Je ne suis pas très souvent d’accord avec Bernard-Henri Lévy. Pour reprendre une des expressions favorites d’un excellent chroniqueur de Causeur, il joue pour moi un peu « le rôle de boussole qui indique le sud ». Mais lorsqu’il fut l’invité de Parlons.net il y a quelques semaines, il dit, entre plein de fausses, une chose très juste. Alors qu’il expliquait ses relations avec Nicolas Sarkozy, il indiqua que les relations humaines et les relations politiques étaient complétement dissociées. Qu’on pouvait être en total désaccord avec quelqu’un sur le plan des idées, et s’entendre parfaitement avec lui ; qu’au contraire, on pouvait être en symbiose politique totale et se trouver réciproquement tous les défauts de la Terre. BHL ajoutait que Nicolas Sarkozy ne fonctionnait pas ainsi, le Président ne pouvant pas admettre ni même comprendre qu’on puisse être copain avec lui et ne pas lui accorder son suffrage.

C’est pourquoi, lorsque j’ai appris qu’un certain Gérard Mordillat refusait d’aller recevoir un prix pour ne pas avoir à serrer la main de Xavier Darcos, membre, selon lui, d’un gouvernement facho-libéral, il m’est apparu que même dans une certaine élite, on pouvait manquer quelque peu de civilité. Certes, l’écrivain-réalisateur se justifie en disant que c’est par politesse qu’il ne se rend pas à la réception, « pour ne pas avoir à ne pas lui serrer la main », ainsi que le traduit gentiment Bruce Toussaint. Mais c’est pour ajouter qu’il ne veut pas apparaître à côté de ce ministre et risquer de passer pour un ami. Quelle horreur !

Gérard Mordillat me rappelle cet homme qui était devenu célèbre l’an dernier au Salon de l’agriculture, en provoquant le célèbre « Cass’toi, pôv con » du Président de la République. On a très justement remarqué que ce n’était guère du niveau d’un chef d’Etat, et même d’un bon père de famille, de s’adresser ainsi à un individu. Mais il est vrai que le « Touch’ moi pas, tu  vas m’salir » auquel il répondait n’était pas très civil non plus. S’il est difficile d’empêcher un enfant de quatre ans de s’écrier : »non, j’embrasse pas Mamie, elle pique », un être humain, passé un certain âge, devrait pouvoir se retenir de s’adresser à quelqu’un[1. Fut-il Président de la République. Surtout si c’est le Président de la République. Rayez la mention inutile. Ce n’est pas le débat du jour, pour ma part.] dans de tels termes.

En ce qui me concerne, j’ai pu mesurer, puisque j’ai longtemps pratiqué le militantisme politique, à quel point BHL avait raison. Il y a des gens pour qui j’avais une admiration sans borne, ayant lu leurs écrits, les ayant écoutés presque religieusement, et qui se sont avérés complètement catastrophiques sur le plan humain. Il y a, en revanche des gens qui portent des idées aux antipodes des miennes, et qui se révélaient très bons camarades. Seules des raisons profondément humaines peuvent justifier qu’on nie ainsi l’Autre en refusant de lui accorder cette poignée symbolique. Exemple concret : Gérard M. rentre chez lui et surprend Xavier D. chevauchant vigoureusement sa petite amie (de Gérard M.). On peut absolument comprendre que par la suite, l’idée de serrer la main de Xavier D. puisse lui donner quelques boutons. Et encore ! Certains diraient qu’après une bonne bagarre à mains nues soldant le conflit, on pourrait revenir très vite à la civilité.

Donc, n’ayons pas peur des mots : refuser de saluer quelqu’un pour des raisons politiques, c’est complètement idiot. Tout comme virer Frédéric Lefebvre de Touiteur, lui refusant le droit de s’exprimer et nous privant ainsi d’un rire par touite. Et puisque Mordillat et les Webchasseurs de Frédo  voient tout à travers le prisme de la politique, je me permets de leur indiquer qu’ils n’ont pas forcément servi la cause qu’ils prétendent défendre en se comportant de la sorte. Loin de là.

