Que ceux qui ont été séduits par le énième discours républicain sauce Guaino du Président devant les parlementaires à Versailles descendent aujourd’hui de leurs nuages. La réalité du projet sarkozyen est ailleurs, assurément.

La loi sur le travail dominical demeure le symbole de cette escroquerie intellectuelle. Nicolas Sarkozy n’est pas là pour sauver le modèle républicain mais pour le rayer de la carte, tout simplement. Et lorsqu’on l’interroge sur le sujet, le naturel revient très vite au galop. Ainsi se plaint-il devant des journalistes que Madame Obama ne puisse pas faire certaines emplettes le dimanche en France[1. Il semble néanmoins qu’elle soit parvenue à en faire quelques unes puisque certaines rues ont été longuement bloquées dans ce but] à cause de notre archaïsme franchouillard. On comprend mieux qu’il ne cherche pas non plus à défendre, devant le mari de Michelle, la législation française en matière de signes religieux à l’école. Autre archaïsme, sans doute.

Il faut s’adapter au monde qui vient et ne pas chercher à le changer, et dans le même temps toujours claironner qu’on le change. La France doit donc ouvrir ses magasins le dimanche, en zone touristique. Et toute la France est une zone touristique dans l’esprit du Président. De ce point de vue, il est visionnaire. Effectivement, si on continue de laisser désindustrialiser notre pays, quel autre choix pour nos enfants que d’apprendre le chinois puis d’ouvrir une chambre d’hôte ? Rocard et Juppé, les joyeux duettistes,  y penseront-ils quand ils rédigeront leur rapport sur les priorités de l’emprunt national ?

Mais l’escroquerie ne porte pas que sur la question touristique. La loi sur le travail dominical est également motivée par la volonté de « légaliser » l’ouverture de certaines zones commerciales comme Plan-de-campagne, près de Marseille. Ces magasins ouvrent le dimanche au mépris de la Loi, et au lieu de faire respecter celle-ci, en faisant arrêter les directeurs de ces établissements délinquants, on demande aux parlementaires d’effectuer quelques petits aménagements. On voit donc ce que vaut le discours martial sur l’autorité de la Loi, en matière de téléchargement sur internet par exemple.

Alors qui pour dénoncer ces escroqueries intellectuelles ? Les socialistes ? Ils préfèrent organiser des colloques sur les libertés publiques et écrire des textes sur l’établissement de primaires à l’américaine pour sélectionner le moins mauvais d’entre eux pour la candidature-abattoir de 2012. Les écolos ? Les industries, ils n’aiment pas ça. Et les chambres d’hôte, c’est coule, sauf que le bilan carbone n’est pas terrible quand on amène des clients chinois ou indiens en avion…Les centristes sont englués dans leur eurobéatitude. Il y aurait peut-être le Front de Gauche, mais le voilà en train de faire la cour aux internationalistes irresponsables du NPA. Nous autres gaullistes n’avons plus le droit de nous exprimer dans les grands médias. Ceux qui rejettent ce système et qui ont compris depuis longtemps l’escroquerie sarkozyenne se détournent de plus en plus des partis de gouvernement. Ils se sont largement abstenus le 7 juin dernier avant d’accorder le score que l’on connaît à Marine Le Pen à Hénin-Beaumont. Et on peut penser qu’il ne s’agit pas là de solutions constructives.

C’est pourquoi je reste très pessimiste. L’Escroc restera sans doute à l’Elysée quelques années encore. Il faut s’y faire : l’apprentissage du chinois, pour ses enfants, c’est LA solution pour qu’ils s’en sortent.

13 commentaires

  1. Nous devons être un certain nombre à faire cette analyse. Devenir un pays pour cadres chinois et indiens en goguette, ses paysages, son architecture, sa gastronomie, ses prostituées, ses quatre millions d’émigrés faisant les poubelles en Chine…Pays non seulement pauvre mais dépendant, soumis, puisque sans industrie.
    Je suis moins pessimiste que toi. Si nous coulons, c’est parce qu’il n’existe plus de société française et le très haut niveau d’instruction ne l’aura pas compensé, il n’y aura donc rien à faire et rien à regretter.
    2005 est tout récent et déjà PG et DLR ont émergé, NPA, médiatisé, a fait un mauvais score aux européennes. L’enjeu n’est-il pas tout simple ? Les diplômés de l’enseignement supérieur, de plus en plus nombreux à être précarisés, vont-ils vraiment se laisser appauvrir sans réagir efficacement? Cela paraît peu crédible.
    L’émigration est aussi une solution pour nos enfants, choix de beaucoup de nos jeunes déjà aujourd’hui.

