C’est un évènement. Mercredi, l’association « La Meute des Chiennes de Garde »[1. Fusion des associations « La Meute » et des « Chiennes de garde » qui étaient elles mêmes le résultat de la scission des « Chiennes de garde ». C’est compliqué, je sais. Presque autant que d’expliquer la galaxie centriste…] a rejoint Alain Soral. Il y a une quinzaine d’années, l’auteur anti-féministe emblématique déclarait[2. Il est possible que la citation ne soit pas complètement juste mais c’est dans l’esprit.]: « Les gamines de maintenant s’habillent comme les putes des années soixante ». L’association féministe, elle, sur son site, lance un appel intitulé : « Non à la putanisation des petites filles ».

Certes, Soral évoquait les adolescentes et « La Meute des chiennes de garde » vise les publicités mettant en scènes des petites filles impubères. Mais on ne peut s’empêcher d’observer que des deux côtés, on fait référence à la prostitution et qu’il est question de gamines et de mode.

Certes, il m’est arrivé de fustiger les excès des assocs féministes en matière de lutte contre les pubs sexistes, mais je dois bien reconnaître que dans le cas d’espèce, leur initiative trouve mon assentiment. Devant les photos publiées dans Vogue-France du mois de décembre avec ces gamines maquillées comme des voitures volées et dans des positions équivoques, on oscille entre la consternation et une envie de botter le cul… des photographes. Des parents aussi. Qui ont accepté, contre matières sonnantes et trébuchantes.

Il y a quelques années, un -ou une- malade mental avait déjà lancé sur le marché des strings de taille 8-10 ans. Grand débat économique de toujours : l’offre crée t-elle la demande ou est-ce l’inverse ? Les théoriciens de l’offre blâmeront le créateur et le vendeur ; ceux de la demande accuseront les parents. Mon pragmatisme en général et économique en particulier m’encouragera à mettre tout ce joli monde dans le même sac. Natacha Polony, dans son « Homme est l’avenir de la femme »[4. Editions JC Lattès.], avait très justement noté le paradoxe de cette société qui, à la fois, érige la pédophilie en crime absolu, et  hyper-sexualise voire érotise l’image des enfants via la mode et, en l’occurrence, les magazines bon chic bon genre. Paradoxe, en effet. Schizophrénie, même.

Ronchonnement de vieux con ? C’est possible. On est souvent le vieux con de quelqu’un. Et, le laxiste d’un autre. Ainsi, s’il ne me venait pas à l’idée d’accepter que ma progéniture[3. Dont l’aînée, je le précise, se situe dans la même tranche d’âge.] soit maquillée comme les modèles de Vogue ou porte un string, elle ne déambule par, pour autant, dans le monde, nantie d’une tenue « bibliothèque rose ». Pis, sa mère et moi avons déjà accepté, à l’occasion de repas familiaux, un très (très, très, très) léger maquillage, parce qu’elle voulait faire « comme maman ». Tout se situe dans la mesure, me semble t-il.

C’est pourquoi il me semble difficile de légiférer en la matière comme le propose la pétition de La Meute des Chiennes de garde. Bien sûr, on pourrait copier la législation de la Norvège ou de la Suède toute imprégnée de rigueur évajolyste, mais cela ne semble pas particulièrement, sur ce sujet comme sur d’autres, conforme à notre tradition juridico-politique.

Le bon sens, là encore, fait de plus en plus défaut aux différents décideurs et acteurs. Comme un ministre du budget devrait s’apercevoir seul qu’il n’est pas indiqué de tenir aussi la trésorerie du parti majoritaire, comme l’idée de ne pas voyager dans un pays en proie à des révoltes populaires pourrait germer dans le cerveau fécond de la patronne de la diplomatie française, des publicitaires, des photographes, des journaux de modes et des parents de gamines pourraient imaginer ce que signifie l’exposition de petites filles maquillées et habillées comme si elles foulaient le trottoir de la rue Saint-Denis. Ce n’est malheureusement plus le cas. En attendant d’être contraint à envisager des réponses législatives, il nous reste donc à fustiger, et résister chacun de notre côté aux injonctions malsaines des « fils de pub ».

16 commentaires

  1. Bonjour,
    En ces jours de saint Valentin, je n’ai pas entendu ces dames protester contre la vente de lingeries qui pourtant rabaisse l’Amour à la sexualité….

