Le gaulliste s’affranchit des consignes de l’UMP

 

On présente souvent Henri Guaino comme l’exemple du « sarkolâtre ». Il est vrai qu’en certaines occasions, l’ancien conseiller spécial avait poussé un peu loin le bouchon dans la célébration de l’ancien président. Expliquer que, sans Nicolas Sarkozy, « il n’y aurait plus de démocratie en France, dans l’Europe et dans le monde », par exemple, c’est too much. Guaino est un sentimental. Il ne le cache pas. Il n’hésite pas à témoigner de son cas personnel pour dire son opposition à la Loi Taubira. Il n’hésite pas à quitter un plateau de télévision lorsque l’insupportable Romero fait son numéro habituel au lieu de débattre. Il lui arrive aussi de perdre son sang-froid dans d’autres confrontations télévisuelles, comme face à Joseph Macé-Scaron ou Jérôme Guedj. Il est comme ça, Guaino. Entier. C’est à cette aune qu’il faut lire son lien à Nicolas Sarkozy, et les excès qui vont avec.

Pourtant, il ne faudrait pas en conclure qu’il approuve tout ce que fait l’ex-chef de l’Etat. Guaino est un sentimental mais il n’est pas un inconditionnel. Il a répété sur tous les plateaux et studios que la candidature à la présidence de l’UMP n’était pas une bonne idée. Il n’a pas dit que c’était « une connerie » mais il le pensait si fort que nous l’entendions tous, assis devant nos téléviseurs ou écoutant nos radios. Il continue aussi d’expliquer qu’il abhorre les « primaires » pour désigner un candidat, alors que Nicolas Sarkozy en accepté le principe. Lors des dernières élections européennes, il a annoncé qu’il ne voterait pas pour la liste UMP conduite par Alain Lamassoure. Certes, Nicolas Sarkozy n’était pas alors revenu officiellement mais on imagine que redevenu chef de l’UMP, ce genre de dissidence ne serait désormais plus admise.

Ce mardi sur France Info, Guaino nous a aussi gratifiés de sorties plutôt iconoclastes pour un député UMP. Alors que ses congénères rivalisent de prosternations quand on prononce le nom d’Angela Merkel, il a expliqué que Jean-Luc Mélenchon avait eu raison de tweeter en allemand « Maul zu », c’est-à-dire « « Ferme-la ». « Il a dit tout haut ce que sans doute beaucoup de gens pensent tout bas. Moi je n’emploierais pas ces motsje dirais simplement que chacun s’occupe de ses affaires. », a indiqué la plume de Nicolas Sarkozy. Nul doute qu’il a dû faire tousser dans les rangs de l’UMP où l’on hurle à la germanophobie aussitôt qu’une once de critique est formulée en direction de la Chancelière. Mais ce n’est pas tout. Il a aussi dit ne pas comprendre la polémique autour de l’emprunt contracté auprès d’une banque russe par le Front national. Il reprend d’ailleurs sans aucune difficulté les arguments de Marine Le Pen selon lesquels le problème réside davantage dans le refus des banques françaises de prêter à un parti politique et que le taux de l’emprunt est assez cher. Alors que toute la classe politique, UMP en tête (Xavier Bertrand a d’ailleurs été très offensif sur le sujet dimanche) tire à boulets rouges sur la présidente frontiste depuis quelques jours à ce sujet, cette position d’Henri Guaino démontre une indépendance et une liberté que beaucoup pourraient lui envier, surtout quand on connaît l’image de Marine Le Pen et de la Russie réunis dans le monde politico-médiatique français.

Guaino ne va pas se faire que des copains. Il a même dû faire grincer des dents célèbres du côté de la rue de Vaugirard. Mais il s’en fiche. Il est libre, Henri.

1 commentaire

  1. Pour l’emprunt de Marine Le Pen, le tout-Paris médiatico-politique crie au scandale parce qu’elle a fait affaire avec une banque RUSSE ! C’aurait été une banque allemande, il n’y aurait pas eu d' »affaire ». Alors que le vrai scandale est dans le refus des banques françaises de lui prêter de l’argent…

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