  2. parlons vrais,sans tabou sur le travail du dimanche
    de tout temps,les gens ont travaillées le dimanche
    police,pompiers,restaurateurs ,infirmiers libéral,les marchés,bouchers,pâtissiers,boulangers,fleuriste,médecins,infirmière,ect ect il y en a temps
    oui,il faut ouvrir dans les zones touristiques,
    les gens ne vont plus dans les églises ou ailleurs,il aime aller flâner dans ces lieux,même s »il n »acheté rien,
    le problème c »est la rémunération de ce travail,il faudrais payer double pour le dimanche,
    et naturellement ne pas forcer les gens qui ne veulent pas travailler le dimanche a le faire,et peut être que celui qui va refuser sera montrer du doigt,,,,un risque c »est sur
    a plan de campagne,c »est la totalité des travailleurs qui veulent travailler le dimanche,et en plus,c »est toujours plein,,donc il ne faut pas être borner,si,si
    ou je suis inquiet,c »est pour les grandes surfaces,-auchan ect ect
    les caisses automatiques? tout le monde devrait hurler contre cela ,surtout en période de crise,que font les syndicats et le front de gauche,,,,,
    pour faire des économies,c »est tout bête,remplacer le personnel,plus de salaires,charges,et en plus le client fait le travail,
    elle est pas belle,la vie?

  3. Sarkozy ne se fera hélas pas naturaliser américain… et c’est bien dommage, pour nous, pour lui, pour tout le monde, sauf peut-être pour les Américains des USA.

  4. A quoi sert le dimanche?
    Au-delà de l’aspect religieux, hérité du récit de la création du monde, le dimanche a des avantages purement humains qu’il ne faudrait pas négliger.

    D’abord la nécessité du repos.
    Le Curé d’Ars, en arrivant dans sa nouvelle paroisse, a voulu réinstaurer le repos dominical. Il a fait faire des études de productivité pour prouver aux agriculteurs que le repos du dimanche permettait de produire plus les 6 autres jours. Le droit du travail impose en France ce repos (sauf pour les artisans, qui gèrent leur emploi du temps comme bon leur semble), admettons que cette nécessité de repos ne soit pas remise en cause.

    Ensuite la nécessité de la vie familiale.
    Argument irrecevable pour Sarkozy, pour qui la famille est une notion vide de sens. Pour beaucoup, elle est un lieu privilégié de transmission de valeurs, de nécessité du « vivre-ensemble » (on ne choisit pas les gens avec qui l’on vit en famille, on apprend à vivre avec eux), d’éducation, mais aussi un lieu d’indépendance vis-à-vis de l’extérieur. En plus, ce qui apparaît comme étant aujourd’hui du domaine du service public est assuré gratuitement par les familles (disons que chaque parent est un éducateur bénévole de ses enfants, jouant le rôle du Ministère de l’Education, de l’Intérieur, des Loisirs, de la Santé, etc!, gratos en plus). Que faire quand maman bosse le dimanche au magasin? Rien de grave, les enfants sont juste laissés à l’abandon.

    Plus largement, la nécessité de la vie sociale.
    Si chacun fait son week-end à sa sauce, quand pourra-t-on aller voir sa famille, ses amis, ses voisins, etc? C’est le même ressort que pour le travail de nuit. Les travailleurs de nuit rendent des services estimables. Mais chaque fois, cela se traduit par une personne en décalage complet avec la majorité de la population. La proposition de Delanoe d’étendre systématiquement les horaires d’ouverture du métro parisien relève de la même folie. Pour que les fêtards parisiens puissent mener la vie qu’ils souhaitent de façon agréable, sacrifions donc la vie de milliers de salariés de la RATP et de leurs sous-traitants. C’est pas grave, c’est pour l’argent, les gens sont volontaires, répondront les thuriféraires de la liberté individuelle. La Nation fixe des bornes à cette liberté (par exemple, il est interdit de vendre ses organes, alors qu’on trouverait plein de volontaires, librement consentants, si les prix étaient assez élevés), parce qu’elle doit chercher à préserver l’équilibre de ses citoyens, et combattre certains penchants qui seraient individuellement acceptables mais collectivement suicidaires.

    Enfin, les vertus de l’ennui.
    Un bon dimanche pluvieux, coincé à la maison, pas de magasins ouverts, pas d’activité, quel bonheur. L’occasion unique de commencer un bon bouquin, de traîner au lit, de boire une bouteille de vin sans craindre le coup de barre de l’après-midi, de voir ses enfants, ses amis, sa famille, de laisser son esprit voguer, de se forger des avis.

    Mais tout cela est étranger à Sarkozy. Il se fout de la Nation en tant qu’entité réelle, il n’y voit qu’une somme d’individus qui ne pourraient s’épanouir qu’en s’adonnant sans remords à leurs penchants personnels. Préserver le dimanche pour l’immense majorité, c’est donner un moment de respiration à la Nation, qui ne se traduira pas par plus de PIB (quoique), mais par plus de lien entre les gens, donc moins de fracas social (qui lui nous coûte énormément).

    Amen.