42 commentaires

  1. Dans le climat actuel de courbettes et de silences complices que l’on fait passer pour de la tolérance et de l’éducation, il est salutaire que des hommes debout aient encore le courage de refuser de se compromettre avec ce pouvoir et ceux qui le représentent.
    Il ne s’agit pas d’intolérance, il est question de cohérence et de dignité.
    BRAVO à Gérard Mordillat !

  2. D’accord avec l’article sur le fond,bien que,personnellement,j’apprécie rarement les oeuvres des gens qui me sont antipathiques et vice versa,mais..mais,les choses étant ce qu’elles sont avec la presse et la presse-internet,en serrant la main de qq’un on se retrouve ipso facto placé dans le camp de ses copains.On devrait s’en ficher,me répondrez-vous,certes.
    Encore eut-il fallu que le Président (David,excusez-moi pour la majuscule) ne plaçât pas son action sous le signe du média et de la publicité,c’est-à-dire de l’amalgame et de la simplification,effaçant la frontière vie publique/opinions personnelles.

  3. Il n’y a pas de manque de civilité de la part de Mordillat: il y a une rogne, une rancoeur contre ces types qui en font souffrir d’autres. Demandez aux sans papiers, aux SDF, aux RMistes ce qu’ils pensent de ce gouvernement et des lois qu’il met en place. Demandez à ceux qui triment comme des malades et qui justement quand ils sont malades ne peuvent pas se faire soigner. Demandez à ceux qui se font coller en garde à vue pour un oui pour un non, déshabiller, humilier. Selon toi, le peuple français devrait continuer à souffrir mais rester poli ! Ben non, désolé. Mordillat a raison, je le soutiens à 100%, comme Marie Ndiaye. Il y en a ras le bol et il va falloir que ça change!

  4. Et vous pensez que c’est en se comportant ainsi qu’on aura un autre Président (ce que je souhaite autant que vous) ?
    Libre à vous de le penser. On ne peut pas reprocher à juste titre à Sarkozy de se comporter en gougniaffier et procéder comme lui. Il faut choisir.

  5. Personnellement, si je croise demain ou dans les jours qui viennent mon Premier Fédéral, je lui serrerai chaleureusement la main car j’ai comme l’impression qu’il a envie de m’étrangler.

  6. Serrer la main à quelqu’un, ce n’est pas soutenir ses opinions politiques, c’est le reconnaître comme un être humain, ce faisant respectable, rien de plus.
    Par ailleurs, Xavier Dacos étant agrégé de lettres classiques et spécialiste de Rome, si Gérard Mordillat était moins sectaire, il pourrait recevoir quelques leçons de méthode sur la façon dont on peut lire des textes de l’Antiquité…

  7. Pas d’accord avec toi, David.
    Plutôt plus d’accord avec Isabelle (ce n’est cependant pas ma fille ainée qui porte elle aussi ce joli prénom) et avec Grandin.
    J’aurais toutes les peines du monde à serrer la main de ce président (sans majuscule).
    La politesse n’a rien à voir avec le refus de rencontrer quelqu’un.
    Dans le cas de M. Mordillat, il s’agit d’éviter d’être « récupéré » par un pouvoir qui fait dans la « com » pour tout et n’importe quoi.
    Aussi, il convient de l’éviter le plus possible.

  8. Je rêve. Serrer la main du Président de la République élu avec plus de 53% des suffrages serait se compromettre ?! Se compromettre de quoi, de qui ? Si je devais serrer la main de Sarko, je le ferais sans aucun état d’âme. Je le ferais aussi avec Le Pen. Je crois que je le ferais d’abord pour faire chier tous ces nouveaux curés …..

  9. Mordillat est un type très bien, David. Il refuse radicalement ce régime et tout ce qui s’y rapporte: il ne veut rien lui devoir. Ce retrait sur l’Aventin ne manque pas d’une certaine classe. j’aimerais avoir sa rigueur parce que si NKM ou Rama Yade me remettait un prix (hypothèse hautement improbable) je ne suis pas sûr de pouvoir résister.

