Rebelles apeurés

Ainsi, ce soir, les députés forts en gueule de l’UMP se sont couchés et ont préféré fréquenter la buvette plutôt que de traduire en actes politiques leurs déclarations pourtant empreintes de bon sens sur la véritable nature du retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN.

On dit que le Premier Ministre a muselé sa majorité en recourant au vote de confiance. On a tort. Le Premier Ministre a engagé sa responsabilité sur la Politique étrangère du gouvernement et c’est bien celle-ci toute entière qui était le sujet cet après-midi tant ce retour dans le coeur de « la famille occidentale », que constitue cette initiative, symbolise cette dernière avec éclat. Le recours à l’article 49 de la constitution avait donc une certaine légitimité en l’occasion.

Il revenait simplement à ceux qui sont opposés à cette évolution, dont j’ai déjà écrit à quel point elle me déplaisait, d’assumer pleinement leurs convictions et de ne pas aller se terrer comme des lapins apeurés. Mais peur de quoi ? Que le Président de la République dissolve ? C’est une aimable plaisanterie. De se retrouver avec un candidat dans les pattes en 2012 ? Ce n’est pas davantage sérieux. Pour conforter sa candidature à un quinquennat supplémentaire, Nicolas Sarkozy devra s’appuyer sur tout le monde, même sur ceux des députés UMP qui auraient manifesté un jour, par leur vote, une défiance passagère.  Alors pourquoi ? Le plus probable est que Monsieur Copé leur a conseillé cette attitude et qu’ils ont trouvé en lui un nouveau héraut. Je ne vous cache pas la consternation dans laquelle cette éventualité me plonge, tant le maire de Meaux fait figure pour moi de sous-Sarko ; tous les défauts de l’Autre sans ses rares qualités. Pitoyables donc, les Myard, Luca [1. Ces deux-là ont même fini par voter la confiance…], Tron, Grand et consorts. Toujours en train de faire semblant qu’on peut peser à l’intérieur de l’UMP, un peu comme Sarkozy qui croit qu’il peut changer l’OTAN de l’intérieur ce qu’eux contestent par ailleurs à juste raison.

Avec un peu de suite dans les idées et de foi dans leurs convictions, tous ces députés auraient pu voter NON à cette politique étrangère mortifère qui n’avait pas été annoncée avant les élections présidentielles et  législatives. Ils auraient pu entrer dans l’histoire parlementaire comme des députés courageux et indociles. Ils ont préféré la buvette. Pas sûr que Sarkozy, qui ne connaît que les rapports de force, ne les respecte davantage ce soir.

Illustration en Une : Député UMP se dirigeant très rapidement à la buvette au coup de sifflet.