  5. Apprendre l’indien, ça va être très difficile puisque cette langue n’existe pas. Et apprendre les 22 langues officielles de l’Inde ne doit pas être facile non plus…

    Exact ! Ou avais-je la tête ? J’ai supprimé l’Indien de mon texte. Merci de la correction. DD

  6. @Franz
    Pas mal ton commentaire. Le paysage politique se complexifie, les militants de base socialistes (dont je suis) sont à peu près sur la même ligne sur ce sujet. Intéressant, il faut qu’on fasse qqchose…

  7. Le travail du dimanche, dans certaines zones dans un premier temps (diviser pour mieux régner), pour tout le monde ensuite (par noble souçi d’égalité républicaine, bien sûr), ça permet surtout de compliquer la tâche des inspecteurs du travail qui n’auront plus les moyens de contrôler l’effectivité du repos hebdomadaire. À moins d’attacher un disque enregistreur à chaque employé, comme dans les camions.

  8. Moi ce qui me gène dans ce projet de loi, c’est l’utilisation de l’argument et critère de « zone touristique » pour justifier le travail du dimanche.

    Justification double:
    La première sous-entendant qu’il serait inconcevable, voire incorrect, de ne pas fournir le service que nos visiteurs sont en droit d’attendre en venant à nous.
    La seconde, laissant penser que dans une période de crise économique il serait insensé de laissé inexploité ce gisement de travail.

    D’ailleurs Michel plus haut le souligne, les salariés de Plan de Campagne revendiquent de travailler le dimanche.

    Effectivement lorsque que l’on galère le travail du dimanche est toujours bon à prendre.

    Mais pour un politique qui se respecte, ce qui doit compter, n’est-ce pas l’intérêt général de la société ?

    La drogue est une économie en pleine expansion. Faut-il en favoriser l’essor au risque de mettre en péril la santé de la population ? et au nom de la liberté individuelle ?

    Or le travail du dimanche, chacun l’a déjà souligné, c’est réduire le lien social et familial, déjà mis à mal par bien d’autres causes. Et ce mal est mortel pour nos sociétés, donc pour chacun de nous.

    Les enfants ont besoin de ces moments privilégiés, les personnes âgées aussi, et même chacun individuellement. Flâner dans les magasins ; n’a-t-on pas assez des six autres jours de la semaine ?

    Je crains même que nos sociétés soient malades du manque de rencontre, d’échanges et d’épanouissement personnel développés ailleurs que dans ces temples de la consommation, même pour « se promener » et « regarder » seulement.

    Conservons un jour sans travail et sans achat, c’est-à-dire sans rapport à l’argent, hors « affaires »; libre ; libre comme le Max de la chanson. Il y va de notre dimension humaine, de notre survie humaine.

    Merci, David de dénoncer le petit esprit de notre Président. Notre pays qui a tant contribué à une conception humaniste de la société ne méritait une telle calamité.

  9. Il y a déjà quelque temps, à l’occasion d’une énième déclaration, dont Sarkozy a le secret, il m’était venu à l’esprit que celui-çi ne pouvait pas décemment occuper la fonction de Président de « notre » République, surtout la Cinquième, dont la Constitution a été élaborée par de « Grands Hommes ».
    En effet, cette République ne devait en aucun cas être celle des copains et des coquins, de type « bananière, en somme.
    Aussi, cette nouvelle escroquerie, comme dit David, est bien au niveau du triste personnage qui s’agite, qui s’agite et qui ne sert que ses copains-coquins.
    Sarkozy, le trop petit, moi, je ne t’ai pas vu et, surtout, ne souhaite jamais te voir.

  10. Il est vrai que le projet de SARKOZY, contrairement aux jeunesses culturelles de l’UMP que sont les Ravers et qui veulent des Zones d’Autonomie Tempoaraires, veut faire de la France une Zone de Loisir Eternelle.

    Ton article m’a rappelé une chanson du groupe MASSILIA SOUND SYSTEM enraciné justement pas loin de Plan-de-campagne.

    Dans leur chanson Des Métallos sortie en 1995, il dénonçait les ravages de la mondialisation et la dèsindustrialisation de leur ville La Ciotat.

    Les politiques donnaient comme atout à leur ville le soleil et comme perspective de travail de devenir plagiste ou d’aller travailler chez McDo.

    Bon après, il sont fanatiques de l’Olympique de Marseille… mais c’est un autre débat.

  11. D’après Libération, interview de Bernard Thibaut

    LIbé: Que la CFTC, syndicat chrétien, défende le repos hebdomadaire le jour du Seigneur, cela se comprend. Mais la CGT ? Pourquoi le dimanche plutôt qu’un autre jour, tant que la durée légale du travail est respectée ?

    BT: Dans tous les pays du monde, le droit au repos s’est organisé autour des fêtes religieuses. En France, pays de tradition chrétienne, c’est le dimanche. C’est un fait.

    Et si un certain nombre de gens profitent du dimanche pour aller à la messe, pourquoi pas ? Mais ce qui nous inspire, c’est de façon beaucoup plus générale le fait que dans notre société, le dimanche est une journée réservée à des activités non professionnelles, familiales, associatives, sportives ou autres. De quel droit les patrons imposeraient à toute la société les temps de la vie ? (…)

    Et voilà les deux rives réunies sur un sujet.

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