  10. moi,je ne serre la main des gens qui sont respectable a mes yeux,et oui

    a la mairie de paris,j »ai refuser de serrer la main d »un faux-culs,
    chirac a gentiment souris,,,,,connaissant ce C,,,,,,

  11. @Jérôme Leroy

    Je ne doute absolument pas que Mordillat soit un type très bien dans la vie. J’explique dans une bonne partie du papier que l’on peut être en désaccord avec quelqu’un tout en étant de bons copains.
    Mais je pense que son attitude a été puérile. Non pas dans le fait de ne pas souhaiter recevoir un prix. Cela, je le trouve assez chevaleresque. Mais il a, sur Canal +, parlé de la « poignée de main » qui a une portée toute symbolique dans l’acceptation de l’Autre.

    Il semble toutefois que les réactions à mon papier sur Marianne2, presque unanimes pour exprimer leur désaccord avec moi, prouvent que j’ai largement mésestimé une composante essentielle de notre identité nationale : l’aspect « guerre civile » de notre vie politique, qu’on ne retrouve guère dans les pays voisins. Comme je souhaite que la France reste la France, peut-être me trouvé-je devant un joli paradoxe…

  12. Pas d’accord avec vous, David.
    On peut saluer un adversaire politique pour lequel on a un minimum d’estime, mais quand on juge que cet adversaire est doublé d’un sale type, il me paraît légitime de refuser de lui serrer la paluche.
    Si le hasard me mettait en présence de Chirac, malgré le peu de bien que je pense de ses douze années de pouvoir, je n’hésiterais pas une seconde à lui serrer la main. Sarkozy, non, un type qui déshonore sa fonction, qui n’a que mépris pour le pays qu’il a pour mission de gouverner et pour ses concitoyens, non, mille fois non… Comme le quidam du salon de l’agriculture, je me sentirais (moralement s’entend) « sali ».
    A ce niveau de rejet, les règles de courtoisie n’ont plus cours.

  13. @Dranreb

    Il ne s’agissait pas de Nicolas Sarkozy mais de Xavier Darcos. Et je ne crois pas que ce dernier soit un sale type. Et tomber dans le « il est avec Sarko, donc il est pareil », c’est fonctionner exactement comme Sarko.
    Rassurez-vous, je me sens aussi davantage d’atomes crochus au niveau humain avec Chirac qu’avec Sarkozy. Autant partager un bon repas gastronomique avec le premier me ravirait, autant la perspective d’un frugal déjeuner arrosé de château la pompe ne m’attire pas.

  14. Je ne pense pas qu’en refusant de serrer la main à Darcos on puisse être qualifié de « gougnaffier ». Selon moi, le gougnaffier, c’est bien celui qui supprime des postes d’enseignants à tour de bras (15600 encore à la rentrée prochaine), celui qui humile les enseignantes de maternelle en disant qu’elles ne sont là que pour « torcher » le cul des enfants (excusez moi pour le terme qui n’est pas exactement celui qui a été employé mais qui a le même sens) S’il s’est repris par la suite c’est bien à cause du tollé qu’il a senti venir!
    Refuser de lui serrer la main constitue un acte de résistance. Darcos n’est pas Sarko, soit, mais cela justifie peut-être encore plus l’aversion qu’on peut avoir pour lui. Car le second a des idées nauséabondes mais le premier en est l’exécutant. Cela me rappelle quand même franchement une sale époque, et c’est bien à dessein que je parle de résistance.
    Et quand vous parlez de « guerre civile », vous n’êtes pas loin de la vérité. Si la politique a pu être un combat d’idées pendant longtemps (jusqu’en mai 2007) elle est devenue, je pense, un combat « tout court » désormais. Car les choses ont radicalement changé avec ces nouveaux venus.
    Allez, une question.Vous serrereriez la main à Hortefeux, vous?

