Son nom n’existait qu’à-côté de celui de Laurent Wauquiez


Après son entretien au vitriol dans Le Parisien, Virginie Calmels a été limogée de son poste de vice-présidente déléguée des Républicains. Mais ces derniers ont sûrement moins perdu qu’elle dans la bataille. 


Virginie Calmels savait-elle que son entretien dominical au Parisien provoquerait de facto son éviction de l’équipe dirigeante des Républicains (LR) ? C’est fort probable. Convenons qu’elle n’y allait pas avec le dos de la cuiller. Evidemment, sa charge contre Laurent Wauquiez et – ce qu’on dit moins depuis dimanche soir – le fait de lui intimer publiquement l’ordre de prendre la tête de liste aux européennes, alors qu’il n’en a nul souhait, ne pouvaient pas passer comme une lettre à La Poste pendant les trente glorieuses. Peu avant vingt-et-une heure, alors que les Brésiliens débutaient la Coupe du Monde contre notre rugueux voisin helvète, LR lâchait son communiqué : Virginie Calmels n’était plus numéro deux du parti.

Virginie qui ?

Mais que croyait donc l’adjointe au maire de Bordeaux lorsqu’elle s’est engagée avec Laurent Wauquiez à l’automne dernier ? Et que croyait ce dernier, lorsqu’il a souhaité former cet improbable tandem ? Nous l’avions alors écrit ici, le duo Wauquiez-Calmels n’avait guère de sens. L’ancienne patronne d’Endemol France s’offrait l’illusion d’avoir sa part dans la victoire du successeur de Nicolas Sarkozy, et un poids politique en général, alors que – je le testerai bientôt – il est fort probable que ma coiffeuse de Besançon n’ait aucune idée de son existence. Quant à Laurent Wauquiez, il brouillait son message d’opposant en s’associant avec une personnalité qui, quoi qu’elle en dise, est idéologiquement très proche d’Emmanuel Macron.

Calmels accuse aujourd’hui Wauquiez de ne pas être rassembleur alors qu’il a, au contraire, tenté de rassembler ce qui est aujourd’hui inconciliable. Comment, en effet, avoir dans le même parti – et pis dans l’équipe dirigeante – Virginie Calmels d’un côté et Julien Aubert ou Guillaume Peltier de l’autre ? Nous l’avions fait remarquer à Eric Ciotti récemment. Il avait nié. Nous ne lui tenons pas rigueur de cette dénégation, figure imposée des conférences de presse.

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Il aura suffi d’un tract qui ne cassait pas trois pattes à un canard pour avoir raison de l’unité de façade. On ne peut pourtant pas dire que Virginie Calmels n’avait aucune influence sur la ligne politique, comme elle le martèle aujourd’hui. N’était-ce pas elle qui donnait le tempo sur les questions économiques, déroulant un discours selon lequel Emmanuel Macron était un fieffé dépensier creusant encore la dette de la France, en continuateur de François Hollande ? On a souvent entendu d’autres membres de l’équipe dirigeante reprendre cette antienne, à l’exception, il est vrai de Peltier et Aubert. Il suffisait alors de faire l’unité sur l’immigration et l’insécurité. D’où le tract.

Et maintenant, Macron ?

Calmels avait pourtant dit à qui voulait l’entendre, il y a deux ans, qu’elle était la « droitière » du clan Juppé. Et qu’elle s’était opposée à tous les autres, sur les thèmes régaliens. Ce n’était pas un malheureux tract qui allait la formaliser ! Lundi soir, au JT de TF1, elle a pourtant lâché les gros mots : « Identitaire », « populiste ». Il fallait aussi qu’elle trouve d’autres mots que Valérie Pécresse, qui avait tenu conférence de presse dans la journée, accusant Wauquiez de « rétrécir la droite ».

Car entre le président de LR et son ex-vice-présidente, c’est bien la seconde qui a perdu le plus dans ce divorce inéluctable. Virginie Calmels ne s’était finalement fait un nom qu’en duo avec Laurent Wauquiez. Aujourd’hui, à quoi sert-elle ? Alain Juppé n’a plus confiance en elle et semble bien décidé à rempiler à Bordeaux. Et pour incarner l’opposition à l’intérieur des Républicains, Valérie Pécresse a déjà pris la place, forte de bien davantage de légitimité. Que lui reste-t-il désormais ? Peut-être l’espoir, pas si improbable, de devenir ministre d’un prochain gouvernement formé par Emmanuel Macron ?