J’ai longtemps hésité avant de m’attaquer à ce sujet. Mais un titre en première page de Libération a achevé de me convaincre qu’il fallait écrire.

« Faut-il changer de pape » ? interroge ainsi le journal de Sartre[1. M’entendez-vous pouffer ? ]. J’aurais lu ça dans la revue Golias[2. Publication classée chrétienne de gauche.] ou dans La Croix, j’aurais compris. Mais Libé ! J’aurais sans doute eu la même impression si la Fédération Française d’Echecs avait produit un communiqué exigeant l’instauration du vidéo-arbitrage dans le football professionnel[2. On me rétorquera qu’il existe peut-être des cathos pratiquants parmi les lecteurs de Libé. Certes, peut-être 4 ou 5. Mais alors, à quoi bon organiser des Etats généraux de la presse pour sauver de tels nullards en étude de marché ?]. Moi qui ne suis pas très pieux, qui ne me suis pas rendu à une messe dominicale depuis le printemps 1985, j’ai du mal à me trouver légitime à fonder l’esquisse d’une critique sur le mariage des prêtres et tutti quanti. Ce serait de la timidité, croyez-vous ?

J’ai déjà entendu l’excellentissime Elisabeth Lévy[3. Je copierai 100 fois : je suis un fayot ] dire avec raison : « Je suis toujours étonnée qu’on s’étonne que le Pape soit catholique ». Cela vaut pour Benoît comme ça l’était pour Jean-Paul. Son métier, c’est défendre un Dogme, auquel je ne souscris pas. Et c’est justement parce que je n’y souscris pas que je ne m’autorise pas à en juger le premier protecteur, de peur qu’un catho pratiquant ne m’envoie très opportunément la phrase suivante au visage :« Mêle toi de tes fesses ». Et donc, je m’en mêle, effectivement, depuis mon adolescence [4. J’ajoute que me rappeler de mon adolescence, c’est me souvenir que l’accident de capote est possible, ce que Benoît XVI, sans entrer dans ces détails scabreux pour un homme de son rang, rappelait l’autre jour ] en ne tenant absolument pas compte du moindre discours religieux pour tout ce qui concerne mes amours, et surtout mes emmerdes[5. Kassdédi à Charles Aznavour.]. Il semble bien que les rassemblements des Journées mondiales de la Jeunesse ne soient pas toujours dépourvus de débordements hormonaux bien légitimes quand la nuit est  avancée. C’est ce que les jardiniers municipaux de toutes les villes qui ont organisé cette grande fête de la jeunesse catho peuvent constater lorsqu’ils doivent en ramasser les témoins en latex au petit matin. Cela prouve que même un jeune catholique sait faire la part des choses entre l’Idéal promu par son Très-Saint-Père et la satisfaction légitime des pulsions naturelles qu’il lui arrive de connaître comme le premier mécréant venu. De vous à moi, je ne suis même pas certain que si, pour complaire à Libé, le Pape avait appelé tous les djeun’s à forniquer comme ils voulaient à condition de se munir d’une capote, ceux-ci ne seraient pas, quelque part, un peu déçus et moins enclins à commettre le péché de chair[7. Ou plutôt de latex, en l’occurrence.]. Il faudrait  leur demander si la folle impression de briser un interdit papal n’avait pas ajouté du piment aux galipettes en question. Parenthèse grivoise refermée.

Les jeunes catholiques africains seraient-ils moins infondés que les autres à faire cette part des choses ? C’est ce que semble croire Libé mais aussi Madame la Ministre de la Santé  qui n’avait pas assez de mots assez durs ce matin pour Benoît XVI dans mon poste de radio. Madame Bachelot connaît-elle le principe de Laïcité ? Principe qui protège à juste titre l’Etat des immixtions de tout pouvoir religieux, mais qui protège aussi les Eglises des immixtions de l’Etat. Il est donc pour le moins choquant d’observer les ministres d’un gouvernement s’écharper en public sur la façon d’interpréter les déclarations d’un chef religieux. Cela vaut pour Bachelot comme pour Boutin. Cela dit, mêler le religieux au politique, ce n’est pas nouveau de la part du nouveau pouvoir.

Il est plus facile de taper sur une Eglise catholique qui n’a plus, même en Afrique, la même influence que dans le passé que de fustiger l’industrie pharmaceutique cupide qui traîne les pieds depuis des années pour trouver un vaccin à ce virus. Il semble bien, une nouvelle fois, qu’on se trompe sur l’identité de ceux qui se trouvent du côté du manche.

2 commentaires

  1. L’industrie pharmaceutique cupide qui traîne les pieds depuis des années pour trouver un vaccin à ce virus.
    Vous connaissez une autre maladie pour laquelle on vous donne le nombre de morts cumulés depuis 1986 et pas par année ? Eux, ils font le calcul.

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