Tous ses ex-ministres candidats contre lui

 

Connaît-on un seul président dont les principaux ministres ont démissionné les uns après les autres avant de se présenter contre lui à l’élection présidentielle ? Ne cherchez pas ! Vous ne trouverez pas. François Hollande est bien le premier à se trouver dans cette situation. Ses alliés politiques se sont tous, ou presque, retournés contre lui. Qui lui reste fidèle ? Cazeneuve, Le Drian, Sapin, Le Fol, éventuellement Vallaud-Belkacem. On ne sait même pas ce qu’en pense Ségolène Royal.

En 2011, François Hollande avait gagné le second tour de la primaire socialiste grâce au soutien d’Arnaud Montebourg. Si le candidat de la démondialisation avait opté pour Martine Aubry, l’issue du scrutin aurait été bien incertaine. Il s’agissait d’une alliance politique, « la fameuse alliance des contraires » dont les exemples jalonnent l’histoire politique. Montebourg a décroché le ministère qu’il voulait, mais le Président lui avait confié un couteau sans manche. Hollande n’avait aucune intention de tenir compte de l’avis de son allié, sinon pour se débarrasser de Jean-Marc Ayrault. Mais sur le fond, nada. Tout Hollande est là, derrière le président  perce toujours le premier secrétaire du PS. D’ailleurs, lors de cette fameuse fête de la rose de Frangy de 2014, ce n’est pas le discours-réquisitoire de Montebourg contre l’Union européenne et l’Allemagne, mais bien la foucade de ce dernier, cette promesse de lui « envoyer de la cuvée du redressement », lancée à la cantonade au milieu des journalistes, qui a provoqué le divorce. Critiquer impitoyablement ma politique, cela m’en touche une sans faire bouger l’autre, comme dirait un autre Corrézien célèbre, mais me traiter d’impuissant devant la France entière, ça non ! Quand l’égo du petit bonhomme prend le pas sur l’homme d’Etat… Sur le coup, Hollande n’a pas perdu un seul ministre mais trois. Aurélie Filipetti et Benoît Hamon, la première bon gré, le second mal gré, avaient dû suivre.

En nommant Manuel Valls à Matignon, François Hollande avait aussi perdu Cécile Duflot, ce qui n’était pas si grave, mais avec la proposition de constitutionnaliser la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme, il finira par perdre aussi l’icône Christiane Taubira. Enfin, le Président aurait rompu sur une question régalienne, faisant passer la patrie avant toute considération tactique, et perdant ainsi une personnalité emblématique de son quinquennat sur l’autel de l’intérêt général ? On pourrait le dire si le projet avait été mené à son terme. Or, c’est précisément après avoir perdu sa ministre qu’il a fini par y renoncer, faisant piteusement porter la responsabilité de son échec sur la droite sénatoriale, qui soutenait pourtant le projet présidentiel d’origine. Tout ça pour ça…

Et puis, il y a eu Emmanuel Macron. Macron qu’il aimait. Macron qu’il chérissait. Macron qu’il admirait. Macron qu’il avait fait. Il devait être son allié dans le jeu à trois face à Manuel Valls. Mais la créature lui a échappé. Un remake pitoyable de « Frankenstein ». Macron qui apprend à connaître son mentor et qui comprend que celui qui l’a nommé est toujours un premier secrétaire du PS, cherchant synthèses et compromis boiteux. Macron qui comprend aussi que cet homme ne sera pas réélu, ne pourra sans doute pas être candidat à sa succession tant il est rejeté dans le pays. Et Macron qui se met à son compte, persuadé qu’il est meilleur, mesurant peut-être aussi que ce n’est pas bien difficile, finalement.

Duflot candidate à la primaire EELV, Hamon candidat à la primaire de la « Belle alliance populaire », invention brevetée par le duo Hollande-Cambadélis. Taubira qui se tâte. Montebourg, candidat à la présidentielle – à travers la primaire seulement si elle n’est pas organisée par le duo Hollande-Cambadélis (on le comprend !). Macron quasiment candidat à la présidentielle, directement. Tous candidats contre lui. Du côté de Matignon, Manuel Valls le soutient comme la corde soutient le pendu, rêvant à sa candidature en cas d’impossibilité de candidature hollandienne. Quand Emmanuel Macron est parti, François Hollande aurait pu faire monter le jeune espoir Mathias Fekl au ministère de l’Economie. Son profil aurait pu permettre d’embêter à la fois Arnaud Montebourg, dont le ministre du Commerce extérieur qui refuse le TAFTA se rapproche idéologiquement, et Emmanuel Macron sur le créneau de la jeunesse. Mais il a préféré tout donner au fidèle Sapin. Petit joueur, le Président ? Peut-être seulement prudent. Qui sait si Fekl au moment décisif n’aurait pas fini par le lâcher à son tour, faisant revivre à Bercy le proverbe « jamais deux sans trois » ?

On ne peut même pas évoquer le Roi qui est nu. Car roi, monarque républicain, l’a-t-il été seulement un seul jour ? C’est seulement d’un homme nu dont il s’agit. Un homme nu qui cache ses attributs avec ses mains, sous le regard d’un peuple entier. Que peut-il inspirer sinon le rire et/ou la pitié ?

1 commentaire

  1. Se trompe-t-on, ou c’est vraiment une rafale coup de pied de l’âne ou sur une ambulance ? Tous les petits rats et souriceaux quittant le navire ont tout de même – par voie de minuscule fronde et non sans acharnement – pris une part active au désastre, non ?

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