Parmi les mesures que le Gouvernement prévoit pour moderniser l’Etat et simplifier les démarches administratives figure un texte qui mobilise actuellement les avocats à savoir la possibilité de divorcer par consentement mutuel devant un notaire.
Cette mesure signe la mort définitive du mariage en tant qu’institution familiale. Je m’en explique.
L’Etat avait pris le relais de l’Eglise comme organe officiel du mariage dans un but louable. Il s’agissait d’encourager cette institution, siège de la stabilité de la Famille, que la Republique reconnaissait ainsi comme cellule de base de la société. Si la frontière entre vie privée de chacun et vie publique était garantie, la Nation ne pouvait se désinteresser de la bonne éducation des enfants -qui nécessite un cadre stable- et de la santé de sa démographie, laquelle a des implications énormes sur sa vitalité -politique et économique-.
Certes, le divorce par consentement mutuel, autorisé en 1975 par Giscard d’Estaing, avait quelque peu ébranlé cette institution. Le divorce concerne ainsi aujourd’hui un mariage sur trois (un sur deux en région parisienne). Les familles monoparentales et recomposées sont ainsi monnaie courante. De même, le PACS, créé à l’origine pour donner un cadre juridique aux couples homosexuels, a attiré nombre de couples hétérosexuels séduits par une plus grande souplesse. Mais l’Etat continuait à garantir le mariage en tant qu’institution, le recours à un juge impartial pour en prononcer la rupture venant matérialiser cette sacralisation.
L’Etat jouait un autre rôle en garantissant cette institution. Il protégeait les deux époux et en particulier le plus faible des deux contre la trop grande facilité de rupture qui confinerait à un droit de répudiation. On imagine très bien qu’un notaire prenant la place d’un juge, il sera possible de faire pression sur un époux psychologiquement plus faible afin de mettre fin assez facilement à une union dans des conditions déséquilibrées. Le notaire familial n’a pas toujours l’impartialité du juge car souvent lié de longue date à la famille de l’un des deux époux.
Si la République, génératrice de valeurs, et l’Etat, protecteur du faible, s’effacent, le mariage devient un PACS comme les autres. Si le Gouvernement était logique, il y mettrait fin. Mais que dirait l’électorat conservateur de Nicolas Sarkozy ? Que dirait la France « de droite » ? Penserait-elle que le Président de la République veut imposer à tous son mode de vie, qu’il médiatise à l’envi ?
Après avoir broyé la souveraineté populaire en ne consultant pas le Peuple sur un texte refusé par ce dernier, avant de broyer les institutions de la Ve République, Nicolas Sarkozy raye d’un trait de plume une institution républicaine bicentenaire laquelle était continuatrice d’une institution morale multiséculaire.
Nul doute que Benoît XVI devrait passer un joli savon demain à Rome à cet homme qui n’a cessé de clamer sa foi catholique (il y a même consacré un livre entier il y a trois ans !). Et c’est un mécréant qui vous le dit….