
Nous n’arrivions pas en classe en baillant, ni ne dormions sur nos tables. Nous n’avions ni couteau dans nos cartables pour agresser nos profs ou nos camarades ni ne jouions au jeu du foulard …
Nos parents assumaient leur rôle, quelque soit leur condition sociale.
A lire la remarquable analyse des temps qui changent.
« Carnaval des apparences » Georges Balandier, Fayard.
FRANCHEMENT;ce PEILLON est a coté de la plaque?
le changement;c-est maintenant;SI SI
avec quelle ARGENT
ses pitreries vont COUTER combien a la collectivité
il va falloir augmenter les taxes;impôts
et les régions on d’énormes DETTES
les jeunes on l »ordinateur;la télé,les textos;les jeux;le portables;et forcément;se couche tres tard
le cas de la MAJORITE de nos jeunes
se lever la matin,est pas facile;;et beaucoup de parents en on rien a faire;
de plus;obliger les jeunes a rester au lycée est une bêtise;il faut leurs laisser le choix;de rentrer en apprentissage dés 14 ans;
PEILLON;avant de nous sortir les réformes;AURAIT du se poser cette QUESTION:combien cela va coûter?