  15. Ce que j’ai trouvé de plus stupide et indigne sur ce sujet, c’est la fois, racontée par Peyrefitte, où les élèves de l’ENS (enfin certains) refusèrent de serre la main de De Gaulle en visite (circa 67). Si, par exemple, certains aspects du De Gaulle de 58 auraient pu me sembler droitiers, j’aurais quand même eu en face de moi l’homme du 18 juin et du CNR.
    Sarkozy est l’homme de quoi? Du Fouquet’s? J’évite de dire du mal de lui à l’étranger parce qu’il incarne (nolens volens) le pays mais je vais éviter toutes les situations où je pourrais me retrouver face à lui, Besson, Hortefeux ou même Darcos qui a saigné à blanc les effectifs des profs (50000 en trois ans!).
    Et c’est précisément en refusant que l’on peut préserver la courtoisie républicaine dont ces gens là n’ont par ailleurs pas grand chose à fiche.
    Il est dur même si tu as raison sur le fond de se désincarner quand vraiment le choc idéologique est frontal.
    Rien à voir: heureux que Sochaux s’éloigne comme Lens et Lille de la zone rouge

  16. @David
    Bon je n’ai pas envie qu’on s’engueule. Vous semblez être quelqu’un d’honnête et droit. On a plutôt l’air d’être du même avis sur ce pseudo gouvernement. Cependant, reconnaissez qu’il y de quoi devenir d’une radicalité extrême face à la politique qui est menée…
    Il faut changer ce président, soit. Par les urnes, bien entendu. Mais que pensez vous de la façon dont celui-ci s’est assis sur le vote des français lorsqu’ils se sont exprimés à propos du traité constitutionnel. Que pensez vous également de la réforme qui se profile sur le mode de scrutin, qui consisterait dans les conseils généraux et régionaux à accorder la majorité au parti qui fait le plus de voix au premier tour.
    D’ici à ce qu’il modifie la Constitution afin de proroger son mandat de 5 ans sans élection, il n’y a qu’un pas…
    La position de Mordillat (que vous avez qualifiée d’idiote, je vous le rappelle) je la comprends, je la partage et je l’approuve. Ce n’est pas la révolution mais c’est un simple signe de dédain, prélude à d’autres formes d’opposition qu’on peut appeler ou non « résistance ».

  17. @Grandin

    « Mais que pensez vous de la façon dont celui-ci s’est assis sur le vote des français lorsqu’ils se sont exprimés à propos du traité constitutionnel ».
    http://carnet.causeur.fr/antidote/consulter-le-peuple-cest-samuser,0092

    « Que pensez vous également de la réforme qui se profile sur le mode de scrutin, qui consisterait dans les conseils généraux et régionaux à accorder la majorité au parti qui fait le plus de voix au premier tour. »
    http://carnet.causeur.fr/antidote/un-tour-unique-et-la-democratie-sen-va,00437

    Vous voyez que je ne suis pas en reste. Mais bon, cela ne m’empêche pas de dire bonjour. On peut être ferme sur les idées, avoir des mots très durs. Et rester dans la « common decency » même si -et je dirais même surtout si- ses interlocuteurs n’y sont plus depuis longtemps.

  18. Bravo et merci. J’ai répondu sur « Causeurs » car il était impossible de faire partir une contribution sur le site de Marianne. J’ai ainsi découvert le site. D’où la méconnaissance des articles sus-cités. Ils sont excellents.
    Cela dit, j’admire votre flegme tout britannique qui vous autorise encore à avoir du respect pour ceux qui n’en ont pas pour vous (et pour les autres)
    Vous n’iriez quand même pas jusqu’à tendre l’autre joue si on vous gifle à droite ?? 😉

    Je n’ai pas pu résister…excusez moi.