  2. ne cherchons pas midi a quatorze heures
    les responsables;;les parents, point barre
    pointez vous a la sortie des écoles,lycées,,
    il n »y a plus de retenue dans la vulgarité,
    des petites putes ?
    oui,pour certaines qui ont des préservatifs ou la pilule,,,
    la différence avec ces péripatéticiennes,,c »est gratuit,,

  3. Une société est-elle cohérente?
    N’aurions-nous pas vu à une autre époque des enfants en costume militaire?
    Quel est le sens de ces photos?

  4. Quand donc êtes-vous allé fouler le trottoir de la rue Saint-Denis ? Je crains que l’on n’y trouve plus de putes maquillées mais à leur place, quelques immigrées datées et de jolis aménagements urbains et conviviaux. AS

  5. Il suffit de regarder les cours de récréation, de l’école maternelle au lycée, pour constater que les différences de tenues vestimentaires selon les âges, ont été abolies. Les enfants sont grimés comme les singes de leurs parents dans leur immense majorité. lesquels parents ne sont que les singes des photos de magazine, de héros de jeux vidéo et autres guignoleries modernes. Ils oublient que Photoshop et « l’art » (sic !) vidéo est passé par là, gommant toute imperfection par rapport à un modèle lisse et licencieux.
    Voilà que nos contemporains veulent ressembler à des modèles virtuels et soi-disant « libérés ». Le résultat est la putanisation des filles (quel que soit leur âge !) et la gigoloïsation des garçons hésitant entre les différents clones des Village People !
    Le plus urgent est de préserver nos enfants de l’invasion des modes provenant des cours de récréation !
    Après cela, il ne faut guère s’étonner que celles qui sont dégoûtées par ces visions, se tournent vers le voile !

  6. Société du paradoxal où l’on promeut simultanément les lolitas et où on fait la chasse aux pédophilies.

    Mieux vaut être pubard qu’Émile Louis ou adepte des banderoles footballistiques.

  7. Je sais, ces photos ne me paraisse pas particulièrement choquante, et pourtant il y a 10 ans quand le magazine Biba demandait à ses lectrices « êtes vous une petite salope » en exposant la photo d’une gamine de 14 ans style anorexique sous transgsène, j’avais juste envie de péter un plomb. Pas de Chienne de Garde ici… pas le moindre bruit, rien, tout va bien. En fait ces photos me font penser à celle du film La Petite http://www.cinemovies.fr/images/data/photos/5648/la-petite-1978-5648-540379078.jpg
    Mais justement ça parlait de prostitution. Ce qui me questionne ici c’est comment réagirait les mêmes institutions devant le film de Louis Malles. Bien entendu le choquant là dedans c’est qu’il s’agit de vendre des produits, ce qui est obscène là dedadsn c’est le mot « cadeaux » juste au dessous de la môme. Et puis il y a un truc qui m’emmerde dans ce scandale, c’est globalement la couverture des magazines féminins qui ne cesse de parler de cul, avec une mannequin dessus pour attirer la clientèle. Il y aurait donc l’odieuse publicité qui marchandise et les gentils magazines féminins ? A part ça oui, on est dans une société obsédé par la pédophilie d’une part, et de l’autre instrumentalisant les enfants de toutes les manières, une société de cinglés.

  8. Entre les gamines qui singent les mannequins et les rombières qui singent les gamines, on va bientôt toutes se retrouver en mini jupe léopard et boa assorti au rayon crémerie de chez Auchan!

  9. Ah ! Excellent Sophie !! J’avais justement besoin d’aller chercher un Mont d’Or.
    Bravo également à Rouméliote-Comtesse pour son art qui a tendance a se perdre et pourrait retrouver ses lettres (!!!) dans les commentaires de ce blog. On y va quand vous’ l voul’ bien sûr je vous laisse le choix dans ce que vous savez.
    Et puis, à tout « saigneur » tout honneur : David ta « rigueur evajolyste » me met dans un état proche de l’Ohio !

  10. Cette pauvre gosse est, quelque part, la petite soeur d’Eva Ionesco, fille d’Irina. Googlez ces noms, images ou texte. Trouvez le texte où Eva parle de son enfance fracassée…

    Il existe une législation concernant le mannequinat enfantin. On peut penser qu’elle n’a pas été respectée ici. Pas besoin de légiférer encore, des lois non appliquées on en crève.

  11. « la différence avec ces péripatéticiennes,,c »est gratuit,, »
    Oui mais quand c’est gratuit, c’est permis, même si l’un des 2 est majeur (voire adulte confirmé) et que le mineur n’a que 15 ans…
    C’est seulement si le majeur paye qu’il y a délit, même si le mineur a 17 ans et 11 mois…

    Au fait, c’est qui qui achète les magazines féminins ?

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