En lâchant son buteur à l’OM, Michel Seydoux accorde une prime à l’effronterie
Quand on a lu Racaille Football Club de Daniel Riolo, on n’est guère étonné par les mésaventures du Lille Olympique Sporting Club avec son joueur Florian Thauvin. Tout y est : comportement de gamin pourri par le fric, emprise des agents, et last but not least, complicité active ou passive des clubs en pleine crise sado-masochiste.
Mais reprenons, à l’attention de ceux qui n’auraient pas tout suivi, l’historique de cette affaire. Florian Thauvin s’est révélé l’an dernier au public au sein du Sporting Club de Bastia. Pétri de talent, il n’a pas manqué d’attirer dès le début de la saison dernière l’attention des recruteurs. À ce jeu-là, c’est le LOSC qui fut le plus rapide, proposant à Bastia la somme de 3,5 millions d’euros en janvier dernier. Cette somme est finalement assez modeste au regard des prix qui se pratiquent pour les jeunes attaquants talentueux mais elle était compensée par le prêt du joueur pour la fin de la saison 2013 du côté de Furiani. Jusque-là, rien d’anormal, et plutôt un accord qui satisfaisait toutes les parties.
C’est cet été que l’affaire s’est corsée, si on ose écrire. Voilà que le joueur, qui appartient au club lillois, et qui n’a encore pas joué le moindre match sous ses couleurs, décide soudain de jouer à Marseille. C’est qu’entre janvier et juillet, la cote de Thauvin a encore grimpé et l’agent du joueur se dit qu’il y a sans doute moyen d’empocher une jolie commission sur un gros transfert. Mais le président du LOSC, Michel Seydoux, ne l’entend pas de cette oreille et refuse de vendre. À ce stade, les coupables sont à la fois le joueur qui s’assoit sur le contrat de quatre ans (avec un salaire de 45 000 euros par mois) qu’il a signé six mois plus tôt et l’Olympique de Marseille qui courtise un salarié sous contrat d’un de ses homologues sans demander l’autorisation de ce dernier, alors qu’il ne supporterait certainement pas qu’on lui fasse le même tour de cochon[1. C’est bizarre à l’OM. Quand un joueur souhaite partir alors que son club ne le souhaite pas ou qu’il souhaite rester à alors que le club souhaiterait le vendre, il peut lui arriver d’être victime d’un cambriolage ou d’un car-jacking. Et son attitude change rapidement. Allez savoir pourquoi…].
L’affaire s’envenime, Thauvin faisant la grève de l’entraînement, et Seydoux l’envoyant montrer ses talents en équipe réserve. Jusqu’au 2 septembre à minuit, heure de fermeture du marché estival des transferts, les parties vont donc jouer au poker menteur. Avouons que nous avons eu un fol espoir. Que le président du club nordiste ne craque pas, qu’il s’assoie sur la somme rondelette (15 millions d’euros) proposée par l’OM. Quelle aurait été l’attitude du joueur si le 3 septembre au matin, il avait encore été joueur de l’effectif lillois ? Aurait-il continué de sécher l’entraînement ?
Certainement pas, la partie aurait été perdue pour Thauvin, lequel ne pouvait se permettre de jouer en championnat amateur pendant quatre mois, en attendant que s’ouvre le marché hivernal. Là-dessus, Seydoux aurait pu convoquer le joueur le 2 janvier et lui expliquer en substance : « Ton attitude a été déplorable cet été. Si un club veut mettre 15 millions sur la table, je serait donc très content que tu fasses tes bagages, tes valeurs ne coïncidant pas avec celles du LOSC. À une réserve près, il n’est pas question que tu partes à l’Olympique de Marseille, puisque j’ai décidé qu’aucune négociation n’aurait lieu ici jusqu’à nouvel ordre avec ce club, qui s’est comporté aussi mal que toi. Plusieurs clubs anglais m’ont déjà contacté. C’est à toi de voir. J’ajoute que tu gagnerais à changer d’agent, puisque le tien ne t’a pas donné les meilleurs conseils cet été. »
Voilà ce qu’un grand président de club aurait pu dire à Thauvin. Malheureusement, Seydoux s’est couché. Seydoux s’est vendu. Il a certes engrangé une forte plue-value (qu’il aurait pu engranger dans quatre mois), mais il a donné raison au mauvais comportement de Thauvin, de l’OM, de l’agent du joueur. Il a donné raison à Racaille Football Club, encore vainqueur, au grand désespoir des vrais amoureux du foot.
Je vous avais fait part de vive voix, 48 H avant la signature de ce contrat, que ma conviction était que Seydoux allait céder.
Seydoux est un bon entrepreneur protestant capitaliste. Il ne pouvait laisser-passer cette offre. le capitalisme n’a pas de morale.
La
Erreur de manipulation (fin de mon précédent message)
La signature, en toute fin du marché des transferts, était digne du final de The Voice sur TF1 : le (faux) suspens comme élément du spectacle.
La morale dans le foot professionnel ? ne serait-ce pas ce que l’on appelle un « oxymore » !
Les affaires continuent puisque Romain Alessandrini tente de faire le même coup au Stade Rennais avec toujours et, encore, l’Olympique de Marseille dans ce nouveau coup fourré. Petit rappel : Alessandrini signe à Rennes en juin 2012 en provenance de L2 ( Clermont), réussit un excellent début de saison ( 10 buts au cours de la poule Aller et un appel du sélectionneur national ) avant de se blesser gravement au genou. Il prétexte de son superbe début de saison pour demander une sérieuse revalorisation de salaire que Rennes lui refuse car il n’a pas joué un seul match en 2013 ( 6 mois d’arrêt de travail et un doublement de son salaire – une revendication culottée à faire pâlir tous les dirigeants syndicaux ). Derrière cette urgence sociale, son agent et l’Olympique de Marseille qui met la pression sur le joueur en faisant semblant de sortir le carnet de chèque. A suivre mais j’espère que les dirigeants bretons sauront, eux, ne pas céder …