  19. Les contributions parues sur le site de Marianne sont très virulentes. Je note que le mot « Résistance » y est utilisé à plusieurs reprises. Je pense donc qu’effectivement nos valeurs ne sont pas les mêmes. Ne vous déplaise, je vais me ranger du côté de Goofy…

  20. Rangez-vous où vous voulez. Cela ne m’empêchera pas de vous serrer la main si l’occasion se présente.

  21. Cher David,
    Que tu acceptes de serrer la main de Darcos ou de Sarkozy, c’est ton affaire pour les raisons que tu as indiquées.
    J’ai t’ai dit hier ce que j’en pensais.
    Mais, de grâce, ne les singe pas avec ton « common decency » dont je ne connais pas le sens exact (excuse-moi, mais à la Communale de mon époque on n’apprenait pas ce que j’appelle « l’idiome mercanti », puisque c’est le parler obligatoire du néolibéralisme).
    Allez, David, fait moi plaisir, ne parle plus franglais, s’il te plait.

  22. Cher Jean-Claude,

    Comme tu es un habitué du blog, tu sais mon attachement à la langue française et mon aversion pour l’idiome anglo-américain.
    Mais, en l’occurrence, si je n’ai pas traduit « common decency », c’est parce que c’est un concept cher à George Orwell que l’on traduit assez imparfaitement par « morale commune ».
    Le jour où Sarkozy parle de « common decency » est très loin, malheureusement pour les Français.

  23. J’ai remarqué que je suis presque toujours du même avis que moi-même. Et en plus, je me trouve très sympathique. Je crois bien que je voterais pour moi si l’occasion s’en présentait. Hélas, rien n’est parfait, je suis affublé d’une main gauche à gauche de ma main droite.

  24. Le site causeur est vraiment bon. Mr Desgouilles est avec Nunzo un des meilleurs je crois bien. Un bon style vraiment. J’aimerais bien connaître sa vision à long-terme sur l’avenir de la France.

  25. @Jouette

    Je vous remercie du compliment. Il me va droit au coeur.
    En ce qui concerne ma vision à long-terme sur l’avenir de la France, voulez vous parler de mes pronostics ou de mes voeux ?

  26. Et bien pour les anti-serrages de pognes sous prétexte que…, j’exécrai Mitterrand (et désolé pour Jérôme Leroy, il y a bien plus de raisons d’exécrer Mitterrand que Sarkozy) et pourtant ayant eu à le rencontrer, je n’ai pas eu la suffisance de me défiler car il était le chef de l’Etat. Toujours pour Jérôme Leroy qui pleure les 50000 postes d’enseignants, je crains que pour ce qui est de l’éducation nationale (qu’on ferait mieux d’appeler instruction publique), vous confondez quantité et qualité. Et dans mes rencontres de parent d’élève avec les professeurs, j’ai rencontré de beaux gougnafiers et gougnafières d’une inculture crasse et je suis pourtant resté poli avec eux. Ceux qui s’étonnent que l’on puisse dire que les « enseignants des écoles maternelles » se contentent de « torcher le cul « , peuvent-ils sans rire m’assurer que l’école maternelle est efficace? Avez-vous eu des enfants scolarisés ces trente dernières années et si oui, n’avez-vous pas eu à vous battre comme la médiocrité régnant à l’école et ce sous le règne pourtant des socialistes – seuls politiques cultivés aux yeux de certains- ? Si vous me répondez « oui », alors chapeau bas, vous avez eu beaucoup de chance.
    Et puis, Mordillat comme symbole de culture et de rigueur intellectuelle, vous repasserez. Son pensum sur le christianisme, c’est comme du Dan Brown : on s’empresse de se documenter pour sortir de cette médiocrité. Cela permet de lire ou relire Saint Augustin – non vu au lycée-, Pascal – bâclé au lycée- ou plus près de nous le Mauriac polémiste -inconnu à l’Education Nationale tout comme y sont inconnus Bernanos et Malraux dont les écrits d’agnostique ou sur l’Art doivent être trop difficiles pour nos chers profs ».-
    Donc, serrez ou ne serrez pas la main de qui vous voulez mais ne vous drapez pas dans une pseudo-culture outragée !!!!

  27. Que fait-il dans la vie le sarkozyste bon teint? Pas grand chose, j’imagine ?
    Pour tenir de tel propos, c’est en premier lieu qu’on est à l’aise (financièrement j’entends) et qu’on a été élevé le cul dans la soie.
    De cette façon effectivement, on peut jouer les intellos (pseudo?) et proférer des inepties telles que celles-ci.
    J’hésite à poser la question tellement la réponse est évidente: pensez vous qu’un enseignant fait le même travail avec 18 élèves qu’avec 32 ? ben la voilà la raison du quantitatif !
    Je suppose que Monsieur a été à l’école privée, je suppose que Monsieur a reçu une éducation très stricte plutôt un peu catho…Parfait
    Vous votez à droite, continuez…puisque vous appréciez le chef de l’état (et sa politique évidemment) faites le lui savoir. Serrez lui la main, cirez lui les pompes, il adore!

  28. @Grandin

    Excusez moi, monsieur Grandin, mais le sarkozyste bon teint élevé la cul dans la soie, c’est qui ?
    Parce que si c’est moi, vous méritez l’oscar du comique de l’année.
    Allez lire mes autres billets et comptez ceux où je félicite Sarkozy.
    Ensuite, comptez les autres, notamment celui qui est intitulé « Indigne », publié hier.

  29. Oh que oui, grandin s’avance beaucoup. Et non, je ne suis pas à l’aise financièrement, je n’ai pas été élevé dans la soie mais bon, il y a aussi des âneries qui me fatiguent. Car mon bon monsieur, j’ai deux fils pour lesquels j’ai suivi toute leur scolarité avec une certaine inquiétude devant l’inculture, la paresse et/ou l’incompétence des enseignants que j’ai pu croisés. Pas tous, je vous l’accorde mais si ça n’avait été qu’un – et hélas, ce n’est pas le cas – c’eût été un de trop. Un bon enseignant, qu’il ait trente ou 15 élèves devant lui restera un bon enseignant .Et l’inverse est hélas vrai. Alors, l’idéologie « épicière » que nous ont servi les syndicats d’enseignants depuis près de trente pour faire des effectifs et du budget, avec le résultat que l’on sait – mais vous niez certainement les difficultés de lecture et calcul des élèves à l’entrée en sixième-, je ne suis pas et je n’applaudis pas. Alors, sans être un sarkozyste « bon teint », j’ai plutôt tendance à répondre « vous proposez quoi ou qui ? » ET si vous avez mal lu la première partie de mon précédent message, je vous répète qu’excécrant Mitterrand, je l’ai pourtant salué parce qu’il était le président de la République. Peut-être est-ce là un des effets pervers de mon esprit républicain ou de l’éducation que mon père, issu de la pauvreté et s’étant hissé dans la classe à revenus très moyens, m’a donné, mais je ne pratique ni l’insulte, ni la cacophonie pour contester ceux dont je ne partage pas les opinions politiques.

  30. @Thierry Bruno

    Cela dit, on peut facilement retourner l’argument de « la logique d’épicier » à ceux qui appliquent la RGPP aveuglément y compris dans le domaine de l’enseignement.

    Il est fort dommage que Xavier Darcos ait réussi le tour de force de rendre impopulaire une réforme nécessaire des programmes de l’école primaire qui avait tout pour être populaire, mais qui a été accompagnée par une réduction des moyens qui ne s’imposait pas.

    D’autre part, ses propos sur l’école maternelle étaient loin d’être intelligents. Tout le monde sait que ce sont les ATSEM qui changent les enfants lorsqu’il leur arrive de s’oublier, ce qui survient peu du fait que la propreté est une condition sine qua none pour entrer à l’école maternelle. Les écoles maternelles, du reste, nous sont enviées par l’Europe entière laquelle voit en elle une des raisons majeures de la meilleure santé de notre démographie.

  31. « l’incompétence des enseignants »: vous êtes vous déjà penché sur la formation initiale qui pouvait être insuffisante (c’est d’actualité aujourd’hui, mais vous considérez sûrement que la suppression des IUFM est une bonne chose!)
    « Un bon enseignant, qu’il ait trente ou 15 élèves devant lui restera un bon enseignant »
    ce propos s’inscrit exactement dans la logique du gouvernement. Ne me dites pas que vous ne partagez pas ses thèses réactionnaires !
    « que j’ai pu croisés » …fâché avec l’orthographe ? depuis le CM2 ? L’instit était sûrement un nul !
    « Alors, l’idéologie “épicière” que nous ont servi les syndicats d’enseignants depuis près de trente pour faire des effectifs et du budget »…comprends pas…que voulez vous dire?
    « mais vous niez certainement les difficultés de lecture et calcul des élèves à l’entrée en sixième » …nullement, mais mais je mettrais plutôt en cause la lourdeur des programmes
    “vous proposez quoi ou qui ?” lisez donc et écoutez Meirieu http://www.meirieu.com
    c’est vraiment édifiant. Pour vous, il s’agit probablement d’un gauchiste!
    « ceux dont je ne partage pas les opinions politiques. » mais lisez donc le Figaro, vous vous ferez moins mal…

  32. Meirieu ?
    Ce n’est pas un gauchiste, effectivement.
    Cela ne l’empêche pas d’être l’idéologue de la funeste théorie de « l’élève au centre », responsable de tous les maux actuels de l’Ecole.

  33. M. Desgouilles, vous avez réponse à tout… c’est fabuleux…
    Le concept d’élève date de 1989. A l’époque, il convenait de sortir des méthodes traditionnelles qui consistaient, de la part des enseignants à déverser un savoir sur les élèves. C’était il y a 20 ans. Cela partait du sentiment louable d’une volonté de justice sociale je citerai Meirieu:
    « Vouloir explicitement mettre « l’élève au centre », c’est donc, d’abord et avant tout, militer pour la justice dans l’accès aux savoirs. C’est s’engager délibérément dans la démocratisation de l’enseignement. Car ne soyons pas naïfs : ceux et celles qui refusent de mettre les élèves au centre, c’est parce qu’ils pensent qu’ainsi, ils pourront plus facilement les mettre dehors. »

  34. En 1989, la massification était déjà en place. Le collège unique était mis en place depuis 15 ans. Je ne vois pas en quoi c’était moins « démocratique » qu’aujourd’hui. En fait, on a aujourd’hui moins de justice qu’il y a vingt ans puisqu’il y a encore davantage de « fils de » dans les grandes écoles et les prépas.
    Vous savez très bien, d’autre part, qu’il n’y a pas que cette volonté de justice sociale là dedans. Il y a aussi la promotion de l’élève « qui construit lui-même ses propres savoirs ». Et ça, voyez vous, je n’y crois pas. Mais alors pas du tout. Ou alors, c’est qu’il a une aide dans la famille, dans son entourage et on arrive au contraire du premier objectif cité.
    Dans les années 60, il y avait 5 % d’enfants d’ouvriers à Polytechnique, et sans l’aide d’un Descoings, alors qu’aujourd’hui, c’est ZERO.
    Plus démocratique ? Plus juste socialement, disiez-vous ?

  35. à Grandin. Désolé pour la coquille « que j’ai pu croisER ». Pas vraiment en délicatesse, plutôt avec mon clavier et la lecture sur l’écran. Mais ce n’est qu’anecdotique pour répondre à votre coup de patte de mouche.
    Pour Meirieu, je vois qu’on est d’accord : vous êtes fan, moi pas. Après avoir lu ce type et en sachant qu’il avait l’écoute de tous nos grands ministres socialistes, je me fiche de savoir si c’est un gauchiste mais comme fossoyeur de l’enseignement, il se pose là. Le grand principe de mettre l’élève au centre qui militerait pour la justice dans l’accès au savoir, c’est du catéchisme à la Meirieu mais c’est surtout une belle foutaise. Avec cette école, nous avons d’abord une élite sociale qui peut inscrire ses enfants dans des établissements privés de bon niveau, et tous les autres dont les enfants doivent subir le marécage de l’éducation publique. Tant mieux pour vous si vous admirez Meirieu mais ne venez pas prétendre que l’état dans lequel se trouve l’enseignement public en France est de la responsabilité de Nicolas SARKOZY et de son gouvernement.

  36. @Th Bruno

    Force est de constater que, malheureusement, Nicolas Sarkozy a repris à son compte le pédagogisme de Meirieu et consorts. Il suffit d’écouter Châtel pour s’en rendre compte. Et de constater que Descoings fut à la baguette pour la réforme du lycée.
    Dans ce domaine comme dans les autres, il y eut les discours de campagne de Guaino et il y a la pratique. Le discours prononcé à Angers et qui avait pour thème l’Ecole était truffé de références brighellistes (j’ai cru comprendre que Valérie Pécresse y était pour quelque chose…). Ce n’était là que posture électoraliste et imposture puisque Sarkozy a toujours été, avec la droite financière, du côté de ceux qui mettent à bas l’Ecole républicaine.
    Lire à ce propos le texte que j’ai commis avec mon camarade Leroy en septembre dernier :
    http://www.causeur.fr/eloge-de-l%E2%80%99estrade%E2%80%A8,2906

  37. Petit passage éclair sur ce blog fort instructif..
    Malheureusement puisque monsieur Bruno dénonce sa lassitude face à la répétition de poncifs, je ne peut que réagir à ses propos. Tout y passe : de l’incompétence de ces fainéants d’enseignants, prouvée par les résultats aux tests d’entrée en 6ème, jusqu’à une lecture avisée de Meirieu… Sachez néanmoins que Meirieu a grandement œuvré en matière de théorisation de la reproduction sociale, que vous dénoncez quand vous mentionnez le « marécage de l’éducation publique ». Le paradoxe est édifiant.
    Encore plus édifiant est le fait que l’on parle de Meirieu sur des sujets abordée par la recherche depuis maintenant plus de 60 ans. « L’élève au centre » s’inscrit dans une logique pédagogique constructiviste (Vigotsky et Piaget, dont je conseille la lecture, même 50 ans après) qui est prouvée efficace si seulement on n’en fait pas un cheval de bataille politique (à ce propos, je suppose que vous ne mettriez pas en doute la recherche médicale aussi facilement que vous mettez en doute la recherche en psychologie cognitive et je trouve qu’aujourd’hui, grâce notamment au web 2.0, on se permet ou on fait de plus en plus place à ces petits négationnismes « bénins »). C’est le cas dans les pays nordiques, au Canada ou au Québec et dans de nombreuses écoles pratiquant les pédagogies alternatives en France. On y constate par ailleurs que la réduction des effectifs est bien entendu profitable -mais seule une personne d’une mauvaise foi dépassant les convenances saurait s’y opposer, n’est-ce pas- mais aussi que l’enfant est capable de s’approprier les savoirs dans une démarche de construction dont il est l’acteur principal. Le principal ennemi de ces pratiques est bien évidemment -enfin pas si évident pour tout le monde apparemment- la peur de l’institution -la Nation- dans la responsabilisation de ses enfants et des conséquences néfastes pour l’individualisation et la mercantilisation de… tout, y compris le savoir, qu’on nous impose depuis longtemps. Car si bien évidemment « mettre l’enfant au cœur de son apprentissage » est pour vous synonyme d’élitisme et par dynamique d’opposition directe de paupérisation de l’enseignement « public » (à se propos il y aurait encore beaucoup à dire sur l’opposition pas si nette entre public et privé), pour beaucoup d’enseignants convaincus et motivés cela est en toute conscience synonyme d’une accession à l’autonomie et à la responsabilité de l’enfant, responsabilité dans son rapport au monde et les transformations qu’il a le pouvoir d’opérer sur lui. Je parle volontairement de pouvoir car c’est vraiment cela que tous les socio-constructivistes recherchent à développer chez l’enfant. Inquiétant pour la clique à Sarkozy, mais pas seulement puisque la gauche ne s’est pas cachée de récupérer ces nouvelles pédagogies. Alors je vous en conjure, parlez librement d’éducation (après tout, vous en êtes les principaux acteurs) mais ne mélangez pas pédagogisme et pédagogie et surtout ne mélangez JAMAIS pédagogie et